Défense et éloge du Conservatisme.


Conservateur

Un vent mauvais semble s’être levé, dont la bourrasque vient de secouer la vie politique française, et aurait selon certains, emporté de son souffle puissant les dépouilles de ce qui restait des Partis politiques traditionnels, empêtrés dans leurs incohérences, et réduits à l’impuissance par des combats de petits chefs et des trahisons sans panache….

La campagne désastreuse de Fillon, dont le programme aux accents « conservateurs » promettait « du sang et des larmes »aux Français, dans un effort rigoureux de redressement du pays s’est terminée par un cuisant échec personnel, entraînant dans sa déroute la Droite politique, traversée par d’éternels doutes sur elle même, et déchirée entre ses « tendances molles » attirées vers le Centre, et ce que, abusivement, l’on désigne sous le vocable accusateur de « Droite dure »aux motifs qu’elle refuserait de renoncer à ses valeurs qui en valent bien d’autres….

L’Extrême Centre qui a surgi sous l’impulsion de Macron, – cet « Objet Politique Non Identifié »- , tente d’imposer – laborieusement – une conception « sociale libérale » de la société que l’on serait tenté de caricaturer sous l’ironie d’une définition que j’emprunte à un humoriste : celle du « renard libre dans un poulailler libre, où les poules s’accouplent avec des canards pendant que les coqs copulent entre eux sous le regard « bienveillant » de la fermière »….

Il est clair que « l’accident Fillon » a fait dévier le cours de l’Histoire, car après le quinquennat catastrophique de Hollande, le jeu normal des Institutions et de l’alternance faisait de cette échéance électorale qu’est l’élection présidentielle, une promesse de bataille imperdable pour la Droite.

Mais ce qui semblait inévitable la veille peut nous sembler inconcevable le lendemain. Ce n’est qu’après coup que l’on peut décrire le fil des événements à la manière d’un enchaînement logique où les acteurs d’hier n’étaient que les marionnettes d’un grand récit écrit d’avance. Car l’irruption jupitérienne de Macron, les Historiens le montreront un jour, était vraisemblablement préparée et organisée en sous-main avec la complicité de la classe médiatique : elle ne doit rien à la « génération spontanée »….

Est-ce à dire que sur le fond des choses la crise française vient de se dissiper  miraculeusement ???

Ce serait ignorer que la France est travaillée depuis plusieurs années par des courants de fond que nourrit la peur de la dissolution de la Patrie, et plus largement, celle de voir une certaine acception de notre civilisation se dissoudre.

Pour moi, il est clair que les questions « identitaires » ne tarderont pas à ressurgir, n’en déplaise à ceux qui tentent de « ringardiser » ceux qui les posent . Elles ressurgissent partout, en Europe, et nous n’en sommes qu’au début !!!

La fièvre catalane, en Espagne, nous en fournit un exemple inquiétant : le peuple catalan qui possède une identité forte, une Histoire, une culture, un style de vie, et selon lui, une langue se soulève contre l’Espagne castillane qui voudrait l’ignorer, et veut exister par lui-même….

Le rejet d’un Islam conquérant, voire arrogant, et les peurs suscitées par une absence de politique d’immigration faisant craindre le danger d’un envahissement, se répand en Europe.

Islam

Sondage Fondapol paru dans le Figaro.

Le « conservatisme » est donc appelé à s’inscrire durablement dans la démocratie contemporaine en Europe. A toutes les époques de notre Histoire il resurgit lorsque les fondements de la société sont fragilisés, et lorsque les nations doutent d’elles-mêmes et du destin qu’on leur promet sans qu’elles l’aient réellement choisi.

Je dirai même que dans ces circonstances les questions qu’il soulève redeviennent existentielles.

