Je peux comprendre que les jeunes générations soient étonnées par les affrontements qui renaissent, chaque année, depuis 1962, autour de cet anniversaire considéré par les uns comme une « victoire » et par les autres comme une date honteuse autour de laquelle tourbillonnent trahisons et mensonges d’Etat, qu’il fut longtemps interdit d’évoquer sous peine de subir les sarcasme accusateurs de ceux qui, à droite mais surtout à gauche, s’efforcent d’imposer une vérité historique contredite par des faits avérés mais longtemps masqués par l’omerta médiatique. Sans doute parce qu’ils sont révélateurs d’une mauvaise conscience refoulée….
Or, il ne s’agit pas de controverses et de contestations puériles sur des questions de dates. Le sujet est infiniment plus grave.
Aujourd’hui, et grâce à « Internet », les vérités refont surface. Les documents sortent, et les preuves deviennent accessibles à tous. Quelques jeunes historiens s’emparent du sujet sulfureux que constitue « la Guerre d’Algérie ».
Les accords d’Evian,- les historiens honnêtes ( c’est à dire « non-engagés » ) le reconnaissent -, furent une énorme escroquerie , une sorte de mystification destinée à servir une gigantesque opération de manipulation de l’opinion. Pour en mesurer l’ampleur, il suffit de se reporter au texte original de ces « Accords »:
http://www.exode1962.fr/exode1962/accords-evian/accords-evian.html
http://www.legifrance.gouv.fr/jopdf/common/jo_pdf.jsp?numJO=0&dateJO=19620320&pageDebut=03019&pageFin=&pageCourante=03020
De nombreuses émissions télévisées présentées sous forme de pseudo-documentaires, où des Historiens de pacotille étaient invités à distiller leur « vérité », – le plus médiatisé d’entre eux étant Benjamin Stora , »Historien Officiel »de la « Guerre d’Algérie » et porte-parole officieux du FLN – ont contribué à enfumer l’opinion pour tenter de dénaturer des faits historiques au profit d’une approche idéologique d’évènements sur lesquels toutes les vérités n’ont pas encore été dites.
Car, il faut le savoir, l’intégralité des Archives, tant du côté français que du côté algérien n’est toujours pas accessible aujourd’hui, et les Historiens, les vrais, se demandent toujours pourquoi, après plus d’un demi-siècle, ces Archives demeurent « Secrets d’Etat ».
C’est pourquoi j’ai été surpris de découvrir dernièrement, la vidéo d’un Journal télévisé de FR3 Nice, qui explique, avec, – pour la première fois à ma connaissance -, un étonnant et estimable souci d’objectivité, les raisons pour lesquelles les Pieds Noirs ne considéreront jamais le 19 Mars 1962, comme la date marquant réellement la fin de la guerre d’Algérie.
Le fait est assez rare pour mériter d’être signalé. Je vous engage à en prendre connaissance. Ainsi vous serez mieux éclairés que vous ne l’avez jamais été jusqu’ici :
Dans la fusillade du 26 Mars, sur les escaliers de la Grande Poste d’Alger, un de mes bons camarades est mort d’une balle en pleine tête, tué par l’Armée Française. Il avait 23 ans….
Je n’oublierai jamais l’horreur du moment où, à la demande de ses parents qui n’en avaient pas la force tant leur chagrin était grand, j’ai dû aller reconnaître son corps à la Morgue sous une pile de cadavres jetés à même le sol dans une énorme bouillie de sang….
Alors, pour moi, quels que soient les vociférations de quelques « trous-du-cul » issus d’un « communisme résiduel » et de quelques vieux « porteurs de valises », le 19 Mars ne sera jamais la date de la Paix en Algérie.
Et je ne suis pas le seul dans ce cas…
Post-Scriptum : J’en suis désolé pour mes lecteurs, mais, curieusement, depuis ce matin, le lien sur cette vidéo exceptionnelle ne fonctionne plus….étonnant, non ???
A défaut, je compenserai par l’évocation de ces faits douloureux, mais historiquement incontestables, par des Historiens, des vrais, et non pas des « porte-paroles » d’une vérité bafouée. On comprendra, à la lecture de cette évocation, qu’il est difficile de concevoir que le 19 Mars 1962 soit célébré comme la date de « la Paix en Algérie ».
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Détournées de la lutte contre le terrorisme pour se consacrer à celle contre l’ organisation armée secrète (O.A.S.) et les partisans de l’ Algérie française, les forces de l’ ordre assisteront, impuissantes, sous le regard d’ un exécutif provisoire sans autorité et d’ un gouvernement provisoire de la République algérienne (G.P.R.A.) incapable d’ assurer la relève de la France, à la mainmise sur le pays par des réseaux du F.L.N. qui, considérablement renforcés par une nouvelle libération de huit mille cinq cents fellagas et libres de toutes contraintes, sans se départir de leur logique révolutionnaire et de l’ usage de la terreur, se rendront coupables d’ assassinats de centaines de milliers de personnes et de l’ exode d’ un million d’ autres.
