
« L’ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit. » (Aristote).
Les premiers 100 jours du mandat de François Hollande ont plongé la France dans la perplexité. Les Français se demandent de plus en plus s’il est « normal » qu’un Président fraîchement élu, affiche une telle décontraction et un tel détachement face à à l’accumulation de dangers et de difficultés qui se dressent sur son parcours présidentiel.
Sur sa Gauche, Hollande subit les premières foucades du « Chevalier Braillard »qu’est Mélenchon, qui estime que le président «a désamorcé le contenu insurrectionnel du vote de la présidentielle» et qu’«il l’a dilué dans les sables des plages varoises», où il a passé ses vacances.
Car « les vacances de Mr Hollande » ne rencontrent pas dans l’opinion,- à droite comme à gauche -, le même écho sympathique que « les vacances de Monsieur Hulot ». Certes le chef de l’État a le droit de se reposer, mais moins que les autres. Comme le souligne Hervé Gattegno dans « Le Point », dans aucune entreprise un salarié « normal » qui arrive en mai n’a droit à trois semaines de congé en août.

D’autant que la crise, les tensions autour de l’euro, les massacres en Syrie, les violences dans les cités, les expulsions de Roms…, ce sont des réalités qui n’ont pas pris de vacances .
D’autant que les premiers 100 jours du mandat de François Hollande semblent n’avoir été consacrés qu’à un seul objectif, prendre le contre-pied de tout ce que Sarkozy a été ou a fait au cours de son quinquennat. Car déconstruire la politique de Nicolas Sarkozy, ça ne suffit pas pour donner aux Français le sentiment que l’on a réellement une politique de rechange.
Il n’est donc pas surprenant que, dans ces conditions le doute s’installe en France.
Car la production industrielle a stagné en juin et la croissance a été nulle au 2 ème trimetre. La France évite, certes, de justesse de glisser vers la récession. Mais le gouvernement donne l’impression de naviguer à vue.
C’est ce qui se dégage des principales mesures prises par François Hollande pendant les cent premiers jours de son quinquennat.
La « méthode » de gouvernement qui consiste à multiplier les nominations de Commissions, une pour chaque problème qui se présente à lui, représente en effet un vrai risque en terme de crédibilité pour ce « Grand Président », car, en multipliant ces instances consultatives, le président socialiste nourrit la suspicion sur le « style Hollande », jugé trop timoré, trop consensuel.
« Commission sur le livre blanc », « commission sur la moralisation de la vie publique », « concertation sur l’éducation », « conférence environnementale » etc, etc…… Au total, une dizaine de commissions ont été annoncées depuis le début du quinquennat de François Hollande.
La multiplication de ces instances consultatives ne sont pas très bien vues par l’opinion publique, qui a tendance à faire sienne la formule de Georges Clémenceau: « Si vous voulez enterrer un problème, créez une commission. »
En matière de politique étrangère, également, le doute s’installe.
Car la France souffre toujours de déficits structurels anormalement élevés. Ils résultent selon Philippe Aghion et Jacques de Larosière, « d’inefficacités dans le fonctionnement de l’état : multiplication excessive des échelons administratifs, empilement de subventions opaques, assurance maladie trop coûteuse et en déficit permanent, système de retraite toujours déséquilibré, fiscalité compliquée et inopérante ».
Le constat n’est pas très original mais ce qui l’est plus, c’est que Philippe Aghion, professeur d’économie à Harvard, fait partie des économistes qui ont soutenu François Hollande dans le manifeste publié par « Le Monde » du 18/04/2011 !!!
Car la France fait partie des pays qui feront l’objet, dès la « rentrée » d’un examen attentif par les autorités, mais aussi par les marchés et les investisseurs, qui sont à l’affut de dérapages qui font le miel des spéculateurs.
Or, en Europe, la crise financière se transforme peu à peu, en crise économique.
Selon l’Institut Européen pour les Libertés, un « think-thank » très écouté, le plan A ne fonctionne pas, à l’évidence, dans la mesure où la situation de l’Espagne pollue celle de l’Italie qui pollue celle de toute l’Europe.
« Il faut donc réfléchir à un plan B organisant la sortie des états qui ne peuvent se plier à la nécessaire discipline de la monnaie commune. C’est semble-t-il un sujet sur lequel a beaucoup réfléchi Angela Merkel pendant l’été.
« D’ailleurs, l’idée selon laquelle la solution de la crise actuelle se trouverait dans une Europe Fédérale commence à être remise en question. Mathieu Laine, auteur du « Dictionnaire du libéralisme », pense que ce n’est pas un manque de centralisation et de régulation qui a créé la crise, mais d’un excès. Les économies européennes sont pour la plupart malades d’un dirigisme débordant qui a découragé l’entrepreneuriat, sclérosé le marché du travail, érodé leur compétitivité et fait exploser leurs dépenses et dettes publiques. »(Source http://institutdeslibertes.org/2012/08/20/lallemagne-a-prepare-un-plan-b-pour-leurope/ )
Comme chacun peut désormais s’en rendre compte, les perspectives sont inquiétantes, et jamais, le doute n’a été aussi élevé, quand à la capacité de nos dirigeants actuels, de faire face à une crise qui, loin de s’apaiser, comme le calme plat illusoire de l’été pourrait le laisser penser, menace de prendre une ampleur sans précédent.
Additif de dernière heure à ce billet.
Selon l’hebdomadaire « Le Point »:
Les cotes de confiance de François Hollande et de Jean-Marc Ayrault ont accusé un recul sensible en août, selon l’observatoire politique CSA-Les Échos diffusé jeudi, qui fait apparaître aussi qu’une grande majorité de l’opinion estime que le gouvernement n’agit pas assez face à la crise et au chômage. La cote du chef de l’État a reculé de cinq points pour passer sous la barre symbolique de 50 % (à 49 %). Celle de son Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a diminué parallèlement de quatre points, à 49 %.
Selon l’institut CSA, cette baisse de confiance dans le couple exécutif concerne surtout les jeunes de 18 à 24 ans et les personnes âgées de 65 ans et plus. Par ailleurs, sa cote diminue de six points auprès des sympathisants du Parti socialiste (84 % pour François Hollande et 80 % pour Jean-Marc Ayrault).
Soixante-douze pour cent des personnes interrogées ont le sentiment que le gouvernement n’est pas suffisamment actif face à la crise économique et au chômage. Même au sein du Parti socialiste, ce jugement est majoritairement partagé (49 % contre 47 % exprimant un avis opposé). L’ex-Premier ministre UMP François Fillon reste la personnalité politique préférée des Français, avec 55 % d’images positives (- 1), devant un autre ancien Premier ministre de droite Alain Juppé (53 %, + 1) et l’actuel ministre de l’Intérieur socialiste Manuel Valls (49 %, – 1). Parmi les sympathisants de droite, François Fillon recule de 4 points (87 %) et devance toujours l’ancien président Nicolas Sarkozy (80 %, – 7). Le secrétaire général de l’UMP Jean-François Copé, qui s’apprête à annoncer sa candidature à la présidence du parti déjà convoitée par François Fillon, perd d’un mois sur l’autre 18 points à 56 %. Ce sondage a été réalisé par téléphone les 21 et 22 août auprès d’un échantillon national représentatif de 998 personnes âgées de 18 ans et plus.
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