Cour des Comptes et Cour des Miracles.


La Cour des Comptes vient de délivrer « son message ». Il fallait s’y attendre, les nouvelles ne sont pas bonnes: elles sonnent comme un avis de tempête sur un quinquennat qui avait commencé sur un « petit nuage ».

Le rêve aura été de courte durée. Le discours programmatique du Premier Ministre devant l’Assemblée Nationale, cet après midi, aura  du mal à « réenchanter le rêve »…

Lemonde.fr publie une interview de Didier Migaud, Président (socialiste, nommé par Sarkozy) de la Cour des Comptes. Implacable. En voici quelques extraits:

http://www.lemonde.fr/politique/article/2012/07/02/didier-migaud-il-faut-trouver-de-l-ordre-de-33-milliards-d-euros-pour 2013_1727703_823448.html#ens_id=1698617&xtor=RSS-3208

Quelle responsabilité a le gouvernement précédent dans la détérioration des comptes publics ?

« Ce que l’on constate, c’est que les déficits sont anciens. Ils concernent donc des gouvernements de droite comme de gauche. »

 « La situation reste manifestement préoccupante. La France n’est pas sortie de la zone dangereuse dans laquelle elle est entrée il y a plusieurs années. Le redressement est engagé, mais l’essentiel du chemin est encore devant nous. Cela dans une zone euro fragilisée par la crise des dettes souveraines. »

« Il risque de manquer entre 6 et 10 milliards d’euros, dont 4 à 8 milliards pour le seul budget de l’Etat. Des mesures correctrices sont indispensables afin de respecter l’objectif d’un déficit public à 4,4 % du PIB, objectif inscrit dans le programme de stabilité transmis à nos partenaires européens. »

 » Notre audit sur les dépenses ne tient pas compte des décisions annoncées après le 6 mai. Toute dépense nouvelle devrait aussi être financée par des économies. »

« Pour la première fois, cet audit a été demandé à la Cour des comptes – une juridiction totalement indépendante – et non à une ou deux personnalités. Le rapport a été adopté par la chambre du conseil, qui réunit tous les conseillers maîtres de la Cour. La Cour aurait fait le même rapport si le résultat de l’élection avait été différent. »

« Il faut trouver de l’ordre de 33 milliards d’euros pour passer de 4,4 % de déficit à 3 %, compte non tenu de l’impact des contentieux sur 2013, de l’ordre de 5 milliards. »

Comment trouver ces 33 milliards ?

« Avec plus de rigueur… Une des hypothèses est de faire porter la moitié de l’effort à venir sur les dépenses, en les réduisant de 16,5 milliards d’euros par rapport à leur évolution tendancielle. Cela suppose de stabiliser en volume la progression de toute la dépense publique, donc de la faire évoluer comme les prix. C’est exigeant, plus exigeant qu’en 2011 ou 2012. Mais cet effort peut être accompli sans remettre en cause le cœur de l’action publique. »

« Pour la santé, l’éducation, la formation professionnelle, par exemple, la France dépense bien plus que des pays dont les résultats, dans ces domaines, sont pourtant sensiblement meilleurs que les nôtres. »

Devant l’Assemblée Nationale, nous n’avons entendu aucune réponse claire du Premier Ministre à toutes les questions soulevées par le Rapport de la Cour des Comptes.

Un long discours, ennuyeux, l’un des plus mauvais discours d’investiture de la Vème République, une succession d’incantations, un chapelet « d’il faut ke-il faut kon » bien plus inspiré par des considérations idéologiques, clientèlistes et revanchardes, que par le courage d’affronter les réelles difficultés que le pays va devoir affronter, sans tarder.

Un discours de « militant » en campagne, mais pas un « discours programme » de Premier Ministre pour temps de crise.

Sur le fond, peu de souffle , mais beaucoup de vent….

L’année 2013 s’annonce dévastatrice sur le plan budgétaire.

Que propose Jean-Marc Ayrault ? Augmentera-t-il franchement la CSG ou la TVA malgré ses promesses ? Coupera-t-il avec courage dans les dépenses ? Ou tentera-t-il d’assouplir la marche vers l’équilibre budgétaire, telle qu’elle a été convenue avec l’Union européenne, afin d’éviter la récession ? Est-il favorable à une politique de la demande ou une politique de l’offre ? Comment parviendra-t-il à réindustrialiser le pays ? Et en activant quels leviers ? 

Aucune de ces questions n’a trouvé de réponse.

C’est un quinquennat sous hautes turbulences qui s’ouvre, avec ce discours d’investiture nul et peu conçu pour susciter la confiance enthousiaste des Français. Il sonne le départ d’une législature de tous les dangers et qui comptera dans l’Histoire de la République.

Cet après-midi, l’Assemblée Nationale avait des allures de « Cour des Miracles »……Mais les « miracles », c’est pour plus tard !!!