Contre-pied


Je vais « en boucher un coin » à quelques uns des commentateurs de mes posts.

En effet, si je suis loin de partager, en général, les analyses souvent iconoclastes de Mr le Sénateur Socialiste Jean-Luc Mélenchon, que je considère comme un homme de talent, caustique ( mais ne le suis-je pas moi-même ? ), et showman recherché par les médias, en raison du caractère souvent provocateur de ses propos, mais aussi de son indépendance d’esprit, je dois admettre que l’opinion qu’il exprime sur son blog, à propos de la Chine, du boycot des Jeux et de l’action de Robert Ménard à propos du Tibet, correspond assez bien à la mienne.

Pourtant, je vous assure que Mélenchon et moi, nous ne nous sommes pas concertés !!!!

J’espère qu’il ne m’en voudra pas de le citer in extenso:

« Je ne suis pas communiste chinois. Je ne le serai jamais. Mais je ne suis pas d’accord avec les manifestations en faveur du boycott des jeux olympiques. Je ne suis pas d’accord avec l’opération de Robert Ménard contre les jeux olympiques de Pékin. Je ne suis pas d’accord avec la réécriture de l’histoire de la Chine à laquelle toute cette opération donne lieu. Je ne partage pas du tout l’enthousiasme béat pour le Dalaï lama ni pour le régime qu’il incarne. Pour moi, le boycott des jeux est une agression injustifiée et insultante contre le peuple chinois. Si l’on voulait mettre en cause le régime de Pékin il fallait le faire au moment du choix de Pékin pour les jeux. Il ne fallait  pas permettre à la Chine d’être candidate. Il fallait le dire en Chine. Ce qui se fait est une insulte gratuite et injustifiée contre les millions de chinois qui ont voulu et préparent activement les jeux. Pour moi il flotte un relent nauséabond de racisme sur cette marmitte !

UN PRETEXTE

Si un boycott devait être organisé, dans une logique agressive conséquente, ce n’est pas celui du sport qui est un moment d’ouverture et de fraternisation. Pourquoi pas plutôt celui des affaires et de la finance ?  Naturellement aucun des activistes mondains actuels ne le propose ni n’entreprend quoi que ce soit dans ce sens. Si l’on devait vraiment se facher avec le gouvernement chinois,  pourquoi le minimum de ce qui se fait dans les relations normales entre les nations ne se fait-il pas à cette occasion ? Le président de la République chinoise (combien de protestataires se soucient de savoir comment il s’appelle ?) a-t-il été approché ? Lui a -t-on demandé quelque chose ? Quoi ? Qu’a-t-il répondu ? Le premier ministre (combien se sont préoccupés de connaitre son nom ?) a-t-il été interpellé ? L’ambassadeur de Chine en France a-t-il été reçu et a-t-on eu un échange avec lui ? Qui s’en soucie ? Avec une morgue ressemblant à du racisme, on proteste contre un gouvernement dont on ne cite pas le nom des dirigeants, et dont on fait comme s’il n’existait pas. Pourquoi sinon parce qu’on pense par devers soi qu’il n’en est pas vraiment un. La superbe occidentale nie jusqu’au nom des gouvernants qui dirigent un peuple de un milliard quatre cent millions de personnes que l’on croit assez veules pour être maîtrisé par une simple police politique ! D’une façon générale je ressens, en voyant tout cela, l’écho du mépris des colons qui ont imposé en leur temps les armes à la main l’obligation pour les chinois de faire le commerce de l’opium ! Si la volonté est d’affronter le régime politique de Pékin, aucun des moyens employés n’est de nature à modifier quoi que ce soit d’autre que l’opinion occidentale déjà totalement formatée sur le sujet. 
Donc les évènements du Tibet sont un prétexte. Un prétexte entièrement construit à l’usage d’un public conditionné par la répétition d’images qui visent à créer de l’évidence davantage que de la réflexion. Exemple : seule
l’enquête « d’arrêt sur image » rapporte que les « évènements du Tibet » ont commencé par un pogrom de commerçants chinois par des « tibétains ». Dans quel pays au monde de tels évènements restent-ils sans suite répressive ? La vie d’un commerçant chinois a-t-elle moins de valeur que celle du manifestant « tibétain » qui l’assassine à coups de bâton dans la rue ? Bien de l’amitié pour les tibétains n’est qu’une variante nauséabonde du racisme contre les chinois. Elle se nourrit de tous les fantasmes que l’ignorance favorise. Que la répression ait été lourde est peut-être avéré. Comment l’apprécier ? Les seuls chiffres rabachés sont ceux du « gouvernement tibétain en exil ». Pourtant le gouvernement chinois, si j’ai bien entendu, annonce lui-même un nombre de blessés et de morts qui permet de comprendre qu’il y a eu une situation grave et sérieuse que les autorités admettent. Dans n’importe quelles circonstances ont essaierait de comparer les informations. On essaierait de comprendre l’enchainement des faits. Sinon autant dire que le gouvernement français de l’époque a ordonné de pousser deux jeunes dans un transformateur électrique à Clichy Sous Bois au motif qu’il avait alors une politique de main dure face aux banlieues. Personne n’oserait avancer une bêtise aussi infâme. Dans les émeutes urbaines américaines la répression a aussi la main lourde. Tout cela n’excuse rien. Mais cela permet de mettre des évènements en relation de comparaison. 
 
