
Un jour , hostiles à l’Europe « multiculturelle » fantasmée par d’arrogants technocrates, ces pays se tourneront vers la Russie de Poutine !!!
Il m’est arrivé, plus d’une fois, d’ironiser, ici même, sur ceux qui, pour paraphraser le Général, « sautent comme des cabris sur leur chaise en invoquant « l’Europe, l’Europe, l’Europe » !!!
Je fais partie de ceux que la doxa journalistique classe parmi les « eurosceptiques », ce qui illustre la capacité de ceux qui véhiculent « l’opinion dominante », à inventer des qualificatifs pour tenter de chasser hors du jeu et hors du débat démocratique, tous ceux qui ne pensent pas comme eux….
Et pourtant, je ne suis pas, loin s’en faut, – et en tant que simple citoyen – un adversaire du « Projet européen’.
Je sais fort bien que dans un monde où se profilent des dangers et des risques d’affrontement à l’échelle des continents, l’Europe constitue un horizon indépassable pour tous ceux qui croient à la hauteur des valeurs, et à la mission civilisatrice de pays que tout a séparés dans le passé, mais dont la survie est conditionnée par la mise en commun des capacité créatrices, du potentiel et des forces qui ont fait que ce continent , ravagé par une guerre atroce, soit redevenu, gr)ace aux sacrifices et aux efforts des générations d’après-guerre, le plus riche de la planète.
J’ai déjà eu l’occasion de m’en expliquer, dans de précédents billets. Ma conception de l’Europe a toujours été influencée, – oserais-je dire « dictée » – par la fidélité et le respect que je voue au souvenir de Philippe Seguin.
Nul doute que l’histoire politique française – parmi les écrits et les discours prononcés par ce personnage hors-normes, cette force de la nature prématurément disparue, dans le cadre des nombreuses fonctions publiques qu’il a exercées – retiendra son fameux discours du 5 mai 1992 devant l’Assemblée Nationale.
Pendant près d’une nuit entière, «jusqu’à l’aube», en un combat ressemblant étrangement à celui du récit consacré à la courageuse, mais malheureuse chèvre, Philippe Séguin lutta pied à pied pour convaincre les députés des risques politiques, sociaux et économiques découlant de transferts de souveraineté massifs (notamment la monnaie) au profit d’une Europe proto-fédérale que nous promettait l’adoption du traité de Maastricht.
Avant de rendre les armes non pas devant la cruauté d’un quelconque loup de passage mais devant le résultat d’un suffrage référendaire acquis d’extrême justesse (51% pour la ratification du traité en septembre 1992) sur la base de convictions, parfois sincères, mais aussi de peurs et de fantasmes agités comme aujourd’hui , dès lors qu’est évoqué le sujet européen.
Il faut absolument relire attentivement ce fabuleux discours ( 1 ): il contient toutes les mises en garde contre les dangers qui menaçaient, dés cette époque, le projet européen, peu à peu détourné de ses ambitions, – celles qui avaient enthousiasmé notre jeunesse -, par un pouvoir purement technocratique, dont il était clair, dès le début, qu’il tiendrait pour nul et sans intérêt, ce que la volonté populaire tentait d’exprimer, une première fois en rejetant le projet de Constitution européenne, et ensuite en boudant par une abstention massive, les élections qui suivirent.
On a tenté de faire l’Europe, contre les peuples.
Mais les peuples ont une mémoire, et savent attendre l’heure de prendre leur revanche !!!
Je conseille chaleureusement la relecture attentive de ce discours qui restera dans l’Histoire : on y trouvera l’évocation par Philippe Séguin de tous les dangers qui menacent aujourd’hui ce projet, les manœuvres et arguments utilisés pour tordre le bras aux électeurs et mettre les peuples devant le fait fédéral accompli : ce sont toujours les mêmes mais, – lueur d’espoir -, les solutions alternatives proposées sont également toujours d’actualité.
l’Europe, construite dans l’ambiguïté d’un fédéralisme que Philippe Séguin avait prophétisé dès 1992, est en train d’agoniser sous le poids de ses contradictions.
