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 cacher des décisions de nature à porter atteinte aux droits de la Rou­ manie, il y aurait lieu de s’occuper dès à présent de la situation qui en résulterait.
En supposant que la Turquie dût succomber, les Principautés se verraient dégagées du seul lien qui les rattachait aujourd’hui à l’Empire Ottoman, c.à.d. du tribut; elles rentreraient donc de droit dans une situation analogue à celle de la Belgique tout en continuant à jouir de la garantie des Puissances signataires du traité de Paris.
Une Puissance quelconque qui voudrait envoyer les troupes sur le terrain de l’insurrection à travers le territoire des Principautés sans le consentement de leur Gouvernement et en contravention avec l’article 27. du traité de 1856, trouverait les Roumains résolus à faire respecter leurs droits. Mais si leur concours était demandé, ils accepteraient vo­ lontiers toutes les conditions en fournissant à leurs alliés leur contin­ gent de troupes, voire même en laissant occuper leur pays, pourvu que leur indépendance ne subît pas d'atteinte.
Telle est, mon Prince, la marche des idées dans le document éma­ né de Bukarest.
Après en avoir pris lecture, je fis observer à M. Costaforu que les craintes y émises et les hypothèses qui en découlaient étaient de pure fiction; que l'Europe travaillant à une oeuvre d’apaisement en Bosnie et Herzégovine n’avait guère le loisir de méditer des atteintes aux droits de la Roumanie et qu’en admettant comme possible qu’une Puissance quelconque fît passer ses troupes par le territoire roumain au mépris de la neutralité, le Cabinet de Bukarest faisait preuve à l’égard de la Russie d’une défiance gratuite et dont, pour ma part, je ne saurais tirer une meilleure vengeance qu’en l’accueillant le sourire aux lèvres.
Mais ce dont je prenais acte avec une satisfaction réelle, c’était le respect, professé à Bukarest, pour les volontés pacifiques de l’Europe ainsi que la politique de sage expectative dont la dépêche roumaine contenait l’assurance. J'aimais à espérer que l’attitude prudente du Gou­ vernement réagirait à son tour sur les éléments turbulents de la po­ pulation.
De son côté le Ministre des Affaires Etrangères d’Autriche auquel M. Costaforu avait donné connaissance de la circulaire sans en pour­ suivre la lecture jusqu’au bout, ne lui a pas ménagé des vérités sur les armement (sic!) roumains motivés à tort par des intentions agressives que la Porte était loin de nourrir à l’égard des Principautés.
Quoiqu’il en soit, le document moldo-valaque constitue un indice curieux des convoitises et des espérances suggérées aux Roumains par l’insurrection. Ils voudraient, sans nul doute, profiter des complications du jour pour faire proclamer leur indépendance.
АВПР, K-126.
Novikow
38.
ПОВЈЕРЉИВИ ИЗВЈЕШТАЈ НОВИКОВА ГОРЧАКОВУ
О разговору који je имао c Андрашијем поводом мисије Хри- стића на Цетињу и руске акције код књаза Николе.
Vienne, le 30. Janvier/11. Février 1876, 26.
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