Violences à l’école…


Le Monde publie actuellement une enquête basée sur le point de vue d’enseignants « de terrain », à propos des solutions évoquées par le Ministre DARCOS, consistant à mettre en place des « brigades mobiles », chargées de la fouille des élèves à l’entrée des établissements. La réponse du corps enseignant, est en général défavorable à ce type de solution. La réponse qui revient le plus souvent dans cette enquête, c’est celle, bien connue, du « manque de moyens » et de « l’insuffisance des effectifs ».

Cependant, parmi les témoignages publiés, on constate des divergences profondes, qui reflètent, chez les enseignants, des conceptions opposées en matière de méthodes éducatives. Les uns sont favorables à « plus d’empathie » envers les élèves, à plus d’écoute, les autres à plus de fermeté, et à des mesures favorisant la restauration de l’autorité du corps enseignant.

Quelques échantillons extraits de cette enquête:

« J’ai cru que c’était une blague.., par Julien De F.

« Je suis assistant d’éducation (AED) dans une ZEP de la région parisienne et cette annonce m’a tellement surpris que j’ai cru que c’était une blague. On voit que le ministère est à des années-lumière de la réalité du terrain. Ce dont ont besoin les établissements difficiles, c’est avant tout un personnel pédagogique qualifié et mieux formé, et surtout plus disponible. Dans mon travail quotidien, j’ai largement eu l’occasion de constater qu’un accompagnement plus proche de l’élève était bien plus à même de calmer ceux-ci que des mesures répressives.

Une discussion d’une quinzaine de minutes en tête à tête est bien souvent plus à même d’instaurer une écoute entre les enseignants ou les AED et nos élèves qu’une exclusion ou l’acte humiliant que constituerait une fouille. Une discipline bête et bornée (ndlr. la discipline , c’est toujours un oeu « bête et borné ) ne vaudra jamais l’instauration du respect mutuel permettant le travail commun. Quant aux élèves en grande difficulté, c’est d’abord en améliorant le rapport avec les parents et les structures alternatives d’accompagnement qu’on pourra mieux les encadrer. Plus généralement, c’est en donnant une réelle perspective d’avenir aux élèves des quartiers défavorisées qu’on combattra efficacement échec scolaire et délinquance. »

 « Un plus, mais cela ne suffira pas par Bernard S.

« Je suis chef d’établissement d’un collège de quartier difficile. On parle de ces problèmes depuis trop longtemps, et il est un peu désespérant de voir que les solutions ne sont envisagées ni dans leur globalité ni avec une suffisante volonté. Plusieurs choses manquent. Ce que propose le ministre est un plus, mais cela ne suffira pas. Deux axes doivent être menées de front : une politique de la « porte ouverte » qui ne laisse aucun doute dans l’esprit des élèves sur le fait que l’institution est à même de les aider sérieusement, l’organisation actuelle des collèges (en terme de moyens et de contenus) est très loin du compte actuellement. Et une réflexion sérieuse sur la sanction : l’impunité (ou le sentiment d’impunité) sont évidents. Comme ces deux aspects sont tous deux traités de façon insuffisante, se développe chez les élèves de ces quartiers le double sentiments de n’être pas « aidés » et de pouvoir faire sans réelle crainte ce qu’ils veulent. Ce cocktail est évidemment créateur de violence. Il faut former les enseignants sérieusement à la gestion de conflit pour éviter les conflits inutiles et faire descendre au maximum la pression, mettre en place des structures ambitieuses de remédiation dans ou à côté des établissements et, enfin, ne pas oublier que sur 300 élèves, 10 ou 20 empêchent les 280 autres de travailler faute de solutions, cela est indigne du service public… « 

« Soutenons Darcos, par Françoise L.

« Prof de Lettres, depuis peu en retraite, je ne regrette pas d’avoir moi-même, après dénonciation par un élève, fouillé le cartable d’un garçon de 4ème qui contenait tout un arsenal : six ou sept armes blanches, couteaux, tiges métalliques, grattoir et outils de jardinage bien affûtés et destinés à épicer une guerre entre clans dans la cour de récréation, conflit qui se développait depuis plusieurs jours, ayant pris son origine ailleurs, dans un lotissement voisin. Le guerrier en question, envoyé au bureau du principal a été dûment puni (sans qu’on daigne me dire si ça avait apaisé les ardeurs combatives des élèves, mais bon).

A la différence de ce que racontent certains leaders syndicaux ou politiques, j’ai vu que la violence est souvent importée dans les établissements et je crois bien entendu à l’action pédagogique et à la politique mais aussi aux mesures proposées par M. Darcos : comme il faut deux jambes pour marcher, il faut de la pédagogie et de la surveillance. Je me mets à la place des jeunes profs de banlieue et je maudis les imbéciles bien pensants qui refusent à l’école les moyens d’assurer la sécurité des élèves comme celle des personnels. »

On retrouve des éléments de l’éternel débat, qui depuis les années soixante, hante toutes les confrontations entre partisans d’une éducation basée sur l’écoute et le dialogue, et une éducation basée sur  la fermeté et l’autorité.

Tout ces palabres ne tiennent aucun compte d’un fait qu’ils ignorent, à savoir que chez les enfants, – comme chez les adultes sur qui ils prennent exemple -, dans certaines « minorités », le fait d’avoir un couteau (al mouss) dans sa poche, fait partie des attributs de la « virilité », et peut servir dans les circonstances où l’on estime avoir été bafoué dans son « honneur »,ou plus simplement quand on s’estime « victime » d’un « manque de respect ».Ces moeurs importées par l’immigration maghrébine, sont fortement ancrées dans les familles et se transmettent par tradition, un peu comme dans certains pays du moyen orient où il est dans les usages de porter, à la ceinture, un poignard destiné à montrer que l’on est un homme, un vrai ….

Question posée par « Le Monde »:

Le ministre de l’éducation propose une série de mesures pour lutter contre la violence en milieu scolaire (fouilles, détecteurs de métaux, « équipes mobiles d’agents »). Y a-t-il des violences dans votre établissement ? Si oui, lesquelles ? Estimez-vous que les propositions du gouvernement sont adaptées et suffisantes ?