Gueule de bois…


Valls triste mineLes soirs d’élections se ressemblent tous sur nos écrans télévisés.

La « langue de bois », devenue langue officielle des Partis politiques est devenue celle des débats. Mais hier soir, elle ne suffisait pas à masquer « la gueule de bois » d’une Gauche qui tombe de haut, même si sa chute était annoncée.

Un Gauche déboussolée, une Gauche qui ne sait plus qui elle est, et encore moins où elle va. Comment pourrait-elle le savoir alors que « La Martine », la reine des corons, vient de « perdre le Nord » ???

Les résultats détaillés de l’élection « départementale »sont maintenant connus. Laissons aux « analystes » et autres « commentateurs » le soin d’en tirer des conclusions….

Mais d’ores et déjà, nous pouvons, sans les attendre, en tirer quelques premiers enseignements.

Tout d’abord, le Parti qui sort grand vainqueur de ce scrutin, comme des précédents, c’est le Parti des abstentionnistes.

La « victoire » de l’UMP-UDI est néanmoins, démocratiquement incontestable. Il sera difficile d’empêcher Sarkozy d’en tirer profit.

Le Front National n’est pas, comme on a tenté de le faire croire, pour affoler l’électeur, le « premier Parti » de France. Mais sa poussée est également incontestable: son implantation témoigne de l’existence d’une France amère, qui se sent méprisée, flouée par une classe politique distante et enfermée dans un autisme généralisé. Une France bien décidée à peser sur le destin politique du pays.

La Gauche est en pleine décomposition.

Les résultats d’hier mettent en évidence l’insignifiance de courants politiques artificiellement gonflés par des médias devenus de plus en plus suspects de « manipulation » de l’opinion.

L’Extrême-Gauche, connue sous l’euphémisme de « la Gauche de la Gauche » représente 1% de l’électorat. Quand aux « écologistes », toujours aussi « verts dehors et rouges dedans », ne représentent rien, et seraient absents de la scène politique sans une magouille que l’on doit à « La Martine » du Nord, qui avait négocié un accord léonin à leur avantage, un accord qui leur a permis d’avoir une représentation disproportionnée à l’Assemblée Nationale et au Gouvernement.

RésultatsRésultats obtenus en nombre de voix par chaque Parti…

Le Parti Socialiste est ébranlé sur ses bases.

Il paie tragiquement l’erreur de ses choix stratégiques, inspirés par quelques « zélites », parmi lesquelles le « think-tank » Terra-Nova, dont j’ai souvent évoqué les travaux sur ce blog: la « bobocratie » devenue un courant dominant dans ce Parti, l’a détournée du peuple considéré comme « irrécupérable » et incapable d’accéder aux idées généreuses véhiculées par un projet de société soit-disant « avancée », « ouverte », métissée », et « libertaire » sur le plan des moeurs…L’idée selon laquelle l’électorat « issu de l’immigration » deviendrait un électorat de substitution à la Gauche populaire, a des conséquences ravageuses sur le Parti Socialiste.

Il faudra autre chose que les démonstrations d’énergie de façade d’un Valls impuissant à changer le monde et trop souvent tenté par des postures de « mini-Caudillo » catalan, pour redonner à « sa base » la perspective d’une réconciliation de ses idéaux avec la réalité….

Pour que le socialisme renaisse dans le pays, il lui faudrait « changer le peuple ». L’idée n’est pas neuve. Berthold Brecht disait déjà, au siècle dernier « Puisque le peuple vote contre le Gouvernement, il faut dissoudre le peuple. »

Les Socialistes français qui n’ont pas su, lorsque Hollande était « Premier Secrétaire » du Parti, réaliser leur conversion à « l’économie de marché », vivent au 21ème siècle, sur un « logiciel » périmé, qui ne fonctionne plus dans un contexte de crise et de mondialisation. Pire encore, leurs « alliés », eux, n’ont rien changé dans leur système de pensée, depuis le XIXème siècle et raisonnent encore comme à l’époque de Proudhon et de Zola.

