Hier soir, éprouvé par une journée caniculaire, je me laissais flotter, pendant un long moment, dans la piscine, comme chaque soir, avant d’aller au lit….
Au-delà de minuit, la luminosité de la ville voisine s’atténue, et, enveloppé par la nuit, je contemplais le ciel étoilé de l’été, à la recherche de la planète Mars, dont on nous avait dit, tout au long du jour, qu’elle serait plus lumineuse, car exceptionnellement proche de notre planète.
Déçu par la pâleur de la lumière rougeâtre de Mars, je portai mon regard sur une constellation plus lumineuse et c’est le W de Cassiopée qui, captant mon attention a ouvert le champ de mes rêveries : car je ne connais pas de plus grand plaisir que celui de rêver en divagant, et en se laissant flotter dans la piscine, accroché à une « frite », en regardant la voute céleste.
Il m’arrive très souvent de me dire, tel Blaise Pascal dans ses Pensées que » «le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie», et d’éprouver en regardant les étoiles, le vertige de l’Infini….
Hier soir, la fraîcheur bienfaisante de ce bain nocturne a soudain réveillé ma mémoire et me sont revenus à l’esprit de vieux souvenirs de l’époque où j’étudiais le grec en classe de seconde au Lycée Bugeaud d’Alger.
J’ai toujours été passionné par la mythologie grecque et je me souviens encore de la légende de Cassiopée.
Dans la mythologie grecque, Cassiopée épouse de Céphée, roi d’Éthiopie, prétendit un jour que sa fille Andromède était plus belle que les Néréides, nymphes de la mer pourvues d’une beauté incroyable. Outrées par cette insolence, les nymphes demandèrent à Poséidon, dieu de la mer, de les venger de cette insulte. Mais pour punir l’orgueil de la reine Cassiopée les Dieux décidèrent de la condamner à tourner autour du Pôle, tête en bas.
Cassiopée est ainsi devenue l’une des constellations les plus remarquables de la Voie lactée.
Dans un éclair de mémoire, je revois la silhouette voutée de notre professeur de Latin-Grec et son visage émacié orné d’une petite barbiche poivre et sel….
Il me revient alors que Mr Lahile, notre excellent professeur, m’avait sévèrement puni pour avoir remis un « travail bâclé »sur la traduction d’un texte où il était question de » l’Allégorie de la Caverne » de Platon, que bien plus tard je redécouvrirai dans toute sa signification symbolique.
L’allégorie de la caverne est une des plus fameuses allégories exposée par Platon, dans le « Livre VII de La République ».
Elle met en scène, au fond d’un caverne, des hommes enchaînés qui tournent le dos à l’entrée, et ne voient donc que leurs ombres et l’ombre des objets présents derrière eux dans la caverne. Ces hommes croient connaître la vérité du monde (ils croient que les ombres sont des objets), quand ils vivent dans l’erreur, car ils n’ont jamais vu la lumière du jour.
Ceci symbolise l’Humanité, qui n’a pas connaissance de la Lumière Divine et de la Vérité. Les hommes ne connaissent des choses que leur ombre.
Si l’un d’entre eux venait à se libérer de ses chaînes et à accéder au grand jour, il serait ébloui par le contraste entre le monde qu’il supposait et le monde réel. Il en souffrirait. Refusant la Vérité du monde réel, il ne parviendrait pas à percevoir ce que l’on veut lui montrer.
Alors, cèderait-il à la tentation de revenir à sa perception antérieure ?
En persistant, il s’accoutumerait à la lumière et il pourrait voir le monde dans sa réalité. Prenant conscience de sa condition antérieure, ce n’est qu’en se faisant violence qu’il retournerait auprès de ses semblables. Mais ceux-ci, incapables d’imaginer ce qui lui est arrivé, le recevraient très mal et refuseraient de le croire.
Dans cette allégorie, Platon explique donc, par une métaphore, la pénible accession des hommes à la connaissance de la réalité, ainsi que la non moins difficile transmission de cette connaissance.
Platon veut nous montrer également que les hommes ne peuvent accéder à la connaissance par la seule faculté de leurs sens.
En d’autres termes, Platon veut nous enseigner qu’il faut se défier des apparences….souvent illusoires.
A une époque où le déni de réalité devient pratique courante, cette leçon de Platon, mal apprise pendant ma jeunesse m’entraine sur un terrain de réflexion accidenté et mes idées se bousculent, entre deux clapotis d’eau fraîche, sous le ciel étoilé !!!
Il est temps que j’aille rejoindre mon épouse qui dort déjà d’un sommeil profond….
Merci de partager vos pensées je les trouve enrichissantes
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