L’embuscade.


Le 2 Août 1956.

Il est 4 heures du matin. Dans la cour du bordj construit sur la frontière algéro-tunisienne par les chasseurs de la 2ème Compagnie du 25ème BCA, les hommes désignés pour la patrouille sont rassemblés, silencieux. On entend à peine quelques murmures et le cliquetis des armes… Le Caporal d’ordinaire passe au milieu des hommes avec son bouteillon de café chaud, dans lequel chacun trempera son godet métallique avant d’avaler quelques gorgées bienfaisantes. L’un des chasseurs a ouvert un paquet de biscuits et en offre autour de lui….

Retardataires,  quatre des huit harkis rattachés à l’unité rejoignent les rangs.

Le Chef de Poste donne les consignes : une moitié de la section restera au camp pour en assurer la garde. L’autre moitié fera partie de la patrouille. Les instructions du Commandant de Compagnie, le Lieutenant Toma, sont formelles : jamais plus de la moitié de l’effectif en patrouille.

Vérification des gourdes : elles doivent être pleines car la journée sera chaude….

Une courte discussion s’engage : le fusil-mitrailleur suivra-t-il la patrouille ou restera-t-il en batterie, au bordj ??? Décision : le FM sera de la patrouille, au cas où….

La veille au soir, le bordj a été, comme presque chaque soir, la cible de tirs venant de la frontière, et il n’est jamais à l’abri d’une tentative d’attaque dangereuse . Le but de la patrouille : repérer le point de passage de ceux qui ont tiré sur le bordj hier soir, afin de monter une embuscade pour les surprendre lors d’une prochaine tentative…Car, là où ils sont passé,ils repasseront ou d’autres passeront…

A 4heures30, la petite troupe composée d’une demi-section se met en marche. Il fait encore nuit et l’on entend au loin, le cri familier des chacals qui peuplent le djebel alentour.

Elle s’engage dans un sentier  rocailleux qui prend naissance à quelques centaines de mètres du bordj : en « colonne par un, en « gardant les distances », la patrouille progresse entre les broussailles et les rochers pour atteindre,  quelques centaines de mètres plus loin, les rives d’un oued profond, complètement sec, qui doit être un affluent de l’Oued Meridj et qui courre entre deux falaises rocheuses.

Patrouille djebel

Nous sommes dans une zone désertique, loin de toute habitation et de toute vie humaine : la zone est interdite, en raison de la proximité de la frontière et des passages fréquents de combattants de l’ALN basés en Tunisie . A cette époque, le barrage électrifié n’existe pas encore et la frontière est extrêmement perméable aux incursions, dont certaines « ne font que passer « pour rejoindre les maquis de l’intérieur, et d’autres font parfois un « petit détour » pour venir « canarder » les postes installés sur la frontière….

Une petite discussion s’engage . Décision : trois hommes partiront en reconnaissance dans l’oued, sous la protection du reste de la troupe qui couvrira, du haut de la falaise, la progression des trois éclaireurs .

Au moment où les deux groupes se séparent, le soleil se lève sur l’horizon. Pas un nuage dans le ciel. La journée sera torride, en effet !!! On entend les premiers chants des rares oiseaux qui, probablement, nichent dans les buissons de lauriers roses sur lesquels une légère couche de rosée s’est déposée pendant la nuit, qui fait miroiter les feuilles sous les premiers rayons du soleil. Dans l’air, flotte toujours ce parfum de thym sauvage que l’on rencontre partout dans le djebel en Algérie.

Nous avançons, prudemment, car c’est un endroit idéal pour une embuscade et il s’agit d’éviter de tomber dans une embuscade ennemie, là même où nous envisageons d’en monter une dans les jours suivants…..

Au fur et à mesure que nous avançons, le terrain devient plus escarpé et plus difficile. La progression est lente pour ceux qui sont en bordure de l’oued, alors que les trois hommes qui sont au fond de l’oued avancent plus facilement en progressant  de buisson en buisson, à la recherche de traces de passages….

Nous marchons ainsi pendant trois heures, alors que le soleil s’est élevé dans le ciel. La température doit friser les quarante degrés, alors que le soleil n’est même pas encore à son zénith. La veste de treillis colle à la peau et la sueur inonde les visages . Il faut économiser l’eau de la gourde : j’avale une pastille de sel qui fait partie de nos rations, afin de lutter contre la déshydratation.

De temps à autres nous marquons un temps d’arrêt pour échanger quelques signes avec ceux qui progressent dans l’oued.

Soudain, l’un d’eux s’agite : avec des gestes significatifs il nous indique qu’il y a de nombreuses traces dans le sol sableux de l’oued. Nous dévalons à travers les rochers pour participer au constat : c’est clair, il y a eu un groupe d’hommes  qui est passé là, et que nos harkis qui savent lire les traces dans le sable, évaluent à une dizaine avec au moins deux mulets chargés – les traces de leurs sabots sont profondes dans le sable humide- qui transportent vraisemblablement des armes et des munitions destinées aux maquis de l’intérieur….

Nous explorons les alentours, entre les rochers qui bordent l’oued. Soudain, l’un des hommes qui sont dans l’oued nous fait de grands signes : il vient de découvrir les traces d’un campement, avec des braises encore fumantes, des boites de haricots et de lentilles ouvertes et à moitié pleines, et quelques cartouches égarées dans le sable.

Le visage de nos harkis s’assombrit : selon le plus expérimenté d’entre eux, il faut redoubler d’attention car les traces sont très fraîches et « ils » ne doivent pas être très loin. Les traces indiquent qu’ils sont revenus sur leur pas, sans doute alertés sur notre présence, et compte tenu de leur chargement, ils ne peuvent pas être allé loin. Combien sont-ils ??? Une dizaine, probablement, selon l’évaluation de nos harkis.

Le silence devient la règle : nous sommes une troupe aguerrie, qui a vécu de nombreux « accrochages », et chacun sait ce qu’il a à faire. Nous ne communiquons plus que par gestes, en reprenant notre avancée, mais cette fois, en abandonnant le fond de l’oued, afin de profiter des rochers pour masquer notre progression.

Il est très exactement 11heures25 à ma montre lorsque les premiers coups de feu claquent. Ces instants, tout comme d’autres moments identiques, sont gravés dans ma mémoire : les éclaireurs de pointe sont « au contact »….

C’est un instant dont les impressions font partie de souvenirs jamais effacés. Pour en avoir vécu plusieurs j’en connais tous les symptômes !!! Le cœur se met à battre plus rapidement. On a la bouche sèche, mais le regard devient perçant : il faut scruter les éboulis de roches d’où peut partir un tir à chaque seconde. En se répétant, mentalement : « reste calme », « ouvre l’œil »….

Des rafales de pistolet mitrailleur indiquent que des Chasseurs ont repéré ceux qui ont ouvert le feu. Tout se passe à une trentaine de mètres de moi, mais, de là où je suis, je ne vois rien. Le servant du fusil mitrailleur , à mes côtés ne voit rien, non plus. Ce qui accenteu notre angoisse. J’entends des cris, des « Allah ou akbar »… Un mulet affolé dévale l’oued perdant en route, une partie de son chargement….

