L’Europe, l’Europe, l’Europe !!!!


De Gaulle

https://youtu.be/zufecNrhhLs

Le général de Gaulle en avait fait l’une de ses plus célèbres tirades ( avec celle du « quarteron de Généraux » ), dans la quelle il ironisait sur ceux qui sautent sur leur chaise comme des cabris en criant l’Europe, l’Europe, l’Europe…..

Depuis l’époque où de Gaulle exprimait son scepticisme à propos du destin de la France dans une Europe « unifiée », que dis-je, uniformisée sous la botte d’une camarilla de hauts fonctionnaires issus de la haute bureaucratie, depuis cette époque beaucoup d’eau a coulé sous les ponts….

Le scepticisme n’a pas reculé. Bien au contraire me semble-t-il.

Et au lieu de pointer leur doigt accusateur vers les « eurosceptiques » qui refusent d’épouser la religion d’une Europe ouverte à tous les vents, car « ouverte aux autres » au point d’en avoir oublié ses frontières, les « cabris » du Général feraient bien de s’interroger sur les raisons qui font qu’après un demi-siècle, le projet européen s’est enlisé et ne suscite plus aucun enthousiasme auprès des générations actuelles.

Lorsque j’avais trente ans, je fus contraint d’accepter l’idée que, pour que la France puisse enfin se consacrer à son destin européen, il lui fallait obéir à l’injonction qui lui était faite devant l’opinion mondiale, de tourner le dos à son passé colonial.

Je dus alors, faire un douloureux travail sur moi-même, qui a fait de moi, en quelques années, un « européen de raison « . J’ai fini par me ranger aux côtés de ceux qui, considérant que la France, n’étant plus une puissance de « premier rang », seule l’Europe pouvait lui ouvrir la voie d’un nouveau destin.

J’ai cru, alors, que l’Europe, que j’ai eu l’occasion, professionnellement, de parcourir en tous sens, pouvait devenir, pour les jeunes de ma génération, une Patrie de substitution: j’y ai trouvé partout les traces de cette culture dite « judéo-chrétienne » qui pouvait rassembler les peuples, à condition qu’ils aient voix au chapitre.

Passionné de musique depuis toujours je n’ignorais rien de Beethoven. Je me suis investi dans la découverte de la littérature européenne, et j’ai appris à décrypter les philosophes allemands, à pénétrer la poésie ténébreuse de Goethe, j’ai admiré passionnément Jacques Brel, je suis allé au théâtre pour écouter de grands acteurs belges, et j’ai même été jusqu’à lire des traductions de Shakespeare, et à me plonger dans « l’Enfer » de Dante, à relire Virgile et les philosophes grecs dont je ne savais que le peu que l’on apprenait en classe à travers les versions latines ou grecques…

C’était l’époque d’une intense politique d’échange culturels franco-allemands qui annonçait ce qu’allait devenir « Erasmus » sur le plan éducatif, et j’ai même été…. jusqu’à épouser une Allemande, convaincu que l’avenir était dans une fusion des peuples !!!

C’est dire que je n’ai rien négligé pour devenir un Européen convaincu !!!

Mais cela n’a pas duré : peu à peu, les désillusions se sont accumulées et ont pris le dessus sur mon enthousiasme.

Ayant des attaches sentimentales à Bruxelles, j’ai été aux premières loges pour entendre parler des Institutions européennes, pour rencontrer des fonctionnaires européens, et pour entendre les rumeurs qui bruissent tout autour de cette oligarchie devenue apatride gavée de privilèges en tous genres, et pour qui l’Europe n’est plus un rêve fou, mais un fromage dont il convient de se partager les meilleures parts….

J’ai appris que pour devenir un fonctionnaire de cette gigantesque bureaucratie, il valait mieux avoir un parent dans la place ou être un homosexuel bien introduit plutôt que de tenter sa chance dans des concours dont les dés sont pipés, car il arrive souvent que le lauréat d’un concours ne soit pas celui qui est recruté…..

C’était l’époque où le regretté Philippe Seguin était devenu, pour moi, la seule « pointure » politique française à laquelle j’accordais du crédit.

Je m’en suis déjà expliqué….

Ses prises de positions m’ont ouvert les yeux. J’ai compris vers quelle Europe, une oligarchie de bureaucrates ivres de puissance voulaient nous entraîner.

Après Jacques Delors, le seul européen sincère de ma génération, j’ai vu se succéder les pantins donneurs de leçons, qui à la tête de la Commission européenne tentaient, pour exister, de réduire au silence ceux qui protestaient contre le projet stupide de transformer chaque Nation en une Province d’un ensemble qui ne sait même plus où sont ses frontières.

Alors, je n’ai pas besoin de beaucoup insister pour faire comprendre que je ne suis pas plus surpris que cela par le résultat des élections allemandes : comme disait « le Général », il faut prendre les choses comme elles sont !!!

Il est clair que malgré les tentations d’en étouffer l’expression, un fort courant est en train de naître en Europe.

Une fois encore, incapables de répondre aux réelles aspirations des Européens, le troupeau des cabris qui sautent sur leurs pattes en criant l’Europe, l’Europe, l’Europe, a recours aux insultes et à l’invective pour faire taire la voix de ceux qui sont traités de « populistes » quand ce n’est pas de « fachos ».

Tout cela parce qu’ils revendiquent le droit de défendre leur identité, et parce qu’ils ne partagent pas le projet funeste de faire de l’Europe une sorte de nouveau Brésil, – sans l’Amazonie !!! -, ouvrant largement ses portes à un Islam devenu fou, et de renoncer à nos valeurs qui valent bien les leurs, pour faire la place à des populations qui rejettent et combattent nos modèles de société.

Ces incapables ont été inaptes à faire de l’Europe autre chose qu’une fragile puissance économique, un grand souk, qui fait l’affaire de gros intérêts qui en « tirent les ficelles », alors que les citoyens attendent que l’Europe soit un rempart, une protection contre les assauts qu’elle va devoir subir de partout, car sa richesse due au travail et aux sacrifices des générations de l’après guerre aux quelles j’appartiens, attise les convoitises de peuples faméliques livrés au pillage de leurs dirigeants et au ravage de guerres intestines depuis que la décolonisation les a livrés à eux-mêmes….

Si l’Europe ne change pas de projet, et de direction, il est fort à parier que la montée des « populisme » se poursuivra, en France, en Allemagne, mais aussi en Autriche, en Hongrie, en Pologne et même dans les pays nordiques….

Le « populisme », n’en déplaise à certains, c’est la voix des peuples s’exprimant contre l’aveuglement, l’autisme et la trahison des « zélites ». Ceux qui, avec mépris, utilisent ce terme, feraient bien de se souvenir de l’article 3 de la Constitution du 4 octobre 1958 qui rappelle que «La souveraineté nationale appartient au peuple», il ne fait que reconnaître le pacte originel qui est, depuis plus de deux cents ans, le fondement de notre Etat de droit. Nulle assemblée, nul traité international ne saurait donc accepter de violer délibérément ce pacte fondamental.

Les peuples, du moins ceux qui ont conservé une parcelle de lucidité et de bon sens, en ont conscience: ils ne refusent pas l’Europe, contrairement à ce dont, avec une bonne dose de mauvaise foi, on cherche à nous convaincre.

http://premium.lefigaro.fr/actualite-france/2017/09/29/01016-20170929ARTFIG00063-les-europeens-face-aux-migrants.php

Les peuples le font savoir avec de plus en plus de force : ils ne veulent pas de cette Europe là, car, pour le peuple français du moins, il est clair que la conception actuelle de l’Europe, remet en question l’un des fondements les plus solides de notre Pacte républicain  !!!!

Les « Cocus » pathétiques….


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J’écoutais, hier soir, d’une oreille distraite un « débat » entre « experts », animé par un journaliste connu pour avoir été longtemps, à l’époque où la Droite exerçait l’illusion du pouvoir, un inconditionnel de la Gauche. ( Car en France, où l’on salue une prétendue « liberté de la Presse », de nombreux journalistes ne font pas mystère de leur engagement qui peut aller jusqu’à un sectarisme assumé).

Ne prêtant plus aucune oreille aux échanges qui donnaient à ce débat l’allure d’une empoignade sans intérêt, je me suis concentré un instant sur la mine de quelques uns des intervenants.

Un spectacle inouï, tant il reflétait le malaise de ceux que l’on a connu, pendant le précédent quinquennat, pour avoir été de fidèles petits soldats de François Hollande, et surtout de ceux qui ont été ses « frondeurs » au nom de leur « fidélité aux engagements de campagne du candidat Hollande », cocufiés par le Président élu…..

Le sujet était bien entendu, la politique conduite par la « République En Marche » sous la direction de Macron.

Macron a été élu, on s’en souvient, grâce à ses appuis médiatiques et à son habileté de communicant doué d’une solide formation théâtrale, qui lui a permis de laisser croire à « celles zé ceux » qui ont voté pour lui, qu’il mènerait une politique « et de droite et de gauche », et ce,  « en même temps »…..

