Retour au calme et à la lucidité.


Ce qui m’apparait comme une évolution récente et positive de l’opinion française, c’est la chute, après l’éléction de Barak Obama, de la fièvre anti-américaine, maladie chronique d’une partie de la classe politique en France.

Cette fièvre qui avait atteint des niveaux pathologiques, s’accompagnait d’une fièvre anti-chinoise, à cause du Tibet, et d’une fièvre ant-russe, à cause de la tchétchénie. A cette allure nous étions partis pour faire la guerre à la planète entière.

Heureusement (???), quelques propos menaçants des Chinois, à l’égard de nos projets de contrats mirifiques et de leur incidence sur notre balance commerciale, et quelques signes d’énervement des Russes dont nous allons dépendre de plus en plus pour nos approvisionnements en énergie ont suffit pour calmer les ardeurs moralisatrices et combatives de notre petit pays qui non seulement n’a plus les moyens de faire la leçon aux monde entier,- car il faut être riche et puissant dans le monde d’aujourd’hui pour faire la pluie et le beau temps -, mais encore doit adapter sa diplomatie pour se mettre à l’abri des orages qui menacent la paix du monde.

Barakett …Obama.


J’ai attendu, un jour ou deux, avant d’évoquer l’élection du nouveau Président des Etats Unis, afin que le soufflet de l’hystérique Obamania retombe, et que l’on puisse émettre quelques réflexions qui pourront être interprétées comme iconoclastes par les adorateurs de la nouvelle icône.

En premier lieu, je salue l’extraordinaire charisme du candidat, son élégance, son discours creux, mais agréable à entendre, puisqu’il s’est efforcé de ne dire que des choses superficielles, en disant à chaque américain, ce qu’il avait envie d’entendre, et en évitant le piège des propos  » en noir et blanc »….

Je salue le parcours exceptionnel de l’homme, car on ne parvient pas à gagner une éléction présidentielle aux USA, sans posséder, non seulement des talents puissants d’orateur, mais également des talents de rassembleur, d’organisateur, et d’animateur.

Vaincre, dans un combat singulièrement difficile, une Hilary Clinton coriace, qui n’est pas de la dernière couvée en politique, et s’imposer comme candidat du Parti Démocrate, nécessitait déja une ardeur combative et une capacité à encaisser des coups indispensables lorsqu’on veut accéder aux responsabilités suprêmes.

 hilary

Je salue l’habileté efficace avec laquelle il a réussi à « ringardiser » son concurrent Mc Cain, desservi, il faut bien le dire, à la fois par l’héritage de W.Bush, et par la « droitisation » progressive de son discours, alors que cette éléction devait se gagner au centre. Desservi, également, par une certaine ressemblance physique avec Charlie Chaplin, qui retirait à son discours le pesant de gravité et de sérieux, nécessaires à sa crédibilité.

Mon propos n’a donc pas pour but de jetter une ombre sur le succès qu’a été cette éléction, succès illustré par la participation exceptionnelle de l’éléctorat et in fine, par l’écart en nombre de délégués obtenus, y compris dans les fiefs du Parti Républicain.

Mais un certain nombre de remarques s’imposent à mon esprit.

La première concerne l’extraordinaire « Obamania » qui s’est emparée de la planète, et qui a trouvé en France un écho surprenant.

Certes, on peut comprendre que l’éléction d’un homme de couleur à la Maison Blanche puisse mettre du beaume au coeur de tous ceux qui, dans ce pays cultivent depuis toujours un penchant pour le « métissage » de la Société française et qui rêvent de l’accession, un jour ou l’autre, d’un produit de ce métissage à des responsabilités élevées dans la hirarchie politique.

Ce rêve n’est pas irréalisable. Onpeut concevoir un rêve français qui serait le pendant du rêve américain. D’ailleurs Sarkozy et d’autres avant lui ont su lui donner une consistance. Cette éléction a une valeur symbolique et le « YES WE CAN » permet à ceux qui, jusqu’ici, n’ont pas trouvé la place qu’ils estiment mériter dans la Société, d’espérer y parvenir un jour.

Mais combien sont ceux qui démontrent jour après jour leur talent et sont prêts à accepter les durs sacrifices à consentir pour atteindre ce rêve ??? Pas assez nombreux, sans doute, car trop nombreux sont ceux qui pensent que cela doit venir du ciel, ou de l’effet d’une quelconque « discrimination positive » ???

En outre, on est frappé, à l’écoute de tous ceux qui, appartenant à la communauté noire américaine, se sont exprimé à la télévision, de l’impressionant patriotisme dont ils font preuve à l’égard d’un pays qui ne leur avait  épargné ni les douleurs, ni les humiliations, et auquel ils sont pourtant fiers d’appartenir…. Ils font partie de ceux qui, lors des grandes épreuves sportives, chantent les yeux brillants de larmes et la main sur le coeur, l’hymne de la banière étoilée. Ils sont américains avant d’être de couleur noire ou jaune ou blanche, et avant d’appartenir à une communauté et d’être de confession catholique, protestante, évangéliste, musulmane ou autre .

Cela devrait faire réfléchir, car nous sommes loin du jour où s’exprimera, en France, parmi la population immigrée, une telle dévotion envers la Patrie qui les a accueillis. Cela provient sans doute de ce que que le climat ambiant dans ces communautés fait qu’avant de donner à leur pays d’accueil, ils veulent recevoir ….

Un récent sondage effectué après l’épisode du Stade de France ou la Marseillaise a été sifflée est significatif. L’immense majorité des Tunisiens vivant en France et ayant acquis la nationalité française, se sentent plus Tunisiens que Français.

Ainsi donc Barak Obama,s’est présenté au suffrage de ses compatriotes, non comme un homme de couleur, ou un métis, mais comme un AMERICAIN. Ce qui lui a permis de ratisser large, sans jamais s’aventurer sur le terrain du communautarisme.

Autre remarque. Bien naïfs sont ceux qui pensent qu’Obama sera plus ouvert, plus généreux, plus coopératif avec le reste du monde, et qu’il sera prêt à sacrifier, au nom de cette générosité, les intérêts stratégiques fondamentaux de son pays. Certes, on s’éloignera de la conception cynique, hautaine, égoïste, et belliqueuse de W. Bush. Mais pour l’essentiel, l’Amérique restera l’Amérique. Le « partenariat » souhaité par les Européens n’ira pas au-delà des limites compatibles avec la défense des intérêts américains.

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En outre, comment s’enthousiasmer, alors qu’Obama a été plébiscité par la planète entière, sans que personne n’ait la moindre idée de son programme ??? Le peu que nous en savons, ne fera qu’aggraver le déficit budgétaire américain, maintenir le dollar à un niveau qui pénalise les exportateurs européens. De même qu’il faut s’attendre à ce que ce Président ait un regard plus facilement tourné vers l’Asie, ou l’Afrique – ne serait-ce que pour contenir la poussée Chinoise – que vers l’Europe qui ne peut espérer qu’une amélioration dans le domaine du dialogue, c’est à dire des mots….

Cet homme aux multiples facettes, qui saura être noir avec les Africains, métis de mère blanche avec les européens, n’a pas fini de nous surprendre, et sans doute de nous décevoir…..

PS: Barakett en Arabe, signifie, « c’est assez »…..Et baraka signifie « la chance » !!! Je ne connais pas la signification de Barak !!!