L’Islam et les naïfs…..


J’ai grandi dans un environnement où l’Islam était partout présent.

Mon enfance s’est déroulée à Alger, dans le quartier populaire de Belcourt : mes parents habitaient à deux pas de l’immeuble fort modeste où avait grandi Albert Camus. Dans ce quartier peuplé majoritairement d’Arabes, vivaient en bonne intelligence des musulmans, des Juifs, des Chrétiens et des athées de toutes origines.

J’ai relaté sur ce blog, quelques souvenirs d’enfance qui témoignent de notre proximité paisible, de nos jeux partagés, mais aussi de la perception aigüe que nous avions de nos différences: il ne s’agit pas là de la différence de nos origines sociales, car ma famille et celles qui habitaient l’immeuble où vivaient mes parents étaient aussi pauvres que celles des Arabes qui m’entouraient. Il s’agit surtout des différences résultant de l’éducation reçue dans nos milieux familiaux respectifs, qui elles-mêmes résultaient de l’empreinte de nos religions respectives.

https://berdepas.com/2012/11/24/les-etudes-ou-les-copains-dabord/

Plus tard, au Lycée puis à la Fac j’aurai d’excellents copains algériens, tous issus de familles pratiquant une religion musulmane paisible, dont j’ai gardé un souvenir  chaleureux, car l’hospitalité n’est pas la moindre des qualités de l’Arabe.

J’ai partagé le couscous dans le plat familial placé au centre de « la table des enfants », servi par la mère attentive qui insiste pour que l’on se serve copieusement, tout comme lorsque viendra le plateau de pâtisseries au miel et aux amandes arrosées du traditionnel thé à la menthe…..

Du balcon de chez mes parents, je regardais passer, impressionné, la foule qui suivait les enterrements de ceux que l’on mettait en terre au cimetière musulman du « Marabout »….. Et j’entendais au loin les appels à la miséricorde d’Allah, pour le défunt.

De même, j’ai grandi avec le son de l’appel à la prière du muezzin dans l’oreille, mais aussi avec celui de la musique arabe qui émanait d’un café maure voisin, qui à longueur de soirées nous gratifiait des chansons de Lili Boniche et du répertoire populaire algérien …..

L’Arabe parlé par mes copains algériens, et que je comprenais alors parfaitement,  n’avait rien à voir avec l’Arabe dit « littéraire », – celui que parlent les « Arabes lettrés »-, que nous enseignait au Lycée, le Professeur Stambouli, et nos conversations ressemblaient à un salmigondi de mots dans lequel se mélangeait ce patois de l’Arabe algérois avec du Français, de l’Espagnol et une sorte de « pataouète » parlé dans les quartiers populaires d’Alger……

D’aussi loin que remontent mes souvenirs de cette époque, j’ai gardé la conviction que  l’islam influençait grandement les musulmans que je fréquentais, et j’ai toujours considéré qu’un véritable musulman ne pouvait s’intégrer à la France et s’adapter à nos mœurs profondément imprégnées de nos racines humanistes et chrétiennes, alors que les leurs sont issues de traditions patriarcales et parfois même tribales.
Je continue à être surpris de la naïveté de ceux qui rêvent de l’émergence d’un « Islam de France « : ils méconnaissent l’empreinte identitaire dont l’Islam marque ses fidèles et s’exposent à de graves désillusions.

Ma conviction a toujours été, et demeure aujourd’hui que seuls auront vocation à « s’intégrer » des musulmans, peu nombreux,  s’adonnant à une pratique édulcorée de l’Islam, ce qui les marginalisera aux yeux de ceux qui resteront fidèles à une conception rigoriste de cette religion qui régit le moindre des actes de la vie courante de ses pratiquants, jusqu’à la manière de procéder à leur toilette intime…..

Il se trouve que j’ai exhumé, hier soir, par hasard, de ma bibliothèque, un vieil ouvrage consacré aux correspondances du Père Charles de Foucauld.

De Foucauld, avait réussi à conquérir la confiance des musulmans au point de devenir la cible de fanatiques précurseurs de « djihadistes » d’aujourd’hui, qui sentant, déjà, le danger que constituait sa tentative de construire des ponts entre nos deux cultures, ont fini par l’assassiner, – ( ce qui préfigure, depuis le siècle dernier, ce que le siècle présent se condamne à vivre ).

Le Père de Foucauld  nous livre dans cette correspondance, ses convictions intimes.

