Avant de disparaître moi-même, je peux dire que j’aurai vu la fin d’ un monde……..
Le monde est en train de vivre, dans la confusion et le vacarme des voix de ceux qui croyaient en avoir terminé avec « l’Histoire », des bouleversements géopolitiques qui ressemblent à la tectonique des plaques terrestres dont nul ne peut prévoir les caprices, tant leur ampleur dépasse nos capacités de perception .
Il peut en résulter les pires désastres pour une humanité qui, du moins en Occident, a perdu toute notion de transcendance, a rejeté toute soumission à une foi religieuse et à une explication divine de phénomènes qui échappent à son analyse, et ne possède même plus les repères idéologiques du Marxisme dévoyé, et d’un « Libéralisme »fou qui au siècle dernier servaient de substitut aux religions….
Mais il peut aussi en résulter un grand bien, dans la mesure où ce monde multipolaire dont on nous rabattait les oreilles, trouverait son équilibre, car, comme l’explique fort bien Von Clausewitz, la paix n’est jamais que le résultat d’un équilibre des forces entre des États, qui sont aujourd’hui des Etats-continents….
Nous sommes en train d’assister, sans pouvoir en mesurer toutes les conséquences, à la fin d’une période : celle du « nouvel ordre mondial » qui régnait, depuis « la chute du mur de Berlin » et la désintégration du « Bloc soviétique »,
- La puissance d’innovation technologique de la Silicon Valley, qui donnait le ton en matière d’innovation dans le monde et montrait la voie en vue de l’émergence d’un nouveau « modèle de société » ,
- La toute puissance d’une « bobocratie américaine » incarnée par les Clinton, d’abord, puis par Obama, la fascination d’une société « multi-tout ce qu’on voudra », niant aux peuples d’occident le droit de défendre leur identité, née dans des Universités américaines d’où partaient les courants de pensée qui ont imposé en Occident le « discours prétendûment correct » sur lequel l’Amérique de Washington s’appuyait pour imposer à la terre entière sa conception du Bien et du Mal,
- Le pouvoir de la Bourse de New York et des systèmes bancaires maintenus en état de survie artificielle par les Banques centrales, celui des lobbies de l’énergie,
- celui de la technocratie qui s’est emparée du pouvoir en Europe, avec tous ses relais dans la caste médiatique et dans celui du « show business »,
Tout ce « beau monde » se sent soudain ébranlé dans ses certitudes.
L’énergie déployée par ceux qui semblaient avoir les pouvoirs en mains, afin que cela ne se produise pas est à la mesure du désarroi et du dépit de ceux qui n’avaient pas senti l’usure et le discrédit d’un système à bout de souffle.
Il est déjà clair, avec le peu de recul dont nous disposons, que l’élection de Trump aux États-Unis, – que les médias occidentaux, domestiqués, ne pouvaient prévoir tant ils étaient enfermés dans leurs certitudes -, est perçue comme un véritable séisme dont les effets ne se limiteront pas au seul Continent américain !!!
Le discours de haine bien élevée et « politiquement correcte » qui transparaissait dans des analyses politiquement aseptisées, dont l’objectivité était suspecte, véhiculé par un vocabulaire fleuri d’adjectifs choisis, où les termes de«nauséabond», de «rance», de «populiste», ce discours a trouvé ses limites .
Toute cette accumulation de mépris déguisé sous des propos hypocritement «corrects», balayant d’un revers de main les objections, les critiques, les doutes des « sans-dents », en France, ou aux Etats-Unis, sur les liaisons dangereuses des Clinton avec les milieux financiers, le Qatar, les faucons Démocrates…, n’a fait que renforcer l’envie des «sans-grade» et des floués de « se payer » le « Système ».
Comme pour le Brexit, le chantage sur le thème «le statu quo ou le chaos» a perdu de son efficacité. La détresse des classes moyennes paupérisées leur fait désormais choisir le saut dans l’inconnu, surtout si cela peut leur permettre d’admirer les mines déconfites de ceux qu’ils considèraient comme les petits marquis d’une nouvelle société à bout de souffle.
