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 6) A une heure de distance de Banialouka, un prêtre orthodoxe fut pendu dans sa maison par des musulmans qui, cédant à un acte de sau­ vagerie inouïe, placèrent sous les pieds du patient un trépied avec des charbons ardents.
Ces trois derniers faits m’ont été communiqués par Mr le Consul Général d’Autriche-Hongrie qui, à ce sujet, avait reçu des rapports of­ ficiels de ses agents.
7) Un hodja bosniaque appelé Hadji Loya s’est illustré par ses mé­ faits et par des actes de fanatisme qu’il serait difficile de dénombrer. J’en citerai quelques uns qui n’ont point échappé à ma mémoire.
Un jour (en 1872) ayant rencontré sur la chaussée de Saraïevo un prêtre orthodoxe, un vénérable septuagénaire à barbe blanche et longue, Hadji Loya l’apostrophe dans les termes suivants: »Descends du cheval et vieux (sic!) esclave salues ton maître«. »Je suis prêtre, je suis vieux, épargne moi l’humiliation et la honte«. — »Descends, misérable gïaour, ou je te tue« — et le fanatique ayant brandi son yatagan, l’écclésiastique fut obligé de s’exécuter.
Une autre fois, rencontrant un cortège de noces, il fit descendre de leurs montures une vingtaine de personnes et les invita à lui faire un profond salut.
Le corps consulaire s'étant ému au récit de ces exploits odieux fit des représentations énergiques auprès du Gouverneur Général qui pro­ mit d’exiler le hodja. Cependant, le Vali fut forcé par les musulmans non de châtier le coupable, mais de le récompenser d’une façon éclatante. L’Hadji Loya fut nommé professeur de théologie à l’école des arts et métiers avec des honoraires de 500 piastres par mois.
Quatre mois plus tard, c'est-à-dire: il y a deux mois environ, l’hadji Loya fit encore parlé (sic!) de lui. Revenant des frontières de la Serbie où il assista à une bataille, il assassina, entre Siénitza et Saraïevo, cinq villageois chrétiens. Enfin, il s’investit du rôle de gendarme dont la mission était de désarmer les voyageurs chrétiens portant les armes et de les insulter, les rouant de coups de bâton (sic!) et les menaçant d’ex­ termination.
Les deux frères Babitch, négociants de Vissoko, petite ville sise à six heures de distance de Saraïevo furent assaillis et maltraités, non loin de Saraïevo par l’illustre hodja.
Ayant fait part à mes collègues de ces actes odieux, le Consul An­ glais insista auprès du Vali et S(on) E(xcellence) promit d’éloigner le hodja mais je crois qu’il n’a point réussi à accomplir sa promesse si non son devoir, car les musulmans et même le Colonel de la gendarmerie se sont opposés à ce qu’on sévit contre ce brigand qu’ils vénèrent comme un scheik, un saint Apôtre qui branle le sabre pour défendre l’islamisme. Il est probable, cependant, que cet homme soit exilé à l’heure qu’il est, toutefois il est bien difficile d’afirmer cette mesure, car une quinzaine de jours après que les autorités s’étaient vantées d’avoir accompli un véritable acte de hardiesse en faisant partir l’individu, les deux cawas de mon Consulat l’avaient rencontré non loin du Consulat Général d’Au­ triche-Hongrie où il y avait un incendie.
8) A Banialouka, tout dernièrement, un certain Lazare Knejich, venu de Brood autrichien pour voir ses parents fut rencontré dans la
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