Page 71 - index
P. 71

 40.
ПОВЈЕРЉИВИ ИЗВЈЕШТАЈИ НОВИКОВА ГОРЧАКОВУ
О плану књаза Николе за пацификацију Херцеговине и о ставо- вима Аустрије и Турске према овоме.
Vienne, le 30. Janvier/11. Février 1876, 28.
Mon Prince,
Le jour même où j'avais eu avec le Ministre des Affaires Etrangères d’Autriche l’entretien relaté dans mon précédent rapport, je reçus de notre Consul Général à Raguse le télégramme du 25. Janvier/6. Février contenant le plan de pacification du Prince Nicolas.
Je me suis fait un devoir de le soumettre aussitôt à Votre Altesse, et j’ai eu l’honneur de recevoir, depuis, Son télégramme responsif du 28. Janvier qui, sans autoriser prématurément le plan en question, n’en repousse pas absolument l’idée.
Vu son importance, ce sujet a besoin d’être examiné sous toutes ses faces; veuillez donc me permettre, mon Prince, de développer in ex­ tenso les observations qu'il m’a suggérées et que j’ai déjà pris la liberté d’indiquer sommairement par le télégraphe.
Le maintien de la paix est un bienfait trop précieux pour l’Europe et l’humanité pour qu’on n’y tende pas par tous les moyens pratiques, lors même qu’il faudrait glisser sur certains écarts. Mais le moins que l’on puisse exiger alors, c’est d'avoir devant soi une situation nettement définie et sans équivoque.
Or, c'est ce que je regrette de ne pas retrouver dans le projet monténégrin.
En le lisant, j’ai été frappé de deux dissonances. D’abord le Prince Nicoias se fait fort d’attirer, par son ascendant, toutes les troupes des insurgés sur sa frontière. Il avoue donc implicitement — et ceci contre­ dirait ses déclarations précédentes, — qu’il tient entre ses mains les fils de l’insurrection au point de disposer même de tous ses mouvemens. Il y a plus: il demande, en retour de sa coopération, la cession de Piva, de Baniany, de Zêta et de Nikchitch. Mais, s’il est vrai, ainsi qu’il le dit, que la population de ces districts considérait cette combinaison comme une garantie, il s'en suivrait logiquement que la majeure partie des insurgés qui en sont exclus, le verrait, par comparaison, injustement traitée. — Il ne s’agirait donc plus d’une amélioration du sort des Chré­ tiens de la Bosnie et de l’Herzégovine, mais d’un petit agrandissement territorial pour le Monténégro. De chrétienne et large, la question se rapetisserait aux dimensions d’un incident monténégrin.
Je croirais donc qu’il serait de l’intérêt du Prince Nicolas lui-même de na pas poser son projet dans les termes que nous connaissons, ou du moins de ne pas l’avouer à d’autres qu’à nous. Cette question monténé­ grine, se démasquant subitement devant les Puissances qui n’y sont pas préparées, leur ferait soupçonner que Son Altesse a exploité l’insur­ rection à son profit exclusif et diminuerait autant le renom de loyauté qui a relevé Sa considération en Europe bien plus que ne lui ferait gagner en puissance l’acquisition de quelques parcelles de terrain.
69






















































































   69   70   71   72   73