Image1

Puis, le porteur du FM qui se trouvait tout près de moi pousse un cri de douleur, touché à la cuisse. Je me laisse glisser sur le rocher qui m’abrite et m’approche de lui pour tenter de lui faire un garrot, en m’appliquant un peu plus que lors de l’accrochage du 4 Mai à Ouenza où le lieutenant de la Bigne a eu l’artère fémorale sectionnée…. Sa blessure n’est pas très profonde: probablement, la balle a ricoché sur la roche .

J’entends le bruit des balles qui ricochent, en effet, sur les rochers, et le « feulement » de celles qui me sont destinées…. J’ai beau scruter la falaise qui nous fait face, mais je ne vois toujours rien, ce qui fait battre mon cœur très fort, car si je ne les vois pas, eux, sans doute, me voient….

Les échanges de tirs se poursuivent. Sporadiques. Puis, peu à peu ils cessent. Les « rebelles » ont décroché. Nous nous rassemblons pour inspecter les lieux : des traces de sang nous indiquent qu’un ou plusieurs rebelles ont été touchés. Mais aucune trace de corps : « ils » se sont repliés emmenant, comme très souvent,  leurs blessés, en profitant d’un terrain qu’ils connaissent mieux que nous….

Je n’ai pas tiré une seule rafale de ma Mat49.

Nous n’avons qu’un blessé : celui qui a été touché près de moi, et qui courageusement, supporte la douleur de sa blessure qui a beaucoup saigné mais qui n’est pas profonde. Le Caporal infirmier lui désinfecte la plaie et lui applique un pansement « dans les règles de l’art ». Il pourra marcher pour le retour, aidé par ses camarades.

Il fait une chaleur torride et il est difficile de trouver un coin d’ombre alors que le soleil est à son zénith…. J’ai la gorge sèche et la langue pâteuse.

Dans l’oued, nous récupérons trois fusils Beretta, une « Kalach » et deux caisses de munitions, tombées du dos du mulet qui a pris la fuite aux premiers coups de feu…

La prise est maigre, mais nous avons peut-être échappé au pire.

Nous décidons d’attendre que le soleil baisse sur l’horizon pour reprendre le chemin du retour.

Nous arrivons au bordj au soleil couchant. Épuisés.

Nous trouvons l’équipe demeurée sur place en état d’alerte : les coups de feu lointains ont été entendu jusqu’au bordj et faute de moyens radio nous n’avons pu informer nos camarades de ce qui s’est passé.

L’instant le plus précieux, gravé dans ma mémoire, c’est celui où je retrouve ma « gargoulette » entourée de bas de laine mouillés placée, au courant d’air, sur le rebord de la fenêtre de ma « piaule »,-  mon « frigo » – pour englouti des gorgées d’eau fraîche, qui me donnent le sentiment de retrouver la Vie, une nouvelle vie…jusqu’à la prochaine fois  !!!

Lecture d’été…( La tête de Robespierre ).


Profitant de la douceur d’une belle soirée d’été, je m’attarde un instant dans le jardin afin d’emplir mes poumons de l’air frais de la nuit, chargé de senteurs enivrantes mélangeant des parfums de Jasmin, de fleurs d’orangers, de « Galan de Noche ».

Après une journée caniculaire, j’adore trainer un peu, le soir, jusqu’à une heure avancée de la nuit, pour regarder le ciel étoilé et prendre la mesure du bonheur d’être là, encore, après tant d’années et de partager celles qui restent encore avec un être aimé.

Comme très souvent, à cette époque de l’année, c’est la présence d’un moustique, particulièrement agressif, qui m’oblige à sortir brutalement de mes rêveries et à me réfugier à l’intérieur, dans le salon, pour marquer un temps d’arrêt devant ma bibliothèque : j’adore lire la nuit, quand tout est silencieux et que rien ne vient distraire l’attention…

Ce soir-là, je tombe en arrêt sur un livre présent dans les rayons, depuis plusieurs années, et qu’inexplicablement, je n’ai jamais ouvert.

DaudetEn feuilletant les premières pages, je comprends assez vite que les pages suivantes n’ont rien de « politiquement correct ». Un « avertissement de l’Editeur » est destiné à alerter le lecteur:  » Un violent pamphlet dont les arguments sont souvent troublants, y compris lorsqu’ils visent, au-delà de la Révolution de 1789, la démocratie parlementaire façon IIIe République « .

Ce n’est pas étonnant. Je cherche alors à en savoir plus sur le personnage. Je me plonge alors dans Google.

Selon Wikipedia, ( je cite ) : « Léon Daudet est un écrivain, journaliste et homme politique français, né le 16 novembre 1867 dans le 4e arrondissement de Paris1 et mort le 30 juin 1942 (à 74 ans) à Saint-Rémy-de-Provence.

Républicain converti au monarchisme, antidreyfusard et nationaliste clérical, député de Paris de 1919 à 1924, il fut l’une des principales figures politiques de l’Action française et l’un des collaborateurs les plus connus du journal du mouvement.

La bibliographie des œuvres de cet écrivain engagé et prolifique est énorme : plus de 300 notices sur le catalogue de la BNF. Son œuvre de mémorialiste est conséquente, six volumes de « choses vues » de 1880 à 1921, « prodigieux Souvenirs », comme disait Marcel Proust, qui ajoutait : « Les ressemblances entre Saint-Simon et Léon Daudet sont nombreuses : La plus profonde me semble l’alternance, et l’égale réussite, des portraits magnifiquement atroces et des portraits doux, vénérants, nobles. » ( fin de citation ).

Qui pourrait croire alors, que Léon Daudet  est le fils aîné de notre Alphonse Daudet, des « Lettres de mon moulin », et de son épouse, Julia née Allard, 

Ce père, écrivain renommé mais aussi homme enjoué et chaleureux, a beaucoup d’amis. Les réceptions du jeudi de Mme Daudet attirent de nombreuses personnalités du monde de la culture. Aussi Léon fréquente-t-il dès son enfance des écrivains et des journalistes, les uns, comme Gustave Flaubert, visiteurs épisodiques, les autres, comme Edmond de Goncourt, presque membres de la famille. Maurice Barrès, Émile Zola, Édouard Drumont, Guy de Maupassant, Ernest Renan, Arthur Meyer, Gambetta, entre autres, marquent ses souvenirs d’enfance. Il est également ami de jeunesse de Marcel Proust, alors inconnu.

Léon Daudet n’est donc pas un personnage insignifiant.

Et je comprends mieux en progressant dans la lecture de son livre, les raisons qui font que la doxa intellectuelle du moment a tout fait pour étouffer, au plan littéraire, cette voix insolite, capable de s’attaquer aux idées reçues, parmi les plus répandues depuis la troisième république, à propos de la Révolution française.

