Il n’est pas de Progrès dans le reniement des racines et des traditions.
Je fais sans doute partie de « l’autre France insoumise » !!! Celle qui n’a pas apprécié le « trait d’humour » de Macron sur les « Gaulois réfractaires ».
Même si comme tout jeune écolier j’ai appris que j’avais des ancêtres Gaulois, je n’y ai jamais cru un seul instant.
Réfractaire, oui, sans conteste !!! Réfractaire à une certaine vision de ce qu’ils nomment le « progressisme »et qui n’est qu’une tentative, velléitaire, de raboter tout ce qui, dans la société française, refuse de s’aligner et se soumettre aux oukases d’une prétendue élite qui sait tout sur tout sans avoir jamais rien appris, ni de l’Histoire ni des malheurs passés.
Le Pied Noir que je suis, et dont je n’ai jamais renié les origines, – ce, malgré les innombrables clichés méprisants véhicules sur cette petite communauté -, ce Pied Noir dans lequel ne coule pas une goutte de sang ‘gaulois », qui a connu la tragédie de l’exil des « rapatriés » jetés à la mer avec une famille et deux jeunes enfants, et quelques valises, ce Pied Noir-là, n’en a pas pour autant conçu une quelconque rancune à l’égard de la France. Tout juste une grande déception et un soupçon de détachement à l’égard d’une certaine catégorie de Français…
Les Pieds Noirs savent mieux que quiconque, que lorsqu’on a tout perdu, il ne reste plus pour retrouver l’espoir, que « la Patrie » que l’on porte, malgré les déceptions, et l’amertume, dans son cœur.
«La France, c’était la vie ; l’Algérie, la nostalgie. La France, la grande nation ; l’Algérie, la petite patrie», résume fort bien Zemmour, ce compatriote tellement décrié par des « Français de souche » qui n’ont pas, comme lui, l’amour de la France accrochés à leurs semelles de chaussures ….
A ce propos, ( petite parenthèse ), Zemmour vient d’écrire un livre, – « Destin Français « – qui, comme le précédent, rencontrera, je le lui souhaite, un succès d’édition comparable au précédent, un livre qui en dit long sur ce qu’est « l’identité » chez beaucoup de ces français qui , comme moi, n’ont aucune ascendance gauloise, et qui, néanmoins se sentent farouchement Français,…en Europe.
Aussi détesté qu’il soit par certains, le point de vue de Zemmour sur la question de l’identité française ne manquera pas de passionner bien des Français. Dans le Figaro, l’éditorialiste Alexandre Devecchio observe que comme Michel Onfray l’a noté dans FigaroVox avec son sens de la formule habituel: «Invité en bout de table, pour le dîner de cons, Eric Zemmour a retourné la situation et montré à toute la tablée que le con, ça n’était pas lui…»
« Gaulois « ??? Je ne le suis donc pas plus que Zemmour !!! Et sur ce plan, je ne me sens certainement pas solitaire au sein du Peuple français.
Revenons à notre sujet !!! Réfractaire ??? Je le suis, sans aucun doute !!!
Réfractaire à cette forme de mépris pour la volonté populaire profondément attachée à son « identité » ( pardon pour ce gros mot ), qui dénote, chez Macron, le dessein d’une marche forcée vers l’Europe, avec toujours plus d’Europe, sans jamais dire vers quelle Europe !!!
Car, Emmanuel Macron, cramponné à ses postures « progressistes » ne semble voir dans le patriotisme qu’une forme ringarde d’attachement à l’idée démodée de Nation, et de repli sur soi.
Je lui suggère, en ces temps de doutes, de relire Ernest Renan. Et notamment, la merveilleuse définition qu’il donne de la Nation «Une Nation est une âme, un principe spirituel (…) L’une est dans le passé, l’autre dans le présent. L’une est la possession en commun d’un riche legs de souvenirs, l’autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu indivis».
Passionné de la riche Histoire de France, amoureux de tant d’auteurs qui font partie de mon univers intellectuel, et qui appartiennent au patrimoine culturel accessible à tout Français, pourvu qu’il en ait l’appétit ou la curiosité, j’ai reçu, grâce aux maîtres qui m’ont enseigné, et aux quels je dois beaucoup de ce que je suis devenu, ma petite part de ce riche héritage. Et j’en suis fier.
Car les héritages culturels, sont souvent transmis par de grandes figures intellectuelles du passé, n’en déplaise à ceux qui souhaiteraient en effacer la trace, pour complaire à d’autres qui ne rêvent, secrètement, que de nous imposer la leur.
Ce qui semble avoir échappé aux « progressistes », c’est que «l’enracinement, c’est-à-dire l’inscription dans une histoire et un lieu, est une nécessité anthropologique.»
Ils n’ont pas compris, me semble-t-il, que l’Europe ne se fera pas contre les peuples.
