Petite frappe ???


Ou Grosse Frappe ??? That is the question !!!

Les atermoiements des « Occidentaux », dont la France fait partie, face aux décisions à prendre, concernant une intervention en Syrie, montrent que peu à peu, le doute s’installe dans les esprits de ceux-là mêmes qui « anti-militaristes » viscéraux, n’hésitent pas quand l’opportunité s’en présente, à jouer les « va-t-en-guerre », pour tenter de redorer leur blason.

Les exemples ne manquent pas, dans notre Histoire récente, de dirigeants socialistes, qui dans leurs discours militants ne cachent pas leur défiance, pour ne pas parler de détestation, vis à vis de l’Armée, mais qui n’hésitent pas à « s’en servir » dès lors que cela peut « servir » leurs intérêts ou leur « prestige ».

La Droite de Sarkozy, elle aussi, manipulée par quelques « intellectuels » et « philosophes » auto-proclamés a cédé à la tentation de montrer ses muscles sur la scène internationale, au nom de valeurs, certes, respectables, mais au mépris des réalités complexes d’un monde arabe auquel nos « élites » ne comprennent pas grand chose.

Face à l’épouvantable drame que traverse la Syrie, la tentation est de retour, et Normal 1er, dit « Zigounette », brûle d’envie d’en découdre avec celui que l’on considère en Occident comme l’un des dictateurs les plus sanguinaires de notre époque.

Une fois de plus, l’opinion que je voudrais développer dans ce billet, s’inscrira à contre-courant des opinions « médiatiquement », donc politiquement correctes.

On pourra se reporter à mes précédents billets pour constater mes réserves, pour ne pas dire mes objections à propos de « l’enthousiasme » suscité par les « Printemps arabes », dans lesquels nos « zozos » voyaient le signe d’une évolution du monde arabe, en faveur de la Démocratie, telle que nos « intellectuels » occidentaux la conçoivent.

Car nos « penseurs », imbibés d’eurocentrisme, formés à l’école marxiste, sont convaincus que l’Histoire du Monde s’écrira sous la poussée d’une sorte de déterminisme inspiré par les révolutions européennes, – la Française et la Russe (!!!) – et qu’aucune portion de notre planète n’y échappera….Ils sont « formatés » pour raisonner, en toute circonstance, de manière « binaire » ( la bourgeoisie, le peuple, ou les riches, les pauvres, ceux qui ne sont pas pour la révolution sont des traîtres, les progressistes , les réactionnaires, etc…)

Le « déni de réalité » qui, en outre, aveugle nos « élites » contemporaines, masque l’échec de toutes les tentatives d’installer la Démocratie dans des pays habitués à une gouvernance ferme, autoritaire, souvent à l’excès, exercée par un pouvoir personnel fort s’appuyant sur une connaissance profonde et la manipulation des courants qui traversent ces pays, courants issus des différence ethniques, de leur culture tribale, et de la complexité de leur histoire religieuse, même là où existent de réelles aspirations à plus de liberté et de justice.

L’Histoire retiendra qu’en terre musulmane, toutes les interventions militaires occidentales, toutes, sans exception, se sont soldées par des échecs douloureux, que par « pudeur », on évite d’évoquer aujourd’hui.

La mise au pas de Serbes -( qui furent pendant la guerre de 1914-18, nos précieux alliés et que nous avons trahis) -, confrontés à une présence musulmane envahissante, héritée de l’occupation ottomane, vaincus après avoir été écrasés par l’aviation occidentale, a permis la naissance d’un Etat musulman, le Kosovo, qui dès que sa souveraineté a été reconnue, s’est empressé de se livrer à une épuration ethnique sans précédent destinée à éliminer les Serbes d’un territoire sur lequel ces derniers avaient des droits historiques légitimes, avant de sombrer dans une sorte d’anarchie corrompue, et de devenir un des foyers, à nos portes, de l’islamisme européen.

L’omerta médiatique sur le résultat de ce piteux exploit de nos dirigeants,- c’est « Tonton Mitterrand » qui à l’époque, était aux manettes, en France -, a été rompue, il y a déjà quelques temps, par le journaliste d’investigation Pierre Péan, qui dans un ouvrage remarquablement documenté, décrit la réalité du Kosovo, devenu un Etat maffieux,…mais « musulman » !!!

