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 Monsieur le Chancelier,
Mon entrevue avec Mr de Bülow le 11/23 de ce mois avait un double but: de m’assurer de l’acceptation par le Cabinet de Berlin du programme de la Conférence préalable à Constantinople et, en second lieu, de con­ naître les décisions relatives à Votre télégramme du 9/21 dr quant à l'attitude des Puissances contractantes en cas de refus de la Porte d'ac­ cepter leur programme.
Par mon télégramme du 11/23 sr, ci-joint en copie, j’ai eu l’honneur de résumer à Votre Altesse cet entretien.
Il en résultait que le Gouvernement Allemand acceptait les solu­ tions arrêtées en commun à Constantinople, sauf de se charger des frais de l'occupation Belge. Mr de Bülow croyait savoir que telles étaient également les intentions du Cabinet Impérial, ce qui m’a été confirmé par Votre dernier courrier.
Quant au second point, la rupture diplomatique et le rappel éven­ tuel de Werther, en cas de refus de la Porte, le Secrétaire d’Etat n’était pas encore en mesure de me donner une réponse. Le Pœ de Bismarck devait prendre à ce sujet les ordres de l’Empereur et Roi. Le Cabinet de Berlin discutait d’autre part la question au point de vue des intérêts particuliers de l’Allemagne et des intérêts généraux. C’est ainsi que lors de notre ultimatum pour la Servie, l’Ambassadeur d’Allemagne devait être chargé des intérêts russes en Turquie. Son maintien à son poste pouvait donc offrir certains avantages même pour la Russie.
J’avais cru comprendre, Monsieur le Chancelier, que le Cabinet Allemand n’était pas porté à rompre ses relations avec la Turquie et qu’il cherchait plutôt des prétextes pour maintenir Son Ambassadeur à Constantinople.
Il m’a semblé utile dans ces circonstances de rendre le Secrétaire d’Etat attentif à la nécessité pour toutes les Puissances de peser sur la Turquie pour l’acceptation du programme de la Conférence. J’ai appuyé sur l’urgence de cette pression au point de vue Européen, humanitaire et dans l’intérêt de la paix que Notre Auguste Maître ne cessait de dé­ sirer. Il était de plus indispensable de maintenir le faisceau des Puis­ sances et d’écarter tout indice de fissure qui ne serait qu’un encourage­ ment à la résistance de la Porte.
J’ai parlé fortement dans ce sens à Mr de Bülow et je lui ai observé que cette pression résultait même des paroles du P“ de Bismarck et des discours officiels de Berlin, qui faisaient constamment allusion aux sentiments et intentions pacifiques de l’Allemagne.
Mr de Bülow me promit d’en référer au Chancelier Allemand. Sur ces entrefaites survinrent les fêtes de Noël.
J’ai revu ce matin le Secrétaire d’Etat. Il m’a fait part des déci­ sions prises et d’après lesquelles le Bon de Werther recevrait l'ordre de quitter Constantinople si la Porte refusait d’adhérer au programme de la Conférence. Je viens de le télégraphier à Votre Altesse.
Je suppose que le personnel de l’Ambassade Allemande sera néan­ moins maintenu à Constantinople. Le Secrétaire d’Etat n’a pas été po­ sitif sur ce dernier point. Il s’est borné à me dire que le Gouvernement Allemand ignorait encore sous ce rapport les résolutions des autres Ca­
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