LEMONDE.FR | 11.10.09 | 19h18
Ainsi, donc, grâce à un « journaleux », auteur de l’article indiqué ci-dessus, « Le Monde » nous offrait hier soir, le scoop de la semaine: »François Mitterrand avait évoqué son passé de touriste sexuel dans un livre paru en 2005, « La mauvaise vie ». Ce livre a été exhumé par le Front national qui lui reprochait d’avoir pris la défense de Roman Polanski. Il s’est défendu en déclarant n’avoir eu de rapports qu’avec des majeurs et en condamnant le tourisme sexuel comme la pédophilie. »
François n’a jamais eu besoin de se transporter jusqu’en Thaïlande pour se livrer à de coupables relations « hétéros », puisque celles-ci venaient à lui, jusque dans les Palais de la République…
Ce n’est pas le cas de Fréderic, dont la mauvaise vie, un instant oubliée défraie la chronique depuis que la madone du Front National a rallumé le brûlot, en dénonçant les pages sulfureuses d’un ouvrage littéraire qui grâce à elle va entrer dans la postérité avant de remplir les Caisses d’un éditeur heureux.
Première remarque : un « quotidien de référence » comme « le Monde »ferait bien de se doter de journalistes sérieux au point de relire leurs articles avant de laisser publier un « lapsus plumae » ridicule.
A quoi sert un rédacteur en chef dans ce journal qui ne rate pas une occasion de donner des leçons à la terre entière???
Depuis cette « coquille » a été corrigée discrètement, et dans sa nouvelle version, l’article a rétabli les choses !!! Mais sans un mot d’excuses !!!!
Seconde remarque: le faux pas de Frédéric Mitterrand a semé le trouble à droite comme à gauche.
C’est ce trouble qui est le plus troublant: en effet, le livre contenant les passages incriminés était connu depuis plusieurs années.
Personnellement, j’avoue ne pas l’avoir lu, car ce n’est pas le genre de littérature qui excite ma curiosité.
Mais le récit passablement glauque des amours sulfureux de Frédéric Mitterrand avait été publié, sous forme d’extraits dans de nombreux magazines que j’ai parcourus, et les émissions littéraires permettant d’assurer le lancement de cette « oeuvre » intimiste, n’avaient pas manqué à l’époque de la sortie du livre. L’auteur avait été soumis à la question de nombreux journalistes, et les explications vaseuses qu’il avait fourni sur ses « aventures » homosexuelles, et sur ses recours aux effusions tarifées n’avaient pas vraiment soulevé de réactions du microcosme intellectuel et littéraire, ému aujourd’hui par des « actes que la morale réprouve ».
(La morale !!!! Peut-on prononcer encore de mot, à notre époque, sans passer pour une sorte de ringard, appartenant à une frange « rancie » de la France conservatrice et bornée.)
C’est pourquoi, je trouve qu’il y a quelque chose d’immodéré dans la violence des attaques que subit ce Mitterrand là, attaques qui, sur le plan de la morale à la fois personnelle et politique , avaient été épargnées à son illustre « tonton ».
A ces attaques, Frédéric Mitterrand a répondu, en faisant front et en assumant ses pulsions perverses.
Pour ma part, j’ai trouvé ses apparitions sur les écrans de télévision, à la fois pathétiques et sincères. A telle enseigne que, moi qui n’éprouve aucune sympathie pour ceux qui brandissent avec une certaine provocation , l’étendard de leur homosexualité, j’ai failli être ému par la vulnérabilité de cet « artiste en politique ».
Et pardessus tout, j’ai été sommé, par ses propos, de ne pas confondre !!! On peut être « homophile » tout en étant « pédophobe » !!! Tout est dans la nuance, chez cet homme.
Autre remarque: Pathétiques, car, comment ne pas être sensible au désarroi de cet homme blessé, atteint dans son honneur, au moment même où il pouvait se considérer comme au fait de sa gloire. Sincères, car ce personnage complexe, qui semble conserver une certaine distance avec lui même, est conscient du trouble que peuvent provoquer ses aveux, mais ne cherche pas à échapper à sa vérité, en espérant toutefois, que sa sincérité lui vaudra d’être absout de ses pêchés.
