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 Narenta, les musulmans ont voulu massacrer les frères Manigoda (?) dont l’ainé fut Moucktar d'un village. Un des frères avait reçu, alors, de graves blessures ayant perdu l'usage de ses deux bras et étant obligé de se servir de ses jambes et de ses pieds pour porter les aliments à la bouche. Mon collègue anglais et moi eûmes l’occasion de voir ce malheureux. Les malfaiteurs, reconnus dans le village, entrèrent deux ou trois fois dans la prison de Mostar, mais pour y en (sic!) sortir tout aussi­ tôt. Aucun d’eux ne fût (sic!) châtié (sic!), ce qui leur permit de tuer l’an dernier l’ainé des frères Manigoda. Cette fois encore l’assasinat resta impuni, malgré les instances que firent, sur ma demande auprès d’Ali Pacha, Mrs Holmes et Yastrebov. Et bien, ces attentats ont eu pour mo­ bile uniquement la jalousie des mahométans qui admettent, comme on le voit, péniblement, le cas que l’esclave et le vaincu, malgré le travail et la sueur dont leur vie est entourée, puissent jouir avec aisance de leurs moyens lorsque eux, seigneurs et vainqueurs, paresseux et indo­ lents, se débattent dans l’indigence et la misère.
L’an dernier, les chrétiens du Sandjack de Novibazar payèrent bien cher l’apparition sur leur territoire de quelques bandes d’insurgés. Le sentiment de jalousie fut ostensible. On brûlait les maisons des riches paysans après les avoir dévalisées et on ne touchait guère à celles qui appartenaient aux pauvres et misérables.
Deuxième catégorie: Rapines et déprédations. Arbitraire dans la perception des impôts.
1) Un riche bey de Saraïevo, Rustem Bey Tchengitch, alla faire une razzia dans les villages chrétiens du Sandjack de Zwomik et rapporta de cette expédition près de deux cents têtes de bétail enlevées aux vil­ lageois.
2) Les mêmes déprédations sont organisées sur une grande échelle dans les parties de la Bosnie peu éloignées du théâtre de la guerre. Les uns font passer en Autriche le bétail et les troupeaux de porcs, les autres livrent les vaches et les moutons aux fournisseurs de l’armée.
3) Les soldats réguliers et les Bachi-Bouzouks parcourent les cam­ pagnes et les villages et enlèvent de force tout ce qu'ils peuvent aux pauvres habitants chrétiens.
Dernièrement un zaptié est venu me raconter qu’il avait été envoyé par ses chefs avec plusieurs de ses camarades à l'effet d’arrêter des déserteurs de l’Armée qui se répandent dans l’intérieur du pays. Le gendarme me retraça l’état de misère des paysans lesquels, selon lui, se trouvaient dans la nécessité, manquant de pain, de ramasser l’herbe dont on préparait une espèce de pâte.
4) Le commissaire ottoman, Servers Pacha, avait ordonné l’an der­ nier par l’article V de son Talimat de prélever l’impôt d’Agnam (sur le troupeau) à l’époque où les bestiaux sont envoyés à leurs pâturages. La dite époque était fixée, d’après les traditions à la fin du mois d’avril. Or, cette année, le prélèvement de cet impôt a été fixé au 1er Mars, c’est à dire deux mois avant le terme, précisément au moment où beaucoup d’animaux périssent à cause du froid et du manque d’herbage.
5) L'année dernière, au han de Wranduk, l'hôtelier musulman, Osman Agha, me tenait le langage suivant: »Je ne m’étonne aucunement que les chrétiens aient pris les armes. Voyez ce qu’il leur arrive ici et ce qui,
48 Русија и босанско-херцеговачки устанак II 753

























































































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