Dès le Premier Chapitre, le décor est dressé :

CHAPITRE I
« Causes et origines de la révolution de 1789
La plupart des premiers historiens qui aient parlé de la Révolution de 1789, sauf les Goncourt, se sont exprimés sur son compte avec un mélange de crainte et de
respect.
Michelet a écrit, en termes magnifiques, l’apologie absurde de la Révolution et de ses hommes. Le libéralisme a conclu qu’il y avait en elle du très bon, du très neuf et du mauvais, avec une finale de très mauvais, la Terreur.
Par la suite Taine, que la Commune de Paris avait impressionné, insista sur l’absence du très bon, l’ensemble législatif des plus médiocres et la férocité bestiale des chefs, qu’il appela‘‘ les crocodiles ’’.
Lenôtre, hostile à la Révolution, disait peu avant sa mort, à Octave Aubry :« J’ai étudié la Révolution, dans les archives, depuis quarante ans. Je n’y comprends rien.»
Gaxotte enfin, le dernier historien en date de cette funeste crise politique et morale, a ramené à la toise les‘‘ crocodiles ’’et signalé leur médiocrité intellectuelle et morale.
A mon tour je veux montrer que, conformément au mot de Clemenceau, la Révolution est un bloc… un bloc de bêtise, – d’âneries, eût dit Montaigne – de fumier et de sang.
Sa forme virulente fut la Terreur. Sa forme atténuée est la démocratie actuelle avec le parlementarisme et le suffrage universel, et le choix, comme fête nationale, de l’immonde quatorze juillet, où commença, avec le mensonge de la Bastille, la promenade des têtes au bout des piques.
Le quatorze juillet, véritable début de la période terroriste et complété par la grande peur. Date fatale au pays. »
Tout est dit !!!
Avant d’aller plus loin, il me revient alors en mémoire le fait que je dispose dans ma bibliothèque, d’un pavé littéraire intitulé  » Le Livre Noir de la Révolution française .
Écrit par un collectif d’auteurs dont certains furent des compagnons de route du Parti Communiste revenus à de meilleurs sentiments, ce livre décrit dans le détail ce que furent les atrocités de la Révolution, dont la doxa intellectuelle du moment ne souhaite pas rappeler les faits tant ils seraient funestes à l’image que l’on nous a enseigné d’une République vertueuse, humaniste et fraternelle….
Ce livre se situe dans la lignée du Livre noir du Communisme, paru en 1997, que je possède dans mes rayons.
Le livre noir de la révolution, rédigé par plus de quarante collaborateurs n’est pas pas un réquisitoire passionné contre dix ans de notre histoire, mais une remise en perspective de faits dont la violence parle d’elle-même.
Il œuvre à la réhabilitation d’idées qui ont été jusqu’à ces dernières années soigneusement occultées, car elle viennent heurter la « sensibilité » des apôtres du « politiquement correct »….
Un échantillon de la violence sauvage qui a marqué cette époque nous est donné par la description, dans Wikipedia, de l ‘exécution de Robespierre qui fut lui-même l’un des acteurs les plus cruels de cette période sinistre :

« À la suite des événements du 9 thermidor (27 juillet 1794), Maximilien de Robespierre, décrété hors la loi, fut exécuté sans procès le 10 thermidor de l’an II (28 juillet 1794). Il fut amené en charrette sur la place de la Révolution (ancien nom de la place de la Concorde) en compagnie de 21 de ses partisans, dont son frère et Saint-Just pour y être guillotiné.

71 personnes de plus seront exécutées le lendemain, essentiellement des membres de la Commune insurrectionnelle de Paris, 12 le surlendemain.

Parcours de Robespierre vers la place de la Révolution

Robespierre et ses partisans allant à l’échafaud (gravure du XIXe siècle).

 

Robespierre avait reçu, ou s’était tiré, une balle dans la mâchoire, Couthon avait eu la tête fracassée et Augustin Robespierre s’était gravement blessé en sautant par la fenêtre de l’hôtel de Ville. François Hanriot avait reçu un coup de baïonnette qui lui avait arraché l’œil de son orbite. Il fut sorti d’un égout, ensanglanté et défiguré. Deux mourants (Robespierre le jeune et Hanriot) et un infirme (Georges Couthon) furent transportés dans l’escalier de la Conciergerie ; le convoi se terminait par le cadavre de Philippe-François-Joseph Le Bas.

À 16 heures 30, les charrettes qui transportaient les condamnés sortirent de la cour du Mai et débouchèrent sur les quais. Lorsque les charrettes furent arrivées devant la maison où logeait Robespierre, elles furent arrêtées, et l’on barbouilla la façade de la maison avec du sang. À 18 heures 15 les charrettes arrivèrent place de la Révolution.

Exécution de Robespierre

M.J. Maximilien Robespierre : surnommé le Catilina moderne, exécuté le 10 Thermidor an 2.e, de la République, estampe anonyme, Paris, BnF, 1794.

 

Adrien-Nicolas Gobeau, 53 ans, membre de la Commune, fut exécuté le premier. Quand ce fut le tour de Saint-Just de monter, il embrassa Georges Couthon, et, en passant devant Robespierre, il lui dit : « Adieu ». Maximilien de Robespierre fut exécuté en avant-dernier, le dernier fut Fleuriot-Lescaut. Lorsqu’un des aides du bourreau arracha brusquement les linges qui lui soutenaient sa mâchoire, Robespierre poussa un cri de douleur. Il fut placé sur la bascule et le couperet tomba. La tête de Robespierre fut montrée au peuple, sous des applaudissements.

Les vingt-deux têtes furent placées dans un coffre en bois, les corps étant rassemblés sur une charrette qui se dirigea vers le cimetière des Errancis (ouvert en mars 1794). On jeta les têtes et les troncs dans une fosse commune et on répandit de la chaux vive pour que le corps de Maximilien de Robespierre ne laisse aucune trace. Néanmoins entre le moment de la décapitation et la mise à la fosse commune, une empreinte mortuaire de la tête de Maximilien de Robespierre aurait été prise par Marie Tussaud1, ce que conteste l’historien Hervé Leuwers qui considère qu’il s’agit d’un faux et souligne les incohérences du témoignage de Mme Tussaud.

Diable !!! Le mystère reste entier !!! Qui s’est emparé de la tête de Robespierre ???

J’en ai la nausée, et du coup je referme mon livre, sans l’avoir terminé. Car les chapitres qui suivent me confirment dans une conviction que je porte depuis que j’ai été élève en classe de seconde au Lycée: était-il nécessaire de faire couler autant de sang, d’exterminer une génération d’hommes et de femmes parmi lesquels se trouvaient beaucoup d’innocents et surtout de futures élites du pays, pour aboutir à une démocratie aussi imparfaite que celle décrite dans le livre de Daudet, que fut celle de notre Troisème République ???

J’irai me coucher hanté par un mystère : quel est le « collectionneur d’horreurs »qui a bien pu voler la tête de Robespierre ???

Alors que les questions affluent, elles vont perturber mon premier sommeil : pourquoi une certaine doxa intellectuelle a-t-elle tant de mal à évoquer les pages sinistres de notre Histoire, et pourquoi le « mensonge historique » s’est-il, depuis la Révolution française, érigé en discours institutionnel, contribuant ainsi à donner bonne conscience à tous les « manipulateurs de l’Histoire ???

 

Et maintenant….


Ni droite

La Droite est en crise.

l’affaire des « Républicains constructifs » est révélatrice d’un parti où les élus n’ont plus grand-chose en commun avec la plupart de leurs militants. Il est clair que pour l’électorat traditionnel de la Droite, « voter LR n’a plus de sens, car on ne sait plus ce qu’est ce parti ». C’était déjà le cas bien avant l’épisode lamentable qui a conduit ce Parti à l’échec dans une élection qui semblait quasi « imperdable ».

Car, qu’on se le dise, ce n’est pas François Fillon seul qui a perdu l’élection présidentielle couronnée par la victoire d’un Macron sorti de nulle part….. C’est l’ensemble de l’appareil des Républicains qui porte la responsabilité de cet échec historique qui illustre la cécité des membres de ce Parti qui estimaient  que le candidat Fillon allait perdre la présidentielle mais que le Parti imposerait une cohabitation au futur Président au terme de législatives qu’ils paraissaient certains d’emporter.