Or, il était émouvant d’observer la mine pathétique des participants à ce débat, connus pour avoir appartenu à la Gauche éternelle, et qui se sont laissés embarquer dans l’aventure d’En Marche, – espérant sans doute y trouver la perspective d’une nouvelle carrière -, contraints à avouer que la politique menée par le Gouvernement actuel n’était pas « et de droite et de gauche », mais plutôt « et de droite et de droite » !!!!

L’un des intervenants, plantant une banderille dans le flanc d’un jeune député LER abasourdi, va jusqu’à émettre l’idée « qu’à ce jour, il ne voit pas grande différence entre la politique de Macron et celle que proposait Fillon, si ce n’est sur le plan du style de la communication  » !!!

Car, il faut admettre que Macron venant du « camp socialiste », « protégé » de Jacques Attali, ex-Secrétaire Général adjoint de l’Élysée sous Hollande, avant de devenir son Ministre des Finances, on était fondé à croire – naïvement – qu’il était un homme de Gauche….

L’ex-député socialiste devenus député d’En Marche, se trémoussant sur son siège, avait des airs de « Cocu » refusant d’admettre qu’à cette heure, il avait été berné, et faisait mine de croire que « celles zé ceux » qui l’avaient trompé reviendraient à de « meilleurs sentiments le moment venu »…..

« Le moment venu »…..

Car, en effet, il y aura un moment où il faudra bien lâcher du lest à une Gauche impatiente de se trouver, à nouveau, des raisons d’exister ….

Ce sera alors le moment d’observer la mine de ceux qui, à droite, – avides de perspectives de carrières dans « le monde nouveau » ont chois de rejoindre « En Marche » ou de s’en tenir à une attitude « constructive » mais assez peu gratifiante jusqu’ici -, devront avaler la couleuvre des « réformes sociétales »destinées à nous faire entrer de force dans ce fameux « monde nouveau » dont même ses plus fidèles adeptes, nombreux parmi les « quadras », ignorent où il nous emmènera…..La PMA en est un tout premier échantillon, que beaucoup considèrent comme un dévoiement de la médecine et constituerait le point de bascule vers le transhumanisme. 

Car, qu’on se le dise !!! Les « social libéralisme » c’est « le renard libre dans un poulailler libre », où les poules peuvent coucher sans honte avec des canards, et où les coqs copulent entre eux sous le regard ébahi de « bienveillance » de la fermière….

C’est l’ouverture des vannes pour tous les fantasmes de ceux qui ne supportent plus la moindre contrainte morale dans une société en voie de décomposition qui ne rêve que de « mixité », de « multiculturalisme », et où le « vivre ensemble » consiste à « tolérer » sans limite, dans un « monde ouvert » où il est interdit de se « replier sur soi-même », un monde où « l’enfant-roi » n’a plus sa place, celle-ci étant occupée par les « parents-rois »…..

(http://premium.lefigaro.fr/vox/societe/2017/09/15/31003-20170915ARTFIG00272-francois-xavier-bellamy-pma-pour-toutes-derniere-frontiere-avant-le-transhumanisme.php).

«  »On est face à une idéologie qui veut faire des enfants sans père ni union avec le sexe opposé (bonjour, le plaisir !) moyennant le fric de l’Etat et la tambouille génétique. C’est le Meilleur des mondes. » (Causeur.fr)

Jusqu’au « facho »Michel Onfray, pour qui l’ouverture de la PMA aux femmes célibataires et aux couples lesbiens est un pas de plus vers la gestation pour autrui (GPA). 

Alors, il sera intéressant ( si on peut dire !!! ) d’observer les gesticulations de cette deuxième brigade de « cocus du macronisme », dans les débats à venir qui nous promettent de nouvelles émotions pathétiques….

En espérant que tout ce cinéma ne se terminera pas par une tragédie: car faute d’alternance possible, c’est un boulevard qui s’offrira aux extrêmes qui attendent leur heure….

Abdallah.


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Lebada

(Cliquez sur les liens ci-dessus)

Le poste que je dirigeais alors, à Lebada, à proximité de la jonction entre les frontières de l’Algérie, de la Tunisie et de la Lybie, – dont la mission était d’intercepter les passeurs d’armes et de munitions destinées aux maquis de l’intérieur de l’Algérie – comportait un vingtaine d’hommes auxquels s’ajoutaient six harkis que l’on avait affectés à mon unité sans me demander mon avis.

Ces harkis devinrent très vite, pour moi, les meilleurs soldats de ma petite unité, constituée essentiellement d’appelés, souvent indisciplinés, contestataires, qui se demandaient ce qu’ils étaient venus faire là, dans ce désert, où il n’avaient, en aucune manière, le sentiment de servir la France….

Paradoxalement, je décelais, chez ces harkis une grande fierté de porter l’uniforme et un véritable respect pour leur chef que j’étais, et un sincère attachement à la France.

Leur endurance, leur connaissance du terrain, leur habileté à déchiffrer et à lire les traces que les « rebelles » laissaient sur leur passage, leur capacité à en évaluer le nombre, ont été pour nous, à de nombreuses reprises , un concours précieux qui nous a évité bien des pièges et parfois nous a permis d’échapper à des embuscades meurtrières…

Parmi ces Harkis, il y eut Abdallah .

Abdallah était le plus jeune de la harka: il avait 25 ans et il était donc plus âgé que moi….

Les autres Harkis avaient entre trente et quarante cinq ans, mais leur sens de la discipline et le fait que je parlais arabe avec eux faisaient qu’ils ne me posaient aucun problème.

Abdallah était le fils d’un ancien tirailleur, qui avait combattu pour libérer la France, et dont la photo écornée et jaunie ne quittait jamais son vieux portefeuille. Abdallah était fier de nous montrer son père en tenue de tirailleur à la poitrine ornée de la médaille militaire, – une haute distinction parmi les combattants – arborant ses galons de Caporal , ce qui avait facilité, après la guerre, sa nomination comme Garde-Champêtre de son petit village de Kabylie, et ce qui lui coûtera la vie, car il avait été égorgé par le FLN….

C’est sans doute un désir de vengeance qui avait motivé l’engagement d’Abdallah aux côtés de la France.

Abdallah était de toutes les patrouilles, de toutes les embuscades, solide malgré sa petite taille, courageux jusqu’à l’inconscience du danger, mais instinctif et habile à sentir tous les pièges, dans une nature sauvage dont il connaissait toutes les possibilités de dissimulation du danger.

J’ai conscience du fait que lui, – et les autres harkis -, nous ont plus d’une fois sauvé la vie et nous évitant ces pièges et en nous guidant sur un terrain apparemment désertique mais d’où la mort pouvait surgir à chaque instant.

Je pense très souvent à ces harkis dont « le crime » a été de rester fidèles à la France qui a fait preuve, à leur égard d’une injustifiable ingratitude.

Lorsque j’ai quitté l’uniforme, « libéré de mes obligations militaires », ils étaient au garde-à-vous devant la Jeep qui allait m’accompagner à la Gare de Souk Aras : ils avaient tenu à porter mes affaires personnelles et mon paquetage jusqu’à la Jeep, et je les sentais aussi émus que moi-même.

Plus tard, je rencontrerai le Lieutenant Toma, notre Commandant de Compagnie devenu Capitaine, à Alger où il se faisait soigner à l’Hôpital Maillot, pour une grave blessure subie au combat. Toma avait quitté le 25ème Bataillon de Chasseurs Alpins pour fonder, près de la frontière tunisienne, un Commando de Chasse dans lequel s’était enrôlé Abdallah. J’apprendrai qu’Abdallah avait été tué au cours d’une opération.

Quelques mois plus tard j’apprendrai que Toma était mort à son tour, tué au cours d’un combat que raconte Jean Mabire  dans un livre passionnant :

Commando de Chasse

Je n’ai jamais réussi à savoir ce que sont devenus les autres harkis dont j’ai recherché, en vain, la trace pendant toute ma vie. Mais je redoute que leur sort ait été celui des milliers de Harkis « liquidés » après l’Indépendance de l’Algérie, dans des conditions souvent atroces par le FLN.

La « grandeur de la France » et le prestige du Général de Gaulle en ont pris, depuis cette époque, un sacré coup dans ma mémoire….

Une voix s’est éteinte….


philippe Seguin

Une voix s’est éteinte et son silence est assourdissant.

C’est le troisième mail que je reçois émanant des abonnés qui suivent mon blog depuis plusieurs années, et qui s’interrogent sur mes orientations politiques.

Le dernier d’entre eux me fait,- à juste titre -, observer que certains de mes billets ont été, successivement critiques à l’égard de Chirac au quel je reprochais d’avoir été un leurre pour la Droite, puis à l’égard de Sarkozy dont j’ai toujours considéré qu’il n’avait de pire ennemi que lui même, puis à l’égard de Hollande, cet apparatchik sans envergure dont les ambiguïtés et l’inaptitude à revêtir le costume du Président qu’il est devenu, presque par hasard, ont été ridiculisés partout où il a promené sa bedaine, et enfin, à l’égard de Macron, ce brillant énarque issu de la bobocratie financière,- un monde que je connais bien pour l’avoir côtoyé pendant près de 35 ans -, fou de morgue et d’orgueil, et ivre de la puissance que lui confère une élection inattendue, obtenue en raison de la médiocrité de ceux qui lui étaient opposés.

