Deux ouvrages récents mettent en lumière l’incroyable lâcheté et l’inconscience de tout une génération politique, en Europe, face au problème du risque d’invasion migratoire. ( 1 )
Il n’est pas surprenant que ces deux livres appelés , tous deux, à un succès de librairie exceptionnel, ait été écrits par deux Anglais.
On peut gloser à l’infini sur les causes et surtout sur les conséquences du Brexit, mais on ne peut guère échapper à un constat: l’Angleterre, dans ses profondeurs, a pris conscience, bien avant le reste du Continent européen, du danger de se voir submergée , au nom de la libre circulation des personnes en Europe, par un flux d’immigration impossible à maîtriser, sauf à se réfugier derrière son insularité en coupant les ponts avec l’Europe et en laissant à la France, le soin de gérer pour elle les bataillons de « migrants » stoppés au bord de la Manche….
« L’Europe vieillit et se dépeuple. L’Afrique déborde de jeunesse et de vitalité.
Le principe des « vases communicants » fait qu’une migration de masse va se produire, vers une Europe qui fait figure d’Eldorado, face à des populations qui, depuis la « décolonisation » qui devait leur ouvrir les portes de la liberté et de la prospérité ne leur a apporté que la guerre, la misère et les frustrations de gouvernances incompétentes et corrompues.
L’ampleur de ce courant d’immigration, ainsi que les conditions d’impréparation de l’Europe face à l’un des plus grands défis du xxie siècle, ne fait que commencer à produire ses effets.
L’Union européenne compte aujourd’hui 510 millions d’habitants vieillissants ; l’Afrique 1,25 milliard, dont quarante pour cent ont moins de quinze ans. En 2050, 450 millions d’Européens feront face à 2,5 milliards d’Africains. D’ici à 2100, trois personnes sur quatre venant au monde naîtront au sud du Sahara !!! » ( Stephan Smith )
D’autre part, et dans la douleur, l’Afrique « émerge » »économiquement. Elle représente pour les « marchands » porteurs de l’idéologie mondialiste, un immense réservoir de futurs consommateurs.
En sortant de la pauvreté absolue, l’Afrique se met « en marche »,elle aussi !!!.
Et, paradoxalement, le développement déracine : il donne à un plus grand nombre les moyens de partir. Si les Africains suivent l’exemple des phénomènes migratoires qui se produisent dans d’autres parties du monde en développement, l’Europe comptera dans trente ans entre 150 et 200 millions d’Afro-Européens, contre 9 millions à l’heure actuelle.
Il est clair qu’une pression migratoire de cette ampleur soumettra l’Europe à une épreuve sans précédent, au risque de consommer la déchirure entre ses « élites cosmopolites » et « mondialistes et ses « populistes nativistes » et identitaires.
« L’Europe-providence » et sans frontières est une illusion dangereuse.
Et pourtant, vouloir faire de la Méditerranée la douve d’une « forteresse Europe » en érigeant autour du continent de l’opulence et de la sécurité sociale des remparts – des grillages, un mur d’argent, une rançon versée aux États policiers en première ligne pour endiguer le flot – finira par corrompre les valeurs européennes, tout autant qu’un repli purement identitaire qui s’accommoderait mal des valeurs humanistes du « Droitdel’hommisme ».
L’égoïsme nationaliste et l’angélisme humaniste sont aussi dangereux l’un que l’autre, pour l’Europe. Mais laisser les ONG – « mondialistes » et « open-borders » financées en sous-main par Sorros, décider du destin de l’Europe paraît tout aussi dangereux .
Douglas Murray , tirant la leçon de l’épisode récent de ‘ l’Acquarius »observe qu’il est remarquable de voir se perpétuer cette même folie qu’il décrit dans son livre « l’Étrange suicide de l’Europe »,
« Sur notre continent, personne ne semble vouloir apprendre quelque leçon que ce soit ou penser autrement que dans le court terme. Qui peut croire vraiment qu’une fois que l’Espagne aura accueilli les quelque 600 personnes de l’Aquarius, le problème sera résolu? Qu’il n’y aura personne pour observer ce qui se passe et décider d’en faire autant en suivant le même chemin que l’Aquarius?
En réalité, quelle est notre politique? Que quelqu’un qui monte sur un bateau peut faire route vers l’Europe et y entrer sans formalité ? Que quelqu’un arrivé ainsi en Europe a le droit d’y rester? Manifestement, c’est là notre « politique » actuelle. Et elle est intenable. » !!!
Stephen Smith, lui, dans son livre intitulé « la ruée vers l’Europe », en tant que spécialiste de ce continent qui est , selon lui, déjà mondialisé, en fait la matrice de l’avenir où viennent aussi se télescoper une pauvreté persistante, des conflits armés et meurtriers, la montée d’un extrémisme religieux sorti du Moyen äge, les défis sanitaires, urbains, économiques, aggravés par l’affrontement entre les générations.Car en Afrique, comme partout, la sagesse des vieux n’a plus de prise sur la Jeunesse….