L’électorat de Gauche est désorienté par la violence du discours sur l’économie, et sent bien qu’ils n’est pas en phase avec l’évolution de la sphère qui l’entoure. Mélenchon n’existe que par son talent oratoire, mais le contenu de son discours « révolutionnaire » n’a aucune prise sur l’opinion, malgré les efforts médiatiques pour tenter de lui donner une audience….Le reste de « la gauche de la Gauche » n’existe que pour quelques « trous-du-culs » attardés et qui souffrent d’une sorte d’enfermement intellectuel qui les empêche de percevoir la réalité.

Il faudra que Hollande fasse des prodiges de synthèse pour raccommoder les débris de ce qu’il a lui-même engendré. Sa tentative, – sous la pression européenne -, de bâtir un « social libéralisme » de bric et de broc a des accents pathétiques, tant le fossé qui sépare cette ligne politique de celle attendue par son électorat est immense.

Quand à Juppé, que les médias, et une certaine Gauche voient comme une sorte de recours, pour éviter le retour d’un Sarkozy vengeur, il faudra qu’il trouve autre chose que le « libéralisme social » à la Chirac pour se distinguer du « social libéralisme » à la Hollande. Sa ligne « mi-chèvre, mi-chou » est bien trop molle pour séduire une France qui glisse progressivement à droite, n’en déplaise à une « bobocratie »aux idées généreuses mais qui reste attachée à son « train de vie » et à sa ration de caviar quotidien….

Il faudra attendre encore quelques mois pour mesurer l’ampleur des conséquences du vent nouveau qui souffle sur la France…

Vide à Gauche….


Le comique italien Beppe Grillo brigue les primaires du Parti démocrate « pour combler un vide à gauche »LE MONDE | 14.07.09 | 15h57  •  Mis à jour le 14.07.09 | 15h57.

Le comique Beppe Grillo se verrait bien à la tête du Parti démocrate (PD, centre gauche), le principal parti d’opposition au président du conseil, Silvio Berlusconi. C’est pourquoi, lundi 13 juillet, il s’est présenté, en tenue de vacancier, à la permanence d’Arzachena, en Sardaigne, pour y déposer sa demande d’inscription et payer sa cotisation.

Le comique italien Beppe Grillo, le 15 mars 2008 à Rome.

En France, pour combler le même vide,  on attend, d’un moment à l’autre, la candidature aux primaires du Parti Socialiste, de Djamel DEBBOUZE…

Et ça ne fait même pas sourire Martine Aubry !!!

La Gauche qui pédale…dans le caviar.


« Le Monde » s’inquiète, de temps à autres, du déclin du poids intellectuel des idées « de gauche ».

Sur<http://abonnes.lemonde.fr/societe/article/2008/10/31/le-nous-de-la-gauche-est-en-peril_1110398_3224.html<il donne la parole à Jérôme Vidal , auteur, traducteur et éditeur, sur le thème de « la Gauche face à son impuissance » et publie des extraits des bonnes pages du dernier livre de cet auteur, intitulé « La Fabrique de l’impuissance » aux éditions Amsterdam.

Deux passages ont retenu mon attention parmi les meilleures pages publiées, car elles traduisent une opinion que j’ai souvent émise à propos d’une génération de dirigeants socialistes qui comparée a celle des géants que furent des Jaurès, des Mendès France, des Mitterrand,et j’en passe, font figure de pygmées ringards, parceque incapables de formuler un message de gauche qui soit « moderne », « renouvelé » et en phase avec son temps.

La classe politique de Gauche s’est enfermée dans une sorte de « Don Quichottisme » pathétique, consistant à partir en guerre contre les moulins et ne trouver qu’à se battre avec le vent qui fait tourner les moulins. Il en est ainsi du combat contre la « mondialisation » à laquelle la Gauche voudrait s’identifier, et qui ignore les moteurs puissants que sont l’extension à l’ensemble de la planète du domaine des communications, et la vitesse de déplacement des hommes, des idées, des innovations, et des capitaux. Être contre la « mondialisation » c’est un peu comme être contre le fait que la Terre tourne… 