Car la trahison s’inscrit dans les maladies héréditaires de la droite.

Souvenons -nous:  Jacques Chirac n’était-il convaincu qu’il reprendrait rapidement la main après avoir incité à faire  battre Valéry Giscard d’Estaing au profit de Mitterrand aux élections présidentielles de 1981 ???

L’Historien Edouard Husson fait remonter  à la Révolution française pour trouver l’origine de ce comportement de la droite. Selon lui, je cite : ‘Louis XVI est, entre 1774 et 1788 l’un des plus grands rois de notre histoire: un réformateur à l’intérieur et le vainqueur, sur terre et sur mer, de la Guerre d’Amérique. A l’époque, les Français étaient trois fois moins imposés que les Anglais; le roi demande à ses soutiens naturels de donner une contribution financière au pays; ils refusent puis ils jouent la carte de la radicalisation politique, contre le roi, vers la gauche (les évêques, le duc d’Orléans) ou vers l’extrême-droite (les émigrés). Cela a très mal tourné pour la droite de l’époque ». ( Fin de citation ).

Mais la Droite française ne souffre pas seulement d’une maladie héritée du temps de la Révolution.

Elle souffre de son incapacité génétique à ouvrir, en son sein, de vrais débats sur les idées: car les idées ne manquent pas à droite, où l’on constate, depuis plusieurs années, un renouveau de la vie intellectuelle qui inspire ce courant de pensée politique depuis la Révolution française. Un renouveau qui contraste avec l’effondrement des « penseurs » du marxisme et des valeurs de la social-démocratie, dans presque tous les pays occidentaux.

Car la vraie question est : qu’est-ce que les Républicains peuvent incarner aujourd’hui, comme alternative au parti du Président ??? La réponse n’est pas évidente au moment où des responsables importants du parti sont entrés dans le gouvernement d’un Emmanuel Macron qui a su habilement brouiller les cartes, en attirant à lui les « constructifs » à l’Assemblée.

On peut s’interroger sur les raisons qui font que  l’Etat-major des Républicains a manifestement peur de déclencher un véritable débat sur le fond: les primaires, ravageuses, ont révélé la forte droitisation de l’électorat traditionnel de la Droite. Si les primaires ont fait émerger un François Fillon, ce n’est pas un hasard. C’est parce qu’il a eu le courage d’assumer un vrai positionnement de droite qui parlait un langage d’effort pour le redressement du pays.

Les Français de droite n’acceptent plus de se laisser berner par ceux qui se font élire sur un programme de droite et qui, aussitôt au pouvoir n’ont de cesse de donner des gages à la gauche. Ils rejettent de plus en plus, cette Droite qui ne vit, en permanence, qu’en scrutant le regard de la gauche, sous la hantise d’apparaître comme « ringarde »….

On peut d’ailleurs considérer qu’il en est de même dans l’électorat de gauche qui a fait payer chèrement ses « changements de pied » à un François Hollande qui avait cru pouvoir ruser avec « le peuple de gauche » en se faisant élire sur un programme de gauche et en appliquant une politique économique libérale pensant qu’un accompagnement de cette politique par des mesures à caractère « sociétal », telles que le mariage pour tous, ferait passer la pilule.

L’habileté de Macron, c’est d’avoir convaincu une fraction – minoritaire – de l’électorat que son programme n’était ni de droite ni de gauche ou plutôt « les deux en même temps ». L’avenir ne tardera pas à montrer les limites de ce parti pris ambigu…..

Si dans leur tentative de reprendre contact avec leur électorat, les Républicains, au lieu de centrer leur réflexion sur les raisons de l’échec de Fillon, se recentrent sur les valeurs que doit incarner une droite de gouvernement, il est tout à fait probable que les réponses iront dans le sens du vote de la primaire. 

Mais beaucoup de responsables des Républicains ont peur du net glissement à droite de leur électorat – Alain Juppé l’a avoué à plusieurs reprises. Et il est probable que nombreux sont ceux qui redoutent la prise du Parti par Wauquiez: ce dernier semble laisser penser qu’il assumera, au moins tactiquement, la droitisation de l’électorat du parti .

Mais attention !!! que ce ne soit pas une pure instrumentalisation, sinon le réveil risque d’être catastrophique. C’est ce que l’on peut craindre car Wauquiez n’a jamais montré, depuis son lancement en politique par le « centriste » Jacques Barrot, de fortes convictions politiques capables d’en faire durablement le nouveau leader d’une nouvelle Droite, forte et décomplexée.

Petit despote « en marche »….


 

 

L’affaire de la démission du Chef d’État Major des Armées n’est pas qu’un « incident de parcours ».

Elle révèle, à travers le comportement du Président de la République, l’émergence d’un petit despote en herbe, dont le succès électoral – qui doit être nuancé, car 57% de Français ne lui ont pas accordé leur voix -, semble l’avoir grisé.

Ce personnage sorti de nulle part, et dont beaucoup de Français pensent qu’il est une « créature » d’un système médiatico-financier qui aurait trouvé, en lui l’instrument permettant d’imposer aux Français, un modèle de société qu’ils refusent majoritairement, tant est grande leur défiance à l’égard de l’oligarchie dont il est issu et qui est celle qui a conduit le pays au bord de la faillite et de la fracture ….

Car cette « affaire », si on l’analyse à travers les faits tels qu’ils se seraient déroulés, montre clairement que Mr Macron a un très sérieux problème d’ego.

De toute évidence, il ne supporte pas la moindre contradiction et encore moins, la moindre opposition y compris lorsque celle ci s’exprime selon les règles éprouvées de la Démocratie.

Car ce Général démissionnaire, entendu selon les formes constitutionnelles, par la Commission de la Défense nationale, n’a rien fait d’autre que de remplir son devoir en expliquant, devant cette Commission, les difficultés que l’Armée rencontre dans l’exercice de sa mission, et en contestant des mesures de restrictions budgétaires sévères, prises sans concertation avec ceux qui auraient à les mettre en œuvre, et contraires aux engagements et aux promesses faites à ce même Général au moment de la prolongation de son mandat.

Les Parlementaires, – toutes familles politiques confondues -, y compris, parmi eux, certains membres de la Commission de la Défense Nationale, qui se sont exprimés sur cette affaire l’ont fait sans équivoque: le Général était parfaitement dans son rôle, s’exprimant à huis-clos devant une instance parlementaire dont le rôle est de contrôler la politique gouvernementale.

Je ne suis pas certain que « cette affaire » nuise au prestige de ce Général dont tout le monde s’accorde à reconnaître les grandes qualités morales et tout particulièrement le courage.

Par contre, cette affaire constituera une grosse tache sur l’image que cherche à imposer le Chef de l’État, celle d’un chef « jupitérien » devant lequel chacun doit se coucher….Elle mettra de nombreux Français en alerte sur les risque d’une dérive dangereuse de « l’État Macron »….

Car l’avertissement donné aux Armées est sévère : il s’adresse en même temps à tous les Directeurs des Administrations. Mr Macron ne supportera « ni commentaire ni opposition » à ses décisions….

