Démocratie et « Populisme ».


 

Brecht

« Puisque le peuple vote contre le Gouvernement, il faut dissoudre le peuple. »

Attribué à Bertolt Brecht

Les Démocraties sont elles malades, ou sont-ce les Démocrates qui perdent la boule ???

Dans un monde devenu de plus en plus indéchiffrable, surtout pour ceux qui étaient habitués à une dichotomie simplifiée selon laquelle il n’y avait que deux grandes familles d’idées, « les bonnes », – celle de ceux qui, du haut de leur suprématie intellectuelle détenaient le Pouvoir « d’informer » – et « les mauvaises », celles des « autres » , la tentation est forte de s’en tenir à ces simplifications .

Ainsi, de même qu’il y avait précédemment, « le monde libre » d’un côté et « un autre monde »menaçant, en face, il y aurait aujourd’hui un « Parti du Bien » , le Parti de ceux qui savent tout, – mais ont déjà tout oublié -, le Parti de ceux qui ont – disent-ils – « des Valeurs », le Parti de ceux dont les « convictions » sont les plus nobles, et qui est impuissant à endiguer la montée, partout en Europe – du « Parti du mal », ce « Parti » qui, disent-ils, « pose de bonnes questions mais apporte de mauvaises réponses » (Fabius dixit !!!) et que la diabolisation n’a pas permis de  réduire au silence.

Tout cela a été finement décrypté par le talentueux Philippe Muray, avec subtilité et humour dans un ouvrage qui mérite d’être lu et relu:  » L’Empire du Bien ». J’en extrais deux citations, parmi tant d’autres qui mériteraient d’être évoquées:

« Le Bien a trimé. Il a bien bossé. D’avance, il stérilise toutes les velléités d’objections, toutes les subversions, toutes les contestations qui pourraient s’élever. »

« Le Bien a couru, il a cavalé, il s’est précipité. Il a touché son but, atteint son désir. Et il est en passe de réaliser ce qu’aucune institution, aucun pouvoir, aucun terrorisme du passé, aucune police, aucune armée n’étaient jamais parvenus à obtenir : l’adhésion spontanée de presque tous à l’intérêt général, c’est-à-dire l’oubli enthousiaste par chacun de ses intérêts particuliers, et même le sacrifice de ceux-ci. « 

( L’Empire du bien de Philippe Muray – Philippe Muray).

Sauf que, dans ce même monde le « contrôle des idées » et la manipulation de l’opinion sont devenus de plus en plus difficiles, malgré le savoir-faire de communicants experts en enfumage médiatique.

Et ce, grâce, en particulier à l’Internet et aux réseaux sociaux, où des voix, de plus en plus nombreuses et de plus en plus écoutées s’élèvent pour contester ce que l’on veut à tout prix faire accepter au Peuple, comme étant « le Bien » de tous, alors que « le Peuple »est de plus en plus convaincu qu’il n’est que le « Bien » de quelques uns.

Des réseaux sociaux que le « Parti du Bien » aimerait bien , sinon réduire au silence, mais « domestiquer » sous prétexte qu’il y circule des « fake news », comme si les fausses nouvelles et les fausses informations n’émanaient que du Parti du Mal….Car si l’on ajoute aux « fausses nouvelles » tous les mensonges par omission du côté du Bien, la balance penche significativement….

Des voix, de plus en plus puissantes en Europe, osent contester « le Parti du Bien » et prétendre que ce que l’on veut faire avaler aux peuples comme étant « le meilleur » pour eux, n’est autre que « le mal » absolu.

Curieusement, le phénomène contestataire du pouvoir des « zélites » en Europe, fait écho à ce qui se passe aux Etats-Unis, avec l’élection du Cow Boy Trump….

Le « Parti du Bien « , n’a jusqu’ici, pu trouver d’autre riposte que celle qui consiste à « diaboliser » ceux qui ne partagent pas leurs prétendues Valeurs, en leur collant l’étiquette méprisante de « Populistes ».

Ce mépris et cette agressivité ne sont autres que le signe révélateur d’une incapacité à écouter, donc à entendre les voix qui montent du peuple, et à apporter à ce dernier, les réponses qu’il attend depuis si longtemps…..

