De Gaulle, dont le talent oratoire n’est plus à démontrer, avait eu une formule pour stigmatiser les fanatiques d’une Europe supranationale. Je le cite :
« Il faut prendre les choses comme elles sont, car on ne fait pas de politique autrement que sur les réalités. Bien entendu, on peut sauter sur sa chaise comme un cabri en disant « l’Europe ! », « l’Europe ! », « l’Europe ! » mais cela n’aboutit à rien et cela ne signifie rien.(…)Vous en avez qui crient : « Mais l’Europe, l’Europe supranationale ! il n’y a qu’à mettre tout cela ensemble, il n’y a qu’à fondre tout cela ensemble, les Français avec les Allemands, les Italiens avec les Anglais », etc.Oui, vous savez, c’est commode et quelquefois c’est assez séduisant, on va sur des chimères, on va sur des mythes. Mais il y a les réalités et les réalités ne se traitent pas comme cela. Les réalités se traitent à partir d’elles-mêmes. »( Fin de citation ).
Il fut une époque où, jeune Pied-Noir de 30 ans, rentrant d’Algérie, la rage au cœur, avec une femme et deux enfants, et deux valises ( dans l’attente d’un petit container de déménagement qui ne nous est jamais parvenu ), après avoir consacré trente mois des plus belles années de sa jeunesse à combattre « dans le djebel », prenant conscience de vivre la fin d’une époque, je réalisais que ce qui avait poussé de Gaulle à précipiter cyniquement notre exil, c’était l’impérieuse nécessité, pour la France, de mettre un terme à la « période coloniale », pour se tourner vers un nouvel avenir, en s’engageant toute entière dans un « Projet Européen » qui allait enthousiasmer une génération entière.
J’ai fait partie de cette génération.
J’ai longtemps cru que les perspectives qu’offrait la construction de l’Europe justifiaient que l’on oublie les rancœurs, que l’on renonce à l’esprit de revanche, et que la nouvelle amitié franco-allemande que l’on nous présentait comme un exemple de la maturité de ces deux grands peuples qu’étaient Français et Allemands, faisait naître l’espoir d’un renouveau de la puissance et de l’influence d’un continent qui avait connu toutes les horreurs et la ruine de plusieurs guerres fratricides.
L’un de mes grands-pères avait succombé, pour la France, en « 14-18″…. Et mon père avait « fait la guerre de 40″…..
C’était l’époque où l’on pouvait encore croire que l’Europe pouvait rayonner sur la planète grâce à la richesse de son patrimoine intellectuel, à la vitalité de son savoir-faire technologique. C’était l’époque de la « génération Erasmus », où l’on pouvait encore croire qu’il existait un « modèle intellectuel européen » hérité d’une culture judéo-chrétienne : nous nous prenions pour les héritiers de Pascal, de Voltaire, d’Erasme de Roterdam, de Rembrandt, de Cervantès, de Dante, de Goethe, de Jean-Sébastion Bach, de Bethoven et de Debussy et Ravel….et j’en passe….
Notre génération a ainsi rêvé d’une Europe qui après avoir ensemencé la terre entière en diffusant sa conception des Droits de l’Homme et de la Démocratie, deviendrait, pour les peuples européens, un havre de prospérité et de sécurité.
Il ne m’a fallu attendre que quelques années pour comprendre qu’il s’agissait d’un rêve fou.
Tout d’abord parce que j’ai assez vite compris que ce rêve s’était dissout, avant de se briser, dans une conception technocratique de l’Europe.
J’ai assez vite compris que l’Union européenne n’est pas l’Europe.
L’Europe, c’est un ensemble de nations qui ont une longue Histoire, qui s’efforcent de cohabiter depuis des siècles, souvent en s’opposant durement mais aussi en s’enrichissant réciproquement de leurs différences. L’Union européenne, elle, est une pure construction , un montage juridico-technocratique né de l’idée que cette construction ne pouvait s’épanouir qu’en en confiant le gouvernail à une technostructure non élue, ce qui peu à peu, a éloigné l’Europe des peuples européens.
L’Union européenne, c’est devenu, avant tout, une volonté de pouvoir supranational, c’est à dire qui surplombe et encadre l’action des États-membres au point de les enserrer dans une sorte de carcan.
Tout se passe comme si cette technostructure ne s’était donné d’autre finalité que de conduire les peuples européens là où ils ne souhaitaient pas forcément aller, c’est à dire vers une Europe fédérale dont le seul objectif est de favoriser l’adaptation à une mondialisation acceptée comme une sorte de fatalité objective.
Le projet de Constitution européenne, laborieusement élaboré par Giscard d’Estaing m’avait mis la puce à l’oreille, lorsque j’ai appris avec une stupeur inquiète que l’on renonçait à faire mention, dans le préambule de la future Constitution, « les origines judéo-chrétiennes » de la civilisation européenne. J’y ai immédiatement vu un signe d’encouragement aux velléités conquérantes de l’Islam en Europe.
Mais pour moi, tout a réellement commencé avec l’échec du référendum de 2005 sur la Constitution européenne, et avec le tour de passe-passe qui a permis de contourner les réticences populaires envers un modèle européen dont on sentait bien que son objectif était d’effacer de la mémoire des peuples tout sentiment d’appartenance à un État-nation. Car l’État-nation, c’est ce qui heurte tout projet d’insertion de l’Europe dans une construction mondialiste dont le projet me paraît être une sorte de rêve occidental, qui n’est partagé dans aucune autre partie du monde.
Or, il semblerait que nous soyons parvenus à la fin d’un processus et que la prise de conscience de l’égarement du projet européen se soit répandue en Europe.
Car, peu à peu, les peuples ont compris que l’UE, ce n’est pas seulement la Commission de Bruxelles. Les trois grandes institutions supranationales que sont la Banque centrale européenne, la Cour de justice de l’Union (CJUE) et la Commission, ont entamé profondément la souveraineté des États membres, sans que les peuples aient pu constater, en contrepartie, que l’action de ces « Institutions » les aient protégés contre les crises graves, telles que la crise financière mondiales de 2008, contre les risques de démantèlement de sa puissance industrielle, et encore moins contre le terrorisme et la perspective d’une immigration massive et incontrôlée, et surtout, contre les effets néfastes d’une « mondialisation » qui ne profite qu’à une minorité, et écrase tous les autres….
N’ayant aucune légitimité démocratique, ces Institutions n’ont tenu, jusqu’ici, que parce que les pays membres acceptent de leur céder des prérogatives. C’est une forme de servitude volontaire en somme, à laquelle les peuples sont désormais soumis.
Mais, un pays qui en aurait la volonté politique pourrait tout à fait se reprendre. Le processus du Brexit nous en administre la preuve. Et l’on comprend mieux, ainsi, les formidables tirs de barrage auquel l’Angleterre a été soumise, assorti de menaces explicites, aux quelles ont participé, dans toute l’Europe, la caste médiatique qui s’était déjà illustrée dans un combat perdu contre l’élection de Trump aux USA.
L’une des premières choses annoncées par Theresa May lors de son discours sur le Brexit du 17 janvier a été sa volonté de répudier à terme la jurisprudence de la Cour de Justice de l’UE qui peu à peu s’était employée à restreindre la capacité juridique des États à légiférer, hors des directives européennes.
L’exemple hongrois est également significatif. Sans même prendre la peine de sortir de l’Union, la Hongrie a réformé sa Constitution et sa justice afin de ne plus avoir à appliquer sur son sol les décisions de la Cour de Justice européenne dont nul ne sait, en Europe, comment sont désignés les Magistrats qui la composent….
Une sortie en douceur de « l’ordre juridique européen », en quelque sorte, que les autorités européennes sont impuissantes à condamner apparaît comme de plus en plus possible et c’est ce qui explique le mouvement de panique que provoque, parmi les « zélites » européennes, la perspective d’une victoire électorale du Front National en France…..
Nous serions donc en train de vivre une sorte de « crépuscule de l’Europe d’en-haut »….
Le projet européen, qui a déçu une génération entière, à laquelle j’appartiens, se voit soudain confronté à la montée des scepticismes populaires, que ses « zélites » cherchent à discréditer en lui collant l’étiquette « populiste » qui en dit long sur la méfiance des « zélites » européennes à l’égard des peuples…..
@michel : ????
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Vous êtes sans doute trop sévère. D’abord l’Europe que vous dénoncez est celle de Mitterand. N’ayant ni la volonté ni la compétence de gérer la France, il voulut se doter d’une capacité d’emprunt sans limites. Il utilisa alors la transition allemande pour amarrer l’Allemagne financièrement. Vingt cinq ans plus tard, nous avons 100 % du PIB de dette dont la dernière partie acquise gratuitement (elle ne coute RIEN à ses décideurs, qui ne rembourseront pas eux mêmes, et qui n’ont pas d’intérêts à payer) nous met à la merci de la hausse des taux qui se produira l’année prochaine.
Ce bienfait, (l’emprunt gratuit) nous aurions pu en profiter pour faire, pour nous moderniser, pour nous développer. Nous ne l’avons pas fait. Est ce la faute de l’Europe ?
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pauvre EUROPE , dés le départ, vouer a l’échec , il on mis ,la charrue , avant les bœufs ,, il aurait du commencer , pars harmoniser , les taxes, impôts , charges ,Mais NON.. la finance ,et lobbys ,EUX , on prit le pouvoir ,Puis le référendum , 54.4% était contre , Mais un dictateur Républicains ,c’est assis dessus ,tout comme pour Mayotte ,il savait que les FRANCAIS , voteront NON ,donc un référendum la bas, mais pas en FRANCE ,donc attendons ,la fin de cette élections ,
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