Faite pour organiser la convergence, la zone euro a, de plus, creusé le ressentiment entre débiteurs et créditeurs, entre le Nord et le Sud de l’Europe. Seule l’Allemagne a tiré bénéfice de la zone Euro, et s’est créé une position dominante sur le plan économique, à l’abri du parapluie américain, en s’exonérant de tout effort militaire, et en protégeant son industrie à une époque où la mode, en France, était de prôner la désindutrialisation et l’externalisation des usines pour concentrer les activités sur « l’expertise et les services »…. Le plus bel exemple de cette abhération stratégique ayant été illustré par le Groupe Alcatel….
La libre circulation au sein de l’espace Schengen a, sur fond de crise migratoire, fait exploser la solidarité européenne et provoqué le Brexit et la poussée des mouvements contestataires dans les pays dits du bloc de Visegrad.
Détournée de ses objectifs, cette « libre circulation » – initialement conçue pour permettre aux citoyens européens de circuler et de s’installer librement dans l’espace européen pour y créer des richesse -, est scandaleusement mise à profit par l’immigration qui, attirée par « l’Eldorado » européen, circule désormais, sans contrôle, dans cette espace qui, technocratiquement, c’est-à-dire sans consultation de la volonté populaire, a décidé de ne pas défendre ses frontières.
Emmanuel Macron, au logiciel daté des années 70, s’est isolé dans cette Europe, avec un discours grandiloquent déconnecté de la réalité.
Son discours ressemble en tous points, à «l’option du guépard», à l’instar du film éponyme: «Tout changer pour que rien ne change». Il consiste, s’appuyant sur un diagnostic pessimiste, – qui lui permet d’exorciser de manière cathartique les remords d’une Droite qui s’est souvent trompée et n’a jamais été capable de porter les valeurs sur lesquelles elle avait été élue, de continuer à proposer exactement les mêmes solutions politiques que celles de ses prédécesseurs.
En résumé, ce discours consiste à tenter de nous faire croire que l’Europe ne fonctionne plus, et que la solution c’est qu’il faut « plus d’Europe » !!! «plus d’harmonisation fiscale, pour créer un nouveau fonds d’intervention, pour une augmentation du budget communautaire pour accroître les pouvoirs de l’oligarchie bruxelloise, pour une nouvelle étape dans « l’intégration » européenne et l’affaiblissement des États, enfin, pour une Europe de la Défense dont on nous berce depuis trente ans et qui n’a jamais connu le commencement d’un début de réalisation, etc.etc…»
Mais à aucun moment, il n’est question de « plus de démocratie », plus de mise en valeur du riche réservoir de culture, des capacités d’innovation et du savoir faire industriel, de l »Europe, plus de mesures sociales destinées à favoriser le renouveau de la natalité sur le continent, plutôt que de distribuer des aides à des populations qui ne s’intègreront jamais à une société européenne dont elle ne partage en rien les mœurs.
Bien au contraire, nos Eurocrates ne nous bassinent qu’avec les fantasmes d’une Europe multiculturelle dans laquelle les peuples européens devraient – comme si c’était une fatalité – renoncer à leur identité, pour laisser le champ libre à des traditions, des cultures, des mœurs des modalités de « vivre ensemble » qui ne sont pas les nôtres.
Cette fuite en avant est un faux-semblant. Elle ne veut pas voir que le projet européen est encalminé et risque d’emporter les Nations qui composent l’Europe dans sa chute.
Il ne suffit plus de sauter comme des cabris en criant l’Europe, l’Europe, l’Europe !!!
L’Europe est devenue un mythe, un concept sans contenu aux yeux de ceux qui, sans désemparer, posent la même question : l’Europe, oui !!! Mais quelle Europe ???
Celle des « marchands » qui n’y voient qu’un « marché » dont les citoyens sont les « consommateurs », celles des « eurocrates » ivres de pouvoir et qui ne songeant qu’à élargir ses frontières et sont prêts à les supprimer ???
Celle des fanatiques du « multiculturalisme »à la recherche d’une culture vaguement métissée, qu’ils n’ont pas trouvée dans le riche héritage de ce continent ???
