Souveraineté et immigration.( Suite ).


Europe

 » … l’idée que l’avenir du monde tient au dépassement des nations a totalement échoué, et même réveillé son contraire. Les peuples résistent à l’acharnement des élites à dissoudre leur souveraineté et leur identité. Il y a une forte demande pour une mondialisation moins nivelante et pour une Europe plus respectueuse des intérêts de chaque pays et des cultures nationales. ».( Figaro Vox, 26/7/2018 )

Cette phrase tirée d’un entretien accordé au Figaro par Hubert Védrine, fin connaisseur des « affaires du monde », – que je respecte depuis toujours -, résume fort bien le fond de ma pensée sur la question de l’immigration.

Il est de bon ton, dans le petit monde des « sachants »de faire passer pour des imbéciles tout ceux qui, comme moi, considèrent qu’il n’y a pas d’avenir pour un monde sans frontières, ouvert, et sans contrôle, à tous les phénomènes migratoires, et ce, au nom d’une prétendue générosité et d’une conception délétère des Droits Humains.

Les courants migratoires ont toujours existé et constituent une sorte de « respiration » pour les peuples : une soupape d’échappement pour ceux qui se trouvent à l’étroit dans leur pays de naissance, et un enrichissement économique et culturel pour les pays d’accueil, ainsi qu’un stimulant pour leur démographie.

Je ne suis pas assez stupide pour ne pas en être convaincu. Sauf que les courants migratoires ont besoin d’être maîtrisés, et ne peuvent se concevoir sans le consensus souverain des peuples d’accueil: aucun peuple civilisé n’acceptera jamais que l’on s’installe chez lui, contre son gré, en s’appropriant son espace, en lui imposant des mœurs et des coutumes qui ne sont pas les siennes, en refusant ses règles élémentaires de vie commune.

 Tout comme Hubert Védrine, je pense que l’idée «d’ouverture totale», d’un monde sans frontières, est irresponsable, et conduit à l’explosion des sociétés occidentales.

Il faut, entre ces deux extrêmes, « gérer les flux ». C’est une question de bon sens, et de dosage, avant d’être une question de valeurs. Certes, c’est compliqué à mettre en œuvre, mais il faut dépasser les affrontements binaires et pseudo-moraux en cherchant des solutions concrètes.

Les « solutions concrètes » passent par un respect de la souveraineté populaire des États, et par une régulation maîtrisée, tenant compte à la fois des besoins et des capacités d’intégration des pays d’accueil : c’est une question de pur bon sens, et de quantités avant d’être une question de « valeurs ».

Ceux qui mettent en avant leur prétendues valeurs pour prêcher en faveur d’une ouverture illimitée des frontières, suscitent la colère des citoyens de bon sens et poussent à des affrontements « binaires »dont le seul résultat est de faire monter les extrêmes et d’encourager « la lèpre » populiste.

Le « phénomène identitaire » que les crétins traitent avec mépris n’est rien d’autre qu’un réflexe grandissant de défense contre la négation de l’identité des peuples.

( http://premium.lefigaro.fr/international/2018/08/10/01003-20180810ARTFIG00047-amazonie-les-kayapos-choisissent-l-arme-de-la-culture.php )

Mais l’arrogance et l’agressivité de ceux qui se posent en gardiens de « valeurs » qu’ils se sont fabriquées – et qui leur permettent de jouer les « généreux » et de se fabriquer une bonne conscience pour pas cher, – est telle qu’aucun dialogue constructif n’est possible, tous ceux qui combattent cette forme de délire « immigrationniste »étant considérés comme des « fachos » !!!

L’excellent livre de Stephen Smith,  » La ruée vers l’Europe », ( Grasset ), – que j’ai déjà évoqué dans un précédent billet – devrait pourtant les inciter à réfléchir.

Ce fin connaisseur de l’Afrique, dans une étude extrêmement fouillée et documentée des données démographiques et des perspectives de développement économique du continent africain, démonte péremptoirement la Légende qui veut  que ce soit la misère qui pousse les jeunes africains à s’engager sur les routes qui mènent en Europe. Bien au contraire et paradoxalement, c’est un début d’amélioration de leur niveau de vie qui leur permet, enfin, de réunir les fonds nécessaires à la rémunération des passeurs et au financement d’un long voyage plein de dangers et d’incertitudes.

Conclusion : plus l’Afrique sortira de la misère, plus il y aura de candidats à l’émigration.

L’Union Européenne compte aujourd’hui 510 millions d’habitants vieillissants, quand l’Afrique en compte 1,25 milliards, dont quarante pour cent ont moins de quinze ans. En 2050, 450 millions d’Européens feront face à 2,5 milliards d’Africains. D’ici à 2100, trois personnes sur quatre venant au monde naîtront au sud du Sahara !!! On voit que ce formidable défi exige de la part de nos responsables politiques, autre chose que des postures d’angélisme humaniste….

L’idéalisme des « zélites » cosmopolites, qui défendent l’idée d’un État-providence sans frontières constitue une illusion ruineuse et dangereuse pour la paix sociale dans les pays européens. La génération des « anywhere » trouvera sur sa route celle des « somewhere », attachée à ses racines, à sa culture, à son Histoire, et à ses valeurs qui ne sont pas moins glorieuses que celles des « généreux irresponsables ».

Le livre de David Goodhart « The road to somewhere » décrivant la fracture politique qui traverse la plupart des démocraties libérales entre une élite intégrée et très mobile « les anywhere », et les « somewhere » représentant des populations plus ancrées, aussi bien dans leurs valeurs que dans leur territoire, décrit fort bien le scenario de la rupture qui se profile dans les sociétés occidentales.

Déjà les premières fissures apparaissent en Europe, au point d’en menacer la survie. Les mêmes fissures se profilent en France, et les prochaines élections européennes risquent d’être le révélateur du fossé profond qui sépare deux conceptions du destin des nations européennes.

Car l’Europe n’ira plus très loin, si ses Institutions continuent à pratiquer un ersatz de « Démocratie sans le Peuple ». On est passé outre le refus du peuple lors du référendum sur la Constitution européenne. On ne refera pas « le même coup » aux peuples européens !!!!

Les « zélites » haïssent le peuple prétend Michel Houellebecq dans un excellent article de « Valeurs Actuelles ». Il n’a pas tort, mais que les « zélites » prennent garde. Le peuple pourrait bien se réveiller !!!

https://www.valeursactuelles.com/societe/michel-houellebecq-les-elites-haissent-le-peuple-67809

On ne pourra pas continuer encore longtemps à piétiner la souveraineté populaire en Europe, au nom d’obscures motivations, tout en se prévalant d’être un modèle de société démocratique habilité à faire la leçon, en permanence, au monde entier .

J’ajoute que le « bon sens populaire » n’est pas dupe: il y a un « projet » derrière le laxisme affiché d’une puissance nucléaire dont les armées combattent pour défendre l’intégrité de pays lointains et qui n’est pas capable de sécuriser les frontières de son propre pays !!!