Cet épisode marque, sans aucun doute,  le retour au réel du président et c’est peut-être le début d’une longue série…

D’autres chantiers comme l’Université l’attendent où il aura également du mal à tenir ce fameux «en même temps» qui consiste à promettre une hausse des budgets et des investissements dans de nombreux secteurs et une réduction du déficit public….

Nous sommes « en marche » vers une sorte de « despotisme doux » qui, peu à peu, remplacera le « socialisme mou » dans lequel la France se vautre depuis tant d’années….

Macron va devoir nous montrer s’il a autant d’autorité sur les corps sociaux auxquels il va devoir s’attaquer que sur les militaires habitués à obéir….

Le vieil homme….


Thon

L’homme et la mer

Charles Baudelaire

Homme libre, toujours tu chériras la mer !
La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame,
Et ton esprit n’est pas un gouffre moins amer.

Tu te plais à plonger au sein de ton image ;
Tu l’embrasses des yeux et des bras, et ton cœur
Se distrait quelquefois de sa propre rumeur
Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.

Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets :
Homme, nul n’a sondé le fond de tes abîmes ;
Ô mer, nul ne connaît tes richesses intimes,
Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets !

Et cependant voilà des siècles innombrables
Que vous vous combattez sans pitié ni remord,
Tellement vous aimez le carnage et la mort,
Ô lutteurs éternels, ô frères implacables !

Charles Baudelaire

Rien de mieux, pour fuir une actualité décevante, que de se réfugier dans la Littérature dont les mots traversent le Temps, ce Temps qui fuit, et dont chaque minute devient précieuse à qui sait que la vie est courte….

La littérature nous aide à oublier les misères du quotidien.

La semaine dernière, errant une fois de plus, à travers les rayons de la grande Librairie « Filigranes » de Bruxelles, je tombe en arrêt devant un livre que j’ai dû lire une bonne dizaine de fois, à l’époque où, passionné de pêche et de chasse sous-marine, je dévorais tout ce qui, en littérature, avait trait aux choses de la Mer.

« Le vieil homme et la mer », ce petit chef-d’œuvre d’Hemingway me tendait les bras et m’invitait à plonger, encore une fois – peut-être la dernière pour moi – dans la lecture de la prose de cet auteur dont l’œuvre sait si bien évoquer la dimension tragique de l’héroïsme dans certaines circonstances de la vie humaine.

J’ai toujours aimé lire ceux qui savent de quoi ils parlent….C’est le cas d’Hemingway qui a toujours vécu dangereusement….

Le vieil homme que je suis devenu retrouve à la lecture de cet ouvrage, des émotions qu’il a connues, plus jeune, lorsque seul sur son bateau il attendait que « ça morde », et remontait sa palangrotte, le cœur battant, impatient de savoir quel était le malheureux poisson qui frétillait pour tenter de décrocher l’hameçon qu’il avait imprudemment avalé, dans l’espoir d’échapper à la friture….

Mais « Le vieil homme et la mer » n’est pas qu’un simple histoire de pêche !!!.

C’est l’histoire d’un vieux pêcheur malchanceux, qui revient trop souvent bredouille, jusqu’au jour où aux prises avec un énorme marlin, il rencontrera pour une courte durée, et après un combat héroïque, la chance de sentir que l’énorme poisson a mordu l’hameçon . Une chance de courte durée car le marlin, trop gros pour être remonté à bord du petit bateau, sera dévoré, sur le chemin du retour par les requins qui rodaient dans les parages….

C’est aussi l’histoire de l’amitié entre le vieux pêcheur et un enfant à qui il a tout appris de la pêche, racontée avec beaucoup de sensibilité et des mots justes par un Hemingway au sommet de son art de conteur.

A une heure avancée de la nuit, et au moment de refermer ce petit livre de 141 pages, je sentais que le sommeil m’envahissait.

En fermant les yeux, je me suis revu enfant.

Mon père avait, en Algérie,  pour copain un certain Mr Martinez, qui tenait à Francis Garnier, un tout petit village de bord de mer, sur la route de Ténès, une petite auberge, très modeste: il n’y avait que deux chambres équipées chacune d’un vieux lit de deux étagères et d’un lavabo.

Pour me récompenser d’avoir réussi au BEPC, mon père m’avait offert une semaine de vacances dans cette auberge me laissant aux bons soins de Mr Martinez, un petit vieux tout voûté, et de son épouse, une brave femme pleine de gentillesse et d’attention pour le gamin de 14 ans que j’étais.

La spécialité de la table de cette auberge, c’était le poisson frais que Mr Martinez ramenait de sa pêche tous les jours, à bord de sa « pastera », un bateau pointu, qui n’avançait qu’à coups de rames.

Pendant mes huit jours de vacances, je fus, tous les matins, celui qui devait ramer jusque sur les lieux de pêche, c’est à dire pendant une bonne heure et autant au retour. Le vieil homme m’encourageait tout en mâchonnant un petit bout de bois qu’il promenait d’un bord à l’autre de sa bouche moustachue.

Avec lui, j’ai appris à « monter une palangrotte », à amorcer un palangre composé de centaines d’hameçons, et à « caler des filets »….

Partis au lever du jour, nous revenions sur le coup de 11 heures avec deux corbeilles de vigneron remplies de dorades roses, de sarres aux couleurs d’acier, de rascasses rouges aux dards dangereux, d’oblades grises avec leur tache noire sur la nageoire codale, et surtout de pageots dodus qui frétillaient encore en arrivant à l’auberge….

Les mains douloureuses en raison des ampoules encore saignantes, je me jetais sur le verre de menthe à l’eau glacée, épuisé mais heureux, conscient d’avoir été initié aux vieux secrets de la pêche par ce vieil homme usé par le temps, au visage buriné par les embruns, le sel et le soleil, dont la pêche était le gagne pain et la mer, le seul horizon. Mais quel horizon !!!

Le vieil homme que je suis n’a jamais oublié ces moments là. Et c’est sans doute à ces moments que je dois l’affection particulière que j’ai depuis toujours pour le personnage d’Hemingway.

 

Voltairien….


Cela explique tout le reste…

Tempus Fugit....

Publié le 4/10/2007 sur mon ancien blog « berdepas.blog.lemonde.fr ».
Au cours d’une conversation sympathique, autour d’une excellente bière (belge) bien fraîche, un ami, qui de temps à autres, fréquente les pages de mon blog, se demandait hier soir ce qui me poussait à être aussi ironiquement provocateur, avec un soupçon de parti pris vachard dans mes propos. Je m’en suis tiré par une boutade, qui m’a épargné d’avoir à en dire plus long sur moi même….
Mais,de retour chez moi,cette conversation a continué à m’occuper l’esprit, m’empêchant de m’endormir de mon sommeil de plomb, comme chaque soir.
Quelques scènes de mes jeunes années me sont revenues à la mémoire.

Lycée Bugeaud, à Alger, en 1948. Classe de seconde C. Le « prof de lettres », un dénommé Poupon,- ce qui, déjà, m’incitait à la moquerie facile – était un communiste déclaré, qui avait ses « chouchous » , dans une classe d’élèves issus en majorité du quartier…

Voir l’article original 1 682 mots de plus

Du haut de mon Aventin….


 

la+deuxième+sécession+de+la+plèbeRetiré sur mon « Aventin » comme plus de 57% de citoyens français en âge de voter et qui se sont abstenus lors d’une élection présidentielle extravagante, j’attends désormais de voir ce qui va advenir.

