Il ne s’agit pas d’un « Printemps Arabe », rassurez-vous.
J’ai seulement voulu « fêter » mon 400.000 ème lecteur sur ce blog, en m’accordant le plaisir d’une ballade avec un copain, à pied, dans l’arrière-pays, en ce début de mois de février.
C’est le moment où, au bord de la Méditerranée, le Printemps se décide, plus tôt qu’ailleurs, à montrer le bout de son nez.
C’est un des moments de l’année que je préfère: alors que dans toute la France, et au-delà, dans toute l’Europe, le froid abat son lourd manteau de blancheur glacée, la nature, ici, se réveille, et présente un visage renouvelé, rajeuni, aux couleurs tendres, celles des jeunes bourgeons qui, pointent timidement à la cime des amandiers.
Là-haut, dans la montagne, la nature a un léger retard sur celle du littoral.
En bord de mer les amandiers sont déjà fleuris, et les bougainvillées, dont les couleurs vont d’un rose timide au rouge le plus éclatant, ont repris leur place dans le décor du paysage, de même que les hibiscus au couleurs de thé.
Là-haut, les amandiers n’en sont qu’à leurs premiers bourgeons, mais on devine déjà, quels seront ceux dont les fleurs seront blanches, et ceux dont les fleurs seront roses.
La rosée du matin fait miroiter les feuilles des oliviers qui s’étendent sur les flancs de la montagne et lui donnent cette couleur d’un vert sombre si particulière au paysage méditerranéen.
Mais mon régal, c’est, lorsque, au bout de l’effort, à l’approche des sommets, je profite d’un temps d’arrêt pour reprendre souffle, et respirer profondément.
A cet instant, j’ai une pensée pour Camus et pour les joies simples qu’il célèbre dans « Noces »: mes poumons se gorgent de cet air frais qui vient des cimes, et qui transporte le parfum discret composé d’un mélange d’odeurs sauvages de thym, de romarin, de lavande, recouvert, par instants des effluves d’absinthes nouvelles qui se fraient un chemin parmi les ronces encore sèches, celles qui portent encore quelques fruits mûrs, rescapés de l’été dernier….
Jouissons un instant du bonheur de vivre et d’avoir encore accès à des joies simples. Celles que nous offre la beauté naturelle de ces lieux, dès lors que l’on consent à lui sacrifier un peu d’effort physique.
Au loin, la mer bleue scintille. Juste pour montrer qu’elle est là. Lointaine mais accessible.
J’adore la Méditerranée comme d’autres adorent des Dieux païens. C’est là que se trouvent mes racines profondes. C’est de là que viennent tous mes ancêtres.
Mais j’ai une faiblesse particulière pour cet « arrière-pays »valencien, cette campagne à la fois sauvage et domestiquée par le travail des générations passées, qui ont façonné ce paysage et construit ces kilomètres de murs de pierre destinés à retenir la terre, si rare et si pauvre, sur laquelle ne pousse qu’une végétation d’ arbustes rustiques, et vouée aux « cultures sèches ».
J’ai aussi une pensée émue pour ma grand mère paternelle, qui me racontait, lorsque j’étais enfant, que lorsqu’elle a dû quitter ce pays avec ses parents ouvriers agricoles pour s’établir en Algérie, sur une terre qu’ils ont contribué à fertiliser, ses parents étaient heureux lorsqu’ils pouvaient apaiser leur faim avec « l’ombre d’un anchois »sur une tranche de pain, et « une poignée d’olives ».
Et je me dis qu’il leur aura fallu beaucoup de misère et autant de courage pour quitter un aussi beau pays, et aller tenter de survivre ailleurs.
Ils sont morts là-bas, un peu moins pauvres, sur une terre à laquelle ils ont offert leur sueur, en échange d’un peu moins de misère. Ils reposent dans cette terre qui n’est pas la leur, et qui ne leur a jamais appartenu.
Par chance (???), ils sont morts trop tôt pour connaître l’humiliation d’un nouvel exil, et l’amertume qui l’accompagne. Je me dis qu’ils n’auraient jamais dû quitter la terre de leurs ancêtres.
Et pourtant, ils étaient si fiers d’être devenus Français…..
Après une profonde respiration, et un regard circulaire sur ce cirque de montagnes, et après un dernier coup d’oeil sur cette nature frémissante, après avoir contemplé le ciel d’un bleu dont l’azur ne comporte aucune tache de nuages, après s’être essuyé le front, car entre-temps, le soleil, déjà haut darde ses rayons brûlants, il faut envisager de redescendre dans la vallée où un « puchero » nous attend à la table d’une auberge espagnole, tout près d’un feu de cheminée….
La vie est belle, malgré tout.
Comme je vous comprends,mes parents eux ont connu l’humiliation de l’éxil,mon père ne l’a pas supporté et s’est laissé mourir,le fait de rentrer en France et de ne connaître aucunes personnes,de ne pas dire bonjour etc…Il faut savoir qu’il était originaire d’Espagne et ses parents ont cru à l’éldorado Algérien.J’habite au bord de la méditerranée et cela me rappelle ce beau pays et son soleil lumineux.
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