Dans un article publié en Octobre 2014, j’ironisais sur la difficulté, pour notre diplomatie à oeuvrer dans un monde où il n’y a plus comme autrefois, « les bons » d’un côté et « les méchants » de l’autre :
https://berdepas.wordpress.com/2014/10/07/les-bons-et-les-mechants/
Dans d’autres billets, j’ai évoqué notre curieuse conception de l’attitude à adopter, face à la menace d’un Islam conquérant…
https://berdepas.wordpress.com/2015/02/12/mourir-pour-lukraine-/
https://berdepas.wordpress.com/2014/09/15/le-camp-des-saints-ou-celui-des-barbares/
C’est sans doute la rançon à payer à un monde dont les convulsions nous échappent, car nous n’en sommes plus les acteurs dominants, et depuis que, – nos « politologues » nous le rabâchent à longueur d’antenne -, nous sommes passé d’un monde bipolaire à un monde multipolaire…..
Dans de nombreux billets, j’ai évoqué ma perplexité devant des choix surprenants, en matière d’alliance stratégique, qui font que nous sommes alliés ici, avec ceux qui soutiennent, là, ceux que nos soldats combattent.
Nos courbettes devant les monarchies du Golfe ont parfois quelque chose d’indécent quand on sait à quel point ils sont responsables de la naissance puis de l’expansion de l’Etat Islamique, qu’ils ont aidé, en ses débuts, comme ils ont aidé Al Qaida et d’autres organisations djihadistes en Afrique où combattent nos soldats, sur un terrain difficile, et dans des conditions qui mériteraient un peu plus d’attention et de soutien moral de la part de la Nation….
Avec les Socialistes au pouvoir, en France, nous n’en sommes plus à un paradoxe près: Hollande stigmatise la Russie pour ses lois sur les homos, et il va en Arabie Saoudite, lécher les bottes des roitelets, qui les décapitent…
Nos errements s’expliquent en grande partie par le fait que nous sommes devenus une Nation mineure, jouant les supplétifs de l’Amérique, et que notre appartenance à l’OTAN, nous prive d’une liberté d’action aggravée par la déficience de nos moyens militaires, eu égard au rôle que nous ambitionnons de jouer sur la scène internationale.
En Ukraine, où Obama a voulu, trop imprudemment avancer ses pions, jusqu’à narguer la Russie de Poutine dont il a sous estimé la capacité de nuisance, nous sommes les « suiveurs » dans une politique sur l’opportunité de laquelle nous n’avons jamais été consultés….
Car la Russie n’est plus soviétique,- ce qui dérange une partie de la Gauche française -,et ne constitue plus le principal ennemi de l’Occident. Mais la Diplomatie américaine ne semble pas avoir intégré ce facteur dans sa stratégie en Europe….
En Afrique, également, nous sommes en première ligne, après qu’Obama, « Prix Nobel de la Paix » oblige, ait décidé de ne plus engager les soldats américains au sol, prenant le contre-pied de son prédécesseur Georges Bush Jr….
Or, Obama est bien décidé à quitter la scène de l’Afrique et du Moyen-Orient pour pivoter vers l’Asie dont les perspectives passionnent les mileux d’affaires américains.
Il a limité l’intervention des forces américaines dans la région à une demi-guerre, restreignant le nombre et l’intensité des frappes aériennes – surtout en Syrie -, tout en excluant d’engager des hommes au sol, à part des forces spéciales.
Or, de plus en plus de voix s’élèvent, parmi les vrais stratèges, – pas ceux du « café du commerce », mais ceux dont la responsabilité et de réfléchir et de préparer le terrain aux décisions futures de nos dirigeants. Ces voix suggèrent que le moment est venu d’envisager de déchirantes révisions en matière de politique internationale et de repenser nos partenariats et nos alliances, en termes de réalisme et d’efficacité….
Car chacun a bien compris qu’il n’y aura pas de victoire possible contre Daech, sans engager des troupes au sol. L’Amérique, la Grande Bretagne, la France et tous leurs alliés occidentaux s’y refusent. L’Amérique et la Grande Bretagne échaudées par leurs expériences malheureuses en Afghanistan et en Irak..
La France, déjà trop engagée en Afrique, ne dispose plus des forces nécessaires pour engager un combat d’une telle ampleur. En outre, elle répugne à envoyer ses soldats combattre en « terre arabe » par crainte de réveiller des velléités de vengeance sur son propre territoire. Car « chez-nous », « le ver est dans le fruit »……
Nos dirigeants politiques, enfermés dans leurs « postures », se répandent, de déclarations en déclarations guerrières dont on sent bien qu’elles ne servent qu’à masquer une impuissance évidente dans leur volonté de stopper une avancée jusqu’ici apparemment irrésistible. Nous assistons, jour après jour, pétrifiés, à la chute de nouvelles cités , de Ramadi à Palmyre….
Alors une lourde question se pose: faut-il remettre en question nos alliances sur le terrain ???
http://www.geopolitique-geostrategie.fr/jean-bernard-pinatel/analyses/moyen-orient
Nos principaux amis s’appellent l’Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie. Or ce sont des puissances sunnites qui ont soutenu l’État islamique souvent aidé en sous-main, à ses débuts.
Or, les Occidentaux n’ont jamais apporté un vrai soutien à ceux qui combattent réellement l’État islamique, à savoir les chiites emmenés par l’Iran. Ne faut-il pas, à la faveur des négociations en cours, dont l’objectif est, à terme, de réintégrer l’Iran dans le « concert des Nations », envisager un rapprochement stratégique avec ce pays ???
De même se pose, à nouveau, la question du soutien à Bachar-el-Assad, le temps de venir à bout de Daech, quitte à « régler le sort » de Bachar au retour d’une situation stabilisée ???
Enfin, le moment n’est-il pas venu de prendre nos distances avec Washington dans sa démarche d’enfermement de la Russie de Poutine qui aura, à l’occasion de la malheureuse affaire ukrainienne, montré sa haute capacité de nuisance dans nos relations internationales ??? Mais dont on sait aussi qu’il a acquis, dans la lutte contre le djihadisme, une expérience, gage d’efficacité : les Tchétchènes en savent quelque chose…..
Roosevelt et Staline avaient forgé une alliance pour vaincre Hitler. «Daech doit être notre priorité car il nous menace directement. Il faut forger avec Damas une alliance d’opportunité, de circonstance, pour vaincre le diable. La question de Bachar sera réglée dans un second temps…», estime le général Desportes. (1)
Toutes ces questions ne pourront rester encore longtemps sans réponse. Car les rodomontades d’un « Président Normal », même déguisé en Chef de Guerre, ne suffiront pas à terrasser l’Etat Islamique, devenu notre ennemi mortel.
Ping : Le choc des réalités…. | Tempus Fugit….
@François: au sujet de l’Iran, je pose une question. Vous apportez un élément de réponse qui vaut ce qu’il vaut…
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Je ne suis pas d’accord avec vous.
L’Iran ne combat pas l’Etat Islamique. Parce qu’il en est l’allié « objectif ». L’Etat Islamique est en effet l’adversaire, et le successeur à venir de l’Arabie Saoudite, comme puissance sunnite(arabe) suprême qui, elle est l’adversaire de l’Iran.
Pour l’instant, l’Iran finance et entraine un hezbollah adversaire des rebelles Syriens et participe, encourage et subventionne, comme il l’a toujours fait, les guerres intestines arabes.
La lutte entre les pays du golfe et l’Etat Islamique en sont, vous ne pouvez imaginer à quel point ils en sont content.
L’occident, qui sait très bien ce que veulent l’Iran (la bombe atomique) ne doit bien sur pas la leur donner pour le prix (et dieu sait si ils négocient, on dirait des grecs) de leur hypothétique participation à une nouvelle guerre avec l’Irak ou ce qui en tient lieu. Visitez les cimetierres d’enfants de 13 ans de la banlieue de Téhéran pour comprendre qu’ils ne le feront jamais.
C’est en Libye que l’Occident Européen doit intervenir et en fait au Sahel, c’est sa responsabilité.
Pour l’Irak, scandaleusement abandonné par le lâche Obama, il faut convaincre son successeur d’y revenir. C’est en cours, d’ailleurs, et inéluctable.
L’iran
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