Tous ceux qui ont encore quelques réminiscences scolaires se souviennent de de cette expression rendue célèbre par les révolutionnaires français lors de la « nuit du 4 Août », la nuit historique de « l’abolition des privilèges » : « faisons table rase du passé » !!!!
Cette expression qui fait partie depuis lors du verbiage révolutionnaire, traduit, chez eux, une obsession persistante depuis plus de deux siècles .
On la retrouve dans le plus célèbre des chants révolutionnaires, celui de l’Internationale, qui, comme on le sait, a eu l’ambition de « changer le genre humain »:
Du passé faisons table rase
Foule esclave, debout ! debout !
Le monde va changer de base :
Nous ne sommes rien, soyons tout !
(Eugène Pottier, L’Internationale, 1871)
On en connaît la suite….
La suite on peut en juger en se reportant à la lecture d’un ouvrage dont j’ai retrouvé la trace dans ma bibliothèque où il figure aux côtés du « Livre Noir du Communisme », sous la signature de Stéphane Courtois et d’un certain nombre d’historiens:
Cette obsession n’a jamais quitté la Gauche française et le Parti Socialiste n’y a pas échappé. Dès 1977, au Congrès de Nantes, il se dote d’un hymne nouveau composé par Mikis Théodorakis, paroles d’un certain Herbert Pagani, intitulé « Changer la vie » ».
» Les voix des femmes, et les voix des hommes Ont dû se taire beaucoup trop longtemps Ne croyons plus aux lendemains qui chantent Changeons la vie ici et maintenant C’est aujourd’hui que l’avenir s’invente Changeons la vie ici et maintenantPrendre la parole Décider nous-mêmes Libérer nos vies des chaînes de l’argent Écrire notre histoire à la première personne Être enfin des hommes et non des instrumentsFrance socialiste puisque tu existes Tout devient possible ici et maintenant |
« Changer la Vie », deviendra le slogan de la campagne présidentielle de François Mitterrand.
On en connaît la suite…..
Le mythe de l’émergence d’un « Homme Nouveau », bâtisseur d’une société nouvelle, a toujours fait partie de la vulgate révolutionnaire, et l’expérience de ceux qui s’y sont essayés, malgré leurs échecs douloureux, n’ont jamais dissuadé les générations suivantes de « remettre les plats réchauffés sur la table »….
C’est ce qui explique, sans doute la difficulté, pour la Gauche française, à considérer, par exemple, le révolutionnaire Fidel Castro comme un dictateur, qui après avoir réussi à « libérer » Cuba « des chaînes de l’argent » l’a plongée dans la misère la plus triste et la privation des libertés les plus élémentaires.
Le Parti Socialiste français, fidèle à des traditions fortement inscrites dans son ADN, nous remet ça !!!
Dans un livre qui vient de sortir, longuement préfacé par « La Martine », il expose, sous la forme d’un long poème, ce qui semble devoir lui servir de programme éléctoral, sous le titre de » Pour Changer de Civilisation« .
J’en cite un extrait:
» Les intellectuels, comme la gauche, auraient renoncé à transformer le monde, et même à le comprendre ? Je n’en crois rien. Encore faut-il secouer les catéchismes paresseux. Le monde a changé autour de nous, et souvent sans nous. Je sais possible de démentir les prophéties qui anticipent la fin du progrès ou le crépuscule de la pensée qui, des Lumières jusqu’à Jaurès, a fondé notre République. Je réfute tout autant les affirmations qui décrètent la mort du socialisme démocratique, qui serait incapable, dit-on, d’inventer des réponses adaptées aux temps nouveaux. »
Et rebelotte !!!
Et surtout, vaste programme !!!! Car, à la lecture du premier chapitre de ce livre ennuyeux (il est impossible d’aller plus loin !!!) on comprend que la priorité pour nos socialistes, c’est de « secouer leur propre catéchisme » !!!!
On a envie de leur dire: avant de « changer de civilisation », essayez de changer de siècle !!!
On imagine mal un Strauss-Kahn, un des rares politiciens compétent en économie que possède la Gauche à l’heure actuelle, s’emparer de ce livre-programme, pour en faire son credo, et son programme de campagne aux futures « primaires » du Parti Socialiste….
Au fond, ce qui manque au Parti Socialiste, c’est une réelle ouverture sur le monde. On sent bien que tous ces gens n’ont pas beaucoup voyagé ces dernières années…. Si ce n’est pour rendre des visites protocolaires à d’autres dirigeants socialistes ( ce qui, déjà, aurait dû leur ouvrir les yeux ) ou pour participer à de grandes messes conclues par les chants de « l’Internationale », dont on attend toujours qu’elle sauve le genre humain…..
Ce catéchisme nous enseigne que, parmi les Français, il y a, et il y aura toujours ceux qui se mobilisent pour défendre notre civilisation, notre Histoire, notre culture, nos traditions, et ceux qui sont prêts à tout renier pour, soit-disant, « changer de civilisation ».
Comme disait ma grand-mère, « dans le changement, on sait ce que l’on perd, mais on ne sait pas toujours ce que l’on gagne…. »
Sauf pour ceux qui n’ont rien à perdre, peut-être ????
Et encore… rien n’est moins sûr, car lorsqu’on a plus rien, on peut encore perdre la liberté, y compris celle que l’on a au plus profond de soi: la liberté de penser, et d’écrire ce que l’on pense !!!
@Frederic: MERCI pour ce commentaire intéressant. Je n’avais pas fait, en effet, le lien avec les thèses « positivistes » et « post-positiviste ». J’ai, sans doute cédé à la facilité, en utilisant le rapprochement entre le slogan de « la nuit du 4 Août » et le couplet de l’hymne de l’Internationale Socialiste. Mais , quelle que soit son origine, le « fantasme » existe bien et hante l’esprit des « révolutionnaires » modernes.Le rêve d’un nouveau départ, dans une société dont on aurait « remis les compteurs à zéro »habite toujours ceux qui se sentent incapables de s’adapter à la société telle qu’elle existe, ou de se contenter de la réformer.Cordialement.
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Bonjour
Par le biais du blog de Maxime je fais un tour sur le vôtre
Je suis d’accord et pas d’accord avec vous. D’accord sur l’enjeu : ce fantasme du « passé faire table rase » est bien au cœur de l’idéologie actuelle du PS. Au point qu’il lui est incongru de penser le dépassement de la crise économique en s’appuyant sur les valeurs traditionnelles de la France et/ou de l’occident.
Mais l’origine de ce passé table rase n’est pas tellement où vous la placez ; ce serait trop simple. le PS , réminiscence de Staline, c’est tellement beau, tellement Cartésien que c’est promis à un grand avenir .
Mais ce ne serait pas grave si c’était cela. L’élément moteur se trouve ailleurs dans l’évolution des modes de pensée modernes, largement marqués par le positivisme ( pour être précis un positivisme a -kantien) et le post-positivisme. C’est là – en clair : dans les facs américaines – que se trouve la véritable racine du tout est construit, rien n’est naturel . Et de là on arrive au passé dont on fait table rase. Mais aujourd’hui, c’est plus « la démocratisation du PS » ( au sens de Parti Démocrate) que sa stalinisation qui est en question
amicalement
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l’utopie n’interdit pas la critique des actes de ceux qui tentent de la mettre en oeuvre..(revoir les temps modernes)? D’un autre côté ‘est un plaisir que d’entendre les sacrifices que sont prêts a faire les diverses composantes de notre beau pays, après 10 années triomphantes de gouvernements ‘non socialistes’.
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