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 probablement, leur arrivait à Névessigne. Je possède une propriété avec six colons (kmètes). Ces paysans m’ont payé le tiers des produits de cette année soit une somme de quarante huit ducats et les dimiers leur ont prélevé cent cinq ducats«.
Troisième catégorie: Dépossessions.
La dépossession des chrétiens des terrains qu'ils acquièrent, d’ail­ leurs fort rarement, a été de tout temps, une plaie vivante de l’état éco­ nomique et agricole de la Bosnie et de l’Herzégovine. Un chrétien pro­ priétaire, muni de documents réguliers, après avoir affecté plusieurs années de travail à son terrain, après avoir fait des constructions, s’est vu souvent exproprier par un voisin musulman toujours avide d’acca­ parer le bien du chrétien lequel, d’après les interprétations qu’on veut donner au Coran, ne peut point posséder de terres ni de prairies.
1) Je me rappelle qu’un pauvre paysan (son nom m’échappe) de l’ar­ rondissement de Jaïtza, Sandjack de Travnik, était possesseur d’un petit champ clos. J’ai pu voir ses documents et les titres de possession que les Valis de Saraïevo avaient, d'ailleurs, examinés. Néanmoins, le malheu­ reux vieillard, qui était venu une dizaine de fois au Consulat de Russie pour y chercher aide et protection, perdit son terrain qui passa à son voisin musulman.
2) Un négociant de Saraïevo, Hadji Ristich, acheta, il y a quelques années, à un musulman un terrain à Kisseliak. Il est en possession de tous les documents en règle. Une partie de ce terrain se trouvant rap­ prochée de la mosquée a donné lieu à un procès qui ne se termina par aucune décision, car les mahométans ne veulent point admettre le fait qu’un terrain, quoique légalement acquis, appartienne à un chrétien dans le voisinage d’une mosquée.
3) Le célèbre procès de Rasno est encore présent à la mémoire de chacun. Les musulmans voulaient enlever aux chrétiens de l’Herzégovine un vaste terrain qui leur appartenait depuis les temps immémoriaux.
4) Un colon chrétien, le nommé Risto Philipovich, établi avec sa famille depuis plus de soixante ans dans la propriété de Tahir Bey, sise aux environs de Saraïevo, malgré le contrat légal qui existait entre maître et serviteur, fut mis à la porte, au début de cette année, parce que le Bey avait trouvé un autre kmète à des conditions plus avantageuses. Le colon protesta par devant le tribunal civil, lequel, après avoir examiné le contenu, trouva que le Bey avait agi arbitrairement et de façon la plus illégale. Le président renvoya le colon en lui adjoignant de continuer à travailler et d’accomplir ses devoirs envers le maître. Mais celui-ci, per­ sistant à vouloir renvoyer le colon, le chassa de nouveau de la maison en le menaçant de mort. Le chrétien s’adressa derechef au Tribunal qui se prononça, cette fois encore, contre le Bey. Revenu à la propriété, le colon trouva que sa femme, ses enfants et son avoir mobilier avaient été évacués de la maison ce qui le força à rentrer vite en ville pour de­ mander assistance à ce Consulat Impérial. J’intercédai en sa faveur auprès du Gouverneur Général, Ibrahim Pacha qui prescrivit immédiatement l’appel par devant le tribunal du Bey et la réintégration du Colon. Mais le bey refusa net de se rendre au tribunal. On envoya des gendarmes, tout fut inutile: »pour un gïaour, je ne me dérangerai pas«, disait-dl. J’in­ sistai alors auprès du Commissaire Impérial. S(on) E(xcellence) Haydar
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