KosovoUn ouvrage assez peu commenté dans nos médias, sans doute peu motivés pour faire l’éloge d’un brûlot qui montre comment, avec de « bons sentiments », on peut faire une guerre « juste », dont le résultat est tragiquement désastreux.

Je n’aurai pas la cruauté de m’étendre sur le résultat des guerres « justes », destinées à installer la « Démocratie », en Afghanistan, en Irak, et plus récemment en Libye…..

S’agissant de la Syrie, je considère que la France a tout à perdre dans cette affaire.

En n’intervenant pas, elle encourt la condamnation des « belles âmes » au nom des valeurs de générosité, et de compassion à l’égard des souffrances réelles d’un peuple martyr. Elle subit, de surcroît la pression de pays arabes amis, qui eux n’enverront jamais un soldat ni un avion au combat, mais qui tirent, par dessous, les ficelles de ce conflit aux multiples dimensions, ethniques, religieuses, tribales, dans un affrontement dans lequel certaines minorités, dont la minorité copte, tout comme en Egypte, jouent leur survie.

En intervenant, elle met le doigt dans un engrenage infernal, car nul n’est capable de prévoir jusqu’où les multiples affrontements qui se produisent en Syrie, conduiront cette région du monde qui est en train de devenir un baril de poudre. Car quelques missiles et quelques « bombinettes » ne suffiront pas à abattre Bachar El Hassad.

Pour comprendre la complexité des forces qui s’affrontent dans toute cette région, il est utile de parcourir un ouvrage que viennent de publier conjointement deux auteurs dont nul ne peut nier leur profonde connaissance du monde arabe.

Deux auteurs que vous verrez rarement sur vos écrans….

Il s’agit d’Alexandre Adler et de Vladimir Fedorovski.

Le premier est un historien et politologue qui entretient des relations anciènnes avec de nombreux chefs d’Etat arabes, et avec de nombreuses personnalités du monde diplomatique international.

Le second a exercé de hautes fonctions diplomatiques sous la Russie soviétique: c’est un « arabisant » qui maîtrise non seulement la langue, mais également la culture du monde arabe. Car, ne l’oublions pas si on veut comprendre l’attitude Russe dans le conflit syrien, la Russie est un grande puissance musulmane, et elle est attentive à tout ce qui peut susciter des vagues de fond dans l’espace politique du Moyen-Orient, dont elle redoute le ressac.

La Russie redoute, pardessus tout, un affrontement dont le risque se profile, entre l’Islam Chiite et l’Islam Sunnite, un affrontement qui embraserait une vaste partie de son territoire, avec à ses portes l’Iran doté d’ici peu, avec le Pakistan, de la force nucléaire.

islam

Cet ouvrage, dans un dialogue passionnant, entre deux « vrais experts »pose la vraie question à laquelle, les générations actuelles vont devoir trouver une réponse.

L’islamisme va-t-il gagner ?

L’actualité en France et dans le monde n’en finit pas de provoquer cette question: Hamas vengeur en Palestine, tensions dangereuses en Egypte et en Libye, crise syrienne, et l’Iran en train de se doter de l’arme nucléaire.

Et peut-être aussi, demain, une nouvelle coalition, une « internationale » islamique, un « croissant » allant de l’Afghanistan et du Pakistan au Maghreb en passant par la Turquie.

Les auteurs ont enquêté auprès de tous les protagonistes, modérés ou extrémistes.
L’ouvrage n’esquive aucune question : les réfugiés du Moyen-Orient, la « rue » et les révolutions islamiques, la guerre des lobbies aux Etats-Unis, le rôle de Barack Obama, le droit international, le poids des théologies, la démographie.

A travers un échange vif et argumenté, Alexandre Adler et Vladimir Fédorovski nous donnent les quelques clefs qui nous manquent pour comprendre de fragiles équilibres actuellement menacés.

Petites frappes, ou grosse frappe en Syrie ???

La question paraît presque dérisoire, face aux enjeux que recèle l’avenir de ce petit Etat qu’est la Syrie. Un « petit » Etat exposé à un conflit qui synthétise toute la complexité d’un Moyen Orient qui ne peut surtout pas être abordé avec des idées simples.

En refermant ce livre, je me suis demandé, si ce n’est pas Poutine qui fait l’analyse la plus juste de l’évolution du monde arabe. Car la prudence, le pragmatisme, le réalisme, en l’occurrence, paraissent mieux adaptés que les rêves ambitieux mais irréalistes des « zozos »….