Une des hypothèses directrices du livre, évoqué ci-dessus, « est que le pouvoir de la droite n’est, pour une part essentielle, que la conséquence de l’impuissance de la gauche. Cette dernière s’est en effet montrée incapable d’apporter une réponse appropriée – de gauche, orientée par le souci de maximiser les possibilités concrètes d’une démocratisation du monde social – à la situation inédite créée par la transformation postfordiste de l’économie capitaliste, la précarisation de la condition salariale et la crise de l’État social. Elle s’est montrée largement incapable de comprendre pourquoi le discours de la nouvelle droite a pu aussi facilement s’imposer dans les consciences et paraître, seul,  » réaliste « . Autrement dit, elle s’est montrée incapable de répondre à la question de savoir ce qui fait la force du néolibéralisme. »

Le passage concernant les « zintellectuels », ceux qui considèrent faire partie de « l’aristocratie républicaine », ce qui leur donne le pouvoir de dire le « vrai » mais parfois aussi, pour un certain nombre d’entre eux, souvent « le faux », est marqué au sceau du bon sens, un bon sens qui fait défaut à ceux qui, au lieu de ressasser des concepts du siècle dernier, feraient bien de faire l’effort de se remettre au travail et de s’efforcer de conceptualiser une nouvelle approche, de Gauche, du monde tel qu’il est en train de se transformer sous nos yeux.

Je cite:

« Une démarche telle que celle exposée dans les chapitres précédents implique une toute autre politique de l’intellectualité et des savoirs que celle que voudraient imposer les surprenants  » nouveaux chiens de garde «  du Parti socialiste. C’est dès l’incipit de l’appel qu’ils ont publié le 19 avril 2007 dans Libération que ses signataires font naufrage  :  » Nous sommes des intellectuels et gens de culture… « . Nous sommes les kaloïkagathoï, auraient dit les membres de la bonne société de l’Athènes classique dans un langage à peine plus brutal  : nous sommes les beaux-et-bons. Nous sommes des vaches sacrées. Nous sommes des esprits supérieurs. Nous sommes ceux qui comptent. Ceux auxquels leur fonction, leur statut ou leur nature confère un magistère, une autorité supérieure et légitime. Nous sommes les auctores, ceux qui possèdent l’art de déchiffrer le réel et d’en délivrer le sens, ceux qui dans la confusion restent capables de dire le bien et le mal.

Nous sommes des gens de valeur, nous sommes la valeur incarnée.  » Nous sommes des intellectuels et gens de culture « .

« INTELLECTUEL COLLECTIF

« Non pas, donc, une définition de soi provocatrice et polémique, adressée à tous et susceptible d’être reprise – ou contestée – par tous, comme dans le cas de  » Nous sommes la gauche « , non pas une déclaration fondamentalement égalitaire portée par un  » nous «  universalisable, par un intellectuel collectif dont chacun peut en droit participer, mais un  » nous «  exclusif qui vient sanctionner la monopolisation de l’intellectualité et des savoirs légitimes. Traduisons  : Nous sommes de l’intelligentsia, nous sommes de la classe des intellectuels.

À cet aristocratisme de l’intellectualité, il serait erroné de croire qu’il est possible d’opposer l’autorité même qu’elle mobilise, de la retourner contre elle-même, en s’appuyant sur les divisions qui traversent la classe des  » intellectuels « , en jouant un groupe d’ » intellectuels «  contre un autre  :  » Nous qui sommes aussi des intellectuels et gens de culture… « . Ce type de retournement viendrait en effet reconduire, comme si la chose allait de soi, l’autorité et les privilèges de ceux qui se désignent et sont désignés comme des  » intellectuels « , comme des membres du groupe ou de la classe des  » intellectuels « .

Fin de citation.

L’hebdomadaire Marianne publiait récemment un excellent papier sur « l’arrogance des intellectuels de Gauche » qui, pendant trop longtemps n’ont su que traiter ceux qui à Droite avaient la prétention d’émettre des analyses ou des idées sur l’évolution de notre société, que par le mépris. Un mépris qui s’exprime par le refus de débattre, et l’excommunication, à travers des qualificatifs aussi injustes qu’injurieux.

Je me suis précipité pour passer commande de l’ ouvrage évoqué ci-dessus, dont la lecture, devrait me permettre de compléter un autre ouvrage récemment lu , « Le nouvel Opium des Intellectuels ».

Tout ce qui peut favoriser un renouvellement , une mise à jour, et une modernisation des idées de Gauche est bon pour la République.