Vous avez aimé le feuilleton de la crise financière ??? Vous allez adorer celui de la crise économique.
Cette crise,- pas la crise financière -, mais la crise de l’économie mondiale qui est devant nous, nous aurions dû la pressentir.
Voilà trop longtemps que les Etats Unis vivaient au dessus de leurs moyens. Le déficit abyssal de leurs finances publiques, financé par les pays dits « émergents », dont les excédents commerciaux sont investis en Bons du Trésor Américain, a permis à la première puissance économique mondiale de « vivre à crédit ». Une politique monétaire basée sur un dollar faible, leur a permis de donner aux entreprises américaines l’illusion d’une compétitivité artificiellement entretenue, en même temps qu’une politique de baisse systématique des taux par la Banque Fédérale a entretenu une croissance qui s’est nourrie du surendettement des ménages. Le laxisme des Banques a fait le reste, par la pratique d’une politique de ditribution du crédit à l’ habitat contraire aux lois les plus élémentaires de la Banque traditionnelle.
Mais il serait trop facile de se contenter d’accabler l’Amérique, sans balayer devant notre porte.
Voilà trop longtemps que l’économie européenne se contente d’être à la remorque de celle des Etats Unis d’Amérique. La croissance européenne est demeurée dépendante de celle du géant américain, et lorsque celui ci éternue, nous sommes au bord de l’infection pulmonaire.
La France, dont les gouvernements successifs ont pris également l’habitude de vivre à crédit, souffre, elle, d’un problème de compétitivité de ses entreprises et de la trop grande dépendance de sa balance commerciale à l’égard des performances de quelques grands secteurs tels que l’aéronautique, le nucléaire, les transports, et d’autres encore, ainsi que l’insuffisante présence de ses PME, sous-dimensionnées, sous-capitalisées, et trop frileuses, sur les marchés mondiaux. Un marché du travail plombé par des coûts sociaux excessifs et un manque de flexibilité, empêche les PME d’investir à la recherche d’une croissance devenue précaire parceque trop étroitement liée aux fluctuations des marchés, et pénalisée par un Euro trop fort par rapport au Dollar.
Voilà trop longtemps que, l’oeil fixé sur notre nombril, nous ne percevons plus les bouleversements de l’état du monde, dont les répercutions sur notre vie quotidienne vont aller en s’aggravant.
Jusqu’ici l’affrontement de la concurrence, était, dans l’Entreprise, le souci permanent du « patron », et le salarié ne se sentait concerné que par la préoccupation de maintenir la pérennité de l’Entreprise, dans le but de préserver la continuité de son emploi et de ses revenus salariaux. Il faut admettre que bien des patrons ont tendance à considérer que les Frais de Personnel sont devenus la principale » variable d’ajustement », dans les périodes de perte de compétitivité de l’Entreprise.
Les tentatives « d’associer » le « Travail » au Capital », malgrè quelques progrés du fait de l’intéressement aux résultats, n’ont pas réussi à faire du salarié un vrai partenaire du patronat.
Mais aujourd’hui, qui prendrait le risque d’expliquer aux « travailleurs » français qu’ils sont eux aussi, entrés dans la compétition mondiale, et que leurs performances de productivité, le coût de leur travail, sont désormais confrontés à celles et ceux des « travailleurs » pays émergents, et que les entreprises dont l’activité et les résultats sont trop dépendants du prix de la main-d’oeuvre sont soumises à l’irrésistible tentation de la « délocalisation », pour survivre ???
Dans le bras-de-fer qui nous opposera de plus en plus , sur le plan économique, à des pays qui sont devenus en une dizaine d’années de redoutables compétiteurs, qui se servent sans scrupule, de la faiblesse de leur niveau de vie, et d’une population salariée peu exigeante sur le plan social et pour qui le travail, même mal payé, est la seule solution pour échapper à la misère, l’Europe, et tout particulièrement la France sera de plus en plus vulnérable.
