Samuel Hutington est mort.
Dans un article sous > https://berdepas.wordpress.com/page/6/< j’évoquais les malentendus qu’ a suscité son oeuvre et particulièrement l’ouvrage traitant du « Choc des Civilisations ».
Extraits: « Il est bon de se pénétrer de la lecture, longue, difficile et parfois fastidieuse d’un Livre fort décrié dans certaines démocraties occidentale : “le choc des civilisations” de Samuel P. Huntington ( ¹ )qui devrait être reçu comme un avertissement et un appel au ressaisissement de la culture occidentale, au lieu d’être brandi comme un dangereux brûlot par ceux qui préfèrent opposer l’angélisme au courage et à la lucidité. »(1)-(Samuel Huntington. Le Choc des Civilisations. Odile Jacob. Poche)
« Car ce livre, fortement documenté, contient des passages édifiants.
Beaucoup en ont fait un message de Cassandre qui aurait pour effet de dresser l’une contre l’autre, les civilisations judéo-chrétiennes et Islamiques, et ont fait l’impasse sur les pages qui traitent de l’éveil inquiétant de l’Asie et des bouleversements géopolitiques qui s’annoncent. »
« Page 152 , au paragraphe “Economie et Démographie” , Huntington évoque et cite les déclarations de dirigeants asiatiques évoquant “avec mépris le déclin de l’Occident et attribuent leurs succès ainsi que les échecs de l’Occident à la supériorité de leur culture et à la décadence de la culture occidentale.”
« Déjà, au début des années quatre-vingt-dix, le triomphalisme asiatique s’exprimait, par la bouche des dirigeants de Singapour, proclamant “la montée de l’Asie dans les relations avec l’Occident, et proclamant les vertus de la culture asiatique, fondamentalement confucéenne qui serait responsable de sa réussite – l’ordre, la discipline, la responsabilité familiale, le goût du travail, le collectivisme, la sobriété – opposés à la complaisance, la paresse, l’individualisme, la violence, la sous-éducation, le manque de respect pour l’autorité et “l’ossification mentale” qui seraient responsables du déclin de l’occident.”
« Pour ses habitants, la réussite de l’Extrême Orient est en particulier, le résultat de l’importance culturelle accordée en Asie, à la collectivité plutôt qu’à l’individu, et aux valeurs confucéennes partagées par la plupart des pays de la région. »
L’Occident devrait se méfier et faire preuve de prudence afin de ne pas ajouter à la menace islamique que les mêmes angélistes se refusent à reconnaître, une nouvelle menace qui découlerait de la réaction de peuples fiers qui ne considèrent pas nos civilisations comme un modèle méritant un respect absolu, et qui, en tout état de cause, n’accepteront jamais de se plier à des exigences dont nous sommes les seuls à ressentir et à défendre la légitimité.
Samuel Hutington avait l’art de poser les vraies questions, celles auxquelles notre monde en pleine recherche de repaires, hésite à répondre, préférant se détourner des réalités aux quelles il sera vite confronté.
«Dans le monde entier, des gens étudiaient et débattaient de ses idées», a réagi l’économiste Henry Rosovski, son ami depuis près de 60 ans. «Chacun de ses livres a eu un impact», a-t-il poursuivi, soulignant que certaines de ses formules font aujourd’hui partie de notre vocabulaire».
Jorge Dominguez, l’un des vice-doyens de Harvard, l’a décrit comme «un des géants de la science politique dans le monde au cours du dernier demi-siècle. Il avait le chic pour poser la question cruciale mais dérangeante. Il avait le talent et l’intelligence pour formuler des analyses capables de résister au temps».
Pour le professeur Stephen Rosen, spécialiste des affaires militaires et de sécurité nationale, «l’intelligence brillante de Samuel Huntington était reconnue par les universitaires et les hommes d’Etat qui avaient lu ses livres à travers le monde. Mais ceux qui le connaissaient l’aimaient car il combinait une loyauté féroce envers ses principes et ses amis et un plaisir à se confronter à ceux qui s’opposaient à ses idées».
Les opinions élogieuses qu’il a suscitées, bien avant sa mort, émanant de certains de ses collègues américains, contrastent avec celles émises en Europe, et particulièrement en France dans les milieux conformistes dont le discours « politiquement correct », évite d’aborder, en les contournant, les questions qui fâchent les « islamophiles », mais aussi tous ceux qui sont convaincus que dans le monde multipolaire dans lequel nous entrons de plein pied, le « dialogue », même entre sourds, vaut mieux que l’affrontement, même verbal….
A titre d’exemple, je citerai Emmanuel Todd et Youssef Courbage (!!!) qui s’inscrivent en faux contre les thèses de Huntington, dans « Le rendez-vous des civilisations (Seuil – 2007) », en qualifiant « Le choc des civilisations » d’« exégèse faussement savante des textes sacrés ». 
« Dans « Le choc des civilisations », Samuel Huntington a cru pouvoir démontrer en 1996, que l’opposition entre l’occident chrétien et l’islam était irréductible, et qu’il fallait donc s’attendre à une nouvelle guerre froide entre ces deux camps, guerre qu’il faudrait peut-être anticiper un jour. Pendant quelque temps, cette thèse a réussi à bouleverser les milieux intellectuels et politiques des pays occidentaux, en pleine crise de l’immigration musulmane en Europe. Il n’y a rien d’étonnant à cela, lorsqu’on sait que Zbigniew Brzezinski a dit de ce livre : » Un tour de force intellectuel : une œuvre fondatrice qui va révolutionner notre vision des affaires internationales » .
La négation de réalités qui s’imposent jour après jour, est devenue formule courante chez certains de nos « zintellectuels » qui font la mode en matière d’idées.
Et pourtant, il suffit de se pencher sur une mappemonde et d’entourer d’un coup de feutre rouge, toutes les partie de notre planète qui sont en état de conflit, latent ou ouvert, pour prendre conscience du feu qui couve…..
WordPress:
J'aime chargement…