Avec les « gilets jaunes », un pouvoir trop sûr de lui et prétendant servir de modèle à une Europe en perte de repères, a dû céder devant la révolte de groupes sociaux jusque-là, silencieux et peu mobilisés collectivement. En un mois, transports, fiscalité, environnement, éducation et démocratie représentative ont été remis en cause.

Selon l’expression d’un » gilet jaune » : « « Ce mouvement n’appartient à personne et à tout le monde. Il est l’expression d’un peuple qui, depuis quarante ans, se voit dépossédé de tout ce qui lui permettait de croire à son avenir et à sa grandeur. »
En moins d’un mois, la colère inspirée par une taxe sur les carburants a ainsi débouché sur une révolte frisant l’insurrection fondée sur le diagnostic général d’un malaise social profond et un déficit démocratique. Soudain, le « Peuple » se découvre « dépossédé de son avenir » et se rebiffe, un an et demi après avoir porté à sa tête un homme se targuant d’avoir balayé les deux partis qui, depuis quarante ans justement, s’étaient succédé au gouvernement, emportant, dans leur tourbillon, syndicats et tous organes représentatifs de ce qui peuple la « France profonde »..
. Pour la bourgeoisie libérale dont les espoirs sont portés par les « zélites », Bac +7,, dont le passage par « Sciences Po » n’a rien a enseigné de ce qu’est « le Peuple »,la déception est immense. L’élection présidentielle de 2017 — un miracle, une divine surprise, une martingale — lui laissait espérer que la France était devenue une île heureuse dans un Occident en perte de repères.
À l’époque du couronnement de M. Macron sur fond d’Hymne à la joie, l’hebdomadaire britannique The Economist, parfait étalon du sentiment des classes dirigeantes internationales, le représenta, tel Jésus, marchant sur l’eau, en costume éclatant et le sourire aux lèvres…
Partout, en Occident et particulièrement en Europe, les peuples qui ne font plus confiance aux « zélites » , qui depuis des dizaines d’années avaient pris l’habitude dangereuse de « gouverner sans le Peuple » au nom d’une conception erronée de la Démocratie.Et soudain, chez tous nos petits génies de la politique, le désarroi gagne du terrain. Peu habitués à côtoyer « le Peuple », découvrent qu’en dehors du cercle restreint de leur fréquentations, « le Peuple existe » et ils l’avaient oublié, vivant le fantasme d’une France sans frontières , ouverte à tous avec générosité et bienveillance², , à condition que les « beaux quartiers » soient préservés des nuisances réservées au petit peuple qui doit se réjouir de constater que les « Droits de l’Homme » devenus par la grâce de nos « zélites » les Universels « Droits de l’Autre »….
Nos « zélites ont dépensé beaucoup d’énergie pour convaincre des bienfaits d’une « mondialisation » dont le « ruissellement » ne profite qu’à elles, et qui conduit au « sacrifice » les classes moyennes condamnes à la prolétarisation » et le peuple à la régression dans la pauvreté.
Car les conséquences de l’ouverture débridée des frontières ne sont pas les mêmes par tous : ceux qui s’en sortent bien, diplômés, bourgeois, habitants des métropoles, communient dans le même optimisme considérant comme de malencontreux « populistes » ceux qui contestent la nécessité d’admettre que « le Nouveau Monde », « c’est mieux qu’avant » !!!
Aussi longtemps que le pays était calme, ou désespéré, ce qui revient au même, le monde et l’avenir leur appartenait, ….jusqu’à l’irruption des « gilets jaunes »…..