Mais alors, m’interroge-t-il, où vous situez-vous, politiquement ???

La question est pertinente et mérite que j’y apporte une réponse claire.

J’ai bientôt 85 ans, et une mémoire redoutable.

Au cours de cette longue vie, j’ai vécu toutes sortes de situations qui ont affermi mon caractère et peu à peu, mes convictions. Cela ferait sans doute sourire bien des jeunes aujourd’hui, mais je fais partie des survivants, de plus en plus rares, qui ont connu l’époque de René Coty et la fin de la IVème République, qui ont sacrifié trois ans de leur jeunesse à une Guerre fratricide et cruelle en Algérie, qui ont vécu Mai 58 et l’arrivée au pouvoir de de Gaulle et son célèbre « Je vous ai compris », puis l’avènement de la Vème République, qui ont vu se succéder à la tête de l’Etat, Pompidou et Mai 1968 avec sa génération de « révolutionnaires » en peau lapin qui n’ont à leur actif qu’une « révolution sexuelle » qu’accompagne l’abaissement du niveau de la morale individuelle , puis Giscard, puis Mitterrand porté au pouvoir par Chirac qui a ainsi traîtreusement assouvi sa haine de Giscard. 

J’ai connu l’époque du Monarque Républicain en la personne de Mitterrand, puis les « coups de mentons » de Chirac qui faisaient croire au peuple de Droite que ce radical-socialiste était des leurs, j’ai connu les gesticulations d’un Sarkozy dont je pense qu’il faisait une bonne analyse de l’état de la société française mais qu’il n’a jamais été en capacité de la transformer, et enfin Hollande sur le cas duquel je ne m’étendrai pas tant sa médiocrité a pu déchaîner les sarcasmes au point qu’il fut le seul Président de la Vème République qui décida, de lui-même ( ??? ) de ne pas se présenter pour le renouvellement de son mandat.

Je suis de ceux, – j’ai découvert ensuite que nous étions majoritaires dans le pays – qui, refusant d’apporter leur voix à Marine Le Pen ( qui à mes yeux n’aura jamais l’envergure d’un Chef d’État ), mais refusant de voter pour Macron qui,  pour moi représente le prototype de ces hauts fonctionnaires « pantouflards » passés par Sciences Po et par l’ENA, tous construits sur le même modèle, arrivistes, prétentieux, qui ont des idées superficielles sur tout, et qui peuvent vous démontrer une chose et son contraire dans le même discours, et « en même temps »…. tant leur prétendue pensée est « complexe » !!!!

Une catégorie de personnages pour lesquels j’ai accumulé, – durant ma longue carrière au cours de laquelle j’ai dû les côtoyer, et parfois les affronter – de fortes préventions. Car je les crois capables de dire et de faire le contraire de ce qu’ils pensent, juste pour arriver à leurs fins….

Le programme de Macron, censé être « du juste milieu », ni de droite ni de gauche n’est rien d’autre, à peine actualisé, que le grand programme du parti radical, sorte de juste milieu décrit en son temps par Daniel Halévy dans La République des comités (1934) et qui entend éviter les « valeurs clivantes »: «Autant d’expressions interdites. France, le moins possible, et vidées de sens et d’amour. Ainsi se prépare en eux ce désert, cette brousse de croyances arrachées qui composera leur âme défaite, et d’où menace de s’élever un jour, pour d’étranges revanches, un feu messianique.» (Daniel Halévy).

Alors, me direz-vous, y-a-t-il dans le paysage politique qui émerge de ces propos désabusés, un personnage qui trouve grâce à vos yeux ???

Il en est un, et un seul aux idées duquel j’ai tout de suite adhéré, et aux quelles je suis resté fidèle. Ce personnage politique, c’est Philippe Séguin, dont je me sens orphelin !!!

Philippe Séguin avait dix ans de moins que moi, à quelques jours près. Très vite, lorsque ce personnage a émergé dans le paysage politique, j’ai éprouvé de l’intérêt pour le parcours de ce Pied Noir de Tunisie, issu d’une famille fort modeste, qui n’a pas connu son père mort à la guerre, élevé par sa mère, – une Institutrice de la « colonisation » -.

« La France était mon père de remplacement », disait-il et j’éprouvais naturellement de la sympathie pour ce parcours et cette profession de foi.

Certes, il était un Gaulliste convaincu, alors que pour moi, le personnage de de Gaulle, – dont je reconnais volontiers la dimension historique, et l’œuvre de redressement spectaculaire de la France – , porte la tache indélébile du mépris avec lequel il a traité les Pieds Noirs auxquels j’associe les harkis, pour mettre fin à la Guerre d’Algérie.

Il n’empêche que la haute idée que de Gaulle avait de son pays m’a toujours impressionné et séduit. Donc, ce point-là n’était pas pour m’éloigner de Philippe Séguin.

Et, cerise sur le gâteau de la sympathie que m’inspirait le personnage, il était, comme je le suis, un grand amateur de foot ….

Philippe Séguin est devenu mon « maître à penser » à partir de son discours fleuve prononcé à l’Assemblée Nationale pour combattre le projet de traité de Maastricht. J’ai suivi ce discours télévisé de plus de deux heures au cours duquel il expose sa conception d’une Europe des Nations et combat  » l’abandon majeur de souveraineté que constituent l’extension très large du principe de la majorité qualifiée (en lieu et place de l’unanimité des États) et la perspective affichée d’une monnaie unique pour 1999 lui paraissent une remise en cause radicale de l’héritage de 1789 et du pacte passé entre le citoyen français et la République. »

« Pendant près de deux heures et demi, «jusqu’à l’aube», en un combat ressemblant étrangement à celui de la chèvre de la fable, Philippe Séguin lutta pied à pied pour convaincre les députés des risques politiques, sociaux et économiques découlant des transferts de souveraineté massifs (notamment la monnaie) au profit d’une Europe proto-fédérale via l’adoption du traité de Maastricht. »

Avant de rendre les armes, au petit matin, non pas devant la cruauté d’un vieux loup de passage mais devant le suffrage référendaire acquis d’extrême justesse (51% pour la ratification du traité en septembre 1992) sur la base de convictions parfois sincères mais aussi de peurs et fantasmes agités comme aujourd’hui dès lors qu’est évoqué le sujet européen…..J’en ai eu les larmes aux yeux !!!

https://www.cvce.eu/obj/discours_de_philippe_seguin_paris_5_mai_1992-fr-208cafc7-f175-4e91-af4f-da4769440e83.html

Tout comme moi, Séguin n’avait rien d’anti-européen, il était au contraire profondément attaché à l’unité européenne et en particulier à l’accueil dans l’Union des pays de l’Est rescapés du communisme soviétique. En revanche, il voyait avec une lucidité hors du commun le danger de fonder la construction européenne sur la logique d’une gigantesque usine à gaz bureaucratique. Sa crainte majeure tenait à la destruction de la démocratie nationale.

J’ai toujours considéré, fidèle à sa conception de l’Europe que je partage toujours, que l’Europe que l’on nous propose, sous l’influence de puissantes oligarchies apatrides, n’a été rien d’autre, jusqu’ici,  qu’une fuite en avant dans une course à un élargissement qui ne correspondait qu’à une logique d’extension des marchés de consommation, servie par la logique d’une volonté de puissance échappant au contrôle des peuples, affirmée par une Commission européenne composée d’une élite de seigneurs de la haute bureaucratie européenne….

Il n’y a chez ces gens aucune volonté de rapprocher les peuples européens par ce qu’ils ont de plus précieux à partager : leurs savoirs-faire, leur culture, leur art de vivre, et leur besoin d’une réelle protection commune face aux dangers qui menacent la Patrie européenne.

Séguin n’aurait pas sa place dans le concert de ceux qui aujourd’hui « sautent comme des cabris sur leur chaise en criant l’Europe, l’Europe, l’Europe », car comme l’aurait prophétisé de Gaulle,  » le diable est désormais dans le confessionnal . Il ne faut surtout pas faire venir l’exorciste.» !!!

On comprend mieux aujourd’hui, les raisons qui ont conduit Jacques Chirac à vouloir depuis l’origine écarter Philippe Séguin du pouvoir : on trouve, bien entendu parmi ces raisons, et comme en 1995, la méfiance instinctive des années 1990 envers le lutteur de Maastricht, et le pourfendeur du «Munich social». Mais, pardessus tout, la méfiance de Chirac était motivée par l’extraordinaire force de caractère de Séguin, et le respect qu’il imposait en raison de sa stature, de son franc parler et de la haute idée qu’il avait des vertus républicaines, qui en faisaient un éventuel concurrent redoutable….

