C’est un sujet qui m’a toujours passionné. J’ai toujours été fasciné par la puissance du souvenir et de la culture historique dans la construction du « sentiment national ».
Sans doute parce que le petit « pieds noir » que j’étais, dans les veines duquel ne coule pas la moindre goutte de sang « français de souche », est devenu, grâce à ces « Hussards de la République »qui l’ont sensibilisé à la richesse et à la beauté de l’Histoire de « notre cher et vieux pays », un passionné de la France, et de l’identité française telle que l’enseignait Fernand Braudel qui enseigna au Lycée Bugeaud d’Alger.
Je suis devenu un inconditionnel de la recherche et de la défense de la « vérité historique », à une époque où, selon Pierre Nora, « la dictature de la mémoire mence l’Histoire ».
L’historien, qui a lui même siégé au Haut comité des commémorations nationales, revient, dans le Figaro, sur la polémique stupide déclenchée par l’inscription de Charles Maurras dans le Livre des commémorations nationales.
L’académicien s’inquiète, dans l’article paru dans « le Figaro », de la tendance actuelle à instrumentaliser le passé en fonction des critères du présent de façon anachronique et moralisatrice.
Evocant « le cas Maurras », Pierre Nora, que beaucoup considèrent comme un Historien honnête et digne de ce nom,( ce n’est pas mon cas ), n’hésite pas à écrire pourtant » Maurras n’est pas réductible à son antisémitisme. Le personnage est bien plus riche et complexe. Maurras a été un des inspirateurs et des soutiens les plus notoires de Vichy et, à ce titre, condamné à la Libération à la prison à perpétuité. Soit. Mais son procès eût-il eu lieu non en 1945 mais en 1949, comme celui de Bousquet, il est hautement probable qu’il n’aurait pas été condamné aussi sévèrement. C’est un personnage qui, de toute évidence, fait partie de l’histoire de France, à travers l’Action française , le journal que Proust lisait tous les jours. Il a cristallisé le pôle antirépublicain qui, paradoxalement, fait partie de l’histoire de la République. Il a eu durant toute la IIIe République une influence énorme. Il incarnait une opposition cohérente et constituée. » ( Fin de citation ).
Ce n’est pas parce que l’on ne partage pas ses délires antisémites, comme c’est le cas pour Céline, d’ailleurs,- et je ne les partage pas du tout !!! – que l’on doit l’effacer de l’Histoire intellectuelle de notre pays.
Avec justesse, Pierre Nora souligne que l’on a trop tendance aujourd’hui, à « disposer du passé en fonction des critères du présent de façon anachronique, moralisatrice et même, disons-le, discriminatoire. La mémoire de la Shoah ou des crimes nazis est beaucoup plus présente par exemple que celle des crimes du communisme. » ‘ Fin de citation ).
L’intellectuel qui, comme Maurras, a eu des faiblesses coupables envers le fascisme demeure coupable à jamais quand celui qui a idolâtré le stalinisme ou le maoïsme, ou le pol-potisme est un peu vite pardonné…. Les Historiens contemporains devront bien s’en expliquer un jour…..
J’ajouterai qu’il en est de même, s’agissant de la période coloniale de l’Histoire de France dont l’évocation, le plus souvent hors du contexte géopolitique de l’époque, ressemble plus à une histoire « reconstruite », dans un but de « contrition », destiné à séduire ou à flatter des peuples qui, – à plus ou moins juste titre – , se considèrent comme des « victimes »….
Le »Marxisme-léninisme »avait, depuis longtemps, parfaitement compris l’intérêt de l’instrumentalisation de l’Histoire dans le combat politique.
Dans Matérialisme et empiriocriticisme (1909), Lénine affirme la nécessité de « l’esprit de parti en philosophie », c’est-à-dire de choisir son camp entre « droite » et « gauche » : la conception léniniste de l’organisation politique, dont les fondements sont la séparation en deux camps radicalement opposés et une stricte discipline du camp révolutionnaire, est donc étendue sur le plan des idées.
Pour Lénine, le matérialisme dialectique permet de faire de la représentation en général un reflet de la réalité objective : la pensée humaine est par conséquent capable d’atteindre « la vérité absolue qui n’est qu’une somme de vérités relatives ». La porte des « Fake News » est ainsi ouverte !!! Y compris sur le plan historique. Et les « relativistes » ne sont pas les derniers à s’y engouffrer…..
Si les « Fake News » sont à classer dans la rubrique des mensonges calculés, il est bon d’y inclure le mensonge « par omission », car on voit bien comment, en occultant une partie des faits, on peut maquiller et manipuler la « vérité historique », ce dont nombre d’Historiens de pacotille, et de commentateurs ne se privent pas, de nos jours, afin de se conformer à « l’air du temps » et à la pensée « politiquement correcte », en apportant leur contribution malfaisante à la lutte contre tout ce qu’ils considèrent comme des points de vues « révisionnismes »…..
Ceux qui dénoncent, non sans raison, les « Fake News » qui prolifèrent dans les réseaux sociaux, devraient s’interroger sur les raisons de la perte de crédit des médias « institutionnels », passés maîtres dans l’art de « filtrer » les informations, d’occulter les faits qui vont à l’encontre du discours « correct », en un mot, dans l’art de tricher avec l’Histoire au quotidien….
L’Historien, s’il veut éviter de projeter ses fantasmes personnels en arrière dans le temps et d’être ainsi un simple « conteur d’histoires », doit faire un usage strict de la méthode et de la critique historiques.
Mais ce que l’on perd de vue en l’occurrence, c’est le « parti-pris » de l’historien lui-même. Celui-ci ne découle pas seulement de sa culture politique, mais aussi – du moins dans une certaine mesure – de son éducation antérieure, de ses engagements militants, et de ses dispositions naturelles. Il n’est pas rare en effet que ses convictions religieuses ou philosophiques, et même sa vie personnelle, se fassent sentir dans ses écrits ou ses discours.
Car, les convictions ainsi que les qualités d’honnêteté de l’historien – ou leur absence plus ou moins accusée – peuvent peser sur l’orientation de sa recherche et sont dès lors de nature à influencer son jugement.
Ainsi, les écrits d’un prétendu Historien comme Benjamin Stora, devenu, en quelque sorte, et en moins d’un demi-siècle, l’Historien officiel des relations entre la France et l’Algérie, ne peuvent être lus qu’avec circonspection, quand on sait le passé – non renié – de militant « trotskyste », de Stora.
Un passé auquel il n’a probablement jamais renoncé, en vertu du fameux « trotskyste un jour, trotskyste toujours » !!!
@ Jean-Pierre ; pas compris votre histoire de compétence. Pouvez-vous préciser dans un Français plus clair ???
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Merci pour avis que je partage. Mais je pense néanmoins qu’il aurait faire une analyse surtout pour quelqu’un de sa compétence;
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Nora n’a fait que reprendre ce qu’il a entendu dans beaucoup de familles juives qui n’ont pas pardonné leur exclusion des écoles et des Lycées sous Pétain. Mais les Pieds Noirs n’y étaient pas pour grand chose ….
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J’ai passé un mauvais moment en lisant le livre de Pierre Nora sur les Pieds Noirs, ouvrage complété par une lettre de Jacques Derrida qui en met une couche. A croire qu’en Algérie et principalement à Oran, ou P. Nora a fait son service militaire il n’y avait que des pétainistes. Ça se passait comment en Métropole? dans les mêmes temps. Le livre n’est pas très élogieux à notre égard.
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