Macron espère former un bloc dont le noyau dur serait constitué de lui-même et de Mme Merkel, pour lutter contre l’influence de ce qu’il définit avec une pointe de mépris, comme des « populistes ». C’est-à-dire « la lèpre » de ceux qui ne sont pas prêts à s’opposer à la volonté populaire des citoyens qui les ont élus, pour les conduire, tel un troupeau de veaux, vers cette Europe soumise, au nom de l’acceptation d’un « multiculturalisme » et d’un « vivre ensemble’ fantasmés par des élites bourgeoises en mal d’exotisme, à la recherche d’une « bonne conscience »qui ne leur coûte pas très cher….
L’Universitaire Chantal Delsol s’exprimait récemment, dans le Figaro à propos du terme « populiste » utilisé désormais en « élément de langage » par les « bonnes consciences » françaises pour désigner ceux qui refusent de plier devant le diktat de Bruxelles à propos de la « crise migratoire »:
« Chantal DELSOL – Gardez à «populistes» ses guillemets. Car c’est un adjectif par lequel on injurie ses adversaires, ce n’est pas un substantif qui aurait une signification objective. Aucun gouvernement ne se dit «populiste», seuls ses adversaires le nomment tel. Ainsi à la limite, le mot renseigne davantage sur celui qui le prononce que sur celui qui l’endosse. En tout cas, ce mot de combat désigne une guerre idéologique: celle que se livrent d’une part les courants progressistes universalistes, cosmopolites, libéraux-libertariens et, d’autre part, les courants demandeurs d’enracinement et d’identité. Au fond, c’est le dernier en date des combats entre les modernes et les anti-modernes. Il y en a eu d’autres. Il y en aura d’autres. » ( Fin de citation ).
Macron se trompe lourdement et risque de conduire l’Europe à une impasse, et à réduire le projet européen, – à supposer qu’il réussisse -, à un face à face entre la France et l’Allemagne, la France se soumettant à une forme de « vassalisation » devant une Allemagne forte de sa domination économique.
Comme le démontre l’essayiste Nicolas Baverez dans le Figaro, Macron joue un jeu dangereux avec l’Europe !!!
Je cite :
« Les élections européennes de mai 2019 n’ont ainsi pas de précédent par leur enjeu, puisqu’elles pourraient déboucher sur la désintégration de l’Union en cas de majorité des partis populistes au Parlement, comme par la dynamique politique qui les sous-tend. Pour les Vingt-Sept, elles se présentent comme un référendum sur l’Union autour de la question de l’immigration. Pour la France, elles se présentent comme un référendum sur Emmanuel Macron, qui a lié son destin et son projet à la refondation de l’Europe lors de l’élection présidentielle de 2017.
Or, ce scrutin décisif s’engage sur la base d’une opposition à la fois artificielle et suicidaire entre progressistes et nationalistes. La notion de progressiste renvoie aux compagnons de route de l’URSS stalinienne dans les années 1950, qui n’offrent ni un modèle de lucidité politique, ni un remède à la crise de la démocratie, ni une solution aux dysfonctionnements actuels de l’Union.
A contrario, il ne fait guère de doute que les électeurs entendront sous le nationalisme la défense des nations, de leur identité et de leurs frontières, soit précisément la réponse à leurs attentes. Forcer les citoyens à choisir entre l’Europe et les nations, c’est dresser l’acte de décès de l’Union.
La démarche s’inscrit dans la litanie des manœuvres cherchant à instrumentaliser l’Europe à des fins de politique intérieure qui se sont systématiquement retournées contre leurs promoteurs. L’objectif consiste à diviser et affaiblir ce qui reste de droite de gouvernement en France. Le résultat sera de renforcer la vague populiste en Europe tout en soulignant l’isolement d’Emmanuel Macron dans notre pays comme en Europe. »
Car la marge de manœuvre politique de Mme Merkel s’est considérablement réduite. L’opinion publique en Allemagne rejette, de plus en plus, les politiques de solidarité en Europe, l’avancée vers le fédéralisme, et l’immigration de masse. Assise sur un magot qu’elle a constitué à l’ombre de l’OTAN et du parapluie américain, et grâce à un Euro dont elle maîtrise le cours et favorise son commerce extérieur, l’Allemagne ne fera aucun cadeau à la France.
Macron n’a pas pris la mesure du durcissement de l’opinion, outre-Rhin , qui rejette désormais, pour les raisons évoquées ci-dessus, l’idée d’une mutualisation des risques avec les autres pays européens (rejet d’un budget de la zone euro, de l’émission d’Eurobonds, d’approfondissement de l’Union des capitaux ou de l’Union bancaire…).
Un rejet qui condamne les avancées vers le fédéralisme dans la zone euro !!! Auquel s’ajoute un rejet croissant de l’immigration, qui s’accompagne d’une dangereuse montée de l’extrême droite, pourtant prévisible dès le lendemain de la folle invitation de Mme Merkel aux réfugiés de venir, en masse en Allemagne. Une initiative solitaire prise par la Chancelière au mépris de toute consultation de ses partenaires européens, et sans souci de la réaction populaire que cette initiative susciterait….