Mais la ruée vers l’Europe est-elle inéluctable ?
Partant de cette « loi des grands nombres » démographique, Smith répond par l’affirmative. Mais, tout en s’écartant des afro-pessimistes, il ne tombe pas dans l’optimisme béat des tenants de « l’Afrique qui gagne » . Pour lui, dans le cadre d’une telle explosion de population, c’est le développement économique de l’Afrique qui, paradoxalement, va nourrir cette levée en masse, de ceux qui partent alors qu’ils constituent le sel même de ce continent.
Sur ce sujet complexe, qu’il traite du point de vue africain, il prend donc à rebrousse-poil certaines idées reçues, envisageant plusieurs scénarios, dont il évalue la probabilité et les conséquences.
Au final, il signe un ouvrage indispensable pour bien comprendre l’un des enjeux majeurs des prochaines décennies.
Ainsi, Stephan Smith combat l’idée selon laquelle la pression migratoire est la seule solution au vieillissement d’une population européenne qui inquiète les générations actuelles qui se demande « qui paiera leurs retraites » ???
Il montre qu’il existe d’autre variables d’ajustement pour résoudre ce problème, que celui de la démographie.
Car, en cherchant à maintenir au même niveau la proportion des actifs et des dépendants, c’est-à-dire le ratio de dépendance, elle devrait accueillir chaque année 13 millions de nouveaux venus, ce qui, de toute évidence, est au-dessus des capacités d’absorption de l’Europe, et engendrerait de tragiques réactions de la part de ceux qui ne supporteraient pas cette forme « d’envahissement ».
En 2050, les trois quarts de la population européenne seraient alors des Africains ou des enfants d’Africains – « des chiffres de toute évidence politiquement inacceptables dans tous les pays européens », précisent les auteurs d’un rapport publié par les Démographes de l’ONU, explorant aussi des variables d’ajustement autres que l’immigration, comme par exemple l’âge de la retraite.
Dans cette hypothèse vraisemblable, l’Europe aurait cessé d’être l’Europe et la France ne serait plus la France, sauf pour quelques « hurluberlus » en mal de fantasmes et d’exotisme .
Si vous ajoutez à cette spectaculaire transformation, celles résultant des bouleversements climatiques, on peut être convaincu que nos enfants et petits enfants ne vivront plus dans l’Europe que nous avons connue….
Mais selon les calculs, des démographes de l’ONU, en combinant le plafonnement à 30 000 nouveaux arrivants par an avec un relèvement du départ à la retraite à 69 ans, la France pourrait , en revenant à une politique nataliste dynamique, stabiliser son ratio de dépendance à 3 actifs pour 1 retraité, soit à peu près à mi-chemin entre ce qu’il était en 1995 (4,3) et ce qu’il serait en 2050, en l’absence de mesures correctives.
Stephan Smith prend donc à contre-pied, tous les « immigrationnistes » qui veulent nous convaincre de la fatalité d’une submersion du continent européen et qui ont, d’ores et déjà baissé les bras devant cette menace tout comme ils ont déjà baissé les bras devant la menace islamique.
Il est encore temps de revenir à la raison.
Le remède n’est pas dans la fuite en avant devant un danger réel et parfaitement identifié et évalué.
L’Europe doit s’entendre, si elle en est encore capable, pour mettre en œuvre une politique active et réaliste, s’écartant des billevesées des apôtres du « multiculturalisme » et du « métissage » à marche forcée, mais s’appuyant sur une maîtrise réelle de ses frontières extérieures, et un contrôle strict des flux migratoires à base de quotas, limitant à notre réelle capacité d’absorption et d’intégration, dans des conditions humaines, des populations entrées sur notre territoire. Ce qui revient à appliquer les méthodes qu’ont pratiquées tous les pays d’immigration, depuis deux siècle…
Elle doit, en même temps, s’entendre, pour mettre en œuvre, rapidement, une politique de développement des pays africains les plus soumis à la pression démographique, alors même que ces pays sont soumis à une exploitation systématique de leurs richesses naturelles par la Chine, dont personne n’a le courage de dénoncer la politique de colonisation rampante sur le Continent africain.
On comprend qu’une telle politique ne s’accommode pas des « états d’âme » de ceux qui cherchent à se donner le beau rôle et à se fabriquer une « bonne conscience » dont ils ne paieront pas le prix. Elle nécessite un courage qu’aucun, parmi les générations politiques actuelles qui dirigent l’Europe, ne semble capable d’assumer.
Ils feignent tous d’ignorer que le prix de leurs lâchetés, ce sont les générations futures qui le paieront….
( 1 ).- Douglas Murray. « L’Étrange suicide de l’Europe ». Éditions Toucan.
– Stephen Smith »La Ruée vers l’Europe », (Grasset, 272 pages, 19,50 euros).