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respectives pourra être invoqué à un moment donné avec une grande utilité par les Serbes. J'avais même songé m’en prévaloir pour tâcher d’obtenir l’évacuation d’Alexinatz. M’étant toutefois convaincu que je ne serais soutenu par aucun de mes Collègues, je n'ai pas cru possible de m’avancer sur ce terrain délicat, d’autant plus que le télégramme de Votre Altesse du 12 Novembre me recommandait la réserve et que sur les lieux mêmes la question avait été tranchée avec l’assistance de notre délégué militaire. Je n’ai pas manqué d’exprimer à mes Collègues l’avis que les Serbes auraient pu attendre des décisions plus favorables d’une
Commission Européenne. A l’observation de Sir Henry Elliot que ces derniers auraient violé dans les environs de Widdin la ligne de démar cation fixée par les Commissaires, je répliquai par la lecture de la notice ci-jointe relatant une série de faits que les Serbes reprochaient de leur côté aux troupes turques et dont j’avais eu connaissance par une com munication de M. Ristitch.
La dernière des questions qui nous avaient été soumises par le Gé néral Kemball se rapportait aux travaux à exécuter par la Commission en Bosnie, tant entre les armées belligérantes que pour définir le sort des insurgés qui s’étaient ralliés aux Serbes. J’avais prévenu le Général des inconvénients qu’offrait sa proposition de confier cette tâche à la Commission chargée de la délimitation du côté du Monténégro et en Herzégovine. En effet, si même cette commission parvenait à arriver à Belina en traversant toute la Bosnie, elle pouvait rencontrer des dif ficultés de la part des autorités locales qui récuseraient peut-être sa compétence à agir dans ces parages. Tous les Représentants partagèrent mon avis, malgré l’opposition de Sir Henry Elliot, et le programme pri mitif, consigné dans les instructions aux délégués fut maintenu. La Com mission présidée par le General Kemball, tant qu’elle était dans la vallée de la Morava, a quitté Alexinatz Mardi soir et compte arriver à Belina entre le 5 et le 6 Décembre n.st. Ne voulant pas se séparer du quartier général Ottoman, M. Kemball est resté à Alexinatz et la Grande Bretagne sera représentée dans la Commission par le Major Gonne. Sur la demande des Commissaires nous avons invité les Consuls à Sarajevo d’employer tous leurs efforts dans le but de décider les chefs des insurgés à envoyer deux entre eux à Belina pour s’aboucher avec la Commission et établir les conditions de l'armistice. Nous avons d'autre part prié la Porte de prescrire aux Autorités militaires de délivrer à ces chefs des sauf-con duits et de veiller à ce qu’en leur absence aucun acte d’hostilité ne soit entrepris contre les insurgés. Safvet Pacha nous a fait répondre que selon
la Porte, il n’existait plus d’insurgés en Bosnie, que le Gouvernement Turc ne saurait reconnaître le caractère d’insurgés aux bandes insignifi antes qui se montraient de temps en temps dans les montagnes et pou vait encore moins accorder des sauf-conduits à leurs chefs, avec lesquels il aurait ainsi l’air de traiter ou de parlementer, ce qui n’entrait pas dans les intentions de la Porte. Pour ce qui est de ne pas attaquer ces bandes, Safvet Pacha nous en a donné l'assurance formelle, tout en fai sant des réserves pour le cas où les bandes elles-mêmes prendraient l’initiative de l’attaque.
4. Au moment de notre réunion, nous n’avons encore aucune nou velle du résultat des excursions entreprises par les commissaires dé-
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