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 Le Principal Secrétaire d’Etat ne partageait pas cet optimisme trop absolu, mais se montrait satisfait de la situation nouvelle tout en restant anxieux quant à l’acceptation de l’armistice à Belgrade non parcequ’il le considérait contraire aux intérêts Serbes, mais parcequ’il craignait l’exaltation des Serbes-Russes comme on les appelle ici.
Je me montrai de prime abord très réservé avec Lord Derby car je me méfiai de la trop grande libéralité des Turcs et prévoyai les difficultés qu’elle pourrait créer. De plus, il y avait des conditions à cet armistice, elles étaient inconnues et elles pouvaient être soit inacceptables pour les Puissances, soit blessantes pour la Russie.
La presse anglaise ne tarda pas à publier un soi disant refus de notre part à accepter l’armistice proposé et ce fut alors. Sire, veuillez excuser l’expression, un »toile (sic!) général« qui ne fait qu’augmenter avec chaque heure.
Je crois inutile, Sire, de m’étendre sur les manifestations diverses de l’opinion publique. Elles se résument ainsi: »la Russie jette son masque et voilà ce qui en est des intentions pacifiques de son Empereur«.
Mes collègues, mêmes (sic!) les mieux disposés à notre égard, me disent: »Vous voulez, donc, absolument la guerre«. J’ose assurer Votre Majesté que je me rends sérieusement compte des complications que la nouvelle impasse nous crée et dans laquelle nous met le Gouverne­ ment turc qui semble se jouer de l’Europe, tantôt en lui refusant ce qu’elle demanda, tantôt en lui offrant plus qu’elle ne veut avoir. Mais en tant qu’il m’est permis de juger la situation d’ici, de Londres, il me semble que quelque inconvénient que présente ce malencontreux ar­ mistice il y en a de plus grands, de plus sérieux, à ce que la Russie le rejette et refuse de l’imposer à Belgrade.
J’ai eu de longues entrevues à ce sujet avec le Principal Secrétaire d’Etat, et m’inspirant de télégrammes de Mr le Chancelier de l'Empire j’ai fait ressortir toutes les difficultés que cet armistice prolongé nous préparait pour l'avenir.
La Serbie et le Monténégro la considéreraient comme un piège pour les exposer à la fin de l’hiver à une agression dans des conditions défavorables pour eux et plus avantageuses pour la Turquie.
Pourquoi recommanderions nous à Belgrade une chose que nous considérons nuisible aux Chrétiens. Lord Derby s’est bien refusé de conseiller à la Porte d’accepter le mémorandum de Berlin, parcequ’il le trouvait défavorable aux intérêts de la Turquie.
Ces six mois de sécurité reculeraient la conclusion de la paix et augmenteraient la résistance de la Porte aux conditions que nous leurs (sic!) imposerons pour les Chrétiens.
En admettant même que, la Serbie et le Monténégro acceptant, les insurgés de l’Herzégovine et de la Bosnie se refuseraient à mettre bas les armes. L’insurrection se prolongerait, provoquerait la répression, et nous nous retrouverions pendant ces six mois identiquement dans la même position qu’il y a un an de cela.
La Serbie et le Monténégro parviendraient-ils à retenir leurs soldats inactifs et à les empêcher de se meler (sic!) aux bandes insurrection­ nelles? De là, nouvelles plaintes, nouvelles récriminations.
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