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 vinces insurgées par la régie des impôts, c’est à dire par la perception directe des taxes, sous le contrôle des conseils électifs de notables. Reste à savoir si cette combinaison préviendra les abus. Il est constant qu’elle réduira à un tiers les revenus du Gouvernement et qu’elle mettrait la Turquie dans l’impossibilité de satisfaire à ses engagements si elle était étendue à tout l’Empire. L’acquisition des terrains vagues appartenant à l’Etat, par des paysans chrétiens sera non seulement permise, mais encouragée, afin de constituer en tant que possible une classe de petits propriétaires ruraux.
Pour expliquer au Sultan la nécessité de créer en Bosnie et en Herzégovine des conseils électifs spéciaux, composés de notables, on a rattaché la réalisation de ce voeu des Cabinets à l’organisation du Conseil central pour l’exécution des réformes promises par le ferman du 12 Décembre. Ainsi que j’en ai déjà informé Votre Altesse par le télégraphe, c’est Wassa Effendi, catholique de religion (sic!), qui a été choisi pour présider le conseil électif en Herzégovine. On a préféré un musulman, Haïdar Effendi, ancien Ambassadeur à Vienne, pour la pré­ sidence du conseil de Bosnie, afin d'en imposer davantage aux musul­ mans fanatiques de cette province. Tous les deux partent prochaine­ ment. Ils sont venus me voir et m’ont demandé des lettres de recom­ mandation pour nos Consuls à Mostar et à Sarajevo. J’ai fait tout mon possible pour les engager à se conformer dans l’exercice de leurs fonc­ tions aux désirs des Cabinets.
Wassa Effendi est Albanais d’origine. Il a fait son éducation en Italie, a écrit un livre de poésies italiennes et a été officier de l’armée Italienne, après avoir servi sous Garibaldi. C’est un homme déterminé et sans préjugés. J’ai été à même de constater ses bonnes intentions quant à une entente directe à établir avec le Monténégro. Votre Altesse pourra juger Elle-même de l’impartialité de ses vues par la coupure ci- jointe du Courrier d’Orient, contenant un extrait de son ouvrage sur la Bosnie et l’Herzégovine. Il s’y livre à des critiques sévères contre l'ad­ ministration Ottomane et présente la situation des classes pauvres parmi les Chrétiens sous le jour le plus triste.
La promesse d’une amnistie, qui n’entrait pas dans les cinq points du Comte Andrâssy, a été ajoutée par le ferman Impérial en faveur de ceux des insurgés qui feraient leur soumission. C’est sans doute pour ne pas tarder à profiter de cette clause que le Ministre des Affaires Etrangères Austro-Hongrois a déjà réitéré au Comté Zichy l’ordre de s'entendre avec le Gouvernement Ottoman sur la rentrée immédiate des familles herzégoviniennes réfugiées en Dalmatie. L’Autriche-Hongrie serait autorisée, dans cet ordre d’idées, à publier en Dalmatie simulta­ nément avec la Porte l’amnistie ainsi que les reformes accordées aux provinces insurgées. Une sécurité complète serait assurée aux familles des émigrés à leur retour. Des secours pour l’ensemencement de leurs champs, l'acquisition des instruments agraires indispensables et la re­ construction des maisons leurs seraient alloués. Elles recevraint, en outre, une exemption d’iimpôts pour deux ans.
Le Comte Andrâssy se prévaudra naturellement de ces concessions auprès des Slaves, tout en hatant (sic!) le retour des familles réfugiées sur le territoire Austro-Hongrois. Il conseille toute fois (sic!) de retarder
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