Vous détestez Trump, sa vulgarité, son racisme, son sexisme…eh bien, vous aurez tout cela.
D’ores et déjà, alors même qu’il n’est pas encore entré en fonctions, Trump annonce la couleur :
Les dirigeants européens viennent de recevoir un premier avertissement À cinq jours de sa prise de fonctions vendredi, le président élu des États-Unis a multiplié les déclarations corrosives, en particulier sur l’Europe et l’Otan, qualifiée d’« obsolète », dans un entretien accordé dimanche aux quotidiens britannique The Times et allemand Bild.
« Le milliardaire républicain » selon le sobriquet dont nos médias l’ont baptisé, estime que le Royaume-Uni a eu « bien raison » de quitter une Union européenne selon lui dominée par l’Allemagne !!!
Il prédit que le Brexit serait un « succès » et que d’autres pays quitteront l’Union européenne. Il juge que la chancelière allemande Angela Merkel a commis « une erreur catastrophique » en ouvrant son pays aux migrants en 2015, et il établit un lien entre cette politique controversée et l’attentat du 19 décembre à Berlin (12 morts) !!!
Blasphème !!! Les voix s’étranglent pour dénoncer de telle « incorrections » ….
On peut, en effet, difficilement faire plus dans le « politiquement incorrect » !!!
Et ce n’est qu’un début ….
Imaginez que Trump et Poutine trouvent un terrain d’entente, pardessus les gesticulations de ceux qui n’ont pas encore compris que la Russie veut seulement qu’on lui fasse la place que, selon elle, elle mérite en raison de son Histoire et de son potentiel de nuisance, et que l’OTAN, qui en cas d’entente entre les USA et la Russie, n’aurait plus de raison d’être, nonobstant les efforts que le complexe militaro-industriel américain proche du camp démocrate déploie pour tenter d’entretenir une nouvelle guerre froide !!!
Alors, c’est tout un monde qui s’écroule, et la fin du roman-photo imaginé par ceux qui se sont fait les chantres d’un monde « sans frontières », où tous les peuples sont égaux et toutes les civilisations se valent, un monde métissé où « tout le monde il est beau et il est gentil », comme si le Brésil – dont on sait les redoutables problèmes qu’il affronte, était devenu un modèle idéal.
Quoi que l’on pense du personnage de Trump, il faudra bien lui reconnaître le mérite d’avoir donné un coup de pied dans la termitière…
Les plus naïfs ont rêvé d’une Amérique « politiquement correcte » où Obama succèderait à Bill Clinton, et où Hillary succèderait à Obama, et préparerait sa succession en mettant sur orbite Michèle Obama dont personne ne conteste le charme et l’intelligence…. Et le couple Obama danse si bien, n’est-ce pas !!!
Mais est-ce ainsi que le monde doit être gouverné ????
Or, de tout cela, il peut aussi résulter un grand bien !!!
l’Europe qui ne parlait jusqu’ici au monde que par la voix inaudible d’une classe politique constituée d’un ramassis de d’apparatchiks velléitaires, d’idéalistes faibles et pleurnichards pourrait être sommée de se réveiller et de prendre enfin son destin en mains….. Elle pourrait être contrainte de cesser de brandir « ses valeurs » et de prendre en main la défense de ses « intérêts »…
Les réactions effarouchées et puériles face à la «menace Trump» pour l’Europe ne sont que le reflet de notre propre impuissance, … et de notre addiction à la protection du « parapluie américain »….
Au lieu de pousser des cris d’orfraie, il vaudrait mieux que Bruxelles sonne enfin le clairon, en vue d’un réarmement moral d’une Europe des peuples, trahie jusqu’ici, par ses propres dirigeants…Et que les Européens fassent face avec la force de leurs certitudes, de leurs réserves d’intelligence et de courage, aux défis de ce siècle qui commence si mal pour eux, et qui sera sans pitié pour les peuples décadents.
Quand elle aura retrouvé la confiance des peuples, et donc la confiance en elle-même, l’Europe pourra enfin parler à Trump.