Sommes-nous entrés dans l’ère du « post-modernisme » ???


Qui c'est le Chef

Si on en croît la doxa médiatique du moment, l’irruption brutale de Macron dans le paysage politique aurait « ringardisé », en quelques mois, l’organisation, les méthodes, le discours et les postures d’un personnel politique à bout de souffle.

Tous ceux qui regardent, avec un certain recul et une pointe de scepticisme le prétendu chambardement qui se déroule sous leurs yeux étonnés se demandent s’ils assistent à un tournant de notre Histoire, ou s’il s’agit d’un épisode dont nul n’ose prédire quel en sera l’aboutissement.

Pour quelques observateurs du monde des idées et de leurs prolongements en politique, – répondant à ceux qui sont convaincus que l’épisode actuel se terminera par un retour aux vieilles méthodes -, nous sommes, au contraire, entrés dans une ère nouvelle, « post-soixante-huitarde » appelée à rejeter dans l’oubli les gesticulations idéologiques de « l’après gaullisme ».

Parmi ces observateurs, le philosophe Shmuel Trigano qui écrit dans le Figaro , je cite :  » Le propre d’une idéologie dominante, c’est qu’on ne sait pas qu’elle domine. Ses idées, les cadres mentaux et sociaux qui la portent semblent faire partie de la réalité, de l’évidence naturelle, de la vérité si bien que l’acteur social reste inconscient au fait qu’il ne s’agit là que d’un point de vue sur la réalité. Tout phénomène idéologique est massifiant. Prenons pour exemple une des idées phares du postmodernisme: la théorie des genres. C’est une nouvelle version de l’«Homme nouveau», ce mythe qui a hanté les totalitarismes du XX° siècle. Ce qui relève d’une utopie de l’humain, qui ne vise rien moins que la redéfinition de l’identité humaine et de la famille, semble s’imposer comme une vérité, une obligation morale, un impératif absolu alors qu’il n’y a là qu’une théorie contestable. Le postmodernisme qui est en délicatesse avec le réel pour éliminer toute critique à son égard a inventé une parade: le «réel» n’était qu’un «narratif» et tous les narratifs se valent… ».

Nous serions donc en train d’assister à l’avènement d’une idéologie nouvelle dont Macron serait, en quelque sorte le Messie, choisi pour accomplir une mission « sacrée », par une congrégation d’élites dont certaines ont été clairement identifiées, mais dont d’autres restent et resteront invisibles : faire de la France un territoire avancé dans lequel s’épanouirait une nouvelle conception du « monde civilisé ».

Une entreprise qu’il entend mener au pas de course, maniant, tel Jupiter, la foudre pour éliminer quiconque aurait la prétention de se mettre en travers de son chemin !!!

Cette idéologie, présentée comme un « passage de l’ombre à la lumière » est celle d’un monde sans frontière, où les individus n’ont plus d’identité propre, où il devient interdit de contester la moindre spécificité, – les « identitaires » sont considérés avec mépris comme des imbéciles qui n’auraient pas compris que « le monde est en train de changer »- ou chacun peut être « en même temps » tout et son contraire…. Un monde où la notion de « limites » n’a plus de sens, y compris dans le domaine de la morale, un mot exclu du vocabulaire des « sachants », qu’il s’agisse de la morale qui régit la vie en société, de la morale sexuelle, de règles de la vie familiale et, bien tendu, de celles qui régissent la vie politique…

Beaucoup de nos hommes politiques viennent de sombrer pour avoir ignoré la nouvelle notion de « limites »….

Dans ma jeunesse, les combats idéologiques qui animaient « le Parti du bien » de mon époque, étaient ceux du « droit à la différence ». Un combat ringardisé par le relativisme de la post-modernité qui exige que l’on soit tous pareils, quelles que soient nos origines, notre couleur de peau, ou la culture dont nous sommes issus.

La religion, qui veut que toutes les cultures se valent, que les graffitis urbains valent bien les œuvres des plus grand peintres, que la musique des « rockers » n’a rien à envier à celle de Mozart, et que nos civilisations auraient beaucoup à apprendre en s’inspirant des mœurs des pygmées ou des aborigènes qui couvrent leurs épidermes de tatouages en signe de fidélité au tribalisme, cette nouvelle religion a supplanté toutes les autres et effacé toutes les « valeurs » qu’elles étaient censées répandre.

Le candidat Macron, en « initié » de la nouvelle religion, s’est vivement inspiré du refus des limites traditionnelles en faisant du refus du « clivage » gauche-droite, ( pourtant inhérent à toute conscience politique depuis la Révolution française ), l’épine dorsale de son projet politique.

 Le dispositif électoral des « primaires » était en quelque sorte un précurseur de cette post-modernité dans la mesure où il supprimait toute frontière entre les partis et les acteurs politiques, en ouvrant le vote pour élire le leader de la droite aux électeurs des partis concurrents, – au grand dam des « sectaires »de chaque Parti,  confondant ainsi le partisan et le national – signe qu’il n’y avait plus rien de «national».

À l’image de cette Europe, absente de tous les débats de fonds au cours de la dernière élection présidentielle. Cette Europe d’où se propage l’idéologie de la confusion des peuples et de l’abstraction des frontières….

Macron s’en fait « l’apôtre » en proclamant qu’ «il n’y a pas de culture française». Il se fait clairement l’avocat de ce «multiculturalisme» et quand il dit qu’au contraire «il y a une culture en France» ( sous-entendu « comme partout ailleurs », il rejette le référent à une spécificité française. Quand il évoque le «crime contre l’humanité» que la France aurait commis en Algérie, il cible l’État-nation français par excellence que fut la IIIème République et cible sa culpabilité comme État des citoyens auxquels on avait expliqué qu’ils agissaient « au nom des droits de l’homme ». Il fait de même, lorsqu’au Vel d’Hiv il pointe la responsabilité de la France en tant qu’État-nation.

L’Union Européenne étant le centre de gravité de l’expression de cette nouvelle idéologie, on comprend que l’élection de Macron ait été saluée avec enthousiasme dans la classe dirigeante européenne qui, – a un moment où dans de nombreux pays du Nord et de l’Est de l’Europe les consciences s’éveillent et expriment des réticences ouvertes devant les prétentions d’une élite européenne à leur imposer les conséquences de l’application de cette idéologie « post-moderne »- voit en la France de Macron un allié et un renfort pour surmonter les « réticences » de certains pays….

L’idéologie postmoderniste est devenue le discours du pouvoir : il impose la légitimité d’une certaine conception de l’Union européenne elle même devenue le champ, par excellence, de l’épanouissement du concept de «mondialisation», bien plus active que le reste de la planète dont elle veut devenir un phare, dont la lumière est loin de parvenir jusqu’en Asie où se joue réellement le destin du monde.

D’un point de vue sociologique, la constitution de ce nouveau pouvoir, essentiellement élitiste, est la clef de compréhension de la nouvelle idéologie que veut imposer une Europe qui se voit comme un nouvel Empire.

Un Empire sans tête, et sans frontière.

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