Président Macron .


Gravité

En ce Dimanche de Mai, Macron, le « Jupitérien » a été sacré, selon le rituel qui s’accompagne des fastes de la République.

Il a su entrer, avec aisance, dans l’habit de sa fonction : par la solennité de l’hommage rendu aux Armées et  au sacrifice des générations passées, il s’est donné une stature, celle que confère le respect d’un protocole immuable car il participe à la pérennité des Institutions et au-delà, à l’évocation, dans l’imaginaire populaire, d’une France éternelle, tantôt portant le lourd fardeau de son Histoire, pour tantôt s’en défaire, quand il s’agit  de mobiliser ses énergies en vue d’affronter les incertitudes d’un futur devenu, pour le peuple, un sujet d’inquiétude et de doute….  

N’ayant pas voté pour lui, je ne me sens pas obligé d’en faire systématiquement l’éloge.

Mais cela ne m’empêche pas, de souhaiter que son mandat soit couronné de succès, car j’aime trop mon pays pour espérer un échec qui plongerait la France dans un immense désordre.

En outre, ayant vécu, de semblables moments historiques  tout au long de ma longue existence, j’ai appris à conserver une certaine distance par rapport aux emportements émus et aux enthousiasmes qui accompagnent ces moments de notre Histoire républicaine.

J’étais encore bien jeune, mais je me souviens des images vues  aux  » Actualités cinématographiques « , d’un René Coty remontant en habit , les escaliers de l’Elysée.

J’ai vécu, à Alger, « les évènements » de Mai 58 et, grâce à son inoubliable « je vous ai compris », le retour au pouvoir du Général de Gaulle, traité de « facho » par la Gauche , puis « sa chute » consécutive aux séquelles de Mais 68…

 j’ai vécu l’arrivée de Pompidou qui, par son « appel de Rome » a en quelque sorte précipité la chute du Général…. Puis, J’ai vu, tour à tour, les marches de l’Élysée gravies par Giscard d’Estaing, puis par Mitterrand, et par Chirac, et les mêmes marches montées, quatre à quatre, par le vibrionnaire Sarkozy, puis, en Président Normal et débonnaire, par Hollande……

L’élection d’un Président de 39 ans mérite que l’on porte sur  le personnage, un regard distancié mais curieux et intéressé.

Tout d’abord, parce que son jeune âge  constitue pour ce Président, un fait historique: il restera en effet, dans l’Histoire, comme le plus jeune Président de la République depuis Napoléon III lequel fut  le premier président de la République française à 40 ans,- je crois -, et, fut si je ne trompe pas, le premier Président à s’installer au palais de l’Élysée.

J’ai déjà évoqué, s’agissant du parcours de Macron, une lointaine similitude avec Bonaparte : le jeune âge, certes, mais aussi un talent précoce, une étonnante aptitude à « monter des coups », qui réussissent, le couple fusionnel formé avec une femme « moins jeune » que lui, comme le fut Joséphine pour Bonaparte…

Il faut lui reconnaître également, une étonnante aptitude à soulever l’enthousiasme des médias : un enthousiasme qui confine à l’idolâtrie et frôle le culte de la personnalité.

Un enthousiasme suscité par une fascination surprenante envers un talent oratoire qui repose sur une succession stupéfiante de phrases creuses et de lapalissades idéologiques : « réconcilier la France avec le monde, « et en même temps » réconcilier la liberté avec l’égalité, créer un avenir collectif », « corriger les excès du capitalisme », « se battre contre la pollution » et « en même temps », « améliorer les relations internationales ».

Le « macronisme », c’est la politique du truisme, le lieu commun érigé en programme. Il est passé maître dans l’art du « consensualisme », citant, tout à tour, les figures les moins clivantes de la Vème République : Jacques Chirac, Simone Veil, Michel Rocard et multipliant les références littéraires attrape-tout jusqu’à récupérer Charles Péguy, qui était l’antithèse du « progressisme » façon Macron ….

Macron, c’est le télévangéliste du social-libéralisme, le thaumaturge des « branchés », et des idolâtres de la mondialisation, le chantre de l’individualisme triomphant, le visage sans programme d’une « modernité.com » pour qui la nostalgie est un sentiment inconnu.

Chez Macron, tout est dans le culte de l’apparence, du clinquant, du grand spectacle, de l’immédiat. Un bel éclat pour masquer le néant.

Il réveille les abstentionnistes, les dépolitisés, et les indifférents en leur offrant les perspectives d’un populisme optimiste et apaisé, d’une bienveillance sans heurts, d’une politique sans conflits.

Mais il doit se prémunir contre la menace qui pèse sur celui vers qui convergent les flagorneurs, et qui risque d’étouffer sous les cascades de flatteries !!!!

Tous nos vœux l’accompagnent dans l’aventure que nous propose cet inventeur de «l’extrême centre », une nouvelle forme de totalitarisme, à la recherche de son « centre de gravité »….

La « gravité ». C’est cela qui risque de rattraper l’optimisme juvénile d’une nouvelle génération qui s’empare à bras-le-corps du destin de la France.

Souhaitons-lui « Bon Vent » !!!