Profitant de la douceur d’une belle soirée d’été, je m’attarde un instant dans le jardin afin d’emplir mes poumons de l’air frais de la nuit, chargé de senteurs enivrantes mélangeant des parfums de Jasmin, de fleurs d’orangers, de « Galan de Noche ».
Après une journée caniculaire, j’adore trainer un peu, le soir, jusqu’à une heure avancée de la nuit, pour regarder le ciel étoilé et prendre la mesure du bonheur d’être là, encore, après tant d’années et de partager celles qui restent encore avec un être aimé.
Comme très souvent, à cette époque de l’année, c’est la présence d’un moustique, particulièrement agressif, qui m’oblige à sortir brutalement de mes rêveries et à me réfugier à l’intérieur, dans le salon, pour marquer un temps d’arrêt devant ma bibliothèque : j’adore lire la nuit, quand tout est silencieux et que rien ne vient distraire l’attention…
Ce soir-là, je tombe en arrêt sur un livre présent dans les rayons, depuis plusieurs années, et qu’inexplicablement, je n’ai jamais ouvert.
En feuilletant les premières pages, je comprends assez vite que les pages suivantes n’ont rien de « politiquement correct ». Un « avertissement de l’Editeur » est destiné à alerter le lecteur: » Un violent pamphlet dont les arguments sont souvent troublants, y compris lorsqu’ils visent, au-delà de la Révolution de 1789, la démocratie parlementaire façon IIIe République « .
Ce n’est pas étonnant. Je cherche alors à en savoir plus sur le personnage. Je me plonge alors dans Google.
Selon Wikipedia, ( je cite ) : « Léon Daudet est un écrivain, journaliste et homme politique français, né le 16 novembre 1867 dans le 4e arrondissement de Paris1 et mort le 30 juin 1942 (à 74 ans) à Saint-Rémy-de-Provence.
Républicain converti au monarchisme, antidreyfusard et nationaliste clérical, député de Paris de 1919 à 1924, il fut l’une des principales figures politiques de l’Action française et l’un des collaborateurs les plus connus du journal du mouvement.
La bibliographie des œuvres de cet écrivain engagé et prolifique est énorme : plus de 300 notices sur le catalogue de la BNF. Son œuvre de mémorialiste est conséquente, six volumes de « choses vues » de 1880 à 1921, « prodigieux Souvenirs », comme disait Marcel Proust, qui ajoutait : « Les ressemblances entre Saint-Simon et Léon Daudet sont nombreuses : La plus profonde me semble l’alternance, et l’égale réussite, des portraits magnifiquement atroces et des portraits doux, vénérants, nobles. » ( fin de citation ).
Qui pourrait croire alors, que Léon Daudet est le fils aîné de notre Alphonse Daudet, des « Lettres de mon moulin », et de son épouse, Julia née Allard,
Ce père, écrivain renommé mais aussi homme enjoué et chaleureux, a beaucoup d’amis. Les réceptions du jeudi de Mme Daudet attirent de nombreuses personnalités du monde de la culture. Aussi Léon fréquente-t-il dès son enfance des écrivains et des journalistes, les uns, comme Gustave Flaubert, visiteurs épisodiques, les autres, comme Edmond de Goncourt, presque membres de la famille. Maurice Barrès, Émile Zola, Édouard Drumont, Guy de Maupassant, Ernest Renan, Arthur Meyer, Gambetta, entre autres, marquent ses souvenirs d’enfance. Il est également ami de jeunesse de Marcel Proust, alors inconnu.
Léon Daudet n’est donc pas un personnage insignifiant.
Et je comprends mieux en progressant dans la lecture de son livre, les raisons qui font que la doxa intellectuelle du moment a tout fait pour étouffer, au plan littéraire, cette voix insolite, capable de s’attaquer aux idées reçues, parmi les plus répandues depuis la troisième république, à propos de la Révolution française.
Dès le Premier Chapitre, le décor est dressé :
« À la suite des événements du 9 thermidor (27 juillet 1794), Maximilien de Robespierre, décrété hors la loi, fut exécuté sans procès le 10 thermidor de l’an II (28 juillet 1794). Il fut amené en charrette sur la place de la Révolution (ancien nom de la place de la Concorde) en compagnie de 21 de ses partisans, dont son frère et Saint-Just pour y être guillotiné.
71 personnes de plus seront exécutées le lendemain, essentiellement des membres de la Commune insurrectionnelle de Paris, 12 le surlendemain.
Parcours de Robespierre vers la place de la Révolution
Robespierre avait reçu, ou s’était tiré, une balle dans la mâchoire, Couthon avait eu la tête fracassée et Augustin Robespierre s’était gravement blessé en sautant par la fenêtre de l’hôtel de Ville. François Hanriot avait reçu un coup de baïonnette qui lui avait arraché l’œil de son orbite. Il fut sorti d’un égout, ensanglanté et défiguré. Deux mourants (Robespierre le jeune et Hanriot) et un infirme (Georges Couthon) furent transportés dans l’escalier de la Conciergerie ; le convoi se terminait par le cadavre de Philippe-François-Joseph Le Bas.