Car Chirac élu grâce à un programme inspiré par Séguin, celui de la « fracture sociale », aussitôt élu, s’est empressé de trahir ses engagement électoraux en leur tournant le dos, et en nommant Juppé pour faire une autre politique, ce que Séguin n’a jamais digéré.

Cette « fracture sociale » n’a pas été réduite depuis. Elle s’est même aggravée. Il y a deux France qui vivent côte à côte et qui s’ignorent : la « France d’en-haut », et la France périphérique si bien décrite par le géographe Christophe Guilluy. La bourgeoisie triomphante du XIXème  se fond dans un magma qui, dans une bienveillance affectée, célèbre « la mixité sociale », « le multiculturalisme », « le respect de l’Autre » et « le vivre ensemble »…

Bénéficiaire des bienfaits de la mondialisation, cette nouvelle bourgeoisie en oublie jusqu’à l’existence d’une « France d’en-bas », exclue des citadelles que sont devenues les grands métropoles.

Pendant ce temps, dans « la France périphérique », les classes populaires coupent les ponts avec la classe politique, les syndicats et les médias. Leurs cris de détresse ne sont plus entendus. Chassées des banlieues où elles ne se sentent plus protégées par la montée d’un communautarisme de plus en plus agressif, elles se réfugient à la périphérie des grands ensembles urbains, loin des centre-villes dont les logements ne sont plus accessibles qu’à une classe de privilégiés.

La voix forte de Philippe Séguin nous manque pour dénoncer l’hypocrisie d’une époque, et d’une classe politique qui se sert de la légitimité des Institutions pour confisquer le pouvoir et, avec la complicité des médias, réduire le peuple au silence, sous la menace de le renvoyer avec mépris, à son « populisme »….

Elle nous manque pour dénoncer les pitreries d’un pouvoir ivre de lui-même dont le triomphe n’est dû qu’à la médiocrité de ceux qui ont tenté de s’opposer à lui.

Et pourtant, faut-il souhaiter l’échec de la camarilla qui gouverne aujourd’hui le pays ??? Sans doute pas, car cet échec aurait de lourdes conséquences, tant ce pouvoir est en train, par aveuglement, de faire le lit des extrêmes…..Car un dangereux engrenage est enclenché, celui du mépris des grands et du dégoût populaire : une fracture qui ne peut que conduire au pire.

Alors, attendons de voir la suite…..Mais ce sera très dur car on ne fait pas disparaître près d’un demi-siècle de dépenses fiscales incontrôlées et d’addiction aux taxes et impôts d’un coup de baguette magique.

PS : si à un certain moment j’ai pu écrire quelques billets de soutien à un François Fillon au cours de la dernière campagne présidentielle, c’est moins par attirance pour le personnage que j’ai toujours trouvé un brin « faux-cul », que parce qu’il se prévalait de sa « proximité » avec Philippe Séguin, et que je retrouvais dans ce programme, sur certains points, les accents courageux de celui qui fut son mentor. Je me suis trompé.

 

Toqué de Tocqueville…


Tocqueville

« Il y a en effet une passion mâle et légitime pour l’égalité qui excite les hommes à vouloir être tous forts et estimés. Cette passion tend à élever les petits au rang des grands ; mais il se rencontre aussi dans le cœur humain un goût dépravé pour l’égalité, qui porte les faibles à vouloir attirer les forts à leur niveau, et qui réduit les hommes à préférer l’égalité dans la servitude à l’inégalité dans la liberté. »

— Alexis de Tocqueville – De la démocratie en Amérique, T. I, première partie, chap. III (Vrin).

Cela m’arrive de temps à autres : lorsque je suis envahi par le doute sur les vertus de notre Démocratie, alors je me replonge dans la lecture de Tocqueville, pour prendre quelque recul, et pour retourner aux sources et retrouver les repères de l’authenticité.

C’était le cas, hier soir : après avoir abrégé l’écoute d’un de ces débats truqués auxquels la télévision nous a habitués, j’ai jeté un œil sur les rayons de ma bibliothèque et mon regard s’est arrêté sur  » De la démocratie en Amérique« , un ouvrage dans une collection de poche que j’ai souvent compulsé, aux pages noircies de remarques et de notes exprimant mes réactions du moment, à chaque fois que j’ai ouvert ce livre.

Ce n’est pas la première fois que cela m’arrive !!! J’ai d’ailleurs déjà commis un billet sur cet auteur qui remonte à quelques temps déjà :

https://berdepas.com/2012/10/01/toque-de-tocqueville/

Nous sommes en 1831. La Révolution française a enfanté l’Empire et la France se remet à peine du désastre des guerres napoléoniennes. La Royauté, de retour, vient de se lancer dans une expédition punitive en Algérie, qui se terminera après bien des batailles, par la conquête de cette autre rive de la Méditerranée….On connaît la suite !!! Certains la connaissent mieux que d’autres…..

Alexis de Tocqueville dont l’œuvre mériterait de longs développements, a déjà acquis une estimable réputation de défenseur de la liberté individuelle et de l’égalité en politique, les deux concepts étant à son sens indissociables. Il défend la démocratie tout en identifiant les risques de dérive qui y sont inhérents. Tocqueville souligne notamment l’évolution possible de la démocratie vers une dictature de la majorité au nom de l’égalité. Prémonitoire….

Tocqueville reste encore aujourd’hui, l’une des plus grandes références de la philosophie politique libérale.

L’ouvrage de Tocqueville relate les conclusions qu’il tire d’un voyage d’études effectué en Amérique qu’il considère alors comme un véritable laboratoire pour l’observation des conséquences de l’application concrète des principes démocratiques.  » J’ai choisi le pays chez qui la démocratie a atteint le niveau le plus complet et le plus paisible afin d’en discerner clairement les conséquences naturelles et d’apercevoir, s’il se peut, les moyens de la rendre profitable aux hommes »……  » j’y ai cherché une image de la démocratie elle même, de son caractère, de ses préjugés, de ses passions: j’ai voulu la connaître, ne fut-ce que pour savoir au moins ce que nous devions espérer ou craindre d’elle ».

En parcourant les pages de Tocqueville, je me suis sans cesse interrogé sur le jugement que l’auteur porterait aujourd’hui sur notre « démocratie »…..

Tocqueville n’avait manifestement pas prévu que les dérives d’un système démocratique puissent aboutir à une forme de dictature des minorités telle que nous la vivons actuellement, dans un pays où 25% des électeurs qui se sont déplacés aux urnes puissent décider de qui gouvernera le pays et pour en faire quoi. Un pays où de grands Partis Politiques ont choisi de tourner le dos au peuple qui ne les écoute plus, et de s’appuyer sur un agglomérat de minorités pour conquérir puis exercer le pouvoir, rejetant dans le mépris, ce peuple qui se sait majoritaire, mais qui prisonnier de l’image « populiste » dont on l’a affublé, est réduit à un silence rageur…. ( 1 ).

Tocqueville avait pourtant bien identifié le fait que la démocratie peut favoriser, par perte du lien social, des comportements contraires aux intérêts de la société en son ensemble. Je le cite :  » L’un des caractères distinctifs des siècles démocratiques c’est le goût qu’y éprouvent tous les hommes pour les succès faciles et les jouissances présentes. Ceci se retrouve dans les carrières intellectuelles comme dans les autres. La plupart de ceux qui vivent dans des temps d’égalité sont pleins d’une ambition tout à la fois vive et molle: ils veulent obtenir sur le champ de grands succès, mais ils désireraient se dispenser de grands efforts. Ces instincts contraires les mènent directement à la recherche des idées générales, à l’aide desquells ils se flattent de frais, et d’attirer le regard du public, sans peine. »

C’est bien le cas qui me préoccupe, s’agissant de la France d’aujourd’hui, où des individus sans grande envergure, propulsés par la classe médiatique sur le devant de la scène, s’imaginent « à la place du Calife », et nourrissent une « Guerre des Chefs » qui leur donne l’illusion d’exister politiquement.

En parcourant ce livre, je me demandais quelles leçons un Tocqueville pourrait tirer du spectacle que nous offrent les Démocraties occidentales, où la recherche du pouvoir dans un strict objet de carrière personnelle, où les combats de chefs ont supplanté les débats d’idées, et où des minorités de tous poils, ethniques, culturelles, cultuelles, sexuelles, et autres….tirant parti de la mode du « politiquement correct » qui entoure d’indulgence, voire de tolérante bienveillance toute attitude « victimaire », réduisent au silence l’immense majorité qui peuple les contrées oubliées de la France profonde.

Ce que j’écris là pourrait s’appliquer de la même manière à l’Amérique où la récente élection de Trump nous a offert le spectacle d’une Démocratie, – celle la même que Tocqueville considérait comme exemplaire et susceptible d’inspirer la France- traversée par l’une des plus grave crise de son Histoire tant il est clair que l’Amérique profonde ne partage plus les idéaux et les valeurs de l’Amérique des élites et des grands ensembles urbains.

