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 après cela l’information que la Serbie avait besoin de 4 à 6 semaines pour reconstituer son armée et refaire ses forces. Quant à une extension de la trêve jusqu’au 1er Avril, elle me parraissait difficile à demander à cause des raisons exposées dans mes deux télégiammes du 13 et dans ma dépêche du même jour sub. N. 589.
Des contestations surgies à propos de la démarcation au Monté­ négro m’ont donné l’occasion de sortir d’embarras. Ayant eu à ce sujet un aparté avec Safvet Pacha avant la conférence, je l’ai effrayé par la responsabilité qui retomberait sur la Porte si des conflits armés sur la ligne venaient compromettre l’oeuvre pacifique à laquelle nous travail­ lons. Or, comme l’état des routes et la rupture des lignes télégraphiques rendaient les communications avec le théâtre des difficultés — très in­ certaines, Safvet Pacha déclara qu’il faudrait une prolongation plus grande que de quinze jours pour régler toutes les questions. Je lui ai suggéré de la demander à la conférence, en disant que je verrais alors
sii je pourrais prendre sur moi d’y adhérer.
A l'ouverture de la séance, Safvet Pacha a effectivement exposé
les embarras de la Porte, et demandé que l’armistice fût prolongé jusqu’ au 1er Mars nouveau style (17 Février). Mes Collègues me faisaient des signes de dénégation et ont objecté que le terme leur paraissait trop long. Ils déclarèrent cependant que puisqu’un ultimatum Russe avait réglé cette question, il avait lieu d’abandonner la décision au Représentant de la Russie.
J’ai aussitôt fait valoir la portée de la concession nouvelle que je faisais, et ai déclaré que je prenais sur moi d'adhérer à la demande Tur­ que. Mais j’ai eu soin d’établir que la prolongation que nous accordions ne devait en aucun cas, influer d’une façon défavorable sur la rapidité de la marche de la conférence. Nous désirions tous une situation nette aussi promptement que possible et j’aurais été heureux de recueillir de la bouche des Plénipotentiaires Ottomans l’assurance qu’ils y contri­ bueront.
A la suite de cette décision un télégramme fut adressé séance te­ nante au Grand Vézir et je fus chargé d’en informer sans retard les Princes de Serbie et de Monténégro. Il est évident que la prolongation de la trêve ne peut qu’être favorable à cette dernière principauté, car ses troupes continueront à occuper les territoires qu’elles détiennent actuellement. Quant à la Serbie elle aura le temps de se préparer pour les éventualités qui pourraient surgir. C’est sur Widdin qu’elle devra porter toute son attention, car c’est là qu’est réuni le gros des troupes Ottomanes. Rien que 30 à 40 bataillons se trouveraient encore, d’après mes informations, aux alentours d'Alexinatz.
Si je n'ai pas voulu insister sur le terme du 1er Avril, c’est qu’il me paraissait nécessaire de chercher avant tout à rester conséquents avec notre attitude antérieure. Et puis, si nous sommes obligés de rompre tout de même avec la Turquie, la meilleure époque pour une entrée en campagne, ainsi que Votre Altesse se souviendra que je l'ai toujours sou­ tenu, est le mois de Novembre, ou bien la fin de Février et le commen­ cement de Mars.
АВПР, K-33.
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