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 Le Conseil exprime de sérieuses objections contre une démonstra­ tion des flottes dans le Bosphore et une occupation de la Bulgarie, mais reste indifférent à celle de la Bosnie, cette éventualité n'intéressant pas l’Angleterre. Il espère que les nouvelles propositions de la Russie abou­ tiront à un armistice et écarteront les éventualités susmentionnées.
Après avoir exposé à Votre Majesté dans mes très humbles rapports précédents et dans celui-ci la marche des négociations de ces dernières semaines, je crois devoir Vous soumettre mes conclusions.
Nous nous trouvons au moment de la crise suprême et nous ap­ prendrons peut-être demain si la Porte accepte ou refuse l’armistice, — ce dernier appel fait à sa raison.
Si elle l’accepte, nous continuons, provisoirement au moins, à con­ server l’accord des Grandes Puissances, nous entrons dans la voie des négociations de paix dont l’avenir des populations Chrétiennes doit être la base immuable.
Il s’agit de les doter (sic!) d’institutions autonomiques et c’est sur le mot »autonomie« que les Cabinets discutent depuis de longs mois.
Je ne pense pas, Sire, que cela soit là une discussion qui puisse aboutir, car si nous trouvions même une formule qui satisfasse toutes les parties, cela n’empêcherait pas chacune de la comprendre et de l’in­ terpréter (sic!) plus tard à sa façon.
Que nous demandions des autonomies larges;
que l’Angleterre demande un système autonomique qui donne aux populations un contrôle sur les affaires locales;
que l’Autriche, craignant l’une ou l’autre de ces formules, en re­ cherche une troisième.
C’est une discussion vaine puisque aucune des Puissances occiden­ tales ne comprend ni ne prévoit encore le mécanisme au moyen duquel l’autonomie pourrait fonctionner dans un pays dont l’administration et les moeurs sont inconnues.
La grave question des institutions autonomiques doit être abordée par son côté pratique et c’est une conférence seule qui pourra la ré­ soudre. C’est alors aussi que se manifesteront clairement les points de vue des différents Gouvernements. Jusque là tout restera dans l’obscu­ rité.
Mais il faut prévoir, Sire, une autre éventualité, celle du refus de la Porte à accepter l’armistice et examiner la situation que ce refus nous ferait.
Nous ne pouvons pas compter sur l’appui de l’Angleterre. Elle ne déclarera pas la guerre à la Turquie et se dérobera par conséquent à toute action commune qui mettrait la Porte sérieusement en demeure.
Il est logique qu’elle s'y dérobe, puisqu’elle ne veut pas s’exposer aux conséquences d’un ultimatum rejeté.
J’ai cru un moment que Lord Derby entrerait dans la voie de l’action et de l’énergie. Tandis qu'il était seul à Londres et qu’il subissait en quelque sorte l’influence des longs entretiens que j'avais avec lui, il semblait comprendre le danger d'une politique molle qui reculait au­ jourd’hui un danger moindre, pour le rendre plus menaçant demain. Il a suffi de l’arrivée de ses collègues pour le rejeter dans l’ancienne routine,
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