À 16 heures 30, les charrettes qui transportaient les condamnés sortirent de la cour du Mai et débouchèrent sur les quais. Lorsque les charrettes furent arrivées devant la maison où logeait Robespierre, elles furent arrêtées, et l’on barbouilla la façade de la maison avec du sang. À 18 heures 15 les charrettes arrivèrent place de la Révolution.
Exécution de Robespierre
Adrien-Nicolas Gobeau, 53 ans, membre de la Commune, fut exécuté le premier. Quand ce fut le tour de Saint-Just de monter, il embrassa Georges Couthon, et, en passant devant Robespierre, il lui dit : « Adieu ». Maximilien de Robespierre fut exécuté en avant-dernier, le dernier fut Fleuriot-Lescaut. Lorsqu’un des aides du bourreau arracha brusquement les linges qui lui soutenaient sa mâchoire, Robespierre poussa un cri de douleur. Il fut placé sur la bascule et le couperet tomba. La tête de Robespierre fut montrée au peuple, sous des applaudissements.
Les vingt-deux têtes furent placées dans un coffre en bois, les corps étant rassemblés sur une charrette qui se dirigea vers le cimetière des Errancis (ouvert en mars 1794). On jeta les têtes et les troncs dans une fosse commune et on répandit de la chaux vive pour que le corps de Maximilien de Robespierre ne laisse aucune trace. Néanmoins entre le moment de la décapitation et la mise à la fosse commune, une empreinte mortuaire de la tête de Maximilien de Robespierre aurait été prise par Marie Tussaud1, ce que conteste l’historien Hervé Leuwers qui considère qu’il s’agit d’un faux et souligne les incohérences du témoignage de Mme Tussaud.
Diable !!! Le mystère reste entier !!! Qui s’est emparé de la tête de Robespierre ???
J’en ai la nausée, et du coup je referme mon livre, sans l’avoir terminé. Car les chapitres qui suivent me confirment dans une conviction que je porte depuis que j’ai été élève en classe de seconde au Lycée: était-il nécessaire de faire couler autant de sang, d’exterminer une génération d’hommes et de femmes parmi lesquels se trouvaient beaucoup d’innocents et surtout de futures élites du pays, pour aboutir à une démocratie aussi imparfaite que celle décrite dans le livre de Daudet, que fut celle de notre Troisème République ???
J’irai me coucher hanté par un mystère : quel est le « collectionneur d’horreurs »qui a bien pu voler la tête de Robespierre ???
Alors que les questions affluent, elles vont perturber mon premier sommeil : pourquoi une certaine doxa intellectuelle a-t-elle tant de mal à évoquer les pages sinistres de notre Histoire, et pourquoi le « mensonge historique » s’est-il, depuis la Révolution française, érigé en discours institutionnel, contribuant ainsi à donner bonne conscience à tous les « manipulateurs de l’Histoire ???
@Souris grise : cette époque m’a toujours fasciné. Élève au Lycée, j’ai souvent été mis « au banc » de la classe pour avoir refusé de m’associer au culte de la Révolution française et de ses « révolutionnaires ». Considérant qu’il n’était nullement nécessaire d’avoir fait couler autant de sang pour aboutir à une démocratie imparfaite, et rappelant que de nombreux pays européens n’avaient pas eu besoin de décapiter leurs Rois, pour installer la Démocratie dans leur pays…..
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bonjour Monsieur .
j’ai souvent écrit des billets sur cette terrible époque .je possède de très vieux livres de M.Madelin , mais essentiellement de M.Lenotre .j’avoue qu’il faut quand même être au fait de cette révolution pour lire ce qui est écrit ds ces livres …
serait-ce les noyades de Nantes , et que dire des récits sur la malheureuse Vendée . j’avoue qu’il faut du cran pour ne pas tourner de l’oeil à la lecture de ces vérités …
pour la tête du tyran , je suis sceptique , en effet on mettait le corps et la tête ensemble dans un panier , en général la tête étant placée entre les cuisses .
perso je ne pense pas que la tête du tyran ait été volée , ni qu’il y ait eu un masque funéraire .
cependant loin de moi d’être historienne .mais je connais un peu cette révolution .
ce qui m’intéresse particulièrement c’est le parcours des leaders de l’époque , connaitre le pourquoi du comment …tous élevés ds la mythologie grecque , pratiquement tous avocats (ratés , il faut le souligner ) sauf Desmoulin qui était journaleux ( pas brillant non plus ) .tous élevés ds la religion catholique …mais tous profondément avides de pouvoirs , terriblement envieux du bien des autres …chez certains , il faut vraiment gratter pour leur trouver des qualités , mais comme je ne suis pas socialiste j’ai peut-être plus de mal à être conciliante vis à vis de ces terroristes .
voilà voilà !
amitié Monsieur .
Chris .
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Heureux de lire que je ne suis pas seul dans ma vision de la révolution de 89!…
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