Il est de bon ton d’ironiser sur ceux qui, contre vents et marées, persistent à tirer la sonnette d’alarme: l’immigration a atteint, en France comme dans de nombreux pays européens, un seuil, au-delà duquel l’intégration des nouveaux arrivants est devenue un leurre.
En Europe, les manifestations se multiplient: dans les pays nordiques, en Allemagne, en Autriche, en Hongrie, les opposants à une immigration devenue incontrôlable n’hésitent plus à descendre dans les rues.
En France, le renoncement à une politique cohérente dans ce domaine, une politique qui, sans tomber dans l’ excès d’une fermeture totale des frontières, restreindrait le nombre d’immigrés accueillis chaque année à nos capacités d’accueil et d’intégration dans des conditions d’efficacité et d’humanité acceptables, la proportion d’immigrés de religion musulmane refusant d’accepter de se plier à nos usages de vie en commun, provoque une inquiétude qui imperceptiblement, se transforme en rejet des immigrés, dont certains, il faut bien l’admettre, font pourtant de réels efforts d’intégration.
L’idée du « grand remplacement » s’est subjectivement installée sur certaines parties du territoire national, où l’absence de réelle politique d’intégration de nouveaux arrivants a provoqué une surconcentration de populations exogènes aux moeurs ( polygamie ), aux coutumes ( port du voile, excision ), et aux traditions incompatibles avec les nôtres ( hallal, ramadan, etc…).
Devant l’entrée d’une Caisse d’Allocations Familiales de Seine Saint Denis…
Ceux dont les voix s’élèvent pour dénoncer de dangereuses dérives pour la cohésion nationale, sont ostracisés par ceux qui s’expriment au nom d’une « bien-pensance », dont le prêchi-prêcha suscite la colère de ceux qui vivent dans des environnements devenus hostiles, où la cohabitation est devenue quasi impossible, et qui peu à peu désertent certaines zones d’habitation, accentuant ainsi le phénomène de « ghettoisation » des nouveaux arrivants. Les Français dans leur large majorité souhaitent plus de discrétion religieuse dans l’espace public ou l’entreprise, alors qu’une majorité de musulmans demandent l’inverse. Cela contribue à alimenter les tensions.
Les réactions suscitées par le dernier livre de Zemmour sont significatives : le succès d’édition du livre contraste avec la critique qui, refusant de débattre sur le fond , a tenté de déplacer le centre du débat, en concentrant ses attaques sur des sujets périphériques afin de « noyer le poisson ». Un nombre croissant de Français perçoivent les thèses de Zemmour sur le sujet de l’immigration comme fondées, et rejettent les propos lénifiants de ceux qui tentent de minimiser les risques de plus en plus évidents de ruptures au sein de notre société.
La paranoïa des éditorialistes enfermés dans un déni de réalité qui leur ôte toute crédibilité n’aura aucun effet sur l’opinion. Il y a désormais, en France, ceux qui sont prêts à renoncer au combat idéologique avec l’Islam, et ceux qui ne cèderont pas à l’intimidation ou à la terreur….
Ce ne sont pas des discours creux, un tantinet hypocrites, émanant le plus souvent de gens vivant dans les « beaux quartiers », loin des réalités quotidiennes des Français qui souffrent, qui éteindront les feux qui couvent ici et là, dont les spécialistes les plus lucides et les plus honnêtes donnent le signal d’alerte. Car, qu’on se le dise: notre République ne fait plus peur aux djihadistes.
Dans un entretien donné au Point par l’un de nos meilleurs analystes de ces questions difficiles, Gilles Kepel tire la sonnette d’alarme:
« Il faut appeler un chat un chat. Il existe un danger réel de radicalisation et il faut être capable de le penser sans être lénifiant ni catastrophiste. Aujourd’hui en France, un certain nombre de mouvements islamistes, qui prônent la rupture en valeurs avec la société française, fournissent potentiellement des disciples ou des soldats à Daesh. Ceux qui affirment que tout ça, ce sont juste des « fantasmes islamophobes » et ceux qui, à l’inverse, pensent que « tous les musulmans sont comme ça » se trompent également. L’islam de France couvre un spectre très large. À l’une des extrémités, des populations originaires d’Afrique du Nord ou d’ailleurs se mêlent à la société française comme l’ont fait la plupart des immigrations précédentes, et contribuent à la transformer en produisant de la compétence et du savoir. Et de l’autre côté, il y a une logique de destruction de cette société qui s’exaspère aujourd’hui avec ce phénomène ahurissant des conversions sur YouTube de Bécassines de Quimper qui partent pour l’aéroport d’Istanbul comme celles d’hier partaient pour la gare Montparnasse ! »
(On trouvera l’intégralité de cet entretien sur : http://www.lepoint.fr/editos-du-point/sebastien-le-fol/gilles-kepel-l-europe-est-centrale-dans-la-strategie-de-daesh-05-01-2015-1893972_1913.php )
C’est exactement ce que disent ceux dont on essaie de couvrir la voix.
L’irruption de Daech dans le contexte moyen-oriental ne fait qu’aggraver les risques de ruptures que perçoivent fort bien les spécialistes, mais que l’on tente de masquer à coup de dénégations ou de silences qui ne trompent plus grand monde. Il suffirait d’un grave attentat pour qu’au grand jour apparaissent les lignes de fracture dans une société inquiète.
On peut lire, dans le même article:
« …Au contraire, l’Europe est centrale dans la stratégie de Daesh. Souri explique qu’il faut créer des enclaves et des foyers de tension – sur le modèle de Sarcelles lors des manifs cet été – qui aboutiront à des guerres civiles que l’islam gagnera avant de conquérir l’humanité. Il table sur le fait que les sociétés occidentales vont surréagir, et que le développement de l’islamophobie ralliera les musulmans de base aux groupes radicaux. »
D’autres spécialistes tiennent le même discours : http://www.atlantico.fr/decryptage/pourquoi-declenchement-guerre-civile-en-europe-rien-vue-esprit-mais-releve-bien-implacable-projet-applique-etat-islamique-alain-1918874.html
Prétendre que la France sera épargnée par les dangers à venir est un leurre.
Nous n’en sommes certes pas, à l’éventualité évoquée par Houellebecq dans son Roman « Soumission ». Mais il est clair, désormais, dans les analyses de tous les spécialistes de ces questions, que l’objectif de la mouvance islamique est bel est bien de s’emparer du pouvoir en Europe, et que cela l’entraînera à commettre des actes de terrorisme destinés à provoquer une rupture entre les communautés, selon la démarche trop vite oubliée du FLN en Algérie qui, depuis a été « théorisée » par les « penseurs » du djihadisme.
Il sera alors trop tard pour philosopher sur les Cassandres qui ne sont peut-être, aujourd’hui que la version moderne des Pythies de l’Antiquité.
Post Scriptum:
D’après Wikipédia:
– « Dans la religion grecque antique, la Pythie (en grec ancien Πυθία), également appelée Pythonisse, est l’oracle du temple d’Apollon à Delphes. »
– « Dans la mythologie grecque, Cassandra (en grec ancien Κασσάνδρα / Kassándra) est la fille de Priam (roi de Troie) et d’Hécube. Elle porte parfois le nom d’Alexandra en tant que sœur de Pâris-Alexandre. Elle reçoit d’Apollon le don de prédire l’avenir mais, comme elle se refuse à lui, il décrète que ces prédictions ne seront pas crues, même de sa famille. »