Dans une lettre adressée à l’écrivain René Bazin de l’Académie française, et parue dans le Bulletin du Bureau catholique de presse, n° 5, octobre 1917, le religieux qui a consacré sa vie de missionnaire à tenter de se faire accepter des musulmans, et « de devenir pour eux l’ami sûr, à qui on va quand on est dans le doute ou la peine, sur l’affection, la sagesse et la justice duquel on compte absolument« , livre le fond de sa pensée, – prémonitoire – à propos des Musulmans. Je le cite :

« Ma pensée est que si, petit à petit, doucement, les musulmans de notre empire colonial du nord de l’Afrique ne se convertissent pas, il se produira un mouvement nationaliste analogue à celui de la Turquie : une élite intellectuelle se formera dans les grandes villes, instruite à la française, sans avoir l’esprit ni le cœur français, élite qui aura perdu toute foi islamique, mais qui en gardera l’étiquette pour pouvoir par elle influencer les masses; d’autre part, la masse des nomades et des campagnards restera ignorante, éloignée de nous, fermement mahométane, portée à la haine et au mépris des Français par sa religion, par ses marabouts, par les contacts qu’elle a avec les Français (représentants de l’autorité, colons, commerçants), contacts qui trop souvent ne sont pas propres à nous faire aimer d’elle. »

C’est exactement ce qui s’est passé en Algérie, et ce qui a abouti à sa séparation avec la France. Et un peu plus loin, dans cette correspondance, je le cite :

« Des musulmans peuvent-ils être vraiment Français? Exceptionnellement, oui. D’une manière générale, non. Plusieurs dogmes fondamentaux musulmans s’y opposent; avec certains il y a des accommodements; avec l’un, celui du Mehdi, il n’y en a pas : tout musulman (je ne parle pas des libres-penseurs qui ont perdu la foi) croit qu’à l’approche du jugement dernier le Mehdi surviendra, déclarera la guerre sainte, et établira l’islam par toute la terre, après avoir exterminé ou subjugué tous les non-musulmans.

Dans cette foi, le musulman regarde l’islam comme sa vraie patrie et les peuples non musulmans comme destinés à être tôt ou tard subjugués par lui ou ses descendants; s’il est soumis à une nation non musulmane, c’est une épreuve passagère; sa foi l’assure qu’il en sortira et triomphera à son tour de ceux auxquels il est maintenant assujetti; la sagesse l’engage à subir avec calme son épreuve; “l’oiseau pris au piège qui se débat perd ses plumes et se casse les ailes; s’il se tient tranquille, il se trouve intact le jour de la libération”, disent-ils. ( Fin de citation ).

Et aux naïfs qui croient encore aujourd’hui que la révolte algérienne fut causée par le fait que trop longtemps les Musulmans se sont vu refuser les attributs de la citoyenneté française, le Père de Foucault répondait déjà, par anticipation, dans une correspondance datant, je le répète, de 1917 : 

Je le cite:

 » ils peuvent se battre avec un grand courage pour la France, par sentiment d’honneur, caractère guerrier, esprit de corps, fidélité à la parole, comme les militaires de fortune des XVIe et XVIIe siècles, mais, d’une façon générale, sauf exception, tant qu’ils seront musulmans, ils ne seront pas Français, ils attendront plus ou moins patiemment le jour du Mehdi, en lequel ils soumettront la France.

De là vient que nos Algériens musulmans sont si peu empressés à demander la nationalité française : comment demander à faire partie d’un peuple étranger qu’on sait devoir être infailliblement vaincu et subjugué par le peuple auquel on appartient soi-même? Ce changement de nationalité implique vraiment une sorte d’apostasie, un renoncement à la foi du Mehdi… » ( Fin de citation )

Ces propos du Père de Foucauld, qui datent de 1917 font écho au propos plus récents tenus par le Roi du Maroc, Mohamed V, qui répondant à la journaliste Anne Sinclair sur TF1, lui déclarait que jamais les citoyens marocains vivant en France ne seront « intégrés », et qu’il fallait cesser d’entretenir des illusions à cet égard…..

A méditer par tous ceux qui, par naïveté ou par calcul, tentent de nous faire croire que cette « immigration » qui exerce une fascination naïve sur leurs esprits aveuglés et nourrit leur goût pervers pour le déni de réalité et l’exotisme, sera un jour , « une chance pour la France », refusant d’entendre les évidences de propos émanant de gens qui  connaissent, en profondeur, l’Islam et le monde musulman ( le Père de Foucauld en était réellement un ), et pas seulement à travers leurs relations avec « l’épicier sympa » ouvert à toute heure du jour dans les « beaux quartiers »  …..

Une réflexion au sujet de « L’Islam et les naïfs….. »

  1. Bien,,très bien il nous on jeter de l’Algérie, ,puis sont venue chez NOUS ? tout cela est triste ,et nous en avons pas finie HELAS

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