Celle de « no-berders » dont des ONG irresponsables devant les peuples, sont devenues les supports et prônent un monde sans frontières dans lequel tout appartient à tout le monde, y compris à ceux qui n’ont jamais rien inventé, ni produit ???
Ou celle de ceux qui souhaiteraient que cette Europe protège ses propres intérêts et ceux de ses citoyens, en même temps qu’elle préserve son identité et ses valeurs séculaires qui n’ont que très peu à voir avec « les valeurs » bidon que se sont fabriquées une génération empêtrée dans de naïves illusions, à la recherche d’une « bonne conscience » qui ne lui coûte guère !!!
Lorsqu’on voit que malgré la PAC, la France a régressé dans son potentiel agricole, et qu’elle est en passe de devenir importatrice nette dans quelques décennies, qu’au nom de « l’ouverture à la concurrence » des pans entiers de notre industrie faute d’avoir eu l’autorisation de Bruxelles de fusionner avec des concurrents, sont peu à peu passés sous contrôle étranger, lorsqu’on voit l’aboutissement d’une folle absence de politique de l’immigration, et j’en passe…il y a lieu de s’inquiéter pour la suite.
L’Europe d’aujourd’hui, victime de l’inconscience, de l’aveuglement d’une technocratie arrogante est au bord de la rupture. Les pays dits « du bloc de Visegrad » qui portent dans leur patrimoine historique le souvenir des batailles menée pour endiguer la menace ottomane, ne cèderont rien devant les rodomontades des extrémistes d’une « Europe multiculturelle » ouverte à tous les vents.
Le risque est grand à terme, que cette Europe dont nous rêvions, jeunes, se réduise à une Europe croupion, et à un face à face entre une France devenue vassale de l’Allemagne….
Pendant que les Pays du bloc de Visegrad se tourneront peu à peu vers la Russie de Poutine qui lui tend les bras….
Post-Scriptum : (1) – https://www.senat.fr/evenement/revision/seguin05051992.html
Juste un petit extrait : » Une fois ouverte la discussion sur le texte qui nous est soumis, le piège sera refermé. Nous serons prisonniers d’une logique dont nous ne pourrons plus nous dégager.
Le traité, nous le savons tous, n’est pas amendable. Le Président de la République a été particulièrement clair à ce sujet le 1er mai : nulle réserve portant sur le cœur même du traité ne pourrait être opposable aux cocontractants. Quant à la voie de la modification du texte constitutionnel, elle me parait en l’état sans issue.
Du fait de la dérive vers la suprématie du droit communautaire, nous ne disposerons d’aucune garantie en cas de contradiction entre le traité et Ia Constitution, D’ailleurs, l’obligation de débattre à nouveau de la monnaie unique ne pourrait figurer ni dans l’un ni dans l’autre, et serait de nul effet. De nul effet aussi l’obligation pour le Gouvernement français de s’expliquer devant l’Assemblée avant d’aller se lier les mains à Bruxelles. Quelle en serait la sanction?
Quant au principe de la subsidiarité, en rappelant sa nature subjective, je crois en avoir d’avance limité la portée. D’ailleurs, tous les règlements et de nombreuses directives s’appliquent sans passer devant le Parlement et, pour tous ces textes, la saisine du Conseil constitutionnel est impossible.
Quant à la maîtrise de notre politique en matière de visas, si elle pouvait être prévue dans la Constitution, elle demeurerait absente du traité. Alors, comment les juges interprêteraient-ils cette contradiction ?
Quant au droit de vote des étrangers, je n’en parle même plus puisque j’ai déjà eu l’occasion de démontrer qu’on confondait probablement en la matière l’accessoire et l’essentiel.
Il n’y a donc, je le crains, aucune garantie à attendre d’un quelconque amendement du projet de loi. Il y a encore moins d assurance à attendre de l’usure du temps. Ce serait d’ailleurs une bien curieuse démarche que de nous en remettre à la survenance d’hypothétiques catastrophes dans les années à venir pour nous sortir d’un piège dans lequel nous nous serions nous-mêmes enfermés. »
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