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 Votre Majesté aux Cours garantes à l’effet d’imposer immédiatement aux deux parties un armistice ou une trêve de six semaines pour donner aux Cabinets le temps d’aviser au règlement définitif des questions pendantes.
Je m’empressai de le porter à la connaissance du Principal Secré­ taire d’Etat, qui en éprouva une satisfaction toute particulière.
Le conseil de Cabinet s’est réuni dans l’après midi, et j’en ai télégraphié le résultat à Mr le Chancelier de l’Empire, avant même que la confirmation de la Reine n’ait été apportée par le télégraphe au Prin­ cipal Secrétaire d'Etat.
Votre Majesté aura certainement relevé les deux modifications à nos propositions qui ont été introduites dans les instructions à Sir Henry Elliot.
1° Il y est fait mention d’une conférence qui se réunirait aussitôt que les Puissances auraient eu le temps de se concerter entre elles. Lord Derby l’a expliqué ainsi: L’urgence d'une conférence se faisait sentir de plus en plus, il était bon d'en faire prévoir la réunion et écarter ainsi les inquiétudes de la Porte qui se figure qu’un armistice serait employé en pourparlers diplomatiques entre les Cabinets, qu’elle y resterait étran­ gère et perdrait ainsi un temps d’autant plus précieux que ses ressources financières sont épuisées. Reste à décider, ajouta Lord Derby, la forme qui serait donnée à cette conférence, ou, pour ainsi dire, les détails d’exécution.
2°) Les instructions de Sir Henry Elliot portent un armistice d’au moins un mois, tandis que Votre Majesté en avait fixé le terme à six semaines. Cette différence est la conséquence des distractions de Lord Derby. Il est difficile de le croire, mais on a oublié de discuter en conseil le terme de l’armistice, et c’est moi qui ai porté l’attention du Comte sur cette inconcevable omission. Il s’en montra très déconcerté et nous nous mimes à rechercher le moyen de remédier à cet oubli.
Lord Derby pensait que si notre Ambassadeur à Constantinople demandait un terme de six semaines et Sir H. Elliot l’appuyant sans définir la durée de l’armistice, cela impliquerait le consentement de l’Angleterre aux six semaines.
J’objectai que les Turcs y verraient au contraire un manque d’en­ tente entre nos deux Cabinets et chercheraient à en profiter.
Lord Derby proposa alors de s'abstenir de désigner un terme quel­ conque ce qui équivaudrait à la prolongation de l’armistice pour tout le temps des travaux d’une conférence.
Je m’y opposai également en l’assurant que la Porte s’en prévaudrait pour fixer à l’armistice un temps dérisoire, que Votre Majesté Se verrait obligé de refuser ce qui compromettrait le succès du nouvel effort de pacification que nous tentons.
Le Comte se décida enfin à prendre sur sa responsabilité le terme »d’un armistice d’au moins un mois«, qui semblait être un milieu entre sa proposition première et les six semaines mentionnées dans le télé­ gramme de Mr le Chancelier de l’Empire.
Le Principal Secrétaire d'Etat me communiqua également sa ré­ ponse »officielle« aux propositions de Votre Majesté sur l’occupation et la démonstration des flottes. Elle était conçue ainsi:
38 Русија и босанско-херцеговачки устанак II 593






















































































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