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ouvertement la communauté catholique qui représente la minorité) les chrétiens orthodoxes catholiques sont continuellement entravés dans leurs pratiques religieuses. Les sonneries des cloches sont une rareté et il est très difficile d’obtenir l’autorisation pour construire une église et obtenir une concession de terrain pour un cimetière.
Routes et chaussées. — Je vais parler d’une cause de misère dans la province: de l’état des routes. Le budget du Ministère des Travaux Publics n’est, je crois, que de vingt cinq mille bourses. Sur cette somme, un bon tiers sert à parfaire dans la capitale les appointements des employés du ministère et d'un grand nombre d’ingénieurs en disponibi lité. Que reste-t-il pour les vilayets — une somme insignifiante; ainsi pour la Bosnie-Herzégovine qui forme une étendue plus grande que la Belgique, on ne pouvait disposer avant la guerre que de deux cent mille piastres en moyenne par an. Or, avec un ingénieur en chef aux appointe ments de 2.500 piastres par mois, deux ingénieurs adjoints à 1.200 piastres chacun, une dizaine de conducteurs à 500 piastres, près de cent mille piastres se trouvent donc affectés au personnel et la différence, soit cent mille piastres — est à peine suffisante pour parer à des réparations urgentes. On ne peut travailler durant la rude saison et, en été, il n’est donné que de remettre les routes en leur état primitif. En outre, on délègue auprès des ingénieurs civils des officiers appartenant au corps
du génie, qui sensés (sic!) s’occuper de la comptabilité. Ces officiers, imbus de quelques connaissances techniques tout à fait superficielles, veulent à chaque instant s'immiscer dans les travaux et ne font que les entraver.
Il faut ajouter que les villageois qui doivent fournir la main d’oeuvre (prestation), cherchent par tous les moyens possibles à s’exonérer de cette tâche qui, le plus souvent, incombe aux pauvres chrétiens.
Corvées. — La corvée a été mainte fois abolie en Turquie, les der niers firmans de réformes sont explicites à cet effet, mais en réalité, elle subsiste toujours. Les Zabtiés — comme par le passé — arrivent dans les villages, choisissent de préférence les chrétiens, s’attablent chez eux, se font servir à volonté et les obligent à travailler. Pour la forme, on prend les noms, on promet une paye, bien que dérisoire — et on se contente — cette libéralité est rare cependant — de donner une ocque de mauvaise farine que les paysans doivent pétrir eux-mêmes.
Réquisitions. — Je passe aux réquisitions. Les Zaptiés (sic!), sans prendre en considération les nombreuses ordonnances qui viennent d'être publiées continuent à préssurer (sic!) les malheureuses populations et à exiger d’elles des chevaux, des bestiaux, des approvisionnements de toute espèce. Les réquisition n’ont plus de limites depuis l’insurrection et la guerre turco-serbe.
Je crois avoir fidèlement retracé la tableau de la situation actuelle de la Bosnie et de l’Herzégovine. Ce tableau est navrant. L’égalité n’existe point; la justice est un vain mot, les défauts de l’Administration sont innombrables, l’état misérable où se trouvent les populations chrétien nes est évident; partout décadence, misère, défectuosité.
Cependant, malgré cette réalité écrasante, malgré la gravité de l’heure actuelle, le Gouvernement Ottoman croit devoir forcer les po pulations chrétiennes à se joindre à leurs compatriotes musulmans de
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