Selon Jacques Rogger, Président du CIO:« Nous avons fait preuve d’idéalisme en pensant que [l’accès illimité à internet] serait possible , alors, bien sûr, quand on est idéaliste, on peut être naïf ».
C’est vrai, mais les difficultés du CIO, face à l’attitude de la Chine, en ce qui concerne le liberté de l’information pendant le déroulement de Jeux, devraient faire réfléchir « les naïfs ».
Les « Occidentaux » font, à l’occasion de ces Jeux l’apprentissage de ce que seront les nouvelles relations entre des « nations démocratiques » porteuses d’un idéal issu d’une longue, – et parfois sanglante – Histoire, et la Chine, nouvelle méga-puissance, bien décidée à ne recevoir de leçons de personne, que ce soit dans le domaine des Droits de l’Homme, ou dans tout autre domaine.
La France, vient,elle, de prendre une leçon,- presque humiliante – pour avoir voulu, à l’occasion du passage de la Flamme Olympique à Paris, prendre la tête d’une croisade qui a fait long feu, sous l’action de quelques professionnels de la protestation, croisade qui met en péril les résultats d’un demi-siècle d’efforts pour se rapprocher de l’Empire du Milieu et pour établir des relations dépassionnées avec cet immense pays.
Il ne faut pas s’illusionner. Plus la Chine s’affirmera comme une des premières puissances économiques mondiales, plus elle ambitionnera de devenir une invincible puissance militaire, et moins elle acceptera de recevoir des leçons de l’Occident. Ses réactions deviendront de plus en plus cinglantes et vexatoires à l’égard de nos civilisations dont elle n’acceptera jamais de reconnaître la supériorité.
Il est bon de se pénétrer de la lecture, longue, difficile et parfois fastidieuse d’un Livre fort décrié dans certaines démocraties occidentale : « le choc des civilisations » de Samuel P. Huntington ( ¹ )qui devrait être reçu comme un avertissement et un appel au ressaisissement de la culture occidentale, au lieu d’être brandi comme un dangereux brûlot par ceux qui préfèrent opposer l’angélisme au courage et à la lucidité.
Car ce livre, fortement documenté, contient des passages édifiants.
Beaucoup en ont fait un message de Cassandre qui aurait pour effet de dresser l’une contre l’autre, les civilisations judéo-chrétiennes et Islamiques, et ont fait l’impasse sur les pages qui traitent de l’éveil inquiétant de l’Asie et des bouleversements géopolitiques qui s’annoncent.
Page 152 , au paragraphe « Economie et Démographie » , Huntington évoque et cite les déclarations de dirigeants asiatiques évoquant « avec mépris le déclin de l’Occident et attribuent leurs succès ainsi que les échecs de l’Occident à la supériorité de leur culture et à la décadence de la culture occidentale. »
Déjà, au début des années quatre-vingt-dix, le triomphalisme asiatique s’exprimait, par la bouche des dirigeants de Singapour, proclamant « la montée de l’Asie dans les relations avec l’Occident, et proclamant les vertus de la culture asiatique, fondamentalement confucéenne qui serait responsable de sa réussite – l’ordre, la discipline, la responsabilité familiale, le goût du travail, le collectivisme, la sobriété – opposés à la complaisance, la paresse, l’individualisme, la violence, la sous-éducation, le manque de respect pour l’autorité et « l’ossification mentale » qui seraient responsables du déclin de l’occident. »
Pour ses habitants, la réussite de l’Extrême Orient est en particulier, le résultat de l’importance culturelle accordée en Asie, à la collectivité plutôt qu’à l’individu, et aux valeurs confucéennes partagées par la plupart des pays de la région.
L’Occident devrait se méfier et faire preuve de prudence afin de ne pas ajouter à la menace islamique que les mêmes angélistes se refusent à reconnaître, une nouvelle menace qui découlerait de la réaction de peuples fiers qui ne considèrent pas nos civilisations comme un modèle méritant un respect absolu, et qui, en tout état de cause, n’accepteront jamais de se plier à des exigences dont nous sommes les seuls à ressentir et à défendre la légitimité.
(1)-(Samuel Huntington. Le Choc des Civilisations. Odile Jacob. Poche)
Exact. Je n’ai pas évoqué ces faits, parceque j’ai considéré qu’ils faisaient partie des choses que tout le monde connaît.
Mais il est vrai que deGaulle avait pressentique la Chine deviendrait, un jour, un interlocuteur incontournable. Quand à Pierrefitte, il avait pressenti, lui aussi, que » le jour où la Chine s’éveillerait, le monde tremblerait ». Nous y sommes !!!
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Etonnant quand même que vous ne citiez pas dans votre billet le fait que le Gal de Gaulle fût le premier « occidental »‘ à reconnaître le régime communiste chinois….
Ni n’évoquiez un livre de l’un ses grand thuriféraire, « Quand la Chine s’éveillera », j’ai nomé bien sûr Alain Peyrefitte.
jf
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