Les « lendemains qui chantent »…


La France a voté.

En républicains convaincus et en démocrates sincères, nous devons accepter les résultats de ce vote. Même si la légitimité dont la nouvelle majorité se pare est assez contestable si on se réfère au taux d’abstention, le plus élevé de l’Histoire de la Vème République….une abstention qui signe un ras-le-bol de la politique après une véritable indigestion idéologique.

Les « politologues » tireront de ce scrutin de nombreux enseignements.

Le Parti Socialiste se voit confier, en toute puissance, les clés du destin de ce pays, qui, enfumé depuis des lustres par les discours lénifiants, s’est résigné, en traînant les pieds, à une alternance qu’une génération entière de politiciens professionnels de Gauche a attendu si longtemps, au point de deséspérer de pouvoir franchir, un jour, les marches des Palais de la République.

Ces mêmes Socialistes qui se sont vu conférer tous les pouvoirs institutionnels de la République, à telle enseigne que l’on peut se demander si nous ne sommes pas passés, en douceur, d’une « hyper-Présidence » de Droite, à une nouvelle « oligarchie » d’aparatchiks et d’idéologues, qui jusqu’ici, n’avaient pas donné beaucoup de preuves de lucidité et de compétence, face à une situation de crise économique comme le monde, et surtout l’Europe, n’en avaient jamais connu depuis la grande crise de 1929.

Car un coup d’oeil sur la composition de la nouvelle majorité suffit pour constater qu’elle comporte plus d’enseignants, de fonctionnaires, de « gestionnaires » d’associations vivant au crochet du contribuable, que de chefs d’entreprises, et de dirigeants de « start-up »…..

Cependant, les socialistes, qui détiennent une majorité absolue au Parlement, n’auront besoin de personne, ni du Front de gauche ni des Verts et encore moins des voix centristes rayés ( provisoirement ???) du paysage politique, pour faire passer leurs lois.

 Le PS et ses alliés détiennent 314 des 577 sièges de l’Assemblée nationale. C’est la première fois dans l’histoire de la Ve République qu’un parti obtient la majorité dans les deux chambres et au niveau local.

Mais cela ne veut pas dire que la gauche peut faire ce qu’elle veut car France est sous surveillance. Pas seulement sous la surveillance de « la Droite », désormais condamnée, à son tour, aux dénonciations verbales, mais sous la surveillance des » marchés », ces « marchés » que Hollande déteste tant. 

Et la surveillance des « marchés » est redoutable.

Car lorsqu’on est habitué à « vivre à crédit », lorsqu’on doit des sommes colossales à ses créanciers, ceux-ci peuvent, du jour au lendemain, sinon nous « couper les vivres » en fermant le robinet de leur crédit, du moins assortir de conditions sévères, l’octroi des moyens financiers indispensables pour payer nos fonctionnaires, nos dépenses sociales, nos retraites, et le train de vie d’un Etat trop dépensier, qui risque d’en perdre sa souveraineté.

Jean-Marc Ayrault et le Président sont donc désormais seuls maîtres à bord. Mais à bord d’un navire qui « prend l’eau »….

C’est, toutefois, un avantage majeur pour François Hollande et pour son gouvernement. Il dispose d’une configuration rêvée pour temps de crise : une unité de vue au sommet de l’Etat qui se prolonge par une identité de vue au Parlement. De quoi limiter les interminables négociations avec des partenaires indociles. Pas de risque de mutinerie, à bord…..

 La France fait à cet égard figure d’exception en Europe. Mais cette anormalité due aux effets impitoyables du scrutin majoritaire à deux tours oblige à d’infinies précautions.

Car c’est un fait que la démocratie représentative est en crise, et que le record d’abstention constaté au premier tour des élections législatives (près de 45%) a pour effet d’entretenir une forte rancœur chez tous ceux qui s’estiment mal représentés.

 Or, le plus grand risque que courent François Hollande, Jean-Marc Ayrault et son gouvernement est de devoir assumer seuls la cure de remise en ordre des finances publiques qui se profile dès le lendemain du scrutin et qui ne plus être différée, sauf à ce que la France endosse la lourde responsabilité de faire exploser la zone euro.

En outre, si l’Extrême-Gauche et les Verts disposeront à l’Assemblée Nationale, d’une dizaine de députés chacun, l’Extrême-Droite, qui a obtenu un nombre de voix infiniment plus significatif, ne disposera que de deux représentants.

Ainsi, donc, sous cette nouvelle législature, se poursuivra l’ostracisme dont souffre un électorat qui représente entre 15 et 20% des électeurs, soit environ un Français sur six. Un électorat en pleine croissance, constitué en majorité de jeunes et de représentants des classes « populaires », et qui continuera à se sentir méprisé et stigmatisé pour ses opinions.

Les Socialistes se sont, à plusieurs reprises offusqués, pendant la campagne électorale, des comparaisons qui ont pu être faites entre le Front National et la Front de Gauche. Faisant mine de considérer que le Front de Gauche était constitué de « vrais républicains », sous-entendant que le Front National était un parti « anti-républicain ».

Argument entâché d’hypocrisie, quand on sait que le Front de gauche c’est une cuillerée de Communistes dans un bouillon de Trotskystes, de Léninistes, de Maoistes, avec un zeste de Ligue Communiste révolutionnaire le tout soutenu et encadré par les « gros bras » du syndicalisme « à la Française », qui comme on le sait sont tous des »républicains » authentiques, et de vrais défenseurs de la démocratie….

Car, en vérité, a-t-on vu une seule fois dans l’Histoire récente, l’Extrême-Droite descendre dans la rue et « défendre ses idées »dans des manifestations nationales et musclées ??? Alors que le peuple du Front de Gauche n’hésite pas à provoquer et à affronter le pouvoir en place, chaque fois qu’il se sent menacé dans ses intérêts….

C’est bien là la menace que laisse planer Mélanchon au cas où il serait mal récompensé par Hollande, en échange de son soutien.

 Comment Hollande utilisera-t-il ses marges de manoeuvre ??? En appliquant le programme du candidat ou en faisant faire volte-face au vaisseau gouvernemental? Matraquer fiscalement les Français ou accepter d’amender son programme avec réalisme au risque de mécontenter ses alliés et d’en payer la facture, dans deux ans, lors des élections municipales ?

Nos « partenaires » européens lui lancent déjà de lourds avertissements: les Français qui se sentiront trop lourdement imposés recevront un accueil chaleureux en Grande Bretagne…et ailleurs. Car l’Europe, c’est aussi « la liberté de circulation des personnes, des biens, et des capitaux »…..

La réduction des dépenses publiques s’imposera donc à Hollande, en commençant par celles des Collectivités locales et régionales où les Socialistes règnent en maîtres, et qui se sont distinguées, au cours des années écoulées, par un luxe de dépenses somptuaires, de recrutements clientèlistes, et financés par des emprunts toxiques…..

L’éloignement du pouvoir a longtemps empêché la Gauche de prendre la mesure des tristes réalités aux quelles le pays est confronté. Promettre des « lendemains qui chantent », c’est bien quand on est dans l’opposition….

Au fond nous avons désormais un Président normal, confronté à de difficultés normales, non seulement dans son couple, mais dans la conduite des affaires de la Nation.

En espérant, pour lui, que quelques « touites » inconséquents ne viennent pas lui compliquer la tâche, il va pouvoir nous administrer la preuve que le Socialisme, c’est une affaire qui marche…..