Qui sommes-nous? D’où venons nous ? Qu’avons-nous en commun? Que nous apportent ceux qui nous contestent et veulent nous imposer leur mode de vie ??? Ces questions essentielles, réveillées à la fois par une mondialisation conçue par « les marchands »  dont beaucoup considèrent qu’elle échappe à tout contrôle, par un terrorisme islamiste qui n’est pas prêt à renoncer à son projet de mettre à bas notre société, par une immigration massive qui échappe, elle aussi, à tout contrôle à un moment où l’Afrique connaît une croissance démographique sans précédent…

Notre société est menacée, en outre, par la crise de la transmission des valeurs qui la fondent et qui se sont forgées au fil des siècles d’une Histoire mouvementée, et ébranlées par un individualisme qui se radicalise tout en donnant libre cours à toutes sortes de  fantasmes qui vont de l’auto-engendrement  au transhumanisme en passant par le LGBTisme….

Michel Onfray, dans un interview au Figaro consacré à Michel Houellebecq a fort bien caractérisé les pathologies de notre époque, subtilement décrites par Houellebecq dans son dernier roman, « Soumission »? Je le cite :  » En tant que sismographe, il enregistre toutes les secousses en rapport avec la tectonique des plaques civilisationnelles: il a diagnostiqué l’effondrement spirituels des générations produites par des parents soixante-huitards, l’écœurement d’une sexualité indexée sur la seule performance, la marchandisation des corps et des âmes, des carrières et des pensées, la contamination de l’art contemporain par le snobisme et le marché, la tyrannie de l’argent en régime libéral, la fin de la France depuis l’abandon de sa souveraineté lors du Traité de Maastricht. » Fin de citation.

Quoi qu’on en dise, les inquiétudes que suscitent les menaces qui pèsent sur nos sociétés ne relèvent pas du délire réactionnaire de quelques intellectuels qui auraient convaincu les Français qu’ils étaient malheureux : elles sont perçues par les peuples eux-mêmes qui, peu à peu, perdent confiance en leurs « zélites » dont ils accusent l’autisme et le repli sur elles-mêmes….

Le vote des peuples est là pour en témoigner: il s’exprime clairement, en France par un record d’abstentions et par le refus d’apporter son vote à des « zélites » suspectées de trahir la volonté populaire, et par une ascension spectaculaire des Partis extrémistes.

J’ajouterai que le Conservatisme appartient à un courant important de la pensée française : il témoigne d’un scepticisme résolu devant la démesure d’une prétendue modernité qui « perd les pédales »  et méprise le besoin fondamental d’ancrage et d’enracinement.

Ce n’est pas la première fois que la France, dans son Histoire, est confrontée à cette problématique, et au cours des siècles passés, « la querelle des anciens et des modernes » n’a jamais été réellement, et durablement tranchée au profit des « modernes ».

Un courant important de la pensée française critique aujourd’hui, ouvertement, l’hégémonie progressiste et conteste le modèle qu’elle voudrait imposer dans la vie publique. Le politiquement correct reste très puissant,  mais de plus en plus nombreux sont ceux qui ne tolèrent plus son emprise et ont le courage  de l’affronter. Et nombreux sont ceux dans les jeunes générations qui, malgré une propagande qui commence sur les bancs de l’école, lourdement soutenue par des médias complices, manifestent un désir de retour à des valeurs traditionnelles.

Qu’on se le dise, avec l’accession de Macron au pouvoir, les Français ne viennent pas de se convertir d’un coup à la mondialisation heureuse, au multiculturalisme, au métissage et à la confusion des cultures, ni à un communautarisme militant: ils n’ont pas basculé d’un seul coup dans une société se rêvant hors-sol. Et ils éprouvent toujours la même défiance à l’égard des Institutions européennes qui jusqu’ici, se sont révélées incapables de répondre aux aspirations réelles des peuples.

Il arrive qu’un système politique, pour différentes raisons, déforme en profondeur les préférences collectives d’un pays et ne parvienne plus à traduire ses aspirations profondes. Cela provoque un sentiment d’aliénation démocratique.

C’est le sentiment qu’éprouve « la France périphérique » qui se sent de plus en plus abandonnée et trahie par le « parisianisme » d’une pensée prétendument progressiste et ignorante des réalités de la France profonde.

Nous ne sommes pas encore parvenus au terme de l’Histoire du conservatisme en France et en Europe….