Et en relisant quelques une des notes que j’avais consignées en marge de cet ouvrage, je mesurais à quel point les maux dont souffrent nos démocraties sont anciens et ont survécu, chez nous, à tous les changements de majorité que la France a connues depuis plus de trente ans…..

( 1 )J’ai évoqué, dans un précédent billet la conception que les petits génies d’un Think Tank qui a beaucoup inspiré la Gauche française, – mais pas seulement -, avaient de la Démocratie dans un « monde nouveau »:

https://wordpress.com/post/berdepas.com/37569

En mai 2011, le think tank progressiste Terra Nova, publiait une note intitulée: «Gauche, quelle majorité électorale pour 2012?» dans laquelle elle présentait la base sociologique sur laquelle la gauche devait selon elle s’appuyer pour être majoritaire. Les auteurs écrivaient ainsi: «Contrairement à l’électorat historique de la gauche, coalisé par les enjeux socioéconomiques, cette France de demain est avant tout unifiée par ses valeurs culturelles, progressistes: elle veut le changement, elle est tolérante, ouverte, solidaire, optimiste, offensive. C’est tout particulièrement vrai pour les diplômés, les jeunes, les minorités. Elle s’oppose à un électorat qui défend le présent et le passé contre le changement, qui considère que «la France est de moins en moins la France», «c’était mieux avant, un électorat inquiet de l’avenir, plus pessimiste, plus fermé, plus défensif».

Un exemple, parmi tant d’autres de « racolage » politicien pratiqué par de prétendues « zélites » qui s’étonnent aujourd’hui de l’indifférence du Peuple à leurs fantasmes de « monde nouveau »… !!!

Le clan « politico-médiatique »…


Je sais, par avance quelle est l’objection que l’on opposera à mon propos : « il ne faut pas céder aux « tentations complotistes »et voir, partout, des agissements occultes qui en sous-main, manipulent les ficelles des marionnettes qui peuplent la vie politique française.

Certes !!!

Mais comment ne pas s’interroger sur la vague de ces « reconversions » de victimes du vent de « dégagisme »qui vient de souffler sur la vie politique de notre pays, que la classe médiatique semble avoir cooptées en leur offrant la tribune de nos écrans ou de nos ondes radio.

Bien entendu, les bénéficiaires de ces reclassements appartiennent tous, ou presque, au petit monde du « politiquement correct ». Ils arrivent là, en renfort, pour crédibiliser la parole sacrée dont nos médias, entre les mains d’un petit nombre appartenant au petit monde de la finance et de la fortune, sont chargés de répandre le message « sacré »….

Ceux qui doutaient encore de la « collusion » existant entre les médias et le monde de la politique sont servis !!!Je n’en énumèrerai pas la liste complète ici, car elle s’allonge chaque jour: Jean-Pierre Raffarin, Aurélie Filippetti, Axelle Lemaire, Henri Guaino ou encore Raquel Garrido et Julien Dray vont participer à différentes émissions à partir de la rentrée, et il y en aurait encore d’autres « dans les tuyaux ». Ajoutons à cela le journaleux Roger Bruno-Petit dont les masque tombe et qui s’engage ouvertement aux côtés de Macron ….

Cette petite oligarchie, que je crois minoritaire mais néanmoins extrêmement puissante, s’est donnée comme objectif, d’imposer, – y compris aux plus réticents d’entre nous -, cette « pensée unique » reposant sur quelques dogmes, tels que l’acceptation sans réserve d’une mondialisation – (heureuse ou malheureuse, ils n’en ont rien à cirer) – conforme aux puissants intérêts dont ils sont les marionnettes , avec les conséquences qui en découlent :

-Abolition de la notion de frontières afin de permettre le déferlement sur les nations les plus riches de la planète de vagues d’immigration issues de pays où l’absence de gouvernance n’a produit, depuis la « décolonisation » , que de la misère et de l’insécurité. Ceci, afin d’aboutir à un partage forcé des richesses, favorisant l’émergence de « nouveaux consommateurs », dont nos industriels ont besoin pour pallier la saturation commerciale de nos économies.

-Acceptation sans réticence, sous peine d’être accusé de racisme, d’un « multiculturalisme » allant jusqu’au reniement de nos valeurs, de notre propre culture, et au renoncement à notre identité: ceux qui seraient prêts à aller jusqu’à se battre pour préserver leur identité sont qualifiés, avec une pointe de mépris, « d’identitaires »…..

– Acceptation aveugle d’une nouvelle conception de la démocratie qui confère aux minorités de toutes espèces, le droit d’imposer leurs vues à la majorité des citoyens.

-Éviction des débats de la « vox populi » sous prétexte qu’elle n’exprime que des opinions « populistes », en faisant en sorte que la voix du peuple majoritaire soit couverte par celle des minorités de tous poils, au nom d’une prétendue tolérance, voire d’une bienveillance, que l’on doit aux minorités ethniques, culturelles, sexuelles, et j’en passe….

Tout journaliste susceptible d’émettre une opinion contraire à l’un ou l’autre de ces dogmes, prend un risque sérieux pour sa carrière. L’exemple de Natacha Polony évincée sans ménagement d’Europe 1 pour s’être écartée d’une ligne éditoriale qui colle étroitement au respect des dogmes évoqués ci-dessus.

Le Politologue Thomas Guénolé s’exprimant dans l’hebdomadaire Marianne, considère que les médias dominants jouent désormais, le rôle de l’Église dans l’Ancien Régime.

Cette Église a ses Cardinaux que sont les Éditorialistes qui monopolisent la parole sur les plateaux. Guénolé cite, entre autres- l’exemple du « Cardinal Barbier » et du « Cardinal Joffrin ».

Elle a ses prêcheurs, en particulier les experts de tout poil et les « économistes » omniprésents sur les plateaux, – toujours les mêmes – pour nous répéter, en boucle et en substance, « qu’il n’y a pas d’alternative »à la vision mondialiste dont ils sont les défenseurs. Une vision qui, au fil du temps s’est substituée à celle des « Tiers -Mondistes » qui autrefois nous bassinaient avec leurs paroles d’Évangile et faisaient passer pour des imbéciles, tous ceux qui « n’avaient pas compris que l’avenir de l’Humanité se trouvait dans l’émergence du Tiers-Monde »…..

Cette Église a aussi ses « inquisiteurs », qui sur les plateaux jouent les questionneurs-accusateurs, qui posent des questions fermées, destinées à faire déraper l’interlocuteur qui commet l’imprudence de s’écarter des dogmes, à lui arracher des aveux permettant de l’enfoncer. Mais rien qui ne lui laisse la possibilité d’exprimer une pensée non conforme…..

On mesure à quel point le système actuel est injuste et dangereux: il fait de plus en plus de perdants parmi les victimes de la  » mondialisation malheureuse « .

Comme l’observe Thomas Guénolé, ce système ne repose que sur la croyance collective dans le mantra « Il n’y a pas d’alternative » : une seule politique est possible et surtout, surtout, un seul regard sur le monde est possible.

De fait, on imagine mal qu’un grand média audiovisuel alter-système puisse exprimer jour après jour, un autre regard, d’autres valeurs. Le monopole audiovisuel pro-système serait « ébranlé » . Ainsi, la représentation unique pro-système de la réalité serait menacée .

Alors, le rouleau compresseur du dogme mondialiste tomberait en panne et cette panne légitimerait le retour à une alternative politique que personne dans le petit monde qui gouverne le pays, ne considère comme envisageable.

On comprend l’irritation et la suspicion que soulèvent les réseaux sociaux qui peu à peu s’imposent comme ce « média alternatif », tellement redouté par la classe dominante….


 

Lectures « Bucoliques ».


Giono

Chaque fois que nous nous rendons à Lyon, dans ma famille, j’ai plaisir à converser avec mon beau-frère, un garçon ouvert, sachant se cultiver, et qui ne rate jamais l’occasion de me parler de Jean Giono, l’écrivain provençal, dans la même veine que Pagnol dont la lecture enchantée a nourri une partie de ma jeunesse.

Giono était le parrain de mon beau-frère qui possède des albums de photo inédites de cet écrivain, qui le montrent, détendu, dans son environnement familial….

L’oeuvre de Giono a pour cadre le monde paysan provençal. Inspirée par son imagination et ses visions de la Grèce antique et du monde latin. Son œuvre romanesque, d’inspiration méditerranéenne, dépeint la condition de l’homme dans le monde, face aux questions morales et métaphysiques. On lui attribue une portée universelle, bien que cette littérature influencée par les auteurs anciens ait tendance à passer de mode…..

Fils d’un cordonnier anarchiste d’origine piémontaise, Giono a évoqué son enfance dans Jean le Bleu, d’où émerge la « belle figure de guérisseur libertaire » de son père. Ce père,- auquel mon imaginaire d’adolescent attribuait des ressemblances avec mon Grand-Père -, s’il était encore vivant de nos jours, il aurait sans doute accueilli nombre d’immigrants et d’exilés et aurait manifesté ses convictions en brandissant la pancarte de « Immigrés Welcome » !!!!

