Je suis fort impressionné, ce matin, à la lecture de la Presse française, par le courage et la combativité de nombreux journalistes et hommes ( ou femmes ) politiques.
Le sentiment général que j’éprouve, après avoir « digéré » tous ces points de vue, c’est que la France devrait, comme au douzième siècle, prendre la tête d’une croisade et défier la Chine pour ses excès au Tibet, et dans la même foulée, la Russie pour la brutalité et le cynisme de son intervention en Georgie.
Un peu comme si, tous ces esprits belliqueux n’avaient pas pris la mesure de ce qu’est devenue la France sur l’échiquier mondial, c’est à dire une puissance plus que moyenne, confrontée à une crise économique d’ampleur planétaire, d’une gravité dont peu de Français ont pris la mesure jusqu’ici, placée devant l’obligation de reviser à la baisse ses ambitions militaires, et incapable de défendre son rang parmi les nations développées.
Et c’est cette France là, dont on voudrait qu’elle défie des puissances qui sont appelées à faire la pluie et le beau temps sur la planète, dans les années qui viennent, en s’appuyant sur une Europe désunie, dont on voit bien, au fur et à mesure du temps qui passe, qu’elle ne sera pas avant longtemps ( ou jamais ???) une vraie puissance, y compris sur le plan économique, tant elle sera de plus en plus dépendante de la Russie, sur le plan énergétique et de la Chine pour ses marchés.
Quelques uns, glosent avec un humour douteux sur les efforts de Sarkozy pour sauver ce qui pouvait être encore sauvé en Georgie. N’écoutant que son besoin d’action et son tempérament fougueux, celui-ci s’est précipité, sans préparation diplomatique, en Georgie puis en Russie, alors que l’Europe sommeille au soleil des vacances, sans qu’il ait reçu l’appui d’un seul chef d’Etat européen, excépté ,semble-t-il, jusqu’ici, celui, fort discret de Mme Merkel soucieuse de préserver les relations de l’Allemagne avec la Russie.
Le reproche le plus souvent entendu, c’est que Sarkozy aurait dû, avant d’intervenir en solitaire, réunir les chefs d’Etats Européens pour les consulter avant d’agir. C’est faire semblant de ne pas savoir combien l’Europe est divisée sur la question Russe, et c’est condamner la Présidence française de l’Europe à un immobilisme quasi criminel, quand on sait avec quelle cynisme et quelle détermination la Russie était prête à faire payer le prix du sang aux Georgiens, pour leur « imprudence », en envoyant ses chars détruire l’une après l’autre les principales villes, et les centres nerveux de ce petit pays, sans parler du nombre (inconnu à ce jour ) des victimes et de la détresse de ceux qui ont tout perdu et on dû fuir devant « l’envahisseur ».
Au fond, ce qui frappe, c’est la superficialité de beaucoup de commentateurs qui semblent faire l’impasse sur la complexité de la situation dans ce Caucase devenu un carrefour d’intérêts stratégiques considérables et qu’une allumette suffirait pour embraser la région, tant il y a de pétrole et de gaz dans les pipe lines qui sont appelés à alimenter la planète et en priorité les nations indutrialisées ou en voie de l’être.
Les mêmes commentateurs font l’impasse, le plus souvent, sur les difficultés qui se profilent, dans la relation entre Européens et Russes. Face à une Europe qui doute d’elle même, se découvre, peu à peu, une Russie menaçante, cynique et brutale, dont les dirigeants qui ont grandi dans le serrail du KGB, ont appris sous le régime soviétique à user de toutes les ficelles de la « manipulation des masses ». Cette Russie « new-look » , forte des richesses que lui procurent désormais ses ressources énergétiques, a reconstitué son armée, est résolue à retrouver la place qu’elle avait perdue dans le concert international et à reconquerir son espace d’influence, même par la force s’il le faut.
L’affaire géorgienne en est une illustration.
Cette Russie là, ce n’est pas à coups de belle phrases et d’envolées généreuses sur les « Droits de l’Homme », que la France parviendra à l’intimider,- même en se prévalant de son rôle en Europe.
J’ai apprécié la lucidité du jugement porté sur la situation actuelle de nos relations avec le grand voisin slave dans l’article ci-dessous publié sur « lemonde.fr »:
http://www.lemonde.fr/opinions/article/2008/08/20/pusillanimite-occidentale-face-a-la-russie-par-francoise-thom_1085832_3232.html
Ils se marrent, tous les deux….