Une initiative dont Macron avait applaudi la « générosité », au lieu d’en dénoncer l’absence de vision quand aux conséquences prévisibles dont l’Allemagne, à son tour, paie le prix….
(http://www.lepoint.fr/monde/migrants-le-jour-ou-l-europe-a-bascule-07-09-2018-2249342_24.php )
Les élections de Matteo Salvini et de Viktor Orban, pour ne citer que les plus récents, ne sont que les symptômes d’une aspiration démocratique profonde des peuples européens, de leur exaspération et de leur rejet absolu, de toute immigration exogène et massive.
Même les peuples scandinaves se réveillent !!! L’Europe du Nord n’échappe pas à la vague « populiste » !!! Croyez-vous que cela ferait réfléchir nos « progressistes » en peau de lapin ??? Pas du tout !!!
En Suède, on prédit la forte poussée d’un parti d’extrême droite aux élections de ce week-end. Au Danemark et en Norvège, des formations nationalistes ont fait de spectaculaires percées, s’imposant dans le paysage gouvernemental. Tous ces partis ont prospéré sur le même terreau: le refus de l’immigration de masse.
Le Discours de la Sorbonne du 26 septembre 2017, acte fondateur de la politique européenne de Macron, semble déjà très loin .
Il apparaît clairement que depuis quelque temps déjà les difficultés à refonder le projet européen – même avec ses partenaires les plus proches, bousculés politiquement au sein même de leurs pays respectifs -, lui sautent au visage.
Car, au fur et à mesure du réveil des Peuples, les partis eurosceptiques gagnent du terrain partout, engrangent des voix et font fructifier leur capital politique de façon fulgurante auprès d’un grand nombre d’électeurs. Et les tirs de barrage des « extrémistes européens » n’y changent rien malgré le discrédit sémantique dont ils affublent les termes de «nationalisme», «populisme», et le fameux «repli sur soi» brandis à tout bout de champ.
La réalité politique de cette Europe, de plus en plus fracturée, affronte brutalement le retour des peuples à la démocratie.
Et la technocratie bruxelloise semble en avoir perdu la main, en même temps que son arrogance et ses certitudes.
Les « Gaulois » attendent patiemment les prochaines élections européennes pour faire entendre leur voix et faire savoir que l’alternative n’est pas entre une Europe du « Grand Bazar », et une Europe du « repli sur soi », mais entre une Europe des marchands et une Europe des Nations, des Peuples, des « savoirs-faire », des cultures enracinées, tournant le dos à des métissages hasardeux et exotiques….
Il serait temps qu’enfin, des voix s’élèvent, dans toute l’Europe, pour proclamer que le choix n’est pas, comme le prétend imprudemment Macron, entre les « progressistes » autoproclamés, et l’ Extrême-Droite populiste, mais qu’il existe une voie médiane : celle d’une politique européenne réformiste et réellement démocratique et d’une Europe respectueuse des identités nationales, attentive au respect des volontés populaires et de la diversité des peuples qui en font la richesse. En clair : une Europe fière de sa CIVILISATION !!!
Cette conception « clivante » du destin de l’Europe ne sert que ceux qui y voient l’opportunité de déstabiliser une construction fragilisée par des années d’errements.
Comme l’écrivent, dans le dernier numéro du « Monde Diplomatique, Serge Halimi & Pierre Rimbert :
« Ramener obstinément la vie politique des décennies qui viennent à l’affrontement entre démocratie et populisme, ouverture et souverainisme n’apportera aucun soulagement à cette fraction croissante des catégories populaires désabusée d’une « démocratie » qui l’a abandonnée et d’une gauche qui s’est métamorphosée en parti de la bourgeoisie diplômée. Dix ans après l’éclatement de la crise financière, le combat victorieux contre l’« ordre brutal et dangereux » qui se dessine réclame tout autre chose. Et, d’abord, le développement d’une force politique capable de combattre simultanément les « technocrates éclairés » comme les « milliardaires enragés ». Refusant ainsi le rôle de force d’appoint de l’un des deux blocs qui, chacun à sa façon, mettent l’humanité en danger. »
Ce que souhaitent les européens sincères, c’est une Europe soucieuse de protéger les peuples qui en ont construit le rayonnement et la prospérité au prix du sacrifice des générations qui les ont précédés. Car l’El Dorado européen n’a pas fini d’exciter des convoitises !!!
Mais cette Europe là, c’est le contraire de l’Europe technocratique actuelle qui trahit, jour après jour, l’idéal de ses « Pères fondateurs » !!!
( 1 ).-Chantal Delsol ou Chantal Millon-Delsol, née le à Paris, est une philosophe et écrivaine française.Elle fonde l’Institut Hannah Arendt en 1993 et devient membre de l’Académie des Sciences morales et politiques en 2007. Catholique, « libérale-conservatrice », fédéraliste, et en faveur du principe de subsidiarité fondé sur celui de la singularité, elle est éditorialiste au Figaro et à Valeurs actuelles, et directrice de collection aux éditions de La Table Ronde.