Cette enfance pauvre, ce goût pour la littérature ancienne et pour l’écriture, chez un quasi-autodidacte intriguait ma jeunesse car je m’en sentais proche.

Je devins un lecteur assidu de Giono après avoir lu  « Que ma joie demeure » dont le titre est une allusion explicite à une cantate de Jean-Sébastien Bach que j’adore, « Jésus que ma joie demeure » dont l’Adagio est si célèbre…..  Un livre dans lequel il exprime sa foi en une communauté des hommes, par-delà les religions…..

Il ne pouvait pas, à l’époque où il écrivait cette œuvre, imaginer combien les conflits religieux marqueraient les esprits de notre époque…

Je me souviens d’avoir passé, il y a quelques années, une soirée entière à relire « Enemonde et autres caractères » qui avait, alors que j’étais encore adolescent, éveillé chez moi une curiosité sensuelle tant le personnage étonnant de cette femme qui « dévorait » ses amants m’intriguait.  » Le visage était sympathique, malgré la perte de toutes ses dents, ses lèvres étaient assez charnues pour rester épanouies. Elle avait un joli teint frais et rose, ses yeux marron étaient très purs, sans rides ni cernes, avec de longs cils courbes. Leur regard était parfois celui d’une jeune fille, le plus souvent non. Elle pesait plus de centre trente kilos, mais qu’elle déplaçait avec une agilité surprenante. »( Giono )

J’étais fasciné par le personnage de cette femme « hors-normes »qui connaîtra, enfin, le plaisir, après un crime parfait. « Elle vit toujours, vieille, énorme, mais très propre et elle écoute s’il pleut. D’autres personnages arrangent leurs vies (et également leurs amours) avec des arbres, des abeilles sauvages, des sables, des boeufs, des serpentaires (des secrétaires ou, si on préfère, des huppes) » , dira Giono, peu de temps après la publication de son œuvre…..

Les arbres, les abeilles sauvages, les bœufs, voilà ce qui m’amène à évoquer le livre que j’ai refermé, hier soir, très tard.

Nous avons tous des écrivains dont les textes furent bien plus qu’une simple rencontre. Cela a été le cas, en ce qui me concerne, vis à vis de Giono. En classe de Latin, puis plus tard en classe de Littérature, j’avais appris à connaître Virgile et sa poésie toute entière tournée vers la nature sauvage et intacte.

Oscillant entre essai, récit et rêve, le « Virgile » de Jean Giono glisse doucement de la campagne lombarde de l’Antiquité qui a vu naître Virgile à l’évocation de sa terre natale, Manosque, et mêle ainsi sa vie à celle du poète latin, jusqu’à la confusion.

« Un Virgile subjectif au point qu’il ne parle que de moi et qu’on ne voit Virgile qu’à travers mes artères et mes veines, comme on apercevrait un oiseau dans les branches d’un hêtre. » (Jean Giono, lettre du 5 mai 1947 à l’éditeur Fournier)

En me plongeant, l’autre soir, dans la Lecture du Virgile de Giono, j’ai redécouvert un monde dont l’actualité dramatique nous éloigne dangereusement.

En choisissant l’œuvre d’un auteur de l’Antiquité, Giono s’était abstrait de son temps présent, à la fois violent et trop proche, et d’un espace que ce même temps a contribué à meurtrir.

À la violence du quotidien, Giono préfère l’éternité que construit l’entassement patient des siècles : les voix alors y prennent l’accent des mythes, les hommes disparaissent derrière des silhouettes et des âmes furtives, les poètes derrière leurs vers : « ne demeure qu’une quintessence d’humanité, paillettes d’or acérées ou rondes, au fond du grand tamis ».

L’écriture de Giono s’inscrit dans la perspective de la durée et non de la contingence immédiate : il donne la primauté au paysage plutôt qu’au pays, aux saisons et aux météores plutôt qu’à la patrie. Virgile devient alors tout à la fois un frère lointain, un modèle, un miroir, un défricheur dont il conviendra de réstituer la trace et le regard, la patience et l’odorat.

Les pages élues par Giono sont familières pour qui a travaillé jadis, sur les bancs du Lycée, son Virgile : s’y retrouvent les passages les plus fameux des Bucoliques, des Géorgiques, de L’Énéide.

En relisant ces pages, j’ai pu ressentir ce que personne jusqu’ici,  n’avait nommé le « sentiment de nature » et l’« invention du paysage » dont Virgile a l’art de brosser des tableaux vivants.

Pendant une soirée, je me sui promené sur des sentiers et des mers où sans cesse surgissaient déesses, dieux, magiciennes et pythies qui, pour se désennuyer un peu, jouaient du bout des doigts avec la vie des hommes, en les roulant entre leurs doigts comme avec des mies de pain à la fin d’un trop long festin.

J’ai écouté la musique intemporelle de la flûte d’un berger dans la campagne, parmi les fleurs, les bêlements de son troupeau faisant écho au bourdonnement des abeilles sauvages…..

Mais l’essentiel n’est pas là : ce qui m’a passionné, c’est la préface qu’écrit Giono : plus un livre d’ailleurs qu’une préface, mi-essai mi-roman, un autoportrait en creux plutôt qu’une introduction, un cadre ouvragé, aux mille nuances et richesses, qu’on admire autant que la peinture qu’il enserre. Pour tout dire, une merveille.

Émerveillé, tard dans la nuit, je me suis endormi sur mon fauteuil….

J’avais un camarade….


Amitié

J’ai évoqué dans un livre consacré à mes deux Grand-mères et à des souvenirs de ma jeunesse algéroise, la relation d’amitié que j’avais avec un de mes condisciples du Lycée Bugeaud. ( Une enfance algéroise ». Editions Edilivre. )

Nous nous sommes connus en classe de seconde, alors que je venais d’intégrer « le Grand Lycée », comme on l’appelait à Alger, – ce qui faisait enrager les élèves de « l’autre Lycée », le Lycée Gautier -. Après avoir passé le BEPC, je quittais le Lycée de Ben Aknoun où j’avais été interne pendant quatre ans….

Le hasard nous a placés côte à côte sur les bancs de la classe, et très vite nous avons sympathisé, car nous partagions le même goût pour les plaisanteries de cour de récréation, faits de jeux de mots improbables, pour le Jazz, pour le Football et pour les filles….et surtout pour les discussions sans fin sur les sujets les plus divers. Car si nous étions amis, nous étions loin d’être d’accord sur tout !!!

El-Hadi Zemirli appartenait à une grande famille bourgeoise d’Alger : son père possédait un restaurant réputé de la Rue de la Lyre. L’un des meilleurs couscous d’Alger !!! Sa mère était issue d’une autre grande famille algérienne: les Ben-Merabet. L’un de ses frères, le Docteur Zemirli était un grand médecin exerçant à Maison-Carrée, dont on disait qu’il soignait gratuitement les familles pauvres. Son autre frère était chimiste à l’Hôpital d’El-Kettar, et il avait un plus jeune frère qui fera, lui aussi des études de médecine, et qui, pendant l’atroce guerre d’Algérie succombera sous les balles des parachutistes alors qu’il donnait des soins à des « rebelles » dans un hôpital clandestin…..

J’ai raconté, dans le livre évoqué ci-dessus, nos jeunesses parallèles : lui Musulman issu d’une riche famille, et moi « mécréant »issu d’une famille modeste du quartier populaire de Belcourt. J’ai raconté aussi, comment notre amitié s’est brisée au beau milieu de la Guerre d’Algérie.

Ce qui a remué en moi tous ces souvenirs, c’est la lecture d’un article de Pascal Bruckner, ce « philosophe » et essayiste qui publie de temps à autre dans le Figaro Vox. De la conclusion de cet article j’ai extrait cette phrase qui a réveillé dans mes souvenirs, celui d’une discussion qui a failli se transformer en fâcherie, à propos de la Religion.

Cette phrase est la suivante :  » L’islam doit se sauver de ses démons. Les musulmans doivent accepter d’être une confession parmi d’autres, et non pas la seule et unique religion vraie. » ….

(http://premium.lefigaro.fr/vox/monde/2017/08/18/31002-20170818ARTFIG00240-pascal-bruckner-l-islam-semble-engage-sur-une-pente-suicidaire.php ).

Revenant ensemble, à pieds du Stade Municipal où je m’étais entraîné avec l’équipe de foot junior du RUA, nous avions fait une halte sur l’un des bancs qui se trouvent à l’entrée du Jardin d’Essai, en face du Musée Franchet d’Esperey.  J

Je ne sais pourquoi ni comment notre discussion a pu démarrer puis déraper …..

El-Hadi tenait déjà, à cette époque, des raisonnements qui pouvaient laisser prévoir, – mais j’étais loin d’y penser alors – ce que seraient plus tard ceux du FLN qui n’existait pas encore….