Et pourtant, pris dans son acception de « discours populaire », le Populisme ne saurait être assimilé a priori à un mouvement réactionnaire, démagogique ou fasciste. Ce vieil amalgame dont le « Parti du Bien » est coutumier a pour but depuis longtemps d’empêcher une interprétation plus fine et de jeter hors de l’Histoire, comme s’il s’agissait d’un phénomène sans racines ni causes véritables, ce « Populisme » menaçant….

Car le Populisme est considéré par les « zélites », au pire comme un non-sens et au mieux comme une sorte de « fait divers » pittoresque et accidentel.

Il a servi, – ce qui démontre son caractère abusif -,  à analyser pêle-mêle, – par d’éminents « politologues » – la victoire de M. Luiz Inácio « Lula » da Silva au Brésil, ailleurs la politique de M. Hugo Chávez au Venezuela  ou l’arrivée en tête, en Suisse, lors d’élections législatives, de l’Union démocratique du centre, de M. Christophe Blocher . Hier, c’était l’ascension de M. Bernard Tapie en France et plus loin dans le temps, le poujadisme ou le boulangisme.

D’autres figures ont été accusées, elles, de pratiquer le « Populisme » : le président du conseil italien Silvio Berlusconi, le syndicaliste José Bové, et bien entendu, le président du Front national Jean-Marie Le Pen… Sans parler plus récemment des dirigeants de Partis au pouvoir, en Europe centrale ‘ Autriche, Hongrie, Tchéquie, Slovénie, )

Le terme est donc devenu « un mot valise », et les événements qu’il désigne sont souvent inclassables si ce n’est en leur conférant une signification populaire du rejet des classes dirigeantes. Depuis ceux qui ont purement et simplement renoncé à le faire, jusqu’à ceux qui se contentent de gloser sur nos écrans, rares sont les spécialistes capables de donner une définition correcte du « Populisme ».

Car nos « belles âmes », qui vivent dans « l’entre-soi » d’une société hermétique aux voix qui montent du Peuple, ont le plus grand mal à accepter l’idée que ce qu’ils recouvrent de ce vocable qu’ils considèrent comme « dévalorisant », voire méprisant, n’est autre que la clameur d’un Peuple désabusé, floué, mais lucide, dont la colère monte silencieusement, car elle n’a trouvé jusqu’ici que l’abstention massive dans tous les scrutins démocratiques pour exprimer sa colère, en attendant de le faire massivement à la prochaine occasion.

Il se pourrait bien que la prochaine occasion soit celle des élections européennes dont l’échéance approche.

C’est ce qui explique le déferlement médiatique actuel, conçu pour tenter de décrédibiliser, les uns après les autres, tous ceux qui rejettent le projet d’une Europe gouvernée depuis Bruxelles par une oligarchie de « technos » irresponsables, une Europe ouverte à toutes les tentatives de déstabilisation, et soumise car incapable de se défendre contre  la menace de la pression démographique d’une Afrique qui, plus d’un demi-siècle après la « décolonisation » n’a jamais su prouver qu’elle était capable de générer des responsables politiques capables de mettre en œuvre une gouvernance conçue pour répondre à la détresse des peuples de ce continent aux richesses pourtant prometteuses…..

PS :Bertolt Brecht est un auteur dramatique Est-allemand, né le à Augsbourg (Bavière) et mort le à Berlin-Est. Il a été à la fois dramaturge, metteur en scène, critique théâtral, écrivain auteur de romans1, de récits en prose2 et poète. Apatride depuis que le régime nazi l’a déchu de sa nationalité allemande en 1935, il est naturalisé autrichien en 1950.

La citation reproduite en en-tête de ce billet est controversée . « Puisque le peuple vote contre le Gouvernement, il faut dissoudre le peuple. », pourrait être interprétée comme reflétant son opinion, alors qu’en réalité elle était une critique du gouvernement de la RDA : « J’apprends que le gouvernement estime que le peuple à « trahi la confiance du régime » et « devra travailler dur pour regagner la confiance des autorités ». Dans ce cas, ne serait-il pas plus simple pour le gouvernement de dissoudre le peuple et d’en élire un autre ? ». ( Wikipedia)

En fait cette phrase ne reflète donc pas l’opinion de Berthold Brecht : elle est  un reproche fait au Gouvernement de la RDA pour son mépris de l’opinion populaire.

Le « populisme » est une vieille affaire….

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