Pour faire suite à mon billet intitulé « Repentance », sur https://berdepas.wordpress.com/2009/11/11/repentance-2/, il m’a paru intéressant d’attirer l’attention sur un ouvrage qui a retenu la mienne : il s’agit d’un livre édité chez Gallimard, dont l’auteur est Tidiane N’Diaye, intitulé » Le génocide voilé, enquête historique ».( Aucun lien de parenté, à ma connaissance, avec le récent Prix Goncourt ).

L’auteur, Sénégalais, anthropologue, spécialiste des civilisations négro-africaines, publie une étude sur la traite négrière arabo-musulmane, qui n’a pas cessé depuis treize siècles, et a contribué à saigner l’Afrique de ses meilleurs sujets.
Je cite :« Les Arabes ont razzié l’Afrique subsaharienne pendant treize siècles sans interruption. La plupart des millions d’hommes qu’ils ont déportés ont disparu du fait des traitements inhumains. Cette douloureuse page de l’histoire des peuples noirs n’est apparemment pas définitivement tournée. La traite négrière a commencé lorsque l’émir et général arabe Abdallah ben Saïd a imposé aux Soudanais un bakht (accord), conclu en 652, les obligeant à livrer annuellement des centaines d’esclaves. La majorité de ces hommes était prélevée sur les populations du Darfour. Et ce fut le point de départ d’une énorme ponction humaine qui devait s’arrêter officiellement au début du XXe siècle. »
La traite s’est poursuivie à travers le Sahara, jusqu’aux limites de l’Océan Indien,avec la complicité de potentats africains et arabes.
Considérés comme des sous-hommes, proches du stade animal, par des Historiens comme Ibn Khaldoun,les Africains captifs ont contribué à l’économie des pays « d’accueil », dans la culture de la canne à sucre, du palmier, l’exploitation minière, et a complété les troupes ottomanes.
Selon l’auteur, à l’inverse de la traite atlantique, qui a duré trois siècles et a généré en amérique une diaspora de plus de 70 millions d’hommes et de femmes, la traite orientale a été génocidaire, parcequ’elle n’a pas eu de descendance, la plupart des hommes ayant été castrés ( un eunuque noir valait deux fois plus cher )et les enfants des concubines noires éliminés, 20% seulement des enfants survivant à la castration pratiquée systématiquement dans certains pays comme l’Ethiopie ou la Tanzanie.
De nos jours, le servage n’a pas totalement disparu et subsiste en Mauritanie, dans les Emirats et au Soudan.
S’appuyant sur les observations de géographes arabes, des marchands d’esclaves et des explorateurs, Tidiane N’Diaye déplore la dissimulation des archives et l’amnésie pratiquée par solidarité religieuse entre musulmans, à la conférence de Durban, où seule la traite occidentale appelait repentance.
Les « inconditionnels de la repentance », en France, feraient bien de s’intéresser à cet ouvrage, que l’on doit à un scientifique objectif et éclairé, plutôt que de se joindre à ceux qui espèrent , par le vacarme de leurs manifestations, détourner l’attention de faits historiques recouverts par le silence des « historiens » engagés.