Assis sur ce banc face à un superbe parterre de fleurs et à un jet d’eau qui arrosait un bassin circulaire où survivaient quelques poissons rouges. Émerveillés par la beauté du lieu illuminée par un soleil de printemps, nous voilà embarqués dans une discussion sur ‘l’origine du monde » et sur « l’existence de Dieu » ( vaste sujet direz-vous !!! ), discussion qui a abouti à une controverse sur la Religion….

El-Hadi était un musulman pratiquant, de même que toute sa famille chez laquelle j’étais fréquemment reçu, chaleureusement. Le fils d’une  famille modeste du quartier ouvrier de Belcourt que j’étais, y était très sensible.

El-Hadi se considérait, à tort selon moi, comme un Algérien « de souche », et n’aimait pas que je lui rappelle que son nom de famille indique qu’il était issu d’une descendance turque, venue à Alger du temps de la colonisation ottomane : Zemirli signifie, en Arabe « originaire d’Izmir », tout comme « Kbaïli signifie originaire de Kabylie » !!!

Nous sommes en 1949. J’ai 16 ans.

C’est bien plus tard que j’ai réalisé que son discours et son argumentation s’inspiraient d’un livre incendiaire que je n’ai lu que plus tard – je le lui avais emprunté – intitulé « Les Damnés de la terre » de Franz Fanon, un auteur Martiniquais sulfureux. Ce livre, dans lequel je découvrais, pour la première fois un réquisitoire impitoyable contre la « colonisation », moi qui avais grandi « imbibé » de ce que nos maîtres, à l’école, puis au Lycée nous avaient appris concernant « l’œuvre civilisatrice de la France »….

Dès les premières pages le décor du livre est planté :  » « La violence qui a présidé à l’arrangement du monde colonial, qui a rythmé inlassablement la destruction des formes sociales indigènes, démoli sans restrictions les systèmes de références de l’économie, les modes d’apparence, d’habillement, sera revendiquée et assumée par le colonisé au moment où, décidant d’être l’histoire en actes, la masse colonisée s’engouffrera dans les villes interdites. Faire sauter le monde colonial est désormais une image d’action très claire, très compréhensible et pouvant être reprise par chacun des individus constituant le peuple colonisé. » Frantz Fanon.

Fanon

Et c’est bien plus tard que je découvrirai que son discours sur la religion s’inspirait de celui de Messali Hadj, un chef religieux qui dirigeait un Parti, le MTLD, prêchant la révolte contre la France au nom de la Religion Musulmane, et du combat contre « les Croisés »…..

Hadj

Les  » Croisés » !!! Je n’avais pas encore lu le livre d’Amine Malouf ,  » Les Croisades vues par les Arabes »( éditions Jean-Claude Lattès, 1983 ).

Je ne connaissais donc pas la perception arabe de ce qui nous a toujours été présenté comme une coalition « christiano européenne », dont le but était de « libérer et de reconquérir les Lieux Saints envahis par les hordes arabes »…..

Tout cela, je le retrouve dans mes souvenirs de ces discussions sans fin que nous avions à propos de nos religions respectives. El-Hadi était convaincu de ce que la religion de son Prophète était la vraie religion, qu’elle était venue pour corriger les errements des deux religions du Livre qui les ont précédées .

Il est vraisemblable que les arguments qu’il m’opposait, s’inspiraient des discussions qu’il avait pu entendre dans sa famille, et plus largement dans son entourage…

Étant moi-même assez mal « catéchisé », je manquais souvent d’arguments pour répondre à ses propos….notamment lorsqu’il me rappelait que l’on parle souvent de « civilisation judéo-chrétienne »,mais jamais de » civilisation arabo-chrétienne »…..

Mais je perçois déjà, à cette époque, qu’il s’agit d’un sujet sur lequel je ne dois pas trop insister au risque de me fâcher avec mon copain. La religion, les femmes, et « le cochon » sont des sujets tabous sur lesquels nous ne plaisantons jamais….

Avec le recul, et à la faveur de la lecture de l’article-interview de Pascal Bruckner, je mesure, aujourd’hui, à la lumière de mes souvenirs, l’ancienneté et la profondeur du fossé qui nous sépare des Musulmans, et surtout, je mesure la somme de rancœurs transformées chez certains en une violence  que n’explique pas tout ce qui inspire le « djihadisme » , mais en constitue les bases idéologiques…

Une violence rancunière que seuls ceux qui ont vécu très près des Arabes peuvent percevoir, à condition de comprendre l’Arabe et de saisir le sens des remarques qu’ils échangent, parfois, entre eux, pensant qu’elles ne sont pas comprises….

Alors, certes, il ne faut pas généraliser: tous les Arabes ne sont pas des Musulmans pratiquants et encore moins des « fanatiques ». Il y en a beaucoup plus qu’on ne le croit généralement qui aiment et respectent la France et parfois même, se sont battus jusqu’au sacrifice de leur vie, pour elle….Beaucoup d’Algériens sont restés, malgré la Guerre civile atroce qui nous a déchirés, fidèles et attachés à la France pour laquelle ils ont versé leur sang.

Beaucoup, aussi, sont « laïcs », et  aussi peu croyants que nous le sommes, nous-mêmes, en catholiques peu pratiquants….

Mais une violence existe, sous-jacente, chez ceux qui voient dans la pratique de leur religion une manière de se hisser spirituellement au-dessus de nous et de justifier une forme de mépris endémique qu’ils cultivent à l’égard de nos mœurs et de notre « civilisation »….

Car ces Musulmans là sont convaincus que « leur morale » est bien supérieure à la nôtre, qui tolère ce qu’ils considèrent comme des formes agressives d’impudeur, et qui « normalise » ce qu’ils considèrent comme des « déviations sexuelles ». Et surtout, ils perçoivent « notre morale » comme une menace à l’égard de leur conception patriarcale de la famille…..

C’est cette violence qui s’exprime, dans des attentats meurtriers, dont les gens peu initiés – car n’ayant pas vécu dans l’intimité des Arabes, ils en connaissent mal la psychologie -, ont du mal à comprendre les origines et ce qui leur sert de justification.

La  » Pas d’amalgame » ne doit pas nous aveugler et nous empêcher de regarder certaines réalités en face.

Pascal Bruckner a raison : aussi longtemps que l’Islam ne pourra se concevoir comme une religion parmi les autres, nous serons confrontés à un désir de vengeance et un besoin de suprématie qui s’exprimera dans la violence.

PS : Mon ami El-Hadi dont je m’éloignerai pendant la guerre d’Algérie, serait mort, abattu par l’Armée algérienne dans les années 90, alors qu’il combattait dans les rangs du GIA…..Je n’ai jamais pu savoir dans quelles circonstances. Mais je lui ai conservé mon amitié, malgré tout ce qui nous séparait.

 

Bouteflikisme….


boutef

L’article qui suit est tiré d’un quotidien algérien. Il est si évocateur que je n’ai pas jugé utile d’y ajouter un commentaire si ce n’est pour dire: « Pauvre Algérie, doux pays de mon enfance… ».

Le Matin d’Algérie (dz), toute l’actualité en Algérie au quotidien, à l’international, l’actualité économique et politique avec-

Algérie, France, Repentance : Et vous, M. Bouteflika, qui vous pardonnera ?

Nous devînmes pauvres, par inadvertance, un jour d’été particulièrement chaud où l’on commémorait le cinquante-cinquième anniversaire de l’indépendance, la fin d’une guerre dont personne ne se rappelait plus si elle avait été gagnée ou perdue et que le président nous apprit que les caisses de l’État étaient vides.

Ce jour-là, on revint sur terre : nous voilà pauvres pour longtemps ! Au 55è anniversaire de l’indépendance, nous apprîmes que notre pain, nous l’achetions auprès de l’ancienne puissance colonisatrice ! Celle-là à qui le président algérien, expert en matière de diversion, vient d’exiger la repentance pour les crimes coloniaux.

C’est toujours utile de sortir la carte de la mémoire et du patriotisme, quand on veut noyer le poisson dans l’eau. Bouteflika sait que les peuples sont incorrigibles : il succombent au premier serment venu. Il suffit de poser la main sur le Livre ou de parler d’une voix étranglée par l’émotion. C’est gagné ! Ça marche à tous les coups. Ainsi se gouvernent les hommes.

Il convient de savoir faire semblant. Simuler est le seul lien qui unit la base et le sommet. Simuler le bonheur, la démocratie, la sérénité, l’amour de la patrie, la piété…Ou, comme sait si bien le faire le président, invoquer Dieu, le Coran, les martyrs, la nation en danger…

Ce 55è anniversaire de l’indépendance, Bouteflika a préféré parler de « crise économique grave », d’appeler le peuple à la « résistance » et d’exiger des dirigeants français qu’il se repentent de leurs actes de colonisateurs. Oui, mais cela ne résout pas la question, la seule question qui n’a jamais rencontré de réponse : comment est-on passé d’exportateur de céréales à importateur de pain ?