UN PERSONNAGE SUSPECT

J’exprime les plus nettes réserves à propos de l’action politique de monsieur Robert Ménard, principal organisateur des manifestations anti chinoises. A présent, à propos du Tibet et des jeux olympiques, on ne voit que Robert Ménard. Il parle, parait il, au nom de « Reporters sans frontière ». Cette association est réduite à la personne de Robert Ménard. Bien des anciens membres du conseil d’administration pourraient en dire long au sujet des conceptions démocratiques de monsieur Ménard dans sa propre association. Quand je me suis trouvé sur le plateau de radio à France Culture où l’on m’interrogeait sur le sujet du Tibet et des jeux olympiques, messieurs Marc Kravetz et Alexandre Adler sont restés silencieux quand j’en suis venu au rôle de monsieur Ménard.  Ils ne peuvent être soupçonnés de chercher à me complaire… Hors micro, les deux exprimaient des réserves marquées sur les méthodes du personnage de Robert Ménard. Maxime Vivas a établi une analyse documentée extrêmement inquiétante sur ce personnage et ses sources de financements. Quoiqu’il en soit, il semble qu’il remplace aussi dorénavant les syndicats de journalistes, l’association internationale des droits de l’homme, Amnesty et ainsi de suite. Parfois même il remplace le Dalaï lama. Robert Menard milite pour le boycott des jeux ce que ne fait pas le Dalaï lama. Celui-ci dit au contraire que le peuple chinois mérite les jeux. Robert Ménard est un   défenseur des droits de l’homme à géométrie variable. A-t-il mené une seule action, même ultra symbolique, quand les Etats unis d’Amérique ont légalisé la torture ? A-t-il mené une seule action pour que les détenus de Guantanamo soient assistés d’avocat ? Robert Menard a un comportement qui soulève des questions sérieuses au sujet des motivations de son action. 