( Ses pêchés !!! Quel vilain mot, à notre époque !!! « Que celui qui n’a pas pêché lui jette la première pierre »)
Apparemment, Hamon n’a jamais pêché. Sauf en eau trouble, et les pierres qu’il a lancées à Frédéric, ne l’étaient pas pour « faire des ronds dans l’eau »….Mais le porte-parole du Parti Socialiste pouvait-il rester silencieux au moment où la Madonne de l’extrême droite venait elle-même jeter un « pavé dans la mare », provoquant le réveil brutal de tous les crocodiles qui y sommeillaient ????
Ce « bébé crocodile » à la langue bien pendue rate toutes les occasions de se taire: celle là était bonne, car cela aurait évité au Parti Socialiste, qui n’a vraiment pas grand chose d’encourageant à dire à ses sympathisant, d’emboîter le pas au Front National…..
Mais ce benêt de Benoît Hamon aurait été mieux inspiré en se souvenant d’une phrase célèbre de « Tonton François », qui restera dans la rubrique des histoires sinistres de la République:
« Toutes les explications du monde ne justifieront pas que l’on ait pu livrer aux chiens l’honneur d’un homme et finalement sa vie au prix d’un double manquement de ses accusateurs aux lois fondamentales de notre République, celles qui protègent la dignité et la liberté de chacun d’entre nous. » François MITTERRAND (1993)
Dernière remarque, enfin. Tout cela dégage un parfum nauséabond. Nous vivons à un époque où la « tolérance » n’a plus de bornes.
L’homosexualité n’est plus un obstacle dans un projet de vie. C’est probablement même, dans certains milieux , un sésame et une « particularité » à inscrire sur sa carte de visite. Faut-il s’en réjouir ????
Est-il bon, pour l’image que projette la France dans le monde, que des personnages de haut rang dans la vie politique de ce pays affichent leur homosexualité ????
Certes, l’homosexualité a toujours existé, et depuis la plus profonde antiquité, on ne compte plus les exemples d’homosexuels talentueux qui ont laissé leur marque dans l’Histoire littéraire et dans bien d’autres domaines. Mais leur discrétion n’a jamais nui à leur notoriété….
En tout cas, s’agissant de personnages occupant des fonctions hautement symboliques dans la République, l’affichage provoquant de préférences sexuelles « déviantes », me paraît préjudiciable au respect que devraient inspirer nos Institutions.
Evidemment, j’entends d’ici, les reproches que l’on ne manquera pas de m’adresser pour ces propos. « Sale « homophobe »vous n’aimez donc pas les homosexuels ??? ».
A cette invective, je répondrai en citant le Philosophe Pascal Bruckner, interrogé par Elisabeth Lévy dans « Le Point » n°1933 du 1er Octobre:
Elisabeth Lévy: « Il (ndlr : l’amour) est moins excellent qu’il envahisse tous les aspects de la vie sociale. Que chaque être humain ait droit au respect est un progrès considérable. Mais aujourd’hui, nous sommes sommés d’aimer nos semblables ou plutôt nos dissemblables. »
Pascal Bruckner: » Aimez-vous les uns les autres: ce mot hérité du christianisme est admirable et absurde. On pense le lien social sur le mode de la fusion alors que les grands fondements de la vie en société sont le respect mutuel, la distance et l’indifférence. Je n’ai pas à aimer les chrétiens, les juifs, les bouddhistes ou les homosexuels – ni bien sûr à les attaquer. La loi sanctionne les insultes, les atteintes aux personnes, mais nous ne sommes nullement obligés de vouer un amour inconsidéré à ceux qui ne vivent pas comme nous. Chacun est libre de ses opinions, de ses aversions et de ses attirances. Je réclame le droit d’être indifférent à la différence. »
Tout est dit.