En 1962, la part des hydrocarbures dans les ventes à l’étranger n’était que de 53 pour cent ! Cela veut dire ce que cela veut dire : 47 pour cent de nos recettes provenaient de produits hors-hydrocarbures. Aujourd’hui, ce taux est passé à 3 pour cent ! L’Algérie ne produit plus rien, n’exporte plus rien. Et ce n’est ni la faute de Bigeard ni celle de Massu ! C’est la responsabilité des « libérateurs » qui ont pris le pouvoir en 1962, et dont notre président est un échantillon fort représentatif.

 Aucune vision, aucune stratégie, rien que l’exercice absolu du pouvoir. La gouvernance ? Plus tard !En près de 19 ans de règne, Bouteflika n’aura pas diminué d’un seul dinar la facture alimentaire du pays, bien que les caisses de l’Etat n’ont cessé de déborder de dollars. Huit mille milliards de dollars plus exactement, de quoi devenir un pays quasi-développé, capable, en tout cas, de se passer de pétrole.

A l’échelle des crimes historiques, condamner 40 millions d’Algériens à la précarité est-il plus pardonnable que le crime de les avoir colonisés ?

Aucun président n’a bénéficié d’une si généreuse manne financière. Ce 5 juillet, un président digne de ce nom aurait annoncé à son peuple la fin de la dépendance pétrolière, la fin du chômage et des incertitudes. Au lieu de cela, il leur apprend qu’ils seront plus pauvres et sans aucune politique de rechange.

Parce qu’il n’a pas diversifié l’économie nationale malgré un afflux financier sans précédent, Bouteflika laisse une Algérie à l’agonie : dès cet automne, les subventions seront supprimées, nous connaîtrons le temps des licenciements de fonctionnaires, des produits de première nécessité inaccessibles de même que l’électricité, le temps du retour à la bougie et au charbon de bois, de la réduction des budgets santé et de l’éducation. mais aussi de l’incertitude sur les versements des retraites et des prestations sociales.

Vous attendez repentance des dirigeants français pour les crimes du passé.

Et vous, M. Bouteflika, qui vous pardonnera les crimes d’aujourd’hui et de demain ?

La rédaction

Sommes-nous entrés dans l’ère du « post-modernisme » ???


Qui c'est le Chef

Si on en croît la doxa médiatique du moment, l’irruption brutale de Macron dans le paysage politique aurait « ringardisé », en quelques mois, l’organisation, les méthodes, le discours et les postures d’un personnel politique à bout de souffle.

Tous ceux qui regardent, avec un certain recul et une pointe de scepticisme le prétendu chambardement qui se déroule sous leurs yeux étonnés se demandent s’ils assistent à un tournant de notre Histoire, ou s’il s’agit d’un épisode dont nul n’ose prédire quel en sera l’aboutissement.

Pour quelques observateurs du monde des idées et de leurs prolongements en politique, – répondant à ceux qui sont convaincus que l’épisode actuel se terminera par un retour aux vieilles méthodes -, nous sommes, au contraire, entrés dans une ère nouvelle, « post-soixante-huitarde » appelée à rejeter dans l’oubli les gesticulations idéologiques de « l’après gaullisme ».

Parmi ces observateurs, le philosophe Shmuel Trigano qui écrit dans le Figaro , je cite :  » Le propre d’une idéologie dominante, c’est qu’on ne sait pas qu’elle domine. Ses idées, les cadres mentaux et sociaux qui la portent semblent faire partie de la réalité, de l’évidence naturelle, de la vérité si bien que l’acteur social reste inconscient au fait qu’il ne s’agit là que d’un point de vue sur la réalité. Tout phénomène idéologique est massifiant. Prenons pour exemple une des idées phares du postmodernisme: la théorie des genres. C’est une nouvelle version de l’«Homme nouveau», ce mythe qui a hanté les totalitarismes du XX° siècle. Ce qui relève d’une utopie de l’humain, qui ne vise rien moins que la redéfinition de l’identité humaine et de la famille, semble s’imposer comme une vérité, une obligation morale, un impératif absolu alors qu’il n’y a là qu’une théorie contestable. Le postmodernisme qui est en délicatesse avec le réel pour éliminer toute critique à son égard a inventé une parade: le «réel» n’était qu’un «narratif» et tous les narratifs se valent… ».

Nous serions donc en train d’assister à l’avènement d’une idéologie nouvelle dont Macron serait, en quelque sorte le Messie, choisi pour accomplir une mission « sacrée », par une congrégation d’élites dont certaines ont été clairement identifiées, mais dont d’autres restent et resteront invisibles : faire de la France un territoire avancé dans lequel s’épanouirait une nouvelle conception du « monde civilisé ».

Une entreprise qu’il entend mener au pas de course, maniant, tel Jupiter, la foudre pour éliminer quiconque aurait la prétention de se mettre en travers de son chemin !!!

Cette idéologie, présentée comme un « passage de l’ombre à la lumière » est celle d’un monde sans frontière, où les individus n’ont plus d’identité propre, où il devient interdit de contester la moindre spécificité, – les « identitaires » sont considérés avec mépris comme des imbéciles qui n’auraient pas compris que « le monde est en train de changer »- ou chacun peut être « en même temps » tout et son contraire…. Un monde où la notion de « limites » n’a plus de sens, y compris dans le domaine de la morale, un mot exclu du vocabulaire des « sachants », qu’il s’agisse de la morale qui régit la vie en société, de la morale sexuelle, de règles de la vie familiale et, bien tendu, de celles qui régissent la vie politique…

Beaucoup de nos hommes politiques viennent de sombrer pour avoir ignoré la nouvelle notion de « limites »….

Dans ma jeunesse, les combats idéologiques qui animaient « le Parti du bien » de mon époque, étaient ceux du « droit à la différence ». Un combat ringardisé par le relativisme de la post-modernité qui exige que l’on soit tous pareils, quelles que soient nos origines, notre couleur de peau, ou la culture dont nous sommes issus.

La religion, qui veut que toutes les cultures se valent, que les graffitis urbains valent bien les œuvres des plus grand peintres, que la musique des « rockers » n’a rien à envier à celle de Mozart, et que nos civilisations auraient beaucoup à apprendre en s’inspirant des mœurs des pygmées ou des aborigènes qui couvrent leurs épidermes de tatouages en signe de fidélité au tribalisme, cette nouvelle religion a supplanté toutes les autres et effacé toutes les « valeurs » qu’elles étaient censées répandre.

Le candidat Macron, en « initié » de la nouvelle religion, s’est vivement inspiré du refus des limites traditionnelles en faisant du refus du « clivage » gauche-droite, ( pourtant inhérent à toute conscience politique depuis la Révolution française ), l’épine dorsale de son projet politique.

 Le dispositif électoral des « primaires » était en quelque sorte un précurseur de cette post-modernité dans la mesure où il supprimait toute frontière entre les partis et les acteurs politiques, en ouvrant le vote pour élire le leader de la droite aux électeurs des partis concurrents, – au grand dam des « sectaires »de chaque Parti,  confondant ainsi le partisan et le national – signe qu’il n’y avait plus rien de «national».

À l’image de cette Europe, absente de tous les débats de fonds au cours de la dernière élection présidentielle. Cette Europe d’où se propage l’idéologie de la confusion des peuples et de l’abstraction des frontières….

Macron s’en fait « l’apôtre » en proclamant qu’ «il n’y a pas de culture française». Il se fait clairement l’avocat de ce «multiculturalisme» et quand il dit qu’au contraire «il y a une culture en France» ( sous-entendu « comme partout ailleurs », il rejette le référent à une spécificité française. Quand il évoque le «crime contre l’humanité» que la France aurait commis en Algérie, il cible l’État-nation français par excellence que fut la IIIème République et cible sa culpabilité comme État des citoyens auxquels on avait expliqué qu’ils agissaient « au nom des droits de l’homme ». Il fait de même, lorsqu’au Vel d’Hiv il pointe la responsabilité de la France en tant qu’État-nation.

L’Union Européenne étant le centre de gravité de l’expression de cette nouvelle idéologie, on comprend que l’élection de Macron ait été saluée avec enthousiasme dans la classe dirigeante européenne qui, – a un moment où dans de nombreux pays du Nord et de l’Est de l’Europe les consciences s’éveillent et expriment des réticences ouvertes devant les prétentions d’une élite européenne à leur imposer les conséquences de l’application de cette idéologie « post-moderne »- voit en la France de Macron un allié et un renfort pour surmonter les « réticences » de certains pays….

L’idéologie postmoderniste est devenue le discours du pouvoir : il impose la légitimité d’une certaine conception de l’Union européenne elle même devenue le champ, par excellence, de l’épanouissement du concept de «mondialisation», bien plus active que le reste de la planète dont elle veut devenir un phare, dont la lumière est loin de parvenir jusqu’en Asie où se joue réellement le destin du monde.

D’un point de vue sociologique, la constitution de ce nouveau pouvoir, essentiellement élitiste, est la clef de compréhension de la nouvelle idéologie que veut imposer une Europe qui se voit comme un nouvel Empire.

Un Empire sans tête, et sans frontière.