L’ historien Jean Monneret analyse cette situation en ces termes:
« Dès lors qu’ une des parties était, non pas un état démocratique, mais un mouvement révolutionnaire, c’ était là parier sur une bien aléatoire métamorphose. […]
« En fait, dans les circonstances du moment, les autorités françaises se sont trouvées prises dans une contradiction. Elles ne pouvaient pas proclamer la valeur des Accords d’ Évian, les faire approuver par le peuple français, en faire le pivot de leur politique algérienne et prendre simultanément des mesures de défiance envers le FLN. Agir d’ une manière qui eût contredit les discours était politiquement intenable. »
Nos dirigeants sont informés de ces dérives criminelles, disposant en Algérie pour cela, outre des sources diplomatiques et médiatiques, de celles, très documentées et détaillées, de leurs services de renseignement qui, à la différence des formations du corps de bataille, sont restés pleinement opérationnels; disposant de moyens d’ investigation classiques, dont une flotte aérienne dotée d’ appareils de prises de vues performants, ces services fournissent des indications précises tant sur les conditions d’ arrestation que sur les lieux de détention des personnes enlevées.
Dans leurs ouvrages, Jean Monneret et Georges Fleury rapportent que le ministre des Armées, monsieur Pierre Messmer, au cours du conseil des ministres du 18 juillet 1962, rend compte de cet état de faits; ils notent que le président de la République, après avoir déclaré que « Ça se tassera » (Jean Monneret), menace les fonctionnaires, les enseignants et les médecins qui fuient l’ Algérie de révocation (Georges Fleury).
L’ historien Maurice Faivre cite les directives nouvelles que le chef de l’ État définit en matière de maintien de l’ ordre:
» Il faut être maître de la situation, […], appliquer les accords… réserver le moins possible… Il ne s’ agit pas des Français, mais de la France… Sur le plan de la Justice, il n’ y a aucune sanction des crimes depuis avril « .
Sur le terrain, ces directives se traduisent par des consignes aux unités qui, comme le rapporte Jean Monneret , prescrivent ce qui suit:
» […] il ne doit pas y avoir d’ incident avec le FLN. Il ne faut agir pour la protection des Européens qu’ à la condition expresse que ceci se passe « sans heurts et en douceur ».
» […] le respect du cessez-le-feu doit primer. »
Jean Monneret cite les paroles du commandant T qui déclare que « le commandement minimisait les enlèvements » et que » le cessez-le-feu avait priorité sur la protection des nationaux. »
Cet auteur précise que les officiers et les soldats témoins de crimes de cette nature reçoivent la consigne de ne pas intervenir et de se taire; que les officiers qui prennent l’ initiative de passer outre sont sanctionnés et renvoyés en métropole; que le F.L.N. obtient des autorités françaises l’ éloignement d’ officiers et d’ unités (placés par lui sur une » liste noire » ) qui procèdent à des investigations sur ces crimes.
Dans ces mêmes pages, il cite le cas de deux bataillons qui, intervenant à trois reprises sur initiative de leurs chefs pour libérer des Français torturés et mettre des charniers à jour, sont pris à partie par des individus armés qui s’ y opposent; il ajoute qu’ au cours de l’ engagement dans lequel un officier français est tué, l’ une des deux formations est prise sous le feu d’ unités de la force locale et d’ auxiliaires temporaires occasionnels (A.T.O.).
À la suite de ces faits poursuit-il, les deux unités françaises sont sanctionnées: tandis que ses officiers sont consignés, l’ un des bataillons est relevé de son secteur dans les vingt-quatre heures et renvoyé en métropole pour y être dissous; l’ autre bataillon est également relevé de son secteur et son chef, après avoir été consigné, est interrogé » sans aménité » par la sécurité militaire (S.M.); il précise que deux de ces interventions ont été exécutées sur renseignements d’ autochtones francophiles – dont le courage est à citer en exemple.
Maurice Faivre précise que » les A.T.O. s’ opposent aux opérations de recherche des unités françaises « , puis il décrit, à son tour, l’ affaire des deux bataillons cités plus haut par Jean Monneret:
« Deux bataillons français qui ont découvert des charniers près d’ Alger sont invités à la discrétion et déplacés, d’ autant plus rapidement que le colonel Rollet, commandant l’ un d’ eux, a rendu compte que les commanditaires des enlèvements appartenaient à l’ exécutif provisoire. »
Le nombre de Français assassinés ou disparus au cours de cette période varie de près de mille huit cents (chiffre certain cité par Jean Monneret ), à beaucoup plus, selon d’ autres sources. Dans l’ état actuel des connaissances des historiens, il n’ est pas possible de dresser un bilan plus précis.
Maurice Faivre révèle que l’ armée française, qui connaîtra également son lot de victimes, comptera cent quarante-sept tués et cent deux disparus entre le 19 mars (cessez-le-feu) et le 31 décembre 1962.
Cité par le Lt-Col. Armand BENESIS de ROTROU
Sources :
Jean Monneret, La phase finale de la guerre d’ Algérie, Paris, L’ Harmattan
Georges Fleury, Histoire secrète de l’ O.A.S., Paris, Grasset, 2002
Maurice Faivre, Les archives inédites de la politique algérienne – 1958-1962, Paris, L’Harmattan, 2003
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