Je reste convaincu que l’Histoire, avec le recul qui sied aux historiens, dira, un jour, si le « coup d’État institutionnel »qui a porté Jupiter à la tête de ce qui reste de la démocratie française aura permis de sortir la France de l’état de torpeur dans lequel plusieurs décades d’un régime politique qui s’apparentait à une sorte de Communisme mou et de totalitarisme « soft »l’ont plongé….

Pour être parfaitement sincère, je dois dire avec force, que je ne souhaite pas l’échec du gouvernement de « macronnettes » dont la France s’est dotée. Comme j’ai déjà eu l’occasion de l’écrire, j’aime trop mon pays pour souhaiter que celui ci affronte de nouvelles épreuves qui le décrocheraient définitivement du peloton des Nations qui avancent et qui comptent dans le monde.

Mais je demeure sur ma réserve, convaincu que l’on ne gouverne pas à coups de « com » et de tours de « passe-passe », et que pour reprendre une litote que j’emprunte à François Mitterrand, « on ne sort de l’ambiguïté qu’à son détriment »….

Car le mélange de « verticalité » jupitérienne sur le plan économique, et d’horizontalité soixante-huitarde sur le plan sociétal qui semble être le fil conducteur de la politique que Macron entend mettre en œuvre, ne me dit rien qui vaille.

J’éprouve, depuis toujours, une aversion naturelle, à l’égard des héritiers de la « pensée 68 » qui depuis plus d’un demi-siècle nous expliquent qu’il faut abattre « le monde ancien » sans être capables de nous expliquer clairement vers quel « nouveau monde » ils voudraient nous conduire….

Leur discours nébuleux – auquel mes 85 ans m’ont habitué – s’abrite derrière une forme de volapük que Wikipédia définit comme « une langue agglutinante à structure d’actance accusative » : selon eux, la France est devenue un pays « à vomir »aux relents pétainistes, colonialistes, que de « brillants intellectuels »trainent systématiquement dans la boue pour le soumettre au jugement de ceux pour qui de Gaulle était un fasciste, mais pour qui Lénine, Trotski, Staline, Castro, Mao ou Pol Poth furent d’aimables »héros de la libération des peuples »….

Ces mêmes « zintellectuels » ( je pense à Roland Barthes dans une de ses leçons au Collège de France ) nous expliquent du haut de leurs chaires universitaires, que la langue française est « fasciste » et qu’il faut consciencieusement s’appliquer à la détruire, ce qu’un quarteron de « pédagogistes » ont entrepris de faire depuis un quart de siècle, en faisant des bancs de l’Ecole, le lieu où des générations d’enfants « désapprennent » à parler et à écrire en Français, ainsi qu’à faire des additions, des soustractions, des multiplications, et des divisions…..

Et qu’on se le dise !!! Tous ceux qui refusent d’adhérer à ce catéchisme de la modernité, sont définitivement classés dans la catégorie méprisée des ringards et des déclinistes….

Mon cuir s’étant durci avec l’âge, ce discours ne m’atteint pas….

Mais nul ne peut m’empêcher de faire observer que depuis quelques mois la France vit sur un petit nuage: les mots qui comptent sont ceux de «renouvellement», de «jeunesse», de « bienveillance », d’apparition de «nouveaux visages» (dont beaucoup ont été reliftés pour l’occasion ou ont été accolés à celui, angélique, d’Emmanuel Macron), le tout baignant dans l’atmosphère d’«énergie», de «dynamisme», d’«optimisme» qui sied à une « start-up »….

Pour appuyer cette magie du verbe, une mise en scène « maîtrisée » par des professionnels de la communication a pour but,- illusoire – sinon de résoudre, tout au moins de faire oublier les angoisses et fractures de la société française, en évitant les sujets qui fâchent: incivilités et violences, insécurité sociale et culturelle, vagues migratoires, influence des salafistes et des Frères musulmans dans certains quartiers, revendications de la PMA et de la GPA pour tous

Ce nuage temporaire qui culmine après la victoire d’Emmanuel Macron a tout d’une fuite dans le rêve imaginaire d’une France réconciliée, d’une « Union européenne et d’une mondialisation heureuses » ( mais sans préciser pour qui…) peuplées de «motivés» et de « gagnants-gagnants » se réjouissant dans l’entre-soi, et communiant dans la bonne nouvelle du nouveau monde annoncé. Le monde des « bisounours », quoi….

Il faut néanmoins admettre que l’irruption de Macron dans le cours de notre histoire contemporaine n’est pas fortuite.

Elle correspond à une mutation sociologique et générationnelle, dans la mesure où elle marque l’arrivée au pouvoir de catégories sociales qui ont été éduquées et formées dans un terreau sociétal qui n’a plus grand-chose à voir avec les cadres culturels et idéologiques qui ont antérieurement, bon gré mal gré, structuré les générations aux quelles j’ai appartenu.

Ce phénomène dépasse largement le cadre du mouvement «En marche» : mais celui-ci a su se constituer en structure d’accueil à une génération de jeunes « motivés » et diplômés, qui ont une certaine idée d’eux-mêmes et de leurs talents, mais qui sont, surtout, le produit d’une société libertaire et d’un modèle éducatif profondément dégradé par des années d’un « pédagogisme » sans frein et d’un laxisme  s’opposant à toute forme d’autorité et de discipline.

«Qu’importe la rigueur intellectuelle, la significations précise des mots, l’Histoire… Le langage réduit à un outil de communication est devenu fluide et flottant.»

Tout cela se traduit par une crise intellectuelle sans précédent : celle du rejet, dans l’oubli, des grands récits historiques ajoutée à la méconnaissance des « expériences idéologiques » passées  entraîne un changement dans le rapport à la politique et à la culture.

La crise identitaire qui en résulte est aggravée par la perte des repères moraux qui ont structuré les comportements des générations aux quelles j’appartiens.

Ma génération n’a jamais autant entendu parler de «vivre-ensemble» en ignorant les difficultés des rapports humains, et sociaux qu’impliquent le déclassement de catégories sociales entières et l’apparition d’une vague incontrôlée d’immigration de masse apportant dans son maigre bagage, des mœurs qui nous sont étrangères, des « incivilités »auxquelles nous n’avons pas été habitués, sans parler du reste…..

J’ai conscience d’appartenir à une génération qui s’éteint et dont l’opinion ne compte plus guère quand il s’agit du futur de mon pays. Ma génération, celle des « années glorieuses », sait que le retour des beaux jours n’est pas pour demain….

Il n’empêche que je reste convaincu, du haut de mon Aventin, que mon pays ne s’en sortira pas grâce à des artifices de communication.

Et que le seul chemin qui peut conduire à son réveil et à son redressement c’est celui qui consiste à remettre la loi, l’ordre, la République, la stricte laïcité, les valeurs de travail et d’excellence au centre du fonctionnement de la cité, et à replacer la politique étrangère sous le strict sceau des intérêts de la France.

Cela  signifie, entre autres, qu’il faut considérer l’Europe comme un moyen, et non comme une fin en soi, ( ce que nos voisins et « partenaires allemands ont parfaitement compris …), pour moderniser l’économie française en adoptant un programme de réformes drastiques qui ramènera le coût de l’action publique à son juste niveau, afin de sortir, enfin du « communisme mou », caractérisé par l’accaparement par un Etat vorace de 57% de la richesse nationale.

Si, par bonheur, Macron réussissait cet exploit, je serais parmi les premiers à le saluer.Pour l’heure j’attends de voir comment il passera du Verbe à l’Action…..et surtout, quels seront les résultats de cette aventure sur les terres de « l’extrême centrisme ».

Car pour moi, ces « résultats » seront « mesurables », à l’aune de l’évolution de la dette qui plombe les générations futures, à celle du retour à l’équilibre des recettes et des dépenses de la Nation, au redressement de notre balance commerciale, et, bien entendu, à la réduction d’un chômage de masse endémique et un retour à la maîtrise d’une immigration sans doute nécessaire, et au respect des Lois sans cesse bafouées dans une République qui marche sur la tête….. 

La Droite à la recherche d’elle-même.


vita latina

La Droite française est désemparée.

Il faut reconnaître que, paresseusement, elle s’était contentée d’attendre la fin du quinquennat catastrophique de Hollande pour bénéficier d’une alternance qui lui semblait promise, ce qui la dispensait de faire les efforts nécessaires pour repenser en l’actualisant son message politique et pour renouveler un leadership à bout de souffle, car épuisé par les « combats de chefs »….

Elle a cru pouvoir, enfin, faire émerger un leader incontesté en singeant le Parti Socialiste et en s’imposant la redoutable épreuve des « primaires » qui a fait émerger en Fillon, un candidat qui attendait son heure après avoir été dans l’ombre d’un Sarkozy usé jusqu’à la corde, et à propos duquel il m’a parfois été reproché par les lecteurs de ce blog de considérer qu’il n’avait pas de pire ennemi politique que lui-même ….

L’Histoire dira peut-être, un jour, qui a tiré les ficelles d’un hold up monté de façon magistrale et qui s’est transformé en un coup fatal pour la Droite: l’affaire était conçue pour tuer politiquement et elle a permis de descendre en plein vol le candidat Fillon qui semblait pourtant être celui des leaders de la Droite qui avait le plus travaillé son programme de redressement du pays.

La stratégie était imparable et digne, par son habileté, d’une manœuvre que n’aurait reniée  Bonaparte, en stratège de la grande époque : en frappant les armées de la Droite à la tête, le combat ne pouvait que conduire cette dernière à la défaite, car une Droite sans chef n’est plus qu’une armée mexicaine condamnée à la déroute.

Le vote de dimanche prochain consacrera sans doute la déconfiture de cette Droite qui, pour se relever, devra se choisir une ligne politique tirant les leçons des échecs passés, une stratégie de reconquête de son électorat, et un nouveau chef, ce qui ne sera pas l’exercice le plus facile….

Car la Droite républicaine paie ses hésitations à pratiquer une vraie politique de Droite, économe et rigoureuse dans la gestion des deniers publics quand elle est au pouvoir, tout comme le Parti Socialiste paie une politique velléitaire et libérale contraire à ses promesses et aux attentes de son électorat…..

Les notables bourgeois qui en ont pris le contrôle n’ont jamais su apporter des réponses claires aux interrogations du peuple de Droite :  sont-ils pour une France souveraine ou diluée dans l’Europe? Sont-ils pour une réforme profonde de la sphère publique? Sont-ils prêts au retour à un respect des marqueurs identitaires du pays, à une réorientation de notre politique étrangère pour vaincre le péril islamiste? Sont-ils désireux de réduire les dépenses d’État Providence afin de rendre au citoyen sa responsabilité? Estiment-ils que le monde est dangereux et que notre armée doit être forte, ou au contraire bienveillant et qu’en conséquence les frontières doivent continuer à disparaître?

Faute d’avoir su apporter des réponses convaincantes à ces questions qui, hélas, les préoccupent moins que leur sort personnel, ils auront été balayés par le souffle d’un vent venu d’ailleurs…

Tirer la leçon des échecs passés et surtout du nouvel état des lieux : l’analyse des résultats des différents scrutins conduira, sans doute, à un retour aux valeurs fondamentales d’une Droite qui n’a jamais su se dégager de l’emprise intellectuelle culpabilisante de la Gauche.

J’en veux pour preuve les sursauts d’indignation qu’ont provoqué durant les quinquennats précédents la seule évocation de l’émergence d’une « Droite décomplexée », comme si le destin de la droite était de « survivre » honteusement face à une Gauche qui s’est appropriée depuis toujours les thèmes de la Justice sociale et de la générosité.

La stratégie de reconquête du pouvoir devra prendre en compte une évolution majeure de la société française, évolution que la quinquennat de Macron ne fera qu’amplifier.

Car il existe désormais deux grands courants, à droite: celui de la Droite bourgeoise des grandes métropoles, prête à toutes les concessions et à tous les renoncements pour tenter de conserver sa place, « son rang », et ses privilèges, et celui de la Droite Populaire crispée sur ses valeurs identitaires et larguée par les effets d’une mondialisation dont personne ne maîtrise les conséquences à moyen terme, et qui ressemble à une sorte de fuite en avant sous couvert d’une course au progès dont nul ne sait quel en sera le point d’arrivée….

Quand à l’émergence d’un Chef, il faudra attendre les résultats et les conséquences des « combats de Chefs » qui ne manqueront pas d’émailler la vie politique des mois et des années qui viennent.

Dans un monde devenu instable et sans repères, la Droite Bourgeoise compte sur sa capacité d’innovation pour survivre. Elle ne voit pas qu’innover, c’est rompre avec le passé, déconstruire des valeurs traditionnelles pour inventer le monde nouveau mais c’est aussi se couper de ses racines et qu’il est devenu difficile de trouver un équilibre entre ces deux pôles qui lui avait permis jusqu’ici, de traverser le temps…

Tout cela, la « France profonde » le ressent : les résultats des élections récentes montrent que plus d’un Français sur deux s’installe dans la réserve et dans l’attente, ce qui fait peser un doute sur la légitimité du pouvoir qui s’installe.

Car la France profonde se méfie des feux de paille et des emballements, et encore plus lorsqu’ils sont « orchestrés » par de talentueux « communicants »

Le Voltairien que je suis, depuis toujours, se méfie de « Pangloss », « ce mentor de Candide, brocardé par Voltaire pour son optimisme impénitent, pour son «tout est au mieux dans le meilleur des mondes possibles» sans cesse asséné à son jeune protégé devant les pires catastrophes ».

Lucide et cramponné à ses propres « valeurs », le voltairien que je suis se méfie des Dieux, même lorsqu’ils descendent de l’Olympe….

Notre Macron est devenu en quelques mois, une vedette des médias français et occidentaux ébahis par une audace et un culot hors normes et qui se prend pour Jupiter, Dieu de l’Olympe, qui gouverne la terre et le ciel, ainsi que tous les êtres vivants s’y trouvant.

Je n’ai pas trouvé mieux pour conclure ce billet que de citer le propos de l’essayiste Jean-Claude Barreau (1) dans le Figaro ( Je cite ):

« En l’an 494 avant Jésus Christ, les citoyens pauvres de Rome s’estimant bafoués, quittèrent tous la ville et se retirèrent sur la colline de l’Aventin. Cet épisode est connu sous le nom de «Sécession de la plèbe». Les Patriciens furent obligés de faire des concessions. Ainsi furent créés les «Tribuns de la plèbe», inviolables et sacrés, chargés de défendre le peuple.

« L’histoire romaine (que l’on n’apprend plus) est riche d’enseignements mais aujourd’hui, seuls les plus âgés ont entendu parler au collège de la «Sécession de la plèbe».

« C’est bien dommage car c’est exactement ce qui vient de se passer . Le patriciat c’est-à-dire la petite moitié de Français gagnant plus de 3000 euros par mois a acclamé Macron. La plèbe, c’est-à-dire l’autre moitié gagnant en moyenne 1500 euros, la France périphérique de Christophe Guilly, délaissée par l’État, menacée dans son identité par une immigration trop nombreuse et que l’oligarchie au nom du «droit à la différence» se refuse à assimiler ( Alain Juppé a déclaré en mars dans le Figaro que «l’Assimilation était une folie»), victime désignée des «Plans Sociaux», s’est abstenue.

Abstention non encore hostile, résignée à laisser sa chance à Macron, mais qui pourrait le devenir.

C’est la première fois que l’électorat est ainsi séparé en deux, les «gagnants en Marche» «les perdants sur L’aventin».

Dans la précédente élection, le Président avait des partisans et des opposants à la fois dans le patriciat et dans la plèbe. Pour la première fois le partage électoral est complètement un partage de classe lourd de menaces. »( Fin de citation).

(1).- Jean-Claude Barreau, né en 1933 à Paris, est un essayiste français. Ancien conseiller sur l’immigration de François Mitterrand puis de Charles Pasqua et de Jean-Louis Debré.

 

 

Le rire de la « France d’en haut »


Je reblog, car je partage le point de vue de Maxime Tandonnet, plein de bon sens et de lucidité …..

Maxime Tandonnet - Mon blog personnel

La France d’en haut, parisianiste, privilégiée, supposée « instruite », celle des bons quartiers urbains qui monopolise la parole officielle, sur les plateaux de télévision et à la radio, jubile et s’amuse en ce moment. Elle vit une période d’allégresse et d’euphorie. L’heure est à « l’optimisme », un mot à la mode. Et dans cette France dite d’en haut, tout esprit de dissidence, toute ombre porté en grand soleil de la joie collective est désormais suspect, vaut au récalcitrant d’obscures messes basses et de mauvais regards en coin.  Il est beaucoup question de la majorité absolue que la France d’en haut s’apprête à remporter à l’Assemblée. La majorité absolue, pour avoir la majorité absolue. Voilà, c’est à peu près tout. Et pour quoi faire? Quelle importance. Le troupeau, par définition, se laisse guider. D’ailleurs quelle majorité absolue? D’après les sondages, lrem serait à 30%. Avec une misérable participation de 60%, cela donne environ 20% du corps électoral. Majorité absolue à l’Assemblée, correspondant à l’adhésion de 20%…

Voir l’article original 175 mots de plus

Marx, Brecht…et les « identitaires » !!!


Amazonie

Les temps sont durs pour les peuples qui ne veulent pas mourir…

Je regardais l’autre soir, à une heure tardive de la nuit, une émission sur les ravages que « la civilisation » peut provoquer dans les coins les plus reculés de l’Amazonie brésilienne.

La construction de routes permettant d’accéder à des richesses minières enfouies sous le sol fertile de la forêt amazonienne, entraine la destruction d’une partie de cette forêt, « en même temps » qu’elle permet la pénétration dans ces parties sauvages de la planète, du « progrès et de la civilisation »….

Du moins, c’est ce qui ressortait du commentaire qui accompagnait des images magnifiques d’une nature demeurée intacte depuis la naissance du monde,…ou presque.

Jusqu’au moment où le commentateur aborde « le sujet qui fâche »: celui du destin tragique de population demeurées, elles aussi, à l’état sauvage et qui, se sentant agressées par ceux qui, sous pretexte de leur vouloir du bien, sont acculées à la révolte et à un combat meurtrier, mais sans espoir…..

Ce documentaire m’a laissé perplexe, jusqu’à perturber mon sommeil : car j’avais du mal à chasser de ma mémoire, les images de ces populations vivant pacifiquement, nues, et en parfaite harmonie avec la nature qui les entoure, sachant en recueillir les fruits tout en la respectant.

Des populations qui ont su élaborer, seules, loin de toute influence, des techniques de survie, inventer un art primitif, certes, mais plein de couleurs….

Des populations qui tentaient, armées de lances dérisoires et de leurs arcs à flêches, de dissuader les ouvriers des chantiers de poursuivre, à coups de bulldosers, la destruction d’un territoire dont ils se considèrent comme les légitimes propriétaires puisqu’ils y ont planté leurs racines….

Comment alors ne pas s’interroger sur ce que l’on nous a appris autrefois, quand j’étais lycéen, sur les « bienfaits du progrès sur la civilisation » qui fut à la base de l’idéologie coloniale « à la française », celle que prônaient alors de grands noms du socialisme, au nom de la « mission civilisatrice de la France » ???

De quoi nourrir de longues insomnies….

Que faire lorsque les peuples refusent ce que l’on veut leur faire accepter comme un progrès, alors que cela vient détruire les fondements de leur existence ???

Le débat qui suivait ce documentaire, opposait un sociologue « expert » en connaissance des sociétés dites « primitives » et un journaliste empêtré dans un discours « politiquement correct » et vaguement « marxisant ».

Le débat aurait pu s’élever en abordant philosophiquement l’inépuisable sujet de controverse entre « conservateurs » et « progressistes »….

Il s’est cantonné dans la défense par le sociologue, de la légitimité du combat mené par ces peuplades sympathiques, pour tenter de sauver leur identité, et leur culture, contre l’agression de ceux qui veulent leur imposer les contraintes du « progrès » et de la « civilisation ».

Et l’on a vu surgir soudain, comme s’il avait envahi tous les domaines de la pensée contemporaine, le redoutable « relativisme » !!! Car bien évidemment il est de bon ton dans un débat, de proclamer, – mais sans en tirer les conséquences -, que « toutes les cultures se valent » et que « toutes les civilisations sont égales », et « mort à ceux qui pensent que la leur est supérieure à celle des autres » !!!

Il me semblait soudain entendre Jack Lang, ministre de la culture de François Mitterrand, proclamant que désormais, tout est culture, tout est art, de la cuisine à la haute couture……

En face de ces arguments éculés, notre journaliste brandit alors l’arme absolue des « progressistes »: les peuples n’ont qu’à s’adapter au « progès », et ceux qui le refusent, – les ringards – n’ont qu’à disparaître !!!!

A cette heure avancée de la nuit me revenait alors en mémoire l’apostrophe célèbre de Berthold Brecht : « puisque le peuple refuse de suivre ceux qui le gouvernent, il suffit de dissoudre le peuple »….

Comment échapper à l’énervement dû au désordre des idées et à l’insomnie après un tel débat ???

Pour m’endormir enfin, j’ai dû faire appel à mon subconscient qui, sournoisement me suggérait qu’il ne reste plus qu’à dissoudre « les identitaires » !!!

A moins que ceux ci ne redécouvrent en la mettant au goût du jour, et pour une nuit, l’apostrophe célèbre de Marx: « identitaires de tous les pays, unissez-vous » !!!

Refusez de disparaître !!!

De quoi nourrir un vrai cauchemar.