Demain, les « copies » d’Airbus, de TGV, et de nos centrales nucléaires seront fabriquées en Chine…..
Tous ces éléments font que nous ne sommes pas à la veille de cesser d’entendre la litanie des suppressions d’emplois.
En fait, et c’est ce qui caractérise la gravité de la crise économique dans laquelle nous sommes entrés, c’est un nouvel état du monde qui s’impose à nous.
Nous assistons, avec l’apparition des nouveaux compétiteurs que sont certains pays émergents, à une vaste redistribution des richesses, accompagnée d’une nouvelle division du travail et à une nouvelle répartition des capacités de création de richesses. C’est à un affrontement économique durable que nous allons devoir faire face. Car les richesses et la puissance qu’elles confèrent ne sont plus désormais concentrées dans les anciennes « grandes puissances ».
Ainsi, à l’heure où les hauts responsables mondiaux s’interrogent sur les moyens de sortie de crise et sur les possibilités de relance concertée de l’économie, on voit bien que les moyens d’action des anciennes puissances ne sont plus à la hauteur de l’influence qu’elles prétendent exercer sur le monde.
Le site « lemonde.fr »publiait dans on édition du 25 Novembre un tableau édifiant, ( source OCDE, Eurostat, FMI, données 2007 ) qui faisait ressortir les marges de manoeuvres respectives des Pays du G20, face à la crise.(http://abonnes.lemonde.fr/archives/infographie/2008/11/25/des-etats-inegaux-face-au-ralentissement-mondial_1122650_0.html:
On constate à travers cette infographie, que:
– seules la Russie et l’Arabie Saoudite ont des excédents budgétaires supérieurs à 5% de leur PIB.
– L’Australie et l’Afrique du Sud disposent d’excédents budgétaires compris entre 0 et 5% de leur PIB.
– Tous les autres Etats sont en situation de déficit qui vont de 0,1 à plus de 2% de leur PIB.
S’agissant des Réserves de Change, en milliards de dollars, ont constate que:
– La Chine avec 842,7 milliards vient largement en tête suivie du Japon avec 1 015,6 milliards, puis la Russie avec 533,9 milliards, l’Inde avec 313,3 milliards et la Corée du Sud loin derrière avec 264,3 milliards.
L’Allemagne avec 150,4 milliards et la France avec 121,3 milliards sont bien au dessous, sans parler des Etats-Unis qui figurent au tableau avec 69,7 milliards de Réserves de Change.
Ces chiffres, étonnants pour celui qui les découvre pour la première fois, traduisent le nouvel état du monde.
Ils montrent que face à la crise économique qui est devant nous, la disproportion des moyens d’intervention et donc de relance des économies nationales est impressionnante.
Ainsi, la Chine envisage-t-elle de consacrer 573 milliards de dollars à la relance de son économie, contre 260 milliards pour le Japon et 168 milliards pour les Etats Unis qui devront s’endetter un peu plus qu’ils ne le sont pour en trouver les ressources.
C’est ce nouvel état du monde que nous avons peine à assimiler et que nos élites hésitent à nous commenter car il traduit les formidables bouleversement dans les rapports de forces économiques, donc politiques auxquels les nouvelles générations devront faire face.
La crise financière vient de nous révéler que les Etats Unis d’Amérique ont perdu l’éclat de leur leadership, et que la puissance de leur économie s’est éffritée sous le règne de Bush. . Elle nous révèle également, la fragilité des équilibres sur lesquels le monde s’était reposé jusqu’ici.
Le monde « multipolaire » que l’on nous annonce depuis quelques années est là, sous nos yeux… Il suffit de les ouvrir.
La France doit sortir de son sommeil, et passer des rêves aux dures réalités de demain.
Merci pour ce billet plutôt clair.
Et quand on pense que les banquiers américians se partagent déjà des bonus de fin d’année (!!!) qui représentent 10% des sommes (700 milliards !) du Plan Paulson de sauvetage des banques !
On vit une époque formidable !!!!
jf.
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