Zemmour a l’habitude dire que dans ses oeuvres polémiques, il ne fait rien d’autre que « mettre des mots sur des maux ». C’est ce qu’ici je fais, lorsque , souvent, je m’efforce d’appeler « un chat, un chat »….
Depuis « le Bal tragique à Charlie Hebdo », j’écoute sur les ondes et à la télé, ceux qui débattent des conséquences à tirer de cette tragédie. Et j’entends, ici ou là, des mots qui sont enfin prononcés, que l’on avait pas l’habitude d’entendre tant l’expression politique, en France, est devenue formatée par l’autocensure. Les langues se délient, et les sujets, jusqu’ici considérés comme « tabous », sont de plus en plus abordés….
Et j’entends, un peu partout, des considérations sur l’Islam, émises par des gens qui manifestement ne savent rien sur cette religion, en dehors de ce qu’ils lisent dans les journaux, c’est à dire pas grand chose de très sérieux.
L’expression qui revient le plus souvent dans les discussions, c’est celle « d’Islam de France ». Une expression dont les mots cachent un leurre grossier.
Car il ne peut y avoir « d’Islam de France ». Sauf à en inventer un, de toutes pièces. Et cela ne peut se faire sans l’adhésion individuelle, unanime, profonde et sincère de tous les Musulmans de France.
Nous en sommes loin : les évènements de ces derniers ont projeté un rayon de clarté sur cette évidence.
Il est clair, en effet, que les « Institutions » représentatives des Musulmans de France ne sont pas les bons interlocuteurs pour résoudre le difficile problème de l’intégration de cette religion dans les règles d’un République Démocratique, quoi que l’on nous dise. Car ces « Institutions » bidon ne représentent pas la complexité de l’Islam tel qu’il est vécu par ceux qui veulent devenir nos compatriotes.
Elles sont soumises à toutes sortes d’influences, car leurs membres n’ont pas rompu leurs attaches avec leur pays d’origine: l’Algérie, le Maroc, notamment y exercent une influence importante, sans parler des courants tels que les « Frères Musulmans », les « Salafistes », et en sous-main le « wahabisme » dont les ficelles sont tirées par les Monarchies du Golfe…
Ces influences contradictoires, pour ne pas dire opposées, paralysent ces Institutions et empêchent toute réelle représentation de l’Islam répandu dans nos banlieues, où des Immams auto-proclamés, prêchent leur interprétation personnelle du Coran qui varie selon leur degré de compétence religieuse et en fonction des influences qu’ils subissent, selon leur origine.
L’Islam, partout où cette religion est majoritaire,- sauf en Iran -, échappe à toute tentative de cléricalisation. Il n’y a pas de Pape chez les Musulmans, pas plus qu’il n’y a de clergé. Il n’y a donc pas de « hiérarchie » susceptible d’inspirer et de contrôler le message diffusé par chaque Immam. Chaque Musulman est en rapport direct avec son Dieu, sans intermédiaire. C’est ce qui rend l’approche de cette religion si difficile, voire insaisissable…
Je ne conteste pas le fait qu’il y a chez de nombreux Musulmans le désir, individuel, sincère de vivre leur foi paisiblement, mais l’Islam, qu’on se le dise, et que l’on cesse de se cacher derrière les mots, n’est pas, n’a jamais été une religion de paix. Dans l’imaginaire des croyants, alors que nous nous représentons le Christ, notre « prophète », sur une croix, le Prophète Mohamed est représenté, pour les Musulmans, brandissant un glaive.
Mahomet, pour avoir été un remarquable prêcheur doué d’un charisme exceptionnel, a surtout été un chef de guerre. Quand on évoque la vie du Prophète, on esquive très souvent le fait qu’il y a eu deux périodes dans son parcours : celle dite « de Médine » qui propose une vision guerrière autour de l’idée de la conquête, et celle « de la Mecque » plus centrée sur l’idée d’un « djihad intérieur » et personnel.
En outre, et de tout temps, l’Islam n’a jamais cessé d’être en guerre. Contre les autres religions monothéistes, mais aussi contre les religions comme le bouddhisme, contre l’hindouisme dont les fidèles sont tous, sans exception, considérés comme des « mécréants ». A lire: http://www.atlantico.fr/decryptage/ou-islam-clashe-avec-autres-que-occident-alain-rodier-1955071.html
Les Croisades que l’on a pris l’habitude de décrier, n’ont jamais été qu’une tentative de « libérer » les lieux Saints de la Chrétienté, envahis par les djihadistes de l’époque. Et sans Charles Martel » qui vainquit les Arabes à Poitiers en 732″, la France aurait sans doute, comme l’a été l’Espagne, longtemps occupée par des conquérants fanatisés par l’Islam.
L’Empire Ottoman qui a longtemps régné sur les Balkans après avoir combattu l’Empire austro-hongrois, y a implanté un Islam dont l’affrontement avec les Chrétiens orthodoxes a été à l’origine de la guerre du Kosovo, après l’éclatement de la Yougoslavie….
Or l’Islam est, de surcroît, en guerre contre lui-même depuis la mort du « Prophète ».
Car ce que nos chroniqueurs semblent ignorer c’est que la guerre entre deux grands courants de l’Islam, le Sunnisme et le Chiisme, – une guerre séculaire -, est de nouveau déclarée. Une guerre impitoyable et ravageuse avait opposé l’Irak de Sadam Hussein à l’Iran de Komeini. Le Sunnite Sadam régnait sur l’Irak où les Chiites se considéraient comme infériorisés, méprisés et l’Iran, en pleine « révolution » islamique, et peuplée de Chiites, convoitait les richesses pétrolières du Koweit peuplé de Sunnites lui aussi.
Ce qui se passe en Irak aujourd’hui n’est qu’une des nombreuses résurgences de ce passé récent.
Dans les conflits qui secouent tout le moyen orient aujourd’hui, on voit resurgir le rêve qui habite le monde sunnite depuis toujours, d’un retour au Califat des années où sa suprématie s’imposait dans toute cette région. C’est le moteur principal du « Djihad », et de la guerre qui nous est déclarée.
Mais les « émirs » qui nous ont déclaré cette guerre ne cachent pas leurs objectifs qui sont, après avoir « reconquis » le monde arabe pour revenir à « l’époque du prophète », d’islamiser l’Occident, peuplé de mécréants. Un Occident décadent, selon eux, aux moeurs corrompues, et qui vit en contradiction totale avec les préceptes de l’Islam des origines.
Dans le conflit entre Sunnites et Chiites, notre positionnement, en tant que « puissance occidentale » est ambigüe. Nous combattons les sunnites, un peu partout, en Irak, mais aussi en Syrie ( moins ouvertement ), en Afrique, et au Yemen. Nous méprisons – contrairement à la Russie de Poutine – l’Iran qui aspire, également, à jouer un rôle de puissance régionale et de retrouver sa place sur l’échiquier international, l’Iran qui est un ennemi mortel des puissances du Golfe, alors même que dans notre dos, ces puissances financent et arment ceux que nous combattons hors de nos frontières, et financent des mosquées sur notre territoire….
Pour comprendre la complexité de cette situation géopolitique, il faut lire le livre d’Antoine Sfeir, intitulé « L’Islam conte l’Islam », l’interminable guerre des sunnites et des chiites.
http://www.lesclesdumoyenorient.com/Antoine-Sfeir-L-Islam-contre-l.html
En bref, nous sommes désormais confrontés à la guerre ouverte qui nous est déclarée par les Sunnites de Daesh, en raison du parti que nous avons pris dans le conflit dans lequel Daesh est engagé au Moyen-Orient avec l’objectif de créer un état islamique régi par la « Charia »…
Cette guerre sera longue et probablement cruelle. Et ce n’est pas par des postures et des mots creux que le pouvoir pourra protéger la France et les Français des dangers et des maux qui menacent…
Si on ajoute à tout cela le conflit israelo-palestinien, qui en raison de l’importance des communautés musulmanes et juives qui cohabitent dans notre pays, aura toujours tendance à s’inviter dans tous les débats concernant l’Islam au sein de notre société, on mesure la complexité des questions que soulève la présence en France d’une importante communauté musulmane.
Devant la complexité des situations auxquelles notre pays est confronté dans sa tentative de « domestiquer » un Islam aux facettes multiples, il est clair que miser sur un hypothétique « Islam de France », c’est se payer de mots.
Mais le remède aux maux qui naîtront de la présence d’une importante population exogène vivant dans notre pays, reste encore à trouver.
Les faits sont têtus. Ils ne tarderont pas à nous placer devant des réalités si longtemps recouvertes par trop de dénis, de mensonges, de lâchetés dont il faudra payer le prix.
Post-Scriptum : Le monde musulman n’enfante pas que des monstres, fort heureusement. Il produit aussi des esprits éclairés dont, hélas, la voix est couverte par le tumulte ambiant. Lisez ce texte d’Abdenour Bidar, un Musulman qui parle aux Musulmans. Il vaut le détour: Lettre ouverte au monde musulman.
Et si vous êtes curieux et patient, écoutez le point de vue de Boris Cyrulnik, un « immigré » qui apporte à la France les ressources de son intelligence. Une puissante analyse : http://bcove.me/yt3oo2dt.
Réfléchissez, ensuite….et faites vous votre propre opinion.
Post-Scriptum : les mots seraient-ils en trains de retrouver leur raison d’être, a savoir dire et montrer les choses, exprimer les idées, alors qu’ils n’étaient jusqu’à hier, qu’un masque pour tenter de cacher les choses ou de déformer la réalité ???
Je me réjouis de lire ceci, ce matin, dans un billet de F.O.G publié par « Le Point »: » N’ayons plus peur. De notre ombre, de la vulgate gnangnan ou de notre petit doigt. Il faut faire sauter la chape de plomb du bisounoursisme, en finir avec l’autocensure sur l’islamisme et ne plus hésiter à nommer les choses. Ou à les montrer. »
C’est ce que depuis des années nous réclamons sur ce blog. Juste « appeler un chat, un chat ». Sans Islamo-phobie, et sans phobie d’aucune sorte. Juste le souci lucide de la Vérité. En regardant le danger en face et sans le chercher là où il n’est pas.