LE REGIME THEOCRATIQUE EST INDEFENDABLE

 A propos du Tibet. Le Tibet est chinois depuis le quatorzième siècle. Lhassa était sous autorité chinoise puis mandchoue avant que Besançon ou Dôle soient sous l’autorité des rois de France. Parler « d’invasion » en 1959 pour qualifier un évènement à l’intérieur de la révolution chinoise est aberrant. Dit-on que la France a « envahi » la Vendée quand les armées de notre République y sont entrées contre les insurgés royalistes du cru ? Le Dalaï Lama et les autres seigneurs tibétains ont accepté tout ce que la Chine communiste leur proposait et offrait, comme par exemple le poste de vice président de l’assemblée populaire que « sa sainteté » a occupé sans rechigner. Cela jusqu’au jour de 1956 où le régime communiste a décidé d’abolir le servage au Tibet et régions limitrophes. Dans une négation des traditions, que j’approuve entièrement, les communistes ont abrogé les codes qui classaient la population en trois catégories et neuf classes dont le prix de la vie était précisé, codes qui donnaient aux propriétaires de serfs et d’esclaves le  droit de vie, de mort et de tortures sur eux.  On n’évoque pas le satut des femmes sous ce régime là. Mais il est possible de se renseigner si l’on a le coeur bien accroché. L’autorité communiste a mis fin aux luttes violentes entre chefs locaux du prétendue paradis de la non violence ainsi qu’aux divers châtiments sanglants que les moines infligeaient à ceux qui contrevenaient aux règles religieuses dont ils étaient les gardiens. La version tibétaine de la Charria a pris fin avec les communistes. La révolte de 1959 fut préparée, armée, entretenue et financée par les USA dans le cadre de la guerre froide. Voila ce qu’il en est des traditions charmantes du régime du Dalaï Lama avant les communistes et de l’horrible « invasion » qui y a mis fin.  Depuis, la scolarisation des enfants du Tibet concerne 81% d’entre eux là où il n’y en avait que 2% au temps bénis des traditions. Et l’espérance de vie dans l’enfer chinois contemporain prolonge la vie des esclaves de cette vallée de larmes de 35, 5 à 67 ans. En foi de quoi l’anéantissement des tibétain se manifeste par le doublement de la population tibétaine depuis 1959 faisant passer celle-ci de un million à deux millions et demi. Pour tout cela, la situation mérite mieux, davantage de circonspection, plus de respect pour les chinois que les clichés ridicules que colportent des gens qui ne voudraient ni pour eux, ni pour leur compagne ni pour leurs enfants d’un régime aussi lamentable que celui du roi des moines bouddhistes du Tibet. A l’heure actuelle je n’éprouve aucune sympathie pour « le gouvernement en exil du Tibet » dont sa sainteté est le décideur ultime sur pratiquement toutes les questions, où siège un nombre de membres de sa famille qu’il est tout à fait inhabituel de trouver dans un gouvernement, même en exil, sans parler de leur présence aux postes clefs de la finance et des affaires de cet exil. Je respecte le droit de sa sainteté de croire ce qu’elle veut et à ses partisans de même. Mais je m’accorde le droit d’être en désaccord total avec l’idée de leur régime théocratique. Je suis également hostile à l’embrigadement d’enfants dans les monastères. Je suis opposé à l’existence du servage. Je suis laïque partout et pour tous et donc totalement opposé à l’autorité politique des religieux, même de ceux que l’album « Tintin au Tibet » a rendu attendrissants et qui ne l’ont pourtant jamais été. Je désapprouve aussi les prises de position du « roi des moines » contre l’avortement et les homosexuels. Même non violentes et entourées de sourires assez séducteurs, ses déclarations sur ces deux sujets sont à mes yeux aussi archaïques que son projet politique théocratique.  Je n’ai jamais soutenu l’Ayatollah Khomeiny, même quand j’étais contre le Shah d’Iran. Je ne soutiens pas davantage ni n’encourage le Dalaï Lama, ni dans sa religion qui ne me concerne pas, ni dans ses prétentions politiques que je désapprouve ni dans ses tentatives cecessionistes que je condamne.  Je demande: pourquoi  pour exercer sa religion et la diriger le Dalaï Lama aurait-il besoin d’un Etat ? Un Etat qui pour être constitué demanderait d’amputer la Chine du quart de sa surface! Son magistère moral et religieux actuel souffre-t-il de n’être assis sur aucune royauté ? « 

On ne peut pas mieux exprimer mon point de vue sur la question. J’apprécie sur l’affaire des gesticulations hystérique de ce Robert Ménard, Président de Reporter sans Frontières, le talent de Mr le Sénateur Mélenchon dont l’argumentation me convient parfaitement.

Cela montrera à certains de mes « commentateurs » qui sont souvent aussi mes « contradicteurs », que je peux être en déaccord total avec lui sur Soljenistine, et en parfait accord avec lui sur la Chine: ne pas être sectaire, c’est cela. Accepter d’être parfois d’accord avec quelqu’un dont on ne partage pas les convictions.

Quand à ce Robert Ménard, àpropos duquel j’avais entrepris des recherches sur Google, pour en savoir plus sur une personnalité assez trouble à mes yeux, il suffit de parcourir les pages référencées sur Google pour avoir la confirmation du fait que tout n’est pas très net dans l’action de Reporters sans Frontières. Ces pages sont loin de contredire l’opinion exprimée ci-dessus par Mr